Bonsoir
Tout à l'émotion de la disparition de Christophe Bertrand le 17 Septembre dernier, et à la peine de ses proches, à laquelle je les prie de m'associer, j'ai finalisé son premier portrait sur le site (http://www.musiquecontemporaine.info...o-Bertrand.php) que je reproduis ici comme début de discussion pour découvrir sa musique:
Christophe Bertrand est un compositeur poly-rythmique marquant, beaucoup trop tôt disparu (un vrai météore, le recul manque pour discerner son apport à l'histoire de la musique) ; sa vocation de compositeur est due à la rencontre avec la musique de György Ligeti ("KammerKonzert" ou Concerto de Chambre), devenu un vrai mentor (qu'il n'a pas rencontré, semble-t-il), puis à l'influence posthume d'Edgard Varèse et de Iannis Xenakis ; il est fasciné par les rythmes (comme Nancarrow ou le dernier Ligeti, mais sans être un épigone, car au contraire, il utilise beaucoup la micro-tonalité et la division des pupitres, et avec une clarté incomparable), et aussi par les rituels et les répétitions (jusqu'à l'abîme et à l'obsession) ; depuis "Hendeka" et "Vertigo", il a systématisé une technique innovante de composition qui cisèle un petit fragment de 4 triples croches en ajoutant un huitième de soupir, puis répète ces 4 triples croches en ajoutant 2 huitièmes de soupir et ainsi de suite (aussi dans des ordres inverses ou d'autres combinaisons, d'autres vitesses), pour des effets synchrones ou asynchrones de spirales ou de tourbillons jusqu'au vertige ; après un premier essai infructueux à l'Ircam ("Dikha", 2002, pour clarinette et dispositif électronique, retiré du catalogue), il se dit réfractaire à l'électroacoustique ; malgré un mental noir-noir (maniaco-dépressif), ses compositions sont des pièces lumineuses, complexes (des calculs millimétriques tant la précision et la quantité de micro-intervalles sont notables, avec les difficultés d'exécution qui s'en suivent), dynamiques et resserrées (aucune pièce de plus de 30 minutes, pas de mouvement lent ou extatique pour les créations à ce jour), et même typiquement virtuoses, mais qui sonnent bien et se mettent remarquablement en place, avec une grande vitalité… Pièces emblématiques (sur un total d'une trentaine, en à peine plus d'une dizaine d'années, de haute qualité générale, avec seulement 2 petites compositions -de 6 minutes- pour piano solo, lui qui est pianiste virtuose) : "Yet" (2002, pour ensemble, non écoutée en concert), "Mana" (2005, pour orchestre, brillant et fascinant de virtuosité), Quatuor à cordes n°1 (2005-2006, vibrionnant), "Hendeka" (2008, pour violon, alto, violoncelle et piano, mouvant et asynchrone), Concerto "Vertigo" (2008, pour 2 pianos et orchestre, vertigineux, un must), "Scales" pour grand ensemble (2010, non écoutés, jamais joués en France).
... en attendant les dernières créations à venir : "Okhtor", pour grand orchestre, le 11 Février 2011, à Strasbourg et "Ayas", pour cuivres et percussions, le 16 Novembre 2010, à Strasbourg (sans doute aussi son quatuor n°2 à une date et dans un lieu indéterminés)