Je ne possède pas l'intégrale des symphonies de Chostakovitch enregistrée en studio il y a une trentaine d'années par l'Orchestre du Ministère de la Culture de l'URSS dirigé par Guennadi Rozhdestvensky. Mais de cet ensemble imposant, que Melodiya a réuni en un coffret paru sauf erreur en 2000, j'ai tout de même quatre disques isolés (on les trouvait aussi sous cette forme), dont le moins que je puisse dire est qu'ils m'impressionnent toujours beaucoup : ceux correspondant aux Symphonies 4, 7, 8 et 11.
À ce jour, ce coffret est épuisé et les prix demandés pour les rares exemplaires encore en vente sont tout à fait prohibitifs. Sauf réédition par Melodiya (au demeurant peu probable vu la "remastérisation" récente de l'intégrale Kondrachine, qui était prioritaire), je n'envisage donc pas de l'acquérir.
Cela étant, ne serait-ce que pour entendre Rozhdestvensky dans la Neuvième et la Dixième aussi, je me suis "rabattu" sur cette parution Brilliant Classics, accessible depuis quelques mois pour "trois fois rien" quant à elle (diverses oeuvres de Chostakovitch enregistrées en public dans l'ex-URSS entre janvier 1968 et décembre 1982) :
Pour ce qui est des prises de son, il ne faut certes pas s'attendre à des miracles; et j'ai regretté que la Septième (l'enregistrement le plus ancien, présent sur le premier des trois disques) n'ait été captée qu'en mono, contrairement aux autres oeuvres. C'est dans l'ensemble bien défini mais un peu "brut de décoffrage", et l'amateur de belles cordes soyeuses n'y trouvera évidemment pas son compte (). Quelques quintes de toux dans le public (heureusement pas trop nombreuses mais bien sonores) gâchent aussi certains passages.
Mais ces défauts sont à mon avis largement compensés par une expressivité à toute épreuve, où se distinguent notamment des bois particulièrement présents et "savoureux" ().
Entre autres choses, l'interprétation que donnent ici Rozhdestvensky et son orchestre soviétique de la Neuvième est même l'une des plus intenses, des plus "vivantes" qu'il m'ait été donné d'entendre.
Et quand, vers la fin du troisième mouvement de la Dixième, réapparaît avec force le fameux motif symbolisé par les lettres "DSCH" (c'est à lui-même que Chostakovitch faisait allusion), l'impression procurée m'a semblé plus jubilatoire que jamais, et j'en suis ressorti tout ébranlé ()...
Jacques