Mahler : 4e symphonie

[brunoluong]

4ème de MAHLER

Beinum/COA : c’est l’une des versions les plus rapides de la discographie (peut être c’est même la plus rapide). Mais van Beinum est parfaitement réussit son pari car il a misé sur un esprit proche de la musique de chambre. Pour vous en convaincre, il suffit que vous faites une petite comparaison directe avec l’interprétation de Britten (chez BBC Legend), qui semble lourde et moins envolée que Beinum, même avec une durée d’exécution comparable. Beinum et précis, léger, et naturel. Malheureusement Margeret Ritchie est loin d’être une soprano idéale pour le dernier mouvement, sa voix est trop mûrie avec un vibrato trop prononcé, qui est contraire à l’esprit enfantin souhaité par Mahler.

Pour mon tiercé gagnant, ce sera

1) Haitink/BPO Sylvia McNair (studio ou le Live disponible en DVD au Japon, à vous de choisir). C’est la version symphonique par excellente, avec une sonorité très belle et colorée de l’orchestre Philharmonique de Berlin. Personne n’a réussit mieux que Haitink le rendu du climat de Ruhevoll (le 3ème mouvement lent). Entre le studio et le Live, mon cœur s’en balance. Le concert est réalisé dans une salle plus modeste en taille (Schauspielhaus et non le Philharmoniker), ce qui rend son acoustique et son atmosphère assez distinctive de l’enregistrement studio.

2) Abravanel/Netania Davrath, une version méconnue qui gagne à être mieux connue. C’est une version légère et chambriste. Écoutez les cordes très naturelles ou bien le dialogue corde/flûte ou bien la voix enfantine de Davrath et vous seriez convaincu.

3) Walter. Quoi que l’on dise, je pense que la 4ème de Walter est plus proche de l’esprit Mahlérien - en tout cas plus naturel - de celle de Mengelberg, qui tend à exagérer les portamenti. Il faut écouter au moins l’un des 10 enregistrements de Walter. À part le dernier avec Vienne, les neufs autres sont plus ou moins similaires. À choisir en fonction de l’orchestre, ou de la soprano. Pour ma part, je choisirai l’enregistrement New-yorkais avec Seefried chez Tahra, qui est très bien enregistré et transféré.



Bruno

[Theo B]

La symphonie que j'ai le plus collectionné (seize version je crois).

Mes préférences vont à :

Salonen/Hendricks/LA Ph.
Harding/Röschmann/MCO.
Bernstein/Wittek/Amsterdam.

Et secondairement:

Abbado/Von Stade/Vienne
Levi/Von Stade/Atlanta

[Mikal]

Quelqu'un connait-il la version Mehta avec le philharmonique d'Israël (1979) ? J'avais entendu le dernier mouvement à la radio avec Barbara Hendricks et j'avais été charmé par le naturel de cette version.

Sinon, mes versions préférées sont Reiner / Chicago et Harding / Mahler Chamber Orchestra.

[Theo B]

Bonjour Mikhal,

oui j'ai la versio Mehta/Hendricks et l'apprécie beaucoup. Ce qui m'empêche de la placer parmi mes préférées est le relatif manque de tenue de l'orchestre, dont les couleurs sontr parfois vulgaires - on a l'impression sur certaines attaques, traits, d'une "recherche du style juste", elle même allant dans la bonne direction mais dont on sent qu'elle...cherche.

Une scorie gênante aux bois dans le lied, très curieux pour du studio...

Sinon, j'adhère comme vous au très grand naturel et à la fluidité évidente de cette version.

Reiner est phénoménal, mais je le trouve univoque dans les climats et systématiquement porté à la démonstration d'énergie et de la qualité de son orchestre. Et le scherzo est rapide et superficiel - Didier va m'assassiner.

Harding, oui, trois fois oui.

[Gaby]

J'ai longtemps hésité avant d'acquérir cette version Harding, voilà qui va me conforter dans mon idée positive de ce que peut donner ce chef dans Mahler (excellente 9e au TCE l'an dernier avec Dresde, la meilleure de la saison parisienne).

Concernant un rapide panorama des versions que j'ai écouté, par ordre décroissant de préférence :

- Bernstein DG : la poésie même, aucune lenteur dans le Ruhevoll, ces couleurs de l'Orchestre du Concertgebouw qui vous font revenir chez Alice au pays des merveilles (incroyables grelots !), et à la fois cette acoustique si sombre, si inquiétante. Welmut Wittek dans le finale ne me dérange absolument pas. Prise de son excellente, cet enregistrement m'émeut aux larmes.

- Abbado BPO DG : prodigieux orchestre, fluide impalpable que seul Abbado sait faire passer entre ces 110 musiciens dont on pourrait penser qu'ils ne sont pas plus d'une trentaine. Dommage, Fleming se croit la diva sucrée détenant de monopole de la candeur... mais quel concert !

La version Viennoise d'Abbado, possède d'autres avantages et inconvénients, prise de son moins naturelle, orchestre plus rustique, plus inattendu, et moins sûr de lui dans cette partition.

Ensuite les versions se regroupent plus ou moins, à savoir que j'apprécie beaucoup le DVD Berlinois d'Haitink. Chailly reste un peu trop technique, je ne ressens pas l'émotion passer malgrès un orchestre ahurissant. MTT offre sans doute un des meilleurs volets de son intégrale, malgrès quelques détails grossiers dans l'orchestre (cuivres particulièrement hors propos) son interprétation est dans le haut du panier. J'ai longtemps apprécié la lisibilité de Boulez à Cleveland, avant de trouver sa lecture trop, vraiment trop froide (orchestre au son rikiki), aucun impact sur moi. Edo de Waart a lui aussi laissé une version de tout premier plan, manquant parfois d'un peu d'abandon dans le 1er mouvement (enregistré au Concertgebouw avec le Netherlands Radio Philharmonic). Karajan est assez impressionnant de maîtrise et de perfection, mais finit par ne plus maintenir l'attention, sauf sur son orchestre.

J'ai toujours pensé qu'une prise de son claire, naturelle et pas trop ancienne était ce qu'il fallait pour cette 4e, au risque de manquer tant de détails que certains chefs omettent déjà.

A voir donc Harding (après toutefois un concert trop limite avec le National), et le dernier Haitink Concertgebouw de cette année.

[Maestro]

Kletzky avec le Philharmonia : un naturel, une fluidité, un allant, une émotion que je ne retrouve à nul autre pareil.
Parfait Philharmonia.

[alain]

Et Horenstein avec Margaret Price, chez EMI ?

[thierry h]

Et Horenstein avec Margaret Price, chez EMI ?

bonjour à tous!

Je fais le tour des fils consacrés à Mahler et je m'arrête sur la symphonie que j'écoute le moins souvent!! Pur Masochisme sans doutes ?!
Oui Alain, la version Horenstein est formidable, et c'est pour moi l'un des plus beaux disques de Margaret Price! Parmi les interprêtes peu cités j'aime assez la version Reiner ( un peu raide toutefois!) avec Lisa della Casa, ainsi que celle de Solti, première manière, avec Sylvia Stahlman et Amsterdam ( mais celle de Chicago avec Kiri te Kanawa ne démérite pas!) On n'attend pas toujours Solti dans cette oeuvre et c'est dommage! Son premier mouvement à Amsterdam est l'un des plus géniaux que je connaissent!

cordialement
thierry

[alain]

J'aime également beaucoup la version Horenstein/Price : Price y est extraordinaire de fraîcheur-enfantine... Magnifique...

[thierry h]

En revanche, et j'espère que je ne vais pas lancer un chaud débat, je n'ai jamais pu me faire à la version Karajan. Et pourtant Edith Mathis y est superbe... comme toujours!!!!!

[Maestro]

En revanche, et j'espère que je ne vais pas lancer un chaud débat, je n'ai jamais pu me faire à la version Karajan. Et pourtant Edith Mathis y est superbe... comme toujours!!!!!

Pouvez vous expliquer pourquoi ?

Je trouve que le mouvement lent est l'un des plus émouvants de tous ceux que j'ai entendus à ce jour.
Le reste est de haute volée.
En aveugle les Mahler de Karajan en surprendraient plus d'un je pense.

[JEFF]

Etonnant, non?

Ce sujet a suscité dix réponses, et personne n'a cité Klemperer/philharmonia/Schwarzkopf. Non que je ressente le besoin de défendre cette version (sauf pour Elisabeth...) mais, à l'époque où j'avais acheté ce microsillon, il était largement considéré comme une référence... et je me suis retrouvé avec une musique qui m'ennuie beaucoup! Il faut dire que la gravure affaiblit tellement le grave qu'on est privé de l'impact des fortissimi si dramatiques du troisième mouvement. Qq'un en a-t-il la version CD?

Sinon, j'ai l'enregistrement Walter/Columbia, littéralement plombé par une qualité sonore vraiment scandaleuse, et j'ai eu (et perdu!) Haitink/Concertgebouw II sur CD. C'est grâce à cet enregistrement que j'ai enfin entendu cette partition.

Faudrait peut-être rouvrir ici le fil sur la très controversée question du rapport entre qualité sonore et appréciation de la musique?

[Zimrilim]

J'aime également beaucoup la version Horenstein/Price : Price y est extraordinaire de fraîcheur-enfantine... Magnifique...

Je suis du même avis, et Horenstein dans Mahler, c'est toujours passionnant.

Sinon il y a une version très (trop) peu connue qui me fascine c'est :

Galina Vichnevskaya, soprano
Orchestre Philharmonique de Moscou
Dirigé par David Oistrakh
Enregistré live le 22 janvier 1967

Pour moi c'est magique , naturel, évident et je trouve Vichnevskaya incroyable dans le final. Si quelqu'un connait cette version, j'aimerais avoir son avis.

Amicalement

Frédéric

[thierry h]

Pouvez vous expliquer pourquoi ?

Je trouve que le mouvement lent est l'un des plus émouvants de tous ceux que j'ai entendus à ce jour.
Le reste est de haute volée.
En aveugle les Mahler de Karajan en surprendraient plus d'un je pense.

Bonsoir Maestro!

Comment vous dire ? si plastiquement c'est parfait et s'il n'y a vraiment rien à redire sur la forme, cette version ne me parle pas, ne me touche pas! C'est comme ça! Que puis-je vous dire d'autres ? Cette version n'est pas froide, on est d'accord, mais elle ne m'émeut pas. Voila!
En revanche concernant les autres Mahler je marche franchement plus! Sa 6ème est l'un des piliers de ma discothèque mahlérienne, et sa 9ème live ou pas est vraiment magnifique! Quant à la 5ème il faudrait que je la réécoute, mon souvenir est bien loin...

cordialement
thierry

[HECTOR]

Le ressenti est important vis à vis d'une interprétation, sur un autre thème, je dis qu'ABBADI ne me touche pas du tout dans la musique allemande, c'est comme ça, difficile à expliquer -

Pour la 4è de Mahler le choix est vaste : KLEMPËRER - WALTER - ABRAVANEL -surtout HORENSTEIN - SOLTI etc etc Harding, je ne connais pas sa version

En tout cas voici une symphonie qui nous donne un vaste choix d'interprétations , ce n'est pas le cas pour bien d'autres oeuvres

[HECTOR]

Ecorcher ABBADO n'est pas volontaire , désolé 'Abbadi !!!!'

[Theo B]

La symphonie que j'ai le plus collectionnée (seize version je crois).

Mes préférences vont à :

Salonen/Hendricks/LA Ph.
Harding/Röschmann/MCO.
Bernstein/Wittek/Amsterdam.

Et secondairement:

Abbado/Von Stade/Vienne
Levi/Von Stade/Atlanta

Je viens de découvrir trois nouvelles versions d'affilée - j'approche les 20 dans cette oeuvre.

Pas vraiment pour le résultat escompté.

Petite déception en effet avec Levine/Blegen/Chicago. Tout est fort bien en place, belles couleurs, mais stylistiquement c'est assez plat et peu habité, et Blegen est assez quelconque. La battue est trop raide à pas mal d'endroits, le II est banal, bref cela s'écoute sans déplaisir mais avec une pointe d'ennui: j'attendais bien plus de Jimmy là-dedans...

Je craignais la déception avec Dohnanyi/Upsahw/Cleveland, à cause de (plutôt que malgré...) mon admiration pour le chef (dans la 5e notamment pour ce qui est de Mahler). Et que nenni: version absolument superbe, équilibre et maîtrise des plans magnifiques, fini instrumental exceptionnel (peut-être encore supérieur à Salonen/LA et Bernstein/Concertgebouw) avec des éclairages uniques par moment, dans le Ruhevoll notamment. Comme pour sa 9e (où il manque l'intensité dramatique), Dohnanyi tire Mahler vers Berg, en réussissant la synthèse élégance/radicalité des arêtes mieux que Boulez à mon avis. Seule réserve, un léger manque de caractérisation du II (les clarinettes, comme toujours, mis à part Abbado/Berlin et...). Upshaw frôle parfois le maniérisme mais c'est correct; elle a quand même une voix trop dramatique pour cela. De façon générale, on trouve partout où attendu la superbe hautaine de CvD.

La grosse surprise est Gatti/Ziesak/Royal Philharmonic, que j'ai acheté par acquis de conscience à l'égard du tout frais directeur du National, sans jamais avoir rien lu dessus. Eh bien cela fait plus que tenir la route. Au rayon des réserves, des cuivres pas toujours très beaux (ils sont anglais) quoiqu'efficaces, et deux tempos trop retenus: thème principal du II, et le Lied. Pour le reste, c'est l'une des versions les plus excitantes que j'ai entendues depuis Bernstein, avec une prise de risque toujours intelligente, dans les deux premiers mouvements notamment. Et SURTOUT, Gatti fait jouer ces fichues clarinettes fortissimo dans les épisodes secondaires du II, ce qui change une 4e de Mahler, bon sang. Sur près de 20 versions au compteur donc, c'est la troisième qui me donne satisfaction sur ce point, après Abbado et Bernstein... Ziesak est bien, pas extraordinaire mais bien (la voix va déjà mieux que Upsahw).

Dommage qu'aucune de ces versions (enfin, les deux dernières, surtout) ne parvienne au raffinement de Salonen ou Bernstein dans l'accompagnement du lied.

[Dominique]

J'ai l'impression d'entendre toujours la même chose dans cette symphonie. alors je ne l'écoute plus ... après l'avoir trop écoutée sans doute.

[Theo B]

Je te comprends. Il y a trois ans je l'écoutais tous les trois jours au moins. Quand je suis arrivé à une quinzaine de versions, et après en avoir revendu quelques unes, j'ai arrêté pendant au moins 18 mois, avant d'acheter ces trois versions d'un coup pour me rafraîchir l'écoute, et cela a plutôt bien marché. C'est comme ça, il faut faire des pauses, mais aussi revenir.

[Dominique]

Comme avec les souris quoi ...