Evgeny Svetlanov

[mah70]

Bonjour.

Quelques nouvelles des rééditions du bon Evgueny.

D'abord, Melodiya reprend enfin en CD le Alexandre Nevsky de 1965. Plus besoin donc de guetter la version rééditée en Russie et disponible au Japon chez Venezia (curieusement ce sont des disques russes, dans un son très soigné, mais je ne les ai jamais trouvés que chez HMV Japon ) ou l'abominable réédition Chant du Monde de 1988 (comme le temps passe) avec accord final coupé et plages aléatoires.
En complément, le "Chant de joie" Op.89, version "révisionniste" de 1962 d'un petit truc choral initialement intitulé "Hymne à Staline", composé pour les 60 ans du chef, sorte de petite assurance suite à la mise au rancart de la cantate "Octobre" en 1937. Dans cette nouvelle version il n'est plus question d'amour de la moustache de Staline mais de pommiers fleurissant en Ukraine. Sviatoslav Richter estimait l'oeuvre l'une des plus réussies de Prokofiev et je confirme: c'est résolument sublime.

Autre réédition Melodiya, "Mlada". Je l'apprends grâce à wikipedia (http://en.wikipedia.org/wiki/Mlada) ce devait être au départ une oeuvre collective façon "Mariés de la Tour Eiffel" partagée entre l'essentiel des compositeurs du groupe de 5 (mois Balakirev, dit Wikipedia). A l'arrivée c'est un exemple rare d'opéra-ballet, genre un peu oublié depuis le Grand Siècle, composé par le seul Rimsky-Korsakov en pleine maturité (ça date de 1889/90 chronologiquement nous sommes juste après Shéhérazade et La Grande Pâque Russe). Et c'est très beau. En plus ça semble être le seul enregistrement intégral disponible. Mon seul regret concerne une prise de son (1962) manquant un peu d'impact dans la réédition Russian Disc de 2002, peut-être l'édition Melodiya corrigera-t-elle ce défaut. Il faudra quand même passer par des solistes vocaux un peu limites ("ténor inacceptable" disait Diapason à l'époque, je ne suis pas loin de le penser).

Dernier CD que j'ai remarqué: ICA classics va nous réparer une frustration causée il y a des années par BBC Legends . Dans un CD récital Rostropovitch BBC se trouvait le concerto pour violoncelle de Dvorak joué à Londres avec Svetlanov - un concert des Proms donné le soir même où l'armée rouge était entrée à Prague pour ramener le calme dans un pays frère honteusement malmené par des groupuscules fascistes (on se serait cru en Libye ou en Syrie, c'est tout dire). Du coup, voir deux Soviétiques jouer un compositeur Tchèque n'était pas un choix très heureux et le concert avait une ambiance particulière comme il était dit dans le texte de présentation. Lequel texte ajoutait (je cite de mémoire) "Dvorak était suivi par une 10e symphonie de Chostakovitch, la plus belle version jamais entendue par cet auteur". Sauf que BBC Legends n'a jamais fait paraitre cette fameuse 10e de Chostakovitch, donnée lors de ce concert si particulier. Eh bien la voici chez ICA Classics, avec quelques menues petites choses en plus - dont un enregistrement live de la même époque de la Bataille de Kerjenets, ce qui ne peut pas faire de mal. J'en salive d'avance.

Hors Svetlanov, il y a dans cette fournée ICA une petite curiosité: la rencontre d'Emil Guilels avec sir John Barbirolli. Deux tempéraments expansifs ensemble ça peut être sympathique, même si j'aurais aimé découvrir le duo dans un terrain plus propice aux débordements divers que le 4e concerto de Beethoven. On verra bien ce que ça donne.

[hideux67]

Bonjour.

Quelques nouvelles des rééditions du bon Evgueny.

D'abord, Melodiya reprend enfin en CD le Alexandre Nevsky de 1965. Plus besoin donc de guetter la version rééditée en Russie et disponible au Japon chez Venezia (curieusement ce sont des disques russes, dans un son très soigné, mais je ne les ai jamais trouvés que chez HMV Japon )

Le principal vendeurs de disques d'enregistrements soviétiques sur e-bay et qui vit à Moscou ne connaît pas le label Venezia... On dirait que Venezia a repris le créneau du label JVC/Melodiya, ce qui expliquerait leur diffusion limitée à hmv japan et tower japan, voire d'autres sites nippons... Peut-être que Venezia est au label russe, ce que canada-dry est à l'alcohol ?

Venezia a également l'art de délayer le nectar de ces dernières parutions sur plus de cd's qu'il n'en faut en rajoutant des couplages incongrus (cf. les deux derniers coffrets Richter ou le Kogan) ou en ne rééditant pas certaines pièces de Liszt par Berman (alors qu'il reste plus de 30 minutes disponibles sur le 3e cd du coffret Berman/Liszt), ou les danses hongroises de Brahms par Kogan/Mytnik (en complément des sonates, alors qu'elles sont présentes chez Archipel). Heureusement Melodiya semble rééditer tous les enregistrements importants de Richter publiés par Venezia (dernier exemple en date : le CBT de 1969)

[mah70]

Bonsoir.

Mlada et Nevsky reçus. Mlada ça sera pour un peu plus tard.

J'avais un lointain souvenir du Nevsky par la réédition Chant du Monde ignoble. 22 ans plus tard la bande d'origine a pris un coup de vieux et le son est loin d'être parfait, mais ça reste très audible. Version brute et taillée à la serpe, à fond tout le temps, impressionnante; ça manque quand même un petit peu de subtilité et d'émotion (dans les années '60, Svetlanov avait la réputation d'être un chef froid, ce qui laisse pantois). Si je me souviens bien, Ancerl propose une alternative moins à l'arrache.
Melodiya date le Chant de joie de 1980 et, ô surprise, c'est vraiment une version distincte de l'enregistrement de 1962. Là aussi c'est très rentre-dedans, tout à fait en phase avec l'oeuvre. Le livret de la réédition Chant du Monde faisait évidemment l'impasse sur l'origine du texte (je le rappelle, c'est initialement une cantate intitulée Hymne à Staline); là c'est l'inverse, on ne parle pas de la version Chant de joie post-déstalinisation. Phonétiquement (je ne parle pas russe) l'enregistrement me semble pourtant avoir le texte remanié. Si vous vous inquiétez de savoir si c'est véritablement Svetlanov qui dirige, le superbe crescendo sur le point d'orgue final vous rassurera.

Autre chose de rassurant: Melodiya sera toujours Melodiya. La Russie a beau avoir sombré dans le capitalisme sauvage, on trouve encore les mêmes habitudes et les mêmes imprécisions qu'aux temps du socialisme réel.
Vous connaissez une L.Andreyeva, mezzo soprano officiant dans le 6e mouvement de Nevski selon la pochette du CD? Moi non plus, j'ai toujours entendu parler d'une Larissa Avdeyeva.
La réédition de Mlada par Russian Disc casait les 155 minutes sur 2 CDs. Ici il en faut trois (ah, souvenirs... ces 33 tours 30 cm Melodiya avec 12 minutes sur une face et 13 minutes sur l'autre...). On pourrait croire que le but était d'éviter le changement de CD au milieu du 2e acte comme Russian Disc y obligeait? Mais non, ici aussi le 2e acte est sur deux CD, pas coupé au même endroit, certes. Alors que les actes 2 et 3 auraient très bien tenu sur un seul CD...
Du coup, vous avez un bonus: la Sinfonietta sur des thèmes russes Op.31. Pourquoi cette œuvre, au fait, et pas une suite du Coq d'or par exemple? La Sinfonietta était sur un CD plein de choses rares (comme la cantate D'après Homère), que vont devenir ces autres œuvres (ah, ces reprises d'enregistrements plus anciens avec un bonus inédit, toute une politique de réédition en URSS, mes bons)?
Et puis, finalement, il y a les bourdes incongrues et effarantes: j'ai en 33 tours un Roméo et Juliette de Prokofiev où quelques mesures sont montées à l'envers. Ici, ce sont les canaux du disque Nevsky/Chant de joie qui sont inversés D'accord, les violoncelles peuvent être à gauche dans les orchestres russes, mais dans ce cas là les violons sont en opposition: violons 1 à gauche, violons 2 à droite. Ici, violons 1 et 2 sont à droite et ça sonne bizarre

[mah70]

Bonjour.

Juste pour en rajouter un peu sur la fiabilité de Melodiya: j'ai acheté Roussalka de Dargomijsky, toujours par Svetlanov. Sans se poser de question, monsieur Melodiya date ça de 1971. En tant que possesseur des 33 tours d'origine, je peux certifier d'une parution vers 1958
Autre chose "rigolote": la réédition de Mlada par Melodiya dure 3 minutes de moins que celle de Russian Disc. Il n'y manque rien, c'est juste la bande qui défile un peu plus vite

[co2monamour]

Je ne me prononce que sur Alexandre Nevsky. Ce que tu dis de la réédition la plus récente ne peut qu'aggraver ma tendance techniquement injustifiée et donc irrationnelle à préférer le microsillon : le mien ("Le chant du monde", qu'on trouve très fréquemment, du moins à Paris) est en très bon état et sonne très bien, merci...

Je ne parviens toujours pas à comprendre par quel processus une source convenable (par exemple un microsillon) est soit inutilisée, soit massacrée lors de sa réédition en CD...

Musicalement,
l'obsédé-des-incunables

PS : je ne sais pas si ça a fait l'objet d'une réédition en CD, mais je signale que j'ai l'intégrale de Snegourotchka de Rimsky Korsakov sous la direction du monsieur...

[mah70]

Il n'est pas dit que Melodiya ait accès aux disques Chant du Monde pour ses rééditions Quant aux vinyles soviétiques, ils vieillissent très mal en raison de la mauvaise qualité du matériau de base. A vue de nez, leurs bandes magnétiques étaient également merdiques (cet Alexandre Nevsky ressemble beaucoup à la 1ere symphonie de Rachmaniniov de 1966 ou aux symphonies de Scriabine des années '60) avec des saturations et des drops, déjà présents sur les éditions d'origine mais le temps n'arrange rien.

A priori, rien n'empêche de prendre un microsillon comme base d'une réédition CD (voir la série historique de Naxos ou la plupart des références du site Pristine Classical). Le travail de restauration doit un peu changer (on traque les clics et les plops plus que le souffle de bande). En tous cas, pour les enregistrements des années '50 c'est assez efficace: le souffle de bande n'est pas très audible sur le microsillon et le manque de fréquences aigues du disque correspond à celui de la bande d'origine.
Pour la stéréo, l'avantage me semble mois évident: je me demande comment sonnent les enregistrements les plus spectaculaires de la fin des années '50 en 33 tours (par exemple les enregistrements de Reiner à Chicago). Evidemmment, si la bande d'origine est en trop mauvais état, il vaut mieux repartir d'un bon microsillon d'époque - encore faut-il en avoir un...

[mah70]

Bonjour.

A la fin des années '80 et au début des années '90, Svetlanov a eu une intense période "occidentale", enregistrant le répertoire russe avec des orchestres étrangers (Balakirev avec le Philharmonia chez Hyperion), enregistrant son répertoire avec son orchestre (tous les CDs RCA de 1993/1994 consacrés à Rimsky-Korsakov, Moussorgsky ou Borodine ont été enregistrés en France) ou gravant le répertoire pas russe (Holst ou Debussy chez Collins). Il a aussi servi d'accompagnateur de luxe pour des solistes comme Hiroko Nakamura (Rachmaninov et Tchaikovsky chez CBS/Sony Japon) ou Barry Douglas (Rachmaninov encore chez RCA).

Dans cette série, on trouve cette curiosité:



Svetlanov n'est pas vraiment un débutant dans Brahms: il avait été désigné volontaire pour enregistrer une intégrale des symphonies en 1981/1982, intégrale destinée à remplacer au catalogue Melodiya celle des années '70, effectuée par cette vipère lubrique de Kondrachine passé à l'ouest.
Dans le cas présent, le résultat est assez curieux: sans en rien devenir Rrrrrrrussse avec cuivres qui claquent, le Philharmonia se trouve quand même à sonner très moscovite en ce sens que les instruments ne sont en rien fondus en une masse germanique à la Karajan. Si les cuivres sont un peu en retrait (orchestration brahmsienne oblige) les bois et les vents sont bien audibles, les contre-chants sont poussés en avant et ça donne une orchestration très éclatée, inhabituelle dans ce répertoire, et qui attire l'oreille.
Le soliste, lui, est très Anglais: c'est sobre, probe, inattaquable musicalement, sans duretés et un peu ennuyeux. Dans les pièces Op.118 les belles basses de Brahms sont minorées, l'atmosphère est assez absente et si le toucher est délicat le résultat ne me semble pas faire le poids face à Katchen par exemple.

[Jacques]

.
Alors voici le premier mouvement de ces Danses Symphoniques, enregistrées à Moscou (grande salle de la Radio) en octobre 1995 par Svetlanov dirigeant l'Orchestre Symphonique d'Etat de la Fédération de Russie :

[/URL]

Si vous mettez sur YouTube de la musique symphonique russe, choisissez si possible une version Svetlanov : succès garanti ().

Du moins, ma vidéo ci-dessus a déjà été "vue" 10'101 fois (et "aimée" 51 fois, avec des remarques du genre "The best performance I have ever heard").

Par comparaison avec d’autres vidéos regardées par des millions de personnes (celles montrant, par exemple, des "chats espiègles" ou des "buts marqués au cours d’un match de foot"), c’est évidemment infime ().

Mais pour de la musique classique, ce n’est pas si mal que ça, je crois ().

Jacques

[lebewohl]

Je pense qu'il faudrait interdire, pendant un moratoire qu'on pourrait dans un premier temps fixer à 10 ans, toute mention, photo, vidéo de chat sur internet. Sauf s'il s'agit de donner la recette du civet.

[mah70]

Venant de toi, j'aurais plus supposé une remarque sur Rachmaninov et sa musique

[Jacques]

Sauf s'il s'agit de donner la recette du civet.

!


Jacques

[lebewohl]

D'abord, les Danses symphoniques et l'Ile des Morts (et "le" prélude ), finalement c'est pas mal, et même pas trop long.

Ensuite, même la deuxième symphonie, quand je la croise sur internet, ça ne me gêne pas, je ne suis pas obligé de l'écouter.


Alors que ces @!X*&#@ de chats, on les voit même si on ne songe pas un instant à lancer la vidéo.

[mah70]

Les grands esprits se rencontrent: j'ai justement écouté cette version des Danses symphoniques hier. Pour mémoire, c'est la troisième de Svetlanov après le studio de 1973 (en 33 tours uniquement, à ma connaissance) et le l'enregistrement public de 1986 paru autrefois en CD Melodiya.
Cette version studio de 1995 est très belle, malgré les petits problèmes qu'avaient les bois de l'orchestre d'Etat à l'époque - le chef, conscient de cet état de fait, masque ce qui se peut. Prise de son optimale comme souvent avec les ingénieurs japonais, mais les violons ont un poil moins de présence que donc les captations des Tchaikovsky deux et trois ans plus tôt.
J'ai juste été un peu déçu par un peu "corseté", Svetlanov évitant, dans une musique qui y invite, le lyrisme éperdu et la puissance délirante. C'est donc très soigné, impressionnant de cohésion et de sérieux (pas d'effets ni d'accents déplacés) mais un peu sur la réserve. Dans mon souvenir la version 1986 n'est pas bien folichonne (la prise de son non plus) l'orchestre manquant d'impact et le son étant creux, celle de 1973 est dans les préoccupations du chef à l'époque: nerveuse et intense avec des cuivres qui frottent et des cordes qui arrachent.

En complément une superbe version du poème symphonique de jeunesse Prince Rotislav où Svetlanov étend les tempos et se lâche question phrasés langoureux, ce qui dynamite très agréablement ce sympathique petit machin tchaikovskien; et une version très délicate et nostalgique de la fameuse Vocalise orchestrée on ne sait par qui (enfin, on sait peut-être qui si on lit le japonais).

[Jacques]

La version utilisée pour ma vidéo est bien celle décrite par Mah70 (). Je l'ai tirée du volume 11 de l' "Édition Officielle Svetlanov" (38 CD !) que Warner Music a publiée il y a quelques années. On peut en voir tous les volumes sur cette double page Internet anglaise.

À propos de la mélodie Vocalise Op. 34/14 (1912), je signale cette autre page, où l'on voit notamment qu'elle a fait l'objet de plusieurs orchestrations. La brochure jointe au volume 11 en question (où figurent en effet aussi, en plus des Danses Symphoniques Op. 45, Vocalise et le poème symphonique Prince Rostislav) ne dit toutefois pas quelle est celle dirigée par Svetlanov. Mais il semble bien qu'il s'agit de l'orchestration de Rachmaninov lui-même, du moins à en juger par cet enregistrement des années trente où c'est le compositeur qui dirige en personne l'Orchestre de Philadelphie :

[/URL]

En ce qui concerne la version originale de Vocalise (chant et piano), on trouve sur YouTube cet enregistrement par la soprano Galina Vichnevskaya, avec au piano son mari Mstislav Rostropovitch (lequel ne jouait pas que du violoncelle ) :

[/URL]

Jacques

[mah70]

Bonjour.

L'an passé, parlant de ceci:





j'avais signalé à propos du Tchaikovsky

Egalement jouée lors de cet ultime concert: la cantate "Les cloches" de Rachmaninov, avec entre autres Daniil Shtoda. Malgré le handicap d'un chœur occidental, siouplait monsieur ICA, dans votre grande bonté, pourriez-vous...?

Un an plus tard, toc toc badaboum:



Je vous en cause dès que reçu.

[mah70]

Bonsoir.

Le Alexandre Newski date de 1988 et a été enregistré dans la cuvette du Royal Festival Hall. Les techniciens de la BBC ont évité l'écho mais ça manque quand même d'impact. Inutile de jeter votre récent CD Melodiya pour ce concert: c'est très bien, ça évite le fondu germanique, les chœurs ne sont pas mal (même si dans la série chœur occidental réussissant à sonner russe la palme revient toujours, selon moi, au Ambrosian Chorus dans le Ivan le Terrible de Prokofiev par Muti). Svetlanov, lui, assure gentiment sans trop faire d'étincelles. La bataille sur la glace, très rapide, avec les percussions bien en avant, m'a semblé la partie la plus intéressante. Les deux derniers mouvements sont également plutôt bien venus malgré une mezzo pas géniale.

Les Cloches proviennent donc du dernier concert de Svetlanov. Évènement émouvant, certes, mais de la musique avant toute chose: comment ce concert se compare-t-il à l'enregistrement de 1979? Eh bien les tempi se sont resserrés: les mouvements rapides (1 et 3) sont un poil plus retenus, les mouvements lents (2 et 4) gagnent eux une ou deux minutes chacun. La conception est plus fondue, avec moins de contrastes vigoureux, moins d'attaques de cuivres (1979 est, pour Svetlanov, une époque particulièrement cuivrée), moins de lyrisme éperdu. Les solistes sont plus lyriques que les voix d'airain de 1979 (j'ai été un peu déçu par Shtoda, pas mal de vibrato, des effets pas très bien venus, Leiferkus étant plus léger que Yakovenko en 1979, lequel y allait sans rechigner), les chœurs moins sonores et engagés - on sent moins d'emprise de la part du chef diminué par la maladie sur les chœurs que sur l'orchestre.
Svetlanov détaille plus, on entend plus de petits motifs à l'arrière de l'orchestre (pour efficace qu'elle soit, la version 1979 était plus brute de décoffrage), le résultat est moins enivrant et plus subtil. Et, évidemment, on évite les timbres crus et vibrants de l'orchestre soviétique. Question de tempérament car moi ça me manque un peu. Comme autrefois, le Presto (3e mouvement) n'est pas presto du tout (pour ça, voir Kondrachine) mais ça fonctionne quand même très bien.
Reste la toute fin, d'une grande douceur,beaucoup plus détendue et chaleureuse dans ce concert, et qui ouvre une perspective nouvelle à cette coda.

Si vous souhaitez rendre hommage au chef en achetant ce CD vous ne serez pas volé, même si je garde une préférence pour la version 1979 avec son montage foireux qui bouffe l'entrée du chœur. Le Newski, lui, me semble n'être qu'un (fort bon) complément.

[mah70]

Bonjour.

En 1968, l'Orchestre d'Etat de l'URSS avait tourné au Royaume-Uni et s'était retrouvé à Edimbourg pour un programme Glinka (Symphonie sur deux thèmes Russes), Prokofiev (Symphonie classique) et Tchaikovsky (3e symphonie). Toutes ces œuvres ont été enregistrées en studio par Svetlanov donc ce n'est pas la rareté du répertoire qui peut séduire. Au surplus, le son ici est un peu étouffé et manque de clarté et d’arêtes. C'est quand même de la bonne stéréo.



Je trouve la petite chose de Glinka très dispensable. Pour autant, on doit difficilement trouver mieux pour découvrir ces 13 minutes de musique.

L'enregistrement officiel de la Symphonie classique par Svetlanov est peu fréquent, uniquement réédité aux USA il y a une vingtaine d'années, je crois et, hors les petits problèmes de prise de son évoqués précédemment, celui-ci n'est guère différent. Dans les deux cas c'est plus vigoureux que vif-argent dans les trois premiers mouvements (voir Ormandy, dans mon souvenir) et la Gavotte est un peu appuyée. Svetlanov est aussi le seul chef à ma connaissance à prendre le final réellement Molto Vivace avec un tempo ultra-rapide par rapport à la concurrence, mais qui rend à la musique toute son alacrité. Rien que pour ça c'est à écouter. De manière effarante, alors que ce mouvement est une redoutable savonnette qui sombre assez facilement dans le n'importe quoi, l'orchestre tient parfaitement le choc et ne décale jamais. Un exploit.

La symphonie de Tchaikovsky est également une réussite, même si la version 1993 (studio chez Canyon) me semble particulièrement bien venue avec des moments de repos et de baisse de tension très bien amenés - et un tempo assez tranquille. Ici c'est un peu univoquement nerveux, notamment un premier mouvement mené tambour battant. La suite se relaxe un peu et le timbalier se paye un assez beau final. Au total et malgré mes réserves cosmétiques, c'est quand même une très belle version, fort bien menée.

[mah70]

Tiens... Autant la symphonie ne sera pas bien inédite (j'en connais quatre enregistrements en plus de celui-là, daté de 1993), autant le minuscule complément (de 1978) sera rigolo...

[lebewohl]

cinq enregistrements de la 2e de Rachma???

Will wonders (well... wonders... sort of...) never cease?

[mah70]

J'attendais quelque remarque... Horresco Referens