7ème de MAHLER
J'aime beaucoup la 7ème symphonie de Mahler, l'oeuvre est l'un des plus abstraits jamais composé par Mahler. Avec cette symphonie, il a fait une démonstration de ce qu'il pouvait faire au point de vue de la technique de composition et orchestration. L'utilisation abondante des harmonies en quatre rends le premier mouvements un aspect très moderne. Il y a tellement des choses qui se passent dans ce mouvement, et il faut bien tendre l'oreille, et on apprend pleine de chose. Un ami à moi, le compositeur Joe Monzo a étudie ce mouvement pendant pas moins de 25 ans ! Sous les rythmes de marche un peu anodins du deuxième mouvement se cache une construction en palindrome complexe des thèmes. À part Mahler, je ne sais pas un autre compositeur qui soit capable de mettre en son fantomatique le jeu cache-cache de la lumière et de l'ombre du mouvement central. Le 4ème mouvement et ce que Mahler a fait de mieux au point de vue de l'expérimentation avec les couleurs dans l'orchestration (la guitare, les mandoline, etc.,...). Le dernier mouvement est le moins subtil, et mal organisé. C'est un peu comme l'atmosphère d'une marchée d'un beau matin ensoleillé. Je ne sais pas s'il y a un sens métaphysique derrière la 7ème, mais tout ce que je sais c'est que le Finale est une sorte de dualité avec le premier mouvement. Ces deux mouvements ont des thèmes communs, ils utilisent une multitude de petites phrases, qui ne se développent jamais trop loin, ni trop court. Les thèmes à la fois proches et jamais similaires. Et le tout s'enchaîne et évolue, et l'auditeur ne sait pas trop où on va. Ce qui a de merveilleux c'est que le premier mouvement est mystérieux, nocturne, noir et le dernier mouvement est joyeux, éclairé et proche du vulgaire. L'avant dernier accord du premier mouvement est un bizarre G#-minor-6 (G#-B-D#-E#) qui se résolu en E majeur comme une contraction. L'avant dernier accord du Final est un accord bizarre de G#-cinq-augmenté (G#-B#-D##), c'est à dire les trois sons qui composent l'harmonie sont symétriques (distancé l'une de l'autre par une tiercé majeur). C'est comme un ballon qui se gonfle et qui s'éclate au dernier instant et qui se résolu en un vulgaire C majeur. Je considère cette symphonie comme une sorte de concerto pour orchestre. D’ailleurs celui composé par Bartok 50 ans après a une similaire structure (tout comme son 5ème quatuor).
Au point de vue discographique :
- La priorité des priorités, c'est Gielen/SWRSO. Hanssler a récupère le même enregistrement que chez Intercord. C'est le seul chef qui a bien compris l'esprit de la 7ème comme entendu par Mahler à mon avis.
- Haitink, n'importe quel enregistrement de ce chef est de très haut niveau. J'ai un petit faible sur les deux enregistrements Berlinois (studio et le film Live) et le concert en 1999 avec les jeunes talentueux joueurs du European Community Youth Orchesrtra. Avec Berlin c'est un festival des couleurs, un vrai concerto pour orchestre.
- Kondrachine bien sûr, qui annonce de Chostakovitch. Les deux enregistrements de KK sont excellents. Ma préférence va vers son premier enregistrement avec l'orchestre Leningrad, qui a l'avantage d'être couplé avec une 6ème d'anthologie (chez Lys, qui comporte une erreur grossière de l’ordre des mouvements). Malgré des timbales très mal accordés (écoutez l'ouverture du Finale!), je le considère comme l'un des plus beaux enregistrements de l'oeuvre. L'enregistrement de Kondrachine avec le Concertgebouw ne subit pas le même défaut, pour ceux qui cherche à tout prix une exécution plus léchée. Le Finale du concert avec le Concertgebouw est aussi plus réussit.
- Kubelik chez Audite. Malgré une grosse faute du cors (ou tenorhorn?) au premier mouvement qui est entre avec une mesure de retard dans le 1er mouvement (6'52). Étrangement, contrairement à son habitude Kubelik a dirigé une très lente septième dans le concert en 1981 avec NYPO. Pour moi les petites fautes inévitables en concert n'éclipsent jamais l'esprit de la musique. Il y en a tant à admirer.
- Hans Zender. Une excellente version, mal connue. Souvent trahit par un orchestre qui n'arrive pas a se concentrer de bout en bout, surtout avec des longs oeuvres comme les symphonies de Mahler, Zender n'a pas toujours réussit son Mahler (le dernier mouvement du 6eme, 9eme). Mais ici, il a réussit un coup de maître. Des chefs qui se baignent dans la musique moderne comme Rosbaud, Gielen, et Boulez ont tous réussit dans la 7ème de Mahler, et Zender est sans exception.
- Pour approfondir: Klemperer, d'une lenteur inimaginable a démonte en pièce détachée cette symphonie. C'est une version très bizarre. Les tempi adoptés par Klemperer sont très loin de ce qui a été écrit dans la partition. Notamment Mahler a précisé en noir et blanc que le tempo II du Rondo Finale doit être "un peu" plus rapide que tempo I. Klemperer a complètement ignoré cette instruction (Si vous voulez entendre le contraste très exagéré, écoutez Lenny/Sony, qui lui est à côté de la plaque aussi). De l'autre extrême, c'est Scherchen avec Toronto. Mauvaise prise de son, mauvais orchestre, mais passionnante pour la direction extrêmement vive. Horenstein, efface toute les contrastes, rendant l'oeuvre d'une couleur sombre, mais a mon avis hors propos, mais a connaitre quand même (attention la dernière réincarnation chez BBC Legend est la plus mauvaise au point de vue sonore, Decante et Music and Arts sont a préférer, incroyable mais vrai, il parait que les archivistes de BBC ont goure la bande sonore originale).
Bruno