Bonjour,

Je viens d'entendre ce pianiste à Amsterdam. A vrai dire, c'est quelqu'un sur lequel je me pose de plus en plus de questions... Il y a quelque chose d'assez paradoxal chez lui. Il y a bien peu de virtuoses avec les mêmes doigts stupéfiants, je ne connais personne qui puisse jouer des octaves aussi rapides et virtuoses.. (Un Horowitz peut se rhabiller si on les compare en termes de pyrotechnique!).
Le toucher est beau et rarement heurté ou bruyant.

Mais........... d'où ce sentiment de profonde dissatisfaction que j'ai ressenti hier soir? D'une part, c'était peut être son programme, qui manque généralement de "consistence", il joue assez rarement un grand cycle (comme les études ou préludes de Chopin ou Rachmaninov), ce sont souvent des récitals un peu "fourre tout" avec des sonates incourantes de Schubert ou quelques Intermezzi de Brahms. Ceci dit, je n'ai évidemment rien contre des compositions inconnues, par contre, j'aime bien que quelqu'un s'écarte de temps en temps des sentiers battus. Hier, il a commencé avec une sonate ennuyeuse de Clementi, du rarement entendu, on peut se demander si cet effort valait la peine. J'ai bien aimé les également rares variations opus 21 de Brahms. Ont suivi les Scènes de forêt de Schumann, qui sont certes charmantes, mais qui à mon sens ne relèvent pas du meilleur Schumann. Finalement la "Dante sonate" de Liszt.

J'arrive à une autre question qui ne cesse de m'occuper: même s'il a des doigts impeccables et s'il peut affronter les pires audaces: faut-il vouloir le montrer toujours et à tout prix? Comme il l'a fait dans son dernier disque Liszt dans la 13eme Rhapsodie, la Dante sonate avait été "enrichie" de beaucoup d'octaves et trémolos dans les basses. Simplement: pourquoi? Pour quoi montrer? Est-ce que les versions originales ne sont pas assez difficiles? Je constate une sorte de "fatigue" quand il livre pour la enième fois son numéro de cirque. En fait, il y a bien peu d'inattendu dans ses concerts, on sait à peu près ce qu'il va faire et il le fait à la perfection. Mais rien d'imprévisible à la Cherkassky ou de démoniaque à la Horowitz.. Ces deux maitres avaient eux une palette sonore très étendue, contrairement au toucher un peu "flou" de Volodos. Je ne peux pas oublier ce que j'ai lu une fois dans Le Monde de la Musique à propos d'un concert par Volodos: sa sonorité est belle à ravir, mais tout sonne de la même manière.. et c'est exactement ce que j'ai ressenti hier soir.

Enfin, j'aimerais apprendre vos avis!

Amicalement,
Willem