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Discussion: Mais De Qui Cause-t-on?

  1. #261
    - Avatar de mah70
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    On se rapproche: l'époque est la bonne, le pays aussi (d'accord, Maeterlinck est Belge, on le laisse de côté pour cet aspect), et nous sommes dans la bonne spécialité.
    Question style, si je me permets d'en parler malgré mes faibles connaissances, je rangerais notre auteur beaucoup plus près de Maeterlinck que de Zola ou de Flaubert. De manière amusante, le propos est relaté par un écrivain relativement plus proche de Zola ou Flaubert que de Maeterlinck...

    La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)

  2. #262
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    je ne comprends pas grand chose aux indices... le propos est rapporté par un autre auteur que celui à qui est prêtée la critique? ça se complique...
    je ne sais pas pourquoi la petite avenue m'évoque Huysmans

  3. #263
    Membre Avatar de Amitiou
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    Je crois avoir compris, dans ce qu'a dit mah, que le style de l'auteur de la citation est plus proche de celle de Maeterlinck, mais que dans la vie personnelle ses fréquentations étaient plutôt Zola et Flaubert que Maeterlinck.
    Amicalement vôtre.

  4. #264
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    goncourt parlant de mallarmé parlant de wagner?

    mais non... mallarmé eût eu la syntaxe plus contournée
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  5. #265
    - Avatar de mah70
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    Tiré du Journal de Jules Renard, en date du 8 mai 1895:
    "Mallarmé. Il est tellement clair dans la conversation qu'après l'avoir lu on le trouve causeur banal. Il parle de Baudelaire et de ce que je fais. Malgré moi, je suis en glace. Impossible de dire un mot gentil. Si encore, il était velu comme un faune, je pourrais le caresser."

    Et, tiré du même Journal, en date du 15 décembre 1898, suivant la répétition générale des Mauvais bergers, pièce oubliée et engagée d'Octave Mirbeau:
    "Tout cela est gros, gros, dit Mallarmé, et ces acteurs, qui veulent jouer la vie, ne donnent rien de la vie. Ils ne peuvent même pas donner la vie d'une causerie de salon, même pas d'un pli d'étoffe. Et puis, au théâtre, la vie me choque. Ma vie à moi me fait mal ; ses petits drames usent trop ma sensibilité pour que je trouve une saveur à leurs fausses imitations. Elles offensent ce que j'ai de pudeur. Oui, tous ces gens-là me semblent se mêler de ce qui ne les regarde pas. Je n'aime que les drames de Wagner et les ballets ; et je préfère ceux-ci, parce qu'ils sont l'expression de la vie d'un autre monde."



    L'avis de Renard sur la pièce fait ma joie:
    "Répétition générale des Mauvais Bergers. Dans la loge de Guitry, ils étaient tous : Mirbeau, Hervieu, Rodenbach, La Jeunesse, les enthousiastes, les « vies frénétiques ». Si, pris d'une pitié profonde pour les humbles et les pauvres, j'avais serré la main de Firmin, qui est le domestique de Guitry, tout ce monde-là aurait pouffé de rire.
    Les pièces socialistes me rendront fou. Le gros Bauër n'en a jamais vu d'aussi belle depuis un siècle. Mendès fait chorus. Tous sont de l'avis de La Jeunesse : « L'esprit de vérité, l'esprit de Dieu a passé par là. » Moi, j'ai envie de faire des excuses à Curel, dont je n'aimais pas Le Repas du Lion.
    Et nous sommes tous des lâches, moi le premier, qui ne crie pas à Bauër, Mendès et La Jeunesse : « Vous êtes tous des fantoches ridicules, et, ce que Jean Roule crie aux politiciens dans la pièce de Mirbeau, il vous le criera quelque jour. Il vous criera : « Vous vous foutez bien des ouvriers ! Les députés ne nous donnent que des paroles, et, vous si nous demandons du pain et de l'argent, vous nous donnez des articles, mais c'est vous qui en touchez le prix. Et je n'ai pas tout dit encore ! A bas les Sarah Bernhardt, la grande passionnée, qui, aussitôt après être morte au cinquième acte, se relève et court à la caisse pour savoir combien ça lui a rapporté de mourir pour nous ! A bas Mendès, qui, après s'être fondu en eau à m'entendre gueuler, va réparer ses forces dans une brasserie et les reperdre ensuite avec des grues ! A bas Bauër, à qui sa pitié pour les pauvres rapporte 50.000 francs par an et le titre d'écrivain d'avant-garde ! A bas tous, tous ! Rendez l'argent, les honneurs, la gloire même ! Ce n'est pas seulement du pain que nous voulons, mais de votre pain. C'est la moitié que je veux. Je ne me contenterai que d'une moitié. Oui ! Je te laisse l'autre. Si vous n'êtes que des artistes, je n'ai rien à dire, moi. Je ne suis pas un artiste. Je ne vous comprends pas, mais je vous respecte, je vous salue poliment, et je passe. Mais, si vous prenez en mains ma cause, j'ai le droit de vous taper sur le ventre et de vous dire : « A nous deux ! Causons un peu ! » Si vous dites : « Nous ne sommes pas des esprits étroits : nous sommes des hommes d'idées », nous vous crierons que nous ne comprenons pas ces nuances, et, pour toute raison, nous allons vous casser la gueule et vous trouer la peau. Vous êtes bien fiers, parce qu'au lieu de dire vos bêtises à une tribune vous les dites dans des journaux, ce qui ne vous empêche d'ailleurs pas de proclamer avec pompe, à l'occasion, que le journal est et doit être une tribune. Et à bas Jules Renard, l'homme heureux, le propriétaire qui se plaint toujours et qui n'est qu'un égoïste et un hypocrite, car, s'il dit à sa femme et à ses enfants : « Soyez heureux ! » il leur dit aussi : Soyez heureux comme je l'entends, du bonheur qui me plaît à moi ; sinon, gare à vous ! »"
    La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)

  6. #266
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    Ah ouais ! Je ne savais pas que J. Renard était à ce point passé maître dans le xème degré : écrire "je vous hais tous" dans un style mêlant L. Bloy et G. Flaubert et terminer par "je me hais moi-même", chapeau ! On ne fait pas forcément de la bonne littérature avec des mauvais sentiments, mais voilà un bon contre-exemple ! Je n'aurais jamais deviné que c'était lui qui se cachait derrière Mallarmé pour descendre en flammes la 3ème de Brouqueneur...

    Musicalement,
    l'obsédé-des-incunables

  7. #267

    J'ai rin comprendu.
    Qui cause de qui? Jules Renard cause de Wagner ou de Brouqueneur? Et si c'est pas de Brouqueneur, qui qu'en cause de lui, alors?

    Dernière modification par nico ; 28/03/2012 à 20h47.
    Oh vous savez, moi, ce que j'en dis, hein...

  8. #268
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    Ben moi, j'ai cru comprendre que c'était du J. Renard citant la descente en flammes que fait S. Mallarmé de la 3ème de Brouqueneur. V'ai bon, là, thef ?

    Musicalement,
    l'ignare-des-incunables

  9. #269
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    N'empêche : on n'a toujours pas la réponse, semble-t-il
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  10. #270
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    Mais si
    Citation Envoyé par mah70 Voir le message
    Tiré du Journal de Jules Renard, en date du 8 mai 1895:
    "Mallarmé. Il est tellement clair dans la conversation qu'après l'avoir lu on le trouve causeur banal. Il parle de Baudelaire et de ce que je fais. Malgré moi, je suis en glace. Impossible de dire un mot gentil. Si encore, il était velu comme un faune, je pourrais le caresser."

    Et, tiré du même Journal, en date du 15 décembre 1898, suivant la répétition générale des Mauvais bergers, pièce oubliée et engagée d'Octave Mirbeau:
    "Tout cela est gros, gros, dit Mallarmé, et ces acteurs, qui veulent jouer la vie, ne donnent rien de la vie. Ils ne peuvent même pas donner la vie d'une causerie de salon, même pas d'un pli d'étoffe. Et puis, au théâtre, la vie me choque. Ma vie à moi me fait mal ; ses petits drames usent trop ma sensibilité pour que je trouve une saveur à leurs fausses imitations. Elles offensent ce que j'ai de pudeur. Oui, tous ces gens-là me semblent se mêler de ce qui ne les regarde pas. Je n'aime que les drames de Wagner et les ballets ; et je préfère ceux-ci, parce qu'ils sont l'expression de la vie d'un autre monde."
    La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)

  11. #271
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    oups... j'avais oublié le sujet de l'énigme, on dirait...
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  12. #272
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    Puisque tu te rappelles maintenant ce qu'était le sujet de l'énigme, moi, je continue de ne rien entraver. Les deux passages du journal de J. Renard que mah a rougi ne mentionnent que le nom de Wagner. Bon, admettons que depuis 1870, l'Allemagne existe et que donc elle a une frontière avec la "slavitude". Pourquoi, alors, dans un message antérieur, mah nous explique-t-il que la personne visée par J. Renard (je n'ai toujours pas pigé s'il le fait par l'intermédiaire d'une allusion à Mallarmé ou d'une citation de ce dernier ou si c'est lui-même qui donne son avis) est autrichienne, ce qui m'a fait penser, ainsi que d'autres intervenants, à Brubru ? Donc, je suis preneur du corrigé de l'interro...

    Musicalement,
    l'obsédé-des-incunables

  13. #273
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    Corrigé:

    1°) "L’audition de l’œuvre induit un sentiment de surprise qu’un éditeur sain d’esprit ait accordé à la partition l’honneur d’une publication, sentiment qui est égalé par l’ébahissement bien naturel que quiconque puisse punir un public inoffensif par une exécution, car rien de plus inepte et d’ennuyeux que cette olla-podrida de divers rebuts ne saurait être conçu. L’orchestration est tout du long puérile à l’extrême, et l’absence de construction intelligente ou de capacité d’invention complète l’imbécillité musicale de l’auteur."
    ... est l'avis d'un critique New Yorkais sur la 3e symphonie de Bruckner, réponse exacte donnée par Nico au message 228 et Leb au message 234.

    2°) La 3e symphonie de Bruckner étant parfois, avec générosité, surnommée "Wagner", j'ai rebondi en proposant un extrait de son Journal où Jules Renard rapporte un propos de Mallarmé:

    "Au théâtre, la vie me choque. Ma vie à moi me fait mal ; ses petits drames usent trop ma sensibilité pour que je trouve une saveur à leurs fausses imitations. Elles offensent ce que j'ai de pudeur. Oui, tous ces gens-là me semblent se mêler de ce qui ne les regarde pas. Je n'aime que les drames de Wagner et les ballets ; et je préfère ceux-ci, parce qu'ils sont l'expression de la vie d'un autre monde."

    Est-ce plus clair?
    La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)

  14. #274
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    aahhhhh....

    (niark... je vais raviver plein de vieux fils...)
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  15. #275
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    Oui, mah, c'est plus clair ; maintenant, je sais que je ne me risquerai à répondre aux énigmes que tu proposes qu'avec la plus extrême circonspection et l'absolue certitude que je ne trouverai pas la bonne réponse .
    ... et ma vengeance sera terrible !!!

    Musicalement,
    l'obsédé-des-incunables

    PS : Ah oui, j'oubliais : l'obsédé des incunables a parlé (les connaisseurs de Goscinny et d'Uderzo comprendront la paraphrase)

  16. #276
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    Citation Envoyé par co2monamour Voir le message
    PS : Ah oui, j'oubliais : l'obsédé des incunables a parlé (les connaisseurs de Goscinny et d'Uderzo comprendront la paraphrase)


    Mon frère N'a-q-'un-saphir-mais-il-est-usé-alors-maintenant-n'en-a-plus est fou sous son scalp.
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  17. #277
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    Musicalement,
    N'a-plus-de-saphir

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