1ère de MAHLER
Il y a trois versions de la 1ère symphonies de Mahler :
1) La version Budapest 1888/1889. Mahler donne le nom « Poème Symphonique en deux Parties ». C’est une version à cinq mouvements. Il n’y pas de partition complète qui a survécu. Seule celles de la 1er mouvement, Scherzo et Finale sont conservées dans la collection de Alfred Rose, Université de Western Ontario.
2) La version de Hambourg, 1893. Mahler donne le nom « Titan, poème symphonique sous forme d’une symphonie ». C’est aussi une version à 5 mouvements, donc le Blumine est inséré en 2ème position. Il y a cinq enregistrements : Morris, Wakasugi II, Ruud et Olson et Hamar.
3) La dernière version, est née à partir d’une grosse révision en 1897. Cette version est révisée continûment jusqu’en 1906, comme la plupart des œuvres de Mahler. C’est la version telle que l’on connaît aujourd’hui. Elle s'appelle tout court " Symphonie numéro 1 ".
Pour être correct, on ne peut associer le Blumine qu’avec la version 1) et 2). Voici quelques différences de la version 2) de Hambourg :
- sans répétition de l’exposition dans le 1er mouvement et le Scherzo.
- La fanfare du 1er mouvement est jouée par cor (au lieu de la clarinette).
- Les cordes graves au début du Scherzo sont doublées par les timbales.
- La cymbale à la fin du menuet dans le Scherzo est supprimée.
- Les contrebasses sont doublées par les violoncelles au début de la marche funéraire.
- À la fin du Finale, il y a un plus long roulement des timbales, avant que la symphonie se termine avec une seule note (au lieu d’un saut d’octave).
Je n’ai pas le deuxième enregistrement de Wakasugi, mais j’ai entendu que c’est la meilleure version de la version de Hambourg. J’ai la version de Olson, qui est suffisante pour étudier les différences d’orchestration.
Sinon, le blumine est enregistré 7 ans ultérieurement et couplé (incorrectement) avec le très bon enregistrement de Ozawa chez DG.
Mes préférés enregistrements de la dernière version de la 1ère de Mahler :
- Horenstein en 1952 chez Vox, à ne pas confondre avec son deuxième stéréophonique enregistrement avec Londres, sans caractère. Dans l’enregistrement mono, on y trouve des portamenti (glisser entre deux notes) des violons et violoncelles très séduisants. De nos jours, plus personne ne pratique les portamenti de façon aussi naturelle, si vous cherchez une touche nostalgique, une charmante lecture qui vient d’une autre époque, c’est vers celui-ci qu’il faut tourner. Dans un geste assez large temporellement, la vision de Horenstein est presque pastorale dans les passages lyriques, sauf dans le Finale où on a le chef nous donne une constante impression de réserve de puissance, que quelque chose de grande va se passer.
- Kubelik, en studio chez DG, ou mieux en concert chez Audite (ce dernier malgré une exposition non reprise). Une lecture très naturelle. Personne ne rend mieux que Kubelik l'esprit juif du thème Frère Jacques en mineur (3ème mouvement).
- Kiril Kondrachine, étonnant ultime concert à Amsterdam. Écoutez le long luftpause dans le dernier mouvement. Nom de dieu, pour quoi personne ne pense à cela avant ? Kondrachine a remplacé Tennstedt en tourné avec l’orchestre NDR à pied levé à la dernière minute, et il sera mort quelques heures plus tard d'une crise cardiaque.
La version d’Ancerl est très attachante. Comme souvent le cas avec ce chef, cet œuvre est dirigé avec une immense « musicalité ». Si on découvre l’œuvre avec Ancerl, on aurait dû mal à écouter autre chose ultérieurement tellement sa lecture nous hante. Je trouve tout au moins que sa 1ere est petit peu moins bien réussit que sa 9eme.
- Si vous tenez une grande qualité du son moderne, Ozawa (DG mieux que Philips, avec le mouvement Blumine en prime), Boulez et Gielen sont des valeurs sûres de la 1ere symphonie. Une demande à Phillips : ils doivent absolument mettre à la disposition du grand publique les bandes de concerts filmés de Haitink avec l’Orchestre Philharmonique de Berlin, disponible en DVD au Japon [Mise à jour 2007, c'est fait, le DVD est disponible internationale]. La 1ere date du Janvier-Février/1994 est nettement supérieur à son enregistrement studio de 1987. C’est tout simplement une lecture hallucinante, d’une énergie torrentielle tout en respectant la précision millimétrée.
Bruno