2007, c’est aussi le 30e anniversaire la mort de cet autre géant du piano jazz, né une poignée d’années avant Oscar Peterson et tout aussi original que lui.
Voici un musicien et pianiste, enfin un prince du piano à mon avis, de qui il y a beaucoup à apprendre, que l’on soit musicien classique ou jazz : de son rapport à l’instrument si naturel, son aisance, sa tenue qu’aucun professeur ne pourrait scientifiquement cautionner (l’homme de petite taille s’asseyait très haut et très près du clavier), la clarté de son discours et de ses idées, son bonheur d’improvisateur etc., De la tête au pied, je suis toujours fasciné de voir comme il domine son sujet.
Et j’ai tellement de plaisir à savoir qu’il ne savait pas lire la musique... (si vous pouviez savoir !)
Oui ! Comme Charlie Parker, voici des gens qui ont fait de la musique avec leurs oreilles et leurs doigts, seulement, l’œil tourné vers l’intérieur.
Oui, c’est tellement bon de rappeler, dans une société de plus en plus normative, ce qu’on peut faire hors des sentiers battus de la lecture et de la sainte écriture.
Son deal était assez simple. very simple : I play my music, and you give me your money !
Pour le plaisir donc, voici Erroll en 1962 au faîte de sa forme ! Le voici attablé comme un gastronome à son piano, se réjouissant des meilleurs mets disposés devant lui (mais le piano est-il séparé de lui ? n’est-il pas en monologue avec lui-même ? Ne voit-on pas que c’est son oreille qui commande ses doigts, ne sent-on pas une liaison directe oreille-doigts ? ) comme ici dans « Where or When »
Ou tout aussi impressionnant dans ce medley : d’abord en 62, « The One and Only » coupé dans ce montage vidéo pour « One note Samba », puis en 1964, dans une autre pièce que je ne sais intituler (où l’aisance de sa technique de jeu d’accords et d’octaves stimulera pas mal de pianistes), et d’autre encore dont une belle ballade :
En 1964, à la BBC dans « just one of those things »,
Toujours en 1964, dans 2 pièces printanières revitalisantes, successivement « Spring is here », « It might as well be spring »
« I get a kick out of you » (il est toujours très en forme). Quelle joie et expression de contentement sur son visage ! Vous voilà en forme pour la journée !
En couleurs et en France (1972), où l’on peut voir sa main presque perpandiculaire au clavier dans « All the Things You are ». C’est presque un geste de plasticien qu’il adopte, touchant le son plus que la touche du clavier.
Dans la même série « Something »
J’en termine avec deux pièces pour les concerts BBC Jazz 625. Une de mes versions préférées de « The Lady is a Tramp », sans doute en 1964 :
Et son fameux « Lover »
Quel bonheur que tout ceci...