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Discussion: Les fils de J. S. Bach

  1. #1
    Membre Avatar de Jacques
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    Les fils de J. S. Bach

    Il n'est pas toujours facile d'être "le fils de son père" (). Surtout quand ce dernier est un génie.

    Cela dit, quatre des nombreux fils de Johann Sebastian Bach devinrent compositeurs à leur tour, deux d'entre eux ayant été considérés au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle comme des créateurs importants. Il semble même que, lorsque le nom de "Bach" était prononcé devant Haydn et Mozart, c'est à Carl Philipp Emanuel que le premier pensait d'abord, et à Johann Christian que le second (pour des raisons personnelles) songeait aussitôt.

    Voici une image trouvée sur la toile montrant le père à gauche et les quatre fils en question, soit de gauche à droite Wilhelm Friedemann Bach (1710-1784), Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788), Johann Christoph Friedrich Bach (1732-1795) et Johann Christian Bach (1735-1785) :




    Pour les présenter, je me borne à reproduire ci-dessous les "fiches" qu'en donnent les Guides Fayard, qui me paraissent suffisamment détaillées :

    Wilhelm Friedemann Bach
    Né à Weimar le 22 novembre 1710, mort à Berlin le 1er juillet 1784. Fils aîné de Jean Sébastien Bach, il étudia avec son père et à la Thomasschule, puis à l'université de Leipzig, et, en 1733, obtint le poste d'organiste à la Sophienkirche de Dresde. En 1746, il quitta cette ville, catholique et trop férue de musique italienne, et devint organiste à la Liebfrauenkirche de Halle. Ayant eu avec les autorités de cette ville de nombreux démêlés, il accepta en 1762, mais sans aller l'occuper, le poste de maître de chapelle à Darmstadt, et finalement donna sa démission (1764). Il resta à Halle jusqu'en 1770, puis s'installa à Brunswick et enfin à Berlin (1774), où il passa ses dix dernières années, subsistant grâce à des leçons et à des récitals d'orgue. A sa mort, il laissa sa femme et sa fille dans la misère. Esprit instable mais aventureux, il souffrit particulièrement de sa position «entre deux âges» et ne tenta pas, comme son cadet Carl Philipp Emanuel, d'en réaliser la synthèse. Il écrivit une musique de visionnaire, très personnelle sur le plan expressif. A Leipzig, il composa surtout pour clavier, à Dresde surtout des œuvres instrumentales, à Halle la plupart de ses œuvres vocales (dont deux douzaines environ de cantates d'église), et à Brunswick et Berlin des œuvres pour clavier et de chambre. Une légende entretenue au XIXe siècle par le roman pseudo-historique de Brachvogel s'édifia rapidement autour de son nom, le présentant comme un ivrogne et un malhonnête homme. On peut en faire bon marché, tout comme de l'incompréhension et de l'irrespect qu'il aurait manifesté envers l'art de son père. Des quatre fils Bach, il fut le seul à perpétuer comme organiste la tradition familiale. Un catalogue de ses œuvres a été dressé en 1913 par Martin Falck.

    Carl Philipp Emanuel Bach
    Né à Weimar le 8 mars 1714, mort à Hambourg le 14 décembre 1788. Deuxième des quatre fils musiciens de Jean Sébastien, il travailla d'abord avec son père et, après des études de droit, devint en 1738 claveciniste dans l'orchestre du prince héritier de Prusse. Quand celui-ci devint roi sous le nom de Frédéric II (1740), il le suivit à Potsdam et Berlin. A la mort de son parrain Telemann (1767), il lui succéda comme directeur de la musique à Hambourg, occupant ce poste de 1768 à sa propre mort. Il se révéla rapidement un maître de la musique instrumentale, en particulier du clavier, et, à ce titre, marqua profondément son époque, tant par ses sonates et pièces diverses que par son Essai sur la véritable manière de jouer des instruments à clavier (1753 et 1762), traité fondamental pour la connaissance du style du XVIIIe siècle. De tous les membres de la famille Bach, il fut le plus célèbre de son vivant, et attacha son nom à l' Empfindsamkeit (en français «Sensibilité»), courant musical en réaction contre le rationalisme. «Un musicien ne peut émouvoir que s'il est ému lui-même», disait-il volontiers. Sa musique abonde en surprises harmoniques et rythmiques, son style, souvent heurté et velléitaire, confine parfois à la bizarrerie, et traduit des états d'âme changeants. Il tourna le dos à la galanterie. Haydn et Mozart l'admirèrent beaucoup, et dans son héritage se trouvaient la plupart des documents originaux de la famille Bach. Le catalogue thématique de ses œuvres dressé par Alfred Wotquenne (1905) est à peu de choses près une copie de celui réalisé par un ami du compositeur, l'organiste Johann Jakob Heinrich Westphal (1756-1825).

    Johann Christoph Friedrich Bach
    Né à Leipzig le 21 juin 1732, mort à Bückeburg (Westphalie) le 26 janvier 1795. Troisième des quatre fils musiciens de Jean Sébastien, il fut engagé au début de 1750, juste avant la mort de son père, à la cour du comte de Schaumburg-Lippe à Bückeburg, et y passa le reste de ses jours au service des comtes Wilhelm (jusqu'en 1777) et Friedrich Ernst (1777-1787), puis de la régente Whilhelmine. Le comte Whilhelm n'aimait que la musique italienne, et sa chapelle était dirigée par des italiens, le compositeur Giovanni Battista Serini et le violoniste Angelo Colonna. Après leur départ en 1756, et surtout après le retour du comte de la Guerre de Sept Ans (1763), Johann Christoph Friedrich — Concert-Meister depuis 1759 — put mettre à ses programmes des œuvres allemandes (Stamitz, Haydn, Gluck). De 1771 à 1776, l'écrivain Johann Gottfried Herder séjourna à Bückeburg et écrivit pour lui des livrets d'oratorios et de cantates. En 1778, il rendit visite à Londres à son frère Jean Chrétien. En 1793 fut engagé à Bùckeburg le compositeur Franz Christoph Neubauer (1760-1795), — dont la concurrence le stimula. Avec son fils Wilhelm Friedrich Ernst (1759-1845), également musicien, devait s'éteindre la descendance mâle de Jean Sébastien.

    Johann Christian Bach
    Né à Leipzig le 5 septembre 1735, mort à Londres le 1er janvier 1782. Dernier des quatre fils musiciens de Jean Sébastien, il n'avait que quinze ans à la mort de son père. Après 1750 il poursuivit sa formation à Berlin auprès de son demi-frère Carl Philipp Emanuel et, en 1754, se rendit en Italie, — voyage qu'auparavant aucun Bach n'avait effectué. Là, il prit des leçons auprès du padre Martini, se lia avec Sammartini, se convertit au catholicisme (1757), devint organiste à la cathédrale de Milan (juin 1760), et composa des opéras, — genre qu'avant lui aucun Bach n'avait pratiqué : Artaserse (1761), Catone in Utica (1761) et Alessandro nell'Indie (1762). En 1762, en principe pour un an seulement, il arriva à Londres comme compositeur attitré du King's Theatre où il donna en février 1763 l'opéra Orione, et en mai de la même année Zanaida. En fait, il ne devait plus quitter la capitale britannique (où, en 1764, il rencontra la famille Mozart) que pour quelques brefs voyages sur le continent; et, pendant vingt ans, premier Bach cosmopolite, premier Bach mondain, il participa activement à sa vie musicale. De 1765 à 1781, il organisa avec le compositeur et gambiste Carl Friedrich Abel (1723-1787), qu'il avait connu à Leipzig, les fameux concerts publics Bach-Abel. Il devint professeur de musique des enfants royaux. A Londres il donna encore, comme opéras italiens, Adriano in Siria (1765), Carattaco(1767) et la Clemenza di Scipione (1778). On le vit à Mannheim en 1772 et en 1774 pour les créations respectives de Temistocle et de Lucio Silla, et en 1778 à Paris où il retrouva Mozart et signa un contrat pour l'opéra français Amadis de Gaule, représenté l'année suivante. Dans ses dernières années ses succès diminuèrent, et sa mort prématurée émut surtout ses créanciers. Mais Mozart eut cette réaction, rare chez lui : «Bach n'est plus, quelle perte pour la musique !» Ivresse mélodique, élégance, sensualité, mais aussi gestes théâtraux caractérisent son style.


    Ce sera tout pour le moment. Car le sujet est vaste et, pour tout dire, je n'en connais qu'une faible partie ().

    Les disques d'oeuvres composées par les fils de J. S. Bach sont pourtant assez nombreux dans mes armoires, la plupart concernant Carl Philipp Emanuel ... Mais j'évoquerai ces enregistrements plus tard, ne les ayant pas encore tous recensés (et encore moins réécoutés ).

    Jacques

  2. #2
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    Comme je le craignais, alors que les enregistrements que j'ai retrouvés d'oeuvres de Johann Christian et, surtout, de Carl Philipp Emanuel surabondent chez moi (ce pourrait être "l'avalanche" si je les montrais tous), il n'en va absolument pas de même de Wilhelm Friedemann et de Johann Christoph Friedrich.

    En ce qui les concerne, je ne puis donc faire état que de ces six malheureux albums (dont l'un est double) :







    Ce qui fait,

    - de Wilhelm Friedmann Bach : le Concerto pour deux clavecins et orchestre en mi bémol majeur Falck 46 (album 1), la Sonate pour deux clavecins en fa majeur Falck 10 (album 1), les Trios pour deux flûtes et basse continue Nos 1 à 3 (album 2) et les Six Duos pour deux flûtes sans basse Falck 54 à 58 (albums 3, sur "instruments d'époque", et 4);

    - de Johann Christoph Friedrich Bach : un Concerto pour clavecin et orchestre en mi majeur (album 5) et l'intégrale des Sonates pour flûte et clavecin (double album 6).

    Style galant dans la lignée de Telemann ? Pré-classicisme annonçant Haydn et Mozart ? Il me semble y avoir un peu des deux dans ces quelques oeuvres, et fort peu de la "rigueur" du père ()...

    Mais c'est tout de même très agréable à écouter .

    Jacques

  3. #3
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    Je passe ainsi d'ores et déjà à Carl Philipp Emanuel Bach (pour moi le plus "gros morceau") ...

    Avec ce premier post montrant trois albums où sont enregistrées quelques-unes de ses plus belles compositions vocales (choeur et solistes avec accompagnement d'orchestre et d'orgue), l'oratorio Die Israeliten in der Wüste Wq 238 (composé en 1768/69) et les Cantates Wq 217, 222, 239, 243, 249, 250 et 251 (composées entre 1774 et 1785) :





    Il s'agit d'oeuvres magnifiques, exemptes des brusqueries qu'on reproche parfois à cet étonnant compositeur "de transition" (qui dans d'autres répertoires, en particulier l'orchestre et le clavier, se livrait volontiers à toutes sortes d'étranges "expérimentations").

    L'apport considérable du père (J. S. Bach) y est bien sûr sensible, mais c'est davantage à Haendel qu'on pense en les écoutant.

    A Haydn aussi, d'ailleurs... Ce qui, à mon avis, rend cette musique d'autant plus fascinante.

    Jacques

  4. #4
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    Jacques ! un immense merci pour ces conseils d'écoute et ces orientations discographiques - celles-ci me seront particulièrement utiles étant donné que je possède en tout et pour tout un album de Bach qui ne soit pas de JS

    (Il s'agit d'un double CD de C.Ph.E. constitué d'un ensemble de symphonies (Wq 183) et de concertos pour violoncelle (Wq 170-71-72) - un album que je n'ai plus écouté depuis des lustres, je suppose qu'il ne m'avait pas "tapé dans l'oreille") ; en revanche, je suis très tenté par les concertos pour clavecin(s) présentés ci-dessus ainsi que par les oeuvres chorales. Une manière pour moi de me faire une idée sur une discussion entendue autre part , opposant le caractère "émotionnellement ... bouleversant" du père (une opinion que je partage totalement) et l'aspect parfois "mondain", "galant" des fils - sur laquelle je ne puis me prononcer

  5. #5
    Membre Avatar de Jacques
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    Bonsoir Philippe .

    Je possède un enregistrement des Symphonies Wq 183 de C.P.E. Bach (en l'occurrence par Ton Koopman et The Amsterdam Baroque Orchestra) mais pas, il me semble, des Concertos pour violoncelle Wq 170 à 173 que vous mentionnez.

    J'en ai toutefois quantité d'autres (symphonies et concertos divers), que j'envisage d'évoquer brièvement plus tard.

    Le contraste entre le caractère "bouleversant" de la plupart des oeuvres du père et l'aspect beaucoup plus "mondain" et "galant" de celles des fils est incontestable . La première fois que j'ai entendu du C.P.E. Bach, c'était sauf erreur sur un disque où étaient enregistrées quatre de ses extravagantes Sonatines (composées entre 1762 et 1764), et je crois bien avoir alors pensé qu'elles avaient dû faire "se retourner dans sa tombe" le père en question ().

    Il ne faut toutefois pas oublier que des bouleversements majeurs (qui conduisirent au classicisme de Haydn et de Mozart) agitaient à cette époque le monde de la musique (troisième quart du XVIIIe siècle). Et on imagine mal que les fils musiciens de J. S. Bach aient pu continuer imperturbablement à suivre la voie tracée par leur père, aussi noble et géniale qu'elle ait été (il fallait bien qu'ils se plient un peu aux exigences de la mode, comme l'avait d'ailleurs fait Telemann, parrain de Carl Philipp Emanuel, dès les années 1730).

    Cela dit, comme ces Sonatines se situent un peu "à part" dans la production de C.P.E. Bach (NB: il ne s'agit pas de "petites sonates" pour clavier solo mais de véritables concertos pour clavecin ou pianoforte avec accompagnement de plusieurs instruments [2 cors, 2 flûtes, cordes et basse continue], des compositions à caractère "expérimental" qui apportent, selon certains commentateurs, "le témoignage éclatant que Carl Philipp Emanuel Bach est bien le génie le plus éclatant et le plus original du Sturm und Drang"), j'en profite pour montrer ci-dessous le fameux disque évoqué deux paragraphes plus haut :



    .
    Jacques

  6. #6
    Membre Avatar de Jacques
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    Il est extrêmement tard... Mais je préfère agir dès maintenant.

    Comme le coffret était mal classé (sous "J. S. Bach"), ce dont je viens de m'apercevoir, j'avais complètement oublié de signaler encore au post 3 cet enregistrement du splendide oratorio de C.P.E. Bach Die letzten Leiden des Erlösers, composé en 1770 :



    Oubli désormais réparé .

    Jacques

  7. #7
    Membre Avatar de Nicolas TOUSSAINT
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    Merci infiniment Jacques de ces précieux conseils et informations ...

    Pour moi je voudrais citer un superbe disque d'orgue des sonates de Carl-Philip-Emmanuel enregistré sur le Holzey de la Peter und Pauli Kirche de WEISSENAU ...




    Musique roborative s'il en est, pleine d'imprévus et magnifiquement interprétée par cette organiste dont un membre éminent de ce forum a écrit un jour qu'il traverserait l'Europe à pied pour aller l'écouter ...



    <<Ce monde ne fait que rêver, il approche de sa fin.>>
    François RABELAIS

  8. #8
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    je ne suis pas tout à fait d'accord sur la différence entre austérité luthérienne et mondanité, à mon avis déjà orientée par le fait qu'on admire l'une et qu'on dénigre forcément l'autre, une sorte de querelle des anciens et des modernes.

    Au centre de tout cela ce qui est en jeu c'est l'influence de l'école italienne sur le classicisme (allemand et viennois) que la politique des empires a tenté d'amoindrir. JS Bach lui-même a versé dans le divertissement et la mondanité: à côté de la Messe en si qui est un best-of de ses meilleures cantates, ses concertos décalquent Vivaldi, dont les modèles étaient soigneusement copiés à son intention par son cousin Johann-Ludwig, lui-même grand compositeur, et si important que certaines de ses oeuvres sont passées dans le catalogue du patriarche d'où on ne les rressort qu'à grand-peine pour les restituer à leur auteur véritable.

    Les fils de Bach, dans la période de maturité de leur carrière, n'ont tout simplement pas travaillé dans le même domaine, ce ne sont pas des maîtres de chapelle occupés à écrire principalement de la musique religieuse, encore que JS ait également produit de la musique de cour (l'Offrande) et des des divertissements à la mode inspirés du modèle de l'ouverture à la française (les Suites pour orchestre).

    Le rôle de Wilhelm Friedmann dans la constitution de la symphonie à l'allemande (avec les très modernes, surprenantes, dissonantes et chromatiques symphonies pour cordes écrites pour van Swieten) et celui de Jean-Chrétien dans l'apport à cette forme et à l'opéra par l'adjonction des influences italiennes me paraît considérable et fondateur, sans compter que Jean-Chrétien, l'une des figures de référence de Mozart, est l'un des premiers à exercer le métier de compositeur indépendant, en tirant l'essentiel de ses revenus de la scène.
    Wilhelm Friedmann est d'ailleurs, comme copiste et "réalisateur" des dernières oeuvres de son père aveugle, l'un des "inventeurs" de la réputation posthume de son père. Comment déterminer ce qui est personnel dans ses interventions, et la fugue de la fFntaisie chromatique n'est-elle pas plus son oeuvre qu'un dernier coup de génie du père?

    Johann Christophe Friedrich, le Bach de Bückeburg symbolise ce virage vers la constitution du classicisme viennois. Ses deux symphonies tardives sont comparables à celles de WA Mozart ou aux meilleures productions de Michael Haydn, qui, plus que son frère ouvre la voie vers la musique romantique. Malheureusement la partie de l'oeuvre de JCF Bach la plus connue est celle qui se rattache aux archaïsmes de ses parents et aînés, phénomène consécutif à l'engouement pour le baroque, ses partitions importantes ayant été redécouvertes par des interprètes tournés vers la musique ancienne.

  9. #9
    Mon fils préféré de Bach:



    Oh vous savez, moi, ce que j'en dis, hein...

  10. #10
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  11. #11
    Membre Avatar de Jacques
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    Bonjour Nicolas , Fred Audin et Nico .

    Je possède, Nicolas, le beau disque d'orgue que vous avez montré et fort bien décrit . Je l'aurais sans doute signalé au moment d'évoquer, comme j'envisage de le faire à une autre occasion, l'abondante musique pour clavier de C.P.E. Bach (c'est un vaste domaine aussi, où les enregistrements sur clavecin, clavicorde ou pianoforte sont assez nombreux).

    Merci beaucoup, Fred Audin, pour les précieuses informations musicologiques que vous avez fournies. Elles portent sur des faits importants et d'un grand intérêt (histoire de la musique, son évolution au cours du XVIIIe siècle) que peu d'amateurs connaissent, il me semble (d'où certaines "idées reçues", encore trop répandues, sur ce siècle passionnant).

    Je poursuis quant à moi mon petit cheminement, avec les symphonies et concertos que C.P.E. Bach produisit sans relâche (comme il aimait "expérimenter", on y trouve parfois d'insolites confrontations d'instruments, comme dans cet étonnant Concerto pour clavecin et pianoforte Wq 47, qui fait en quelque sorte "dialoguer l'ancien et le moderne" ).

    S'agissant des interprètes, on se bouscule presque au portillon ()... Cela va des plus éminents "ambassadeurs" de la musique ancienne (Gustav Leonhardt, Christopher Hogwood, Trevor Pinnock, Ton Koopman) à des formations moins connues comme celles qui enregistrèrent, pour le label Capriccio, l'imposante série intitulée "Edition Carl Philipp Emanuel Bach", ou encore le remarquable ensemble "Les Amis de Philippe" (une désignation qui, soit dit en passant, conviendrait bien à ce forum ).

    Je ne sais pas quelle était était la diffusion de ces oeuvres à l'époque. Mais on imagine sans peine Haydn et Mozart s'en délecter (du moins à leurs débuts), tant y paraissent nombreuses les formules et tournures qu'on retrouve dans leur propre musique.

    Etant toutefois bien incapable d'en faire l'analyse, je me borne à montrer ci-dessous quelques-uns des disques que je possède :














    Prochaine étape : la musique de chambre .


    Jacques
    .

  12. #12
    Membre Avatar de Jacques
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    Ça n'a rien à voir avec les fils de J. S. Bach, et l'endroit est sans doute bien mal choisi ().

    Mais une petite mention au bas de la page principale du forum m'indique que c'est aujourd'hui pour Thierry un jour qui n'est pas comme les autres ...

    Je lui souhaite donc un Joyeux Anniversaire !

    Jacques

  13. #13
    Membre Avatar de thierry h
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    Merci à vous pour cette gentille attention... ( sinon je vais me renseigner sur tous ces fils de Bach... je ne connais que les fils d'une toile tissée par une araignée chère à Roussel... )

  14. #14
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    ah ben oui alors, bon anniversaire, Monsieur!

  15. #15
    Membre Avatar de Jacques
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    Citation Envoyé par thierry h Voir le message
    je ne connais que les fils d'une toile tissée par une araignée chère à Roussel... )
    Bonjour Thierry (je reviendrai bientôt à la musique du XXe siècle -- mais j'aime personnellement beaucoup ces petits "voyages" qui m'emportent plus loin dans le temps : je fus un "baroqueux" dans les années quatre-vingts, ça me rappelle un tas de bons souvenirs et je retrouve plein de disques que j'avais presque oubliés ).

    Pour ce qui est de la musique de chambre de C.P.E. Bach, le mélomane peu versé dans le répertoire de l'époque ne pourra peut-être pas s'empêcher, s'il en écoute trop longtemps, d'éprouver un sentiment de monotonie...

    Elle est pourtant très diverse et variée (riche, aussi, en tournures d'une grande sensibilité annonçant parfois même Mozart, tandis que certaines des compositions parmi les plus anciennes paraissent encore très marquées par l'influence paternelle).

    La flûte semble jouer un rôle prépondérant dans ce corpus. Ce qu'explique peut-être, du moins en partie, le fait que C.P.E. Bach fut longtemps au service de Frédéric II de Prusse, lequel se considérait lui-même comme étant "le plus grand flûtiste de son époque" () et en demandait tant et plus pour son instrument de prédilection.

    Dans l'accompagnement (basse continue ou instrument à clavier seul) de la plupart des enregistrements présentés ci-dessous, il y a tantôt un clavecin, tantôt un pianoforte, mais aussi parfois un orgue (cf. la seconde de deux intégrales des Sonates pour flûte).

    Mais je crois peu utile d'en dire davantage et montre les enregistrements en question :















    Jacques

  16. #16
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    Tout cela me donne le tournis. Je me demande s'il ne serait pas plus commode de consacrer un fil à chacun des membres de l'illustre famille.
    Ma discothèque personnelle paraîtra étique à côté de certaines autres, mais je note tout de même qu'elle contient le beau coffret des concertos pour clavier de Johann Christian (Cpo, 6 CDs) ainsi que son opus 17 (Naxos, sur piano moderne), et trois volumes d'œuvres pour clavier de Wilhelm Friedemann, dont les deux parus chez Naxos, que je ne saurais trop recommander.
    De Carl Philipp Emanuel, je ne possède - honte à moi - que le coffret de sonates pour clavecin enregistré par Bob van Asperen, qui certes me ravit, mais me fait désirer d'autant plus un enregistrement plus complet de ce corpus.

  17. #17
    Membre Avatar de Jacques
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    Citation Envoyé par Gustave Voir le message
    Tout cela me donne le tournis. Je me demande s'il ne serait pas plus commode de consacrer un fil à chacun des membres de l'illustre famille.
    Bonsoir Gustave .

    Vous n'avez sans doute pas tort... En lançant ce fil de discussion, j'ai d'abord estimé judicieux de traiter ensemble les quatre membres de cette "illustre famille", imaginant qu'il y aurait relativement peu de choses à dire sur eux. Or, à la réflexion, ça revenait à vouloir "avaler un trop gros morceau à la fois" ().

    Je ne crois toutefois pas avoir été spécialement incohérent dans mes précédents posts sur ce fil. De sorte que je me permets de poursuivre (avant de faire une longue pause ), en évoquant maintenant ce que je connais de l'oeuvre pour clavier de C.P.E. Bach.

    Avec un peu moins d'images, mais notamment celle d'un coffret de quatre disques d'une durée totale de plus de 4 h 45 (!) réunissant les Six Recueils de Sonates, Fantaisies et Rondos destinés aux Amateurs ("Für Kenner und Liebhaber, Sechs Sammlungen von Sonaten, Freien Fantasien und Rondos") Wq 55 à 60, que C.P.E. Bach publia en 1788, quelques mois avant sa mort. Ce "monument du clavier du XVIIIe siècle" est interprété par le claveciniste hongrois Gabor Antallfy sur trois clavecins différents (dont deux sont des copies d'instruments de Christian Zell von Sassmann, d'une part, et de Wittmayer, d'autre part) ainsi que sur une copie d'un pianoforte de Matthaeus Heilmann von Sassmann.

    Le texte très détaillé de la brochure qui l'accompagne se termine sur les remarques suivantes : "Les Sonates destinées aux Amateurs de Carl Philipp Emanuel Bach valent la peine d'être redécouvertes et d'acquérir un peu de la fascination des dernières sonates de Beethoven. Elles présentent un style tardif qui résume, autant qu'il la surpasse, la musique pour clavier en Allemagne du Nord au XVIIIe siècle".

    Voici l'aspect qu'a ce coffret :




    Les autres albums ci-dessous sont des anthologies ou séries d'oeuvres apparentées, interprétées au clavecin, au pianoforte et au clavicorde par Gustav Leonhardt [1], au clavecin et au pianoforte par Andreas Staier [2], au pianoforte par Ludger Rémy [3] et par Evelyn Garvey [4], au clavicorde par Armin Thalheim [5] et à l'orgue par Kei Koïto [6] (j'espère que Nicolas me pardonnera de montrer à nouveau le très beau disque qu'il a déjà présenté au post 7) :








    Jacques

  18. #18
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    Il fait sur Lausanne un temps à ne pas mettre le nez dehors (tous les jardins sont sous la pluie, mais elle est glacée ).

    Pause plus courte que prévu, donc, avec une brève visite au dernier des quatre fils musiciens du Cantor .

    -----------------------------------------------

    Une personne capable de reconnaître à l'oreille ce qui distingue la musique de Johann Sebastian Bach de celle de J. Haydn ou de Mozart mais ignorant jusqu'à l'existence de Johann Christian Bach (parfois appelé "le Bach de Londres", ou "le Bach anglais") attribuerait probablement à Haydn ou - surtout - à Mozart les oeuvres enregistrées sur les quatre albums ci-dessous si on les lui faisait découvrir "en aveugle" :





    Et on ne saurait le lui reprocher... Dans sa présentation du deuxième album (Symphonies Op. 6, 9 et 18), Peter Branscombe remarque en effet ce qui suit à propos de J.C. Bach :

    "(...) plus décisif encore pour l'histoire de la musique (...) fut sa rencontre avec Mozart, âgé de 8 ans; ils firent de la musique ensemble au clavecin (les auditeurs ne pouvaient dire à la simple écoute quand l'un cédait la place à l'autre); plus important, une profonde amitié s'établit entre eux. Le style de la musique du jeune Mozart fut fortement influencé par cette fusion, propre à J.C. Bach, d'une mélodie italianisante, d'un sens harmonique et instrumental chaud et sensible, et d'un sûr instinct de la forme. Mozart et Bach se rencontrèrent encore à Paris à la fin de l'été 1778. Lorsque le jeune compositeur apprit en 1782 la mort de son ami, il lui rendit un émouvant hommage en utilisant le thème de l'Andante de l'ouverture de La Calamità de' cuori (1763) de Bach, incluse dans cet enregistrement, pour le mouvement lent de son nouveau Concerto pour piano en la majeur K 414. Mais il y a encore d'innombrables emprunts, probablement inconscients, qui indiquent la nature profonde et durable de l'influence du Bach anglais sur Mozart. (...)"

    Ce qui en dit long sur tout ce qui sépare le Cantor du dernier de ses fils compositeurs, du moins dans le domaine de l'orchestre.

    Et des interprétations sur "instruments d'époque", comme c'est le cas des concertos enregistrés sur les deux albums qui suivent, n'y changent évidemment rien (Haydn et Mozart aussi sont souvent joués de cette manière) :




    Jacques

  19. #19
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    Quelques exemples enregistrés de la musique de chambre de Johann Christian Bach (les Six Quintettes pour flûte, hautbois, violon, alto et basse continue Op. 11 [le continuo de la version du Winterthurer Barock-Quintett associe un basson au clavecin], les Trios pour violon, violoncelle et clavecin ou pianoforte Op. 2 et 15 et Deux Sonates pour flûte et clavecin Op. 16) :






    Sur le compositeur, l'un des livrets rapporte les anecdotes suivantes :

    "(...) Carl Philipp Emanuel dira de son demi-frère Johann Christian : «Mon frère vit pour composer, tandis que je compose pour vivre». En mai 1781, Johann Christian Bach dirigea encore à Londres le dernier concert Bach-Abel de la saison. Après quoi, il s'écroula psychiquement et physiquement. Il mourut le 1er janvier 1782, âgé de 46 ans seulement. A sa veuve il laissait moins que Johann Sebastian à son Anna Magdalena, et à ses créanciers une montagne de dettes totalisant 4'000 livres sterling. La maison royale anglaise se montra toutefois plus généreuse que les avares édiles de Leipzig. La reine paya l'enterrement de son maître de musique, fit cadeau à sa veuve de 100 livres sterling pour lui permettre de rentrer en Italie, et lui alloua à vie une rente annuelle de 200 livres."


    Ce qui frappe à l'écoute de cette musique, d'un grand charme et toujours très élégante, c'est bien sûr son évidente parenté avec celle de Mozart à ses débuts. Pour nos oreilles actuelles, c'est d'autant plus troublant que l'habitude s'est prise, avec le temps, d'associer aussitôt le nom de "Bach" au prénom du génial "Johann Sebastian". On peut dès lors se demander si un tel nom, porté pas ses fils, ne leur a pas été finalement bien plus préjudiciable que bénéfique (ce n'était certes pas le cas durant la seconde moitié du XVIIIe siècle, mais les choses, comme on le sait, ont par la suite beaucoup changé).


    Jacques

  20. #20
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    A l'intention de ceux qui ne seraient toujours pas convaincus de l'influence considérable qu'eut Johann Christian Bach sur Mozart, voici trois vidéos avec des extraits, successivement, de l'une de ses symphonies, de l'un de ses concertos pour pianoforte et de son opéra Temistocle (aria "Chi mai d'iniqua stella") :


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    Jacques

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