Superbe récital de Simon Keenlyside hier soir. Schumann et Schubert au programme.
Dans La Ballade du harpiste de Schumann qui débute le récital, la voix est un peu crispée. Mais elle retrouve toute sa souplesse et la chaleur de son timbre dès le premier des douze lieder d'après Kerner, qui furent un enchantement de couleurs et de nuances. Les passages en voix mixte sont superbes, les pianissimi sont comme hallucinés, jusqu'au dernier "Alte Laute" où la salle retient son souffle, la voix se faisant blanche sur les derniers vers, le regard comme plongé dans le vide. Aucun effet artificiel, l'expression dramatique est intense sans être jamais surjouée, tout est invariablement juste, d'une sensibilité à fleur de peau exprimée sans se mettre en avant, avec noblesse et pudeur. Les Schubert furent à l'avenant (Keenlyside a remplacé Die Sterne prévu au programme par un autre lied que je ne connaissais pas. De même, je n'ai pas reconnu le cinquième bis).
Une preuve supplémentaire que Simon Keenlyside est un grand artiste. Et le Châtelet était à moitié vide (ou à moitié plein, selon le degré d'optimisme)...
A noter qu'il interprétera Wozzeck dans les mois qui viennent à l'Opéra de Paris.
Programme:
Schumann, Ballade des Harfners' (Goethe) Op 98a n° 2 - Kerner Lieder Op 35
Schubert, Der Wanderer an den Mond (Op 80 no 1) - An den Mond in einer Herbstnacht (D614) - An die Leier (Op 56 no 1) - Geheimes (D719)- Blondel zu Marien (D626) - Prometheus (D674) - Der Wanderer (Op 65 no 2) - Dass sie hier gewesen (D775) - Die Sterne (D176) (remplacé par un autre lied) - Im Walde (Op 93 no 1, D834)
5 bis de Schubert qui furent sauf erreur :
Fischerweise - L'incanto degli occhi - Rastlose Liebe - Nachtviolen - quel fut le cinquième ?