Une simple petite anecdote, concernant des camps peut-être moins connus et certainement moins sinistres... Mais qui ont quand même brisé quelques vies.
Mon père était luxembourgeois, doublé d'un excellent violoniste et en tant que tel, après l'invasion allemande, il aurait du participer aux camps des Hitler Jugend en Allemagne. Il a sauté du train qui l'amenait en Allemagne et s'est réfugié en France non-occupée, puis a intégré les maquis de l'Oisans et de la Chartreuse. Il y a mené une vie assez rocambolesque, capturé par la Gestapo, participé à de nombreuses actions contre les allemands... mais a toujours pu conserver son violon (son Bratsch comme il disait). A la libération, alors qu'il était sous de faux papiers français, il est allé se déclarer à l'armée française et fut enfermé dans un camp avec ses quelques autres collègues luxembourgeois. Pendant près de 45 jours, personne ne s'est occupé de leur alimentation... A quelques amis, ils avaient monté un petit orchestre pour essayer de se faire entendre, ils ont reçu une aide de quelques paysans, qui ont réussi à leur faire passer des sacs de pommes de terre. N'ayant rien pour faire un feu et n'ayant pas de casseroles, ils durent manger les pommes de terre crues. Ils continuèrent leur petit concert... mais des gardes français, excédés par ces prestations, investirent le camp, détruisirent les instruments (dont le violon de mon papa) et frappèrent violemment les détenus, tant et si bien que l'un d'entre eux en mourut... Un membre de la Croix Rouge française avait assisté de loin à cet épisode et grâce à son intervention, ils furent libérés.... Comme quoi, il y a des sinistres c..s partout, et en général ceux-ci n'apprécient pas la musique... J'ai encore une photo de papa à la sortie du camp, il avait l'air d'un biafrais, le ventre gonflé par les pommes de terre crues.... Rassurez-vous, il s'était bien rattrapé, car il était un mélomane doublé d'un épicurien sans limites...