Bon, je vais étrenner ce forum-ci avec un compositeur qui fait mes délices depuis longtemps.
Je ne m'étends pas trop sur la personnalité du compositeur ni sur le rôle décisif qu'il a joué dans la musique américaine et j'attaque directement sur l'oeuvre.
D'un point de vue global, il me semble que c'est surtout dans la musique symphonique que Copland s'est le mieux illustré. Les oeuvres vocales valent également le déplacement (en particulier son opéra "The Tender Land", véritable manifeste de son esthétique, et les 12 Poems of Emily Dickinson). La musique de chambre m'a souvent déçu, hormis son ultime "duo pour flûte et piano" qui est, à mon avis, un sommet de son oeuvre. Le piano me semble globalement plus morne.
Si l'on excepte quelques écarts expérimentaux au début et vers la fin de sa carrière, la musique de Copland a développé une esthétique faite de naïveté candide toute en ambiguïtés. Son côté pastoral, quasi-omniprésent, qui évoque si bien les grands espaces, la prairie, souvent inspiré par la musique folklorique (au sens large, avec des emprunts aux folklores mexicains, cubains, afro-américain etc) est toujours à la marge d'un abîme de mélancolie. C'est très pudique, très retenu, d'une grâce sublime, et pour moi extrêmement sincère et émouvant.
C'est aussi une musique qui s'est tenue très à l'écart des débats esthétiques du siècle : toujours radicalement tonal (sauf exceptions rares), post-stravinskien à sa manière (encore un élève de Nadia Boulanger), d'une écriture claire et sans effets de manche, hermétique au minimalisme.
Il faut souligner également que, sur les quelques 15 dernières années de sa vie, Copland souffrait d'une maladie neurologique qui l'a considérablement diminué.
Je vais développer, mais comme d'habitude je préfère utiliser différents posts, ça me semble plus digeste.
Gilles