Je reviens quand même sur le scandale absolu qu'est ce récital
Andrei Korobeinikov
Beethoven Sonate n° 30 op. 109
Bach/Busoni Chaconne en ré mineur
Schubert Sonate en si bémol majeur D. 960
lundi 28 mars, 20h
Le type se ramène avec un programme de vieux Serkin. C'est totalement hallucinant. Son récital au Louvre en janvier dernier est probablement le plus mauvais récital de pianiste russe donné en ces lieux, qui privilégient normalement la qualité, et encore plus la révélation de jeunes interprètes peu connus. Une rupture inquiétante, surtout quand dans la même saison ils nous refourguent Neuburger et Sara Ott.
Hier soir il jouait le Concerto de Scriabin avec le National: ce n'était pas nul. C'était à hurler. J'en ai eu de réelles souffrances physiques, et une envie difficilement contrôlée de me lever et de crier: arrêtez, arrêtez tout (l'orchestre aussi, lamentable), c'est ignoble, vous n'avez pas le droit. Il y a une limite qu'il faut bien fixer où le respect des artistes, ça n'est plus possible. Non seulement ce pianiste est nul en tant que pianiste, et absolument consternant en tant que prétendu jeune virtuose russe, mais il est incapable de donner le change en quoi que ce soit, de donner l'impression de raconter quoi que ce soit, et même de savoir les notes (il a inventé je ne sais combien de traits dans le finale... dès le thème!!!!). Pour se foutre avec un aplomb pareil de la gueule du public, il faut vraiment être sûr d'avoir toute la mafia productrice derrière soi.
Autant, je me suis résigné à la tolérance silencieuse à l'égard de tous les pianistes français catastrophiques: ok, il en faut pour la "musicalité" ajoutée à la musique, il en faut pour le bon goût vaporeux, il en faut pour les vieilles dames en mal de jeunes éphèbes, il en faut pour le psycho-littéraire autour des oeuvres, tout ça. Il faut des David Fray, ça va, on a compris, on ne dit plus rien, on n'y va plus, on n'embête personne et on se ménage les oreilles.
Mais là, ce n'est pas tolérable: il cumule tout, Korobeinikov: le prosaïsme pianistique, la platitude et la vacuité absolus, la vulgarité et la malhonnêteté absolus. Et maintenant, on nous explique qu'il vient (donc?) jouer 109 et 960, et que c'est le nouveau génie russe, en plus (il y en, pas 10, pas 50, au moins 500 qui valent plus que lui de donner un récital au TCE). Après ce que j'ai entendu hier soir, je crois qu'il faut mettre une limite et crier sur tous les toits qu'il faut qu'ils arrêtent de nous prendre pour des gros cons.
Bon, ça vaut pour les concerts Mahler par Maazel, aussi. Mais enfin, ils sont logiques, les mecs: cette saison Salonen est venu avec le Philharmonia diriger un Wozzeck à pleurer, Maazel est parvenu à faire l'unanimité absolue contre lui avec le Philharmonique de Vienne, c'est donc Maazel qui reviendra diriger le Philharmonia. Ben ouais quoi.