Je me suis lancé dans l'exploration méthodique et intégrale du catalogue Kairos; ça risque d'aller assez vite car il n'est pas très grand. Voici donc quelques impressions à la volée. Nous avons bien entendu chacun nos critères pour apprécier une oeuvre : pour moi c'est l'originalité du langage qui compte en premier lieu. Un langage pas personnel et pas original n'a pas tellement d'intérêt à mon avis (et je suis conscient de n'être moi-même pas très original en disant ça).
Kairos fait dans le contemporain à tendance abstractive et conceptuelle, et dans ce registre il y a vraiment de tout, du sublime au complètement nul.
Je commence par les A :
Peter Ablinger :
Der Regen, das Glas, das Lachen (La Pluie, le verre, le rire) : Comme une mécanique rouillée genre manivelle de puits qui tourne de façon perpétuelle parmi un bruissement d'ailes et de cris d'oiseaux. Le rapport avec le titre n'est pas évident, mais c'est très évocateur (d'autre chose).
Ohne Titel / 14 Instrumentalisten: toujours ce côté viellie mécanique rouillée, ici au ralenti.
Quadraturen IV "Selbstportrait mit Berlin": Même recette, ça finit inévitablement par lasser.
Mark André
Durch pour trio : pointilliste : un ptit coup de corde de piano pincée par ci, un ptit coink de violon par là, et d'énormes silences : mais la pochette n'est pas mal, je suis resté scotcher dessus assez longtemps en écoutant Durch (ça veut dire quoi au fait ?).
...zu... pour ensemble : toujours de très longs silences, et des frottements d'archets, des pincements de cordes : ça rappelle beaucoup Lachenmann.
...in pour clarinette basse, qui m'a fait penser à un diplodocus mélancolique.
Georges Aperghis
Crosswind (ensemble) - Alter Ego (saxophone ténor) - Rasch (saxophone & alto) - Volte Face (alto) - Signaux (12 saxophones).
Je n'avais jamais entendu d'Aperghis : c'est de l'expérimental très expérimental, ça part dans tous les sens, c'est juste expérimental, plein de petites notes éparses jetées à droite et à gauche, sans odeur ni saveur. Son truc c'est les petites notes piquées éparpillées, et c'est toujours un peu la même chose.
Pierluigi Billone
1+1=1 (pour 2 clarinettes basses)
Ce dialogue de 2 clarinettes basses de plus d'1h a un côté assez intrigant. C'est une oeuvre très longue faite de silences et de murmures de clarinette, très méditatif, avec parfois des tenues abyssales dans les graves et les aigus, quasi minimaliste mais en atonal. Ca vaut le coup je crois.