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Discussion: Erroll Garner (1921-1977)

  1. #61
    Membre Avatar de Fou des chutes
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    Re : Erroll Garner (1921-1977)

    Citation Envoyé par ignete Voir le message
    1/ Improviser c'est décliner plus ou moins spontanément son savoir.

    "Plus ou moins spontanément": ignete, de votre part, quelle concession! Vous ne devenez pas sentimental, rassurez-moi.

    Convenez que ce savoir peut lui-même résulter, ou avoir pris tout d'abord la forme d'une improvisation, au sens que Raphaël et Sophie ont très bien su définir ci-dessus. Qu'il n'est pas nécessairement ou même le plus souvent d'ordre littéral. Mais aussi que dans ce mouvement de restitution du
    savoir, l'inspiration peut intervenir – et pas seulement chez un Horowitz ni dans le seul domaine de la musique écrite–, et même plus simplement le hasard dont le rôle n'est pas (?) négligeable, pour donner quelque chose d'inédit (ce qui ne signifie pas forcément de valable).

    Plus haut, j'ai posté un lien vers West End Blues par Louis Armstrong:

    La source indique que le morceau est interprété en 1955, au cours d'une tournée en Italie. Armstrong est né en 1901. La transcription qui défile sous nos yeux correspond en fait à cette autre session:

    Sauf erreur, l'enregistrement est le même que celui que j'ai, ici malheureusement amputé de l'intro de trompette, et date de 1928. Armstrong a donc 27 ans. Earl Hines est au piano.

    Entre les deux, Armstrong a dû jouer West End Blues des dizaines, des centaines de fois. Il ne fait pas exactement la même chose, mais c'est très proche. L'ordre des chorus semble être strictement le même. Ecoutez, à la reprise du thème, après le solo de piano, cette note aiguë tenue sur presque 4 mesures (dans la seconde version, celle de 55, il doit reprendre son souffle trois fois pour la prolonger autant), suivie d'une longue phrase utilisant d'abord un motif tournant de 4 notes avec un léger déplacement des accents, puis une montée, et finalement la conclusion précédée de quelques mesures de piano. Il y a à la fois une perfection du dessin mélodique, une admirable économie de moyens, et un élan irrésistible, presque tragique, qui ne peut provenir que de ce que cette phrase a été une première fois improvisée. Même dans la version de 55, moins subtile, il reste quelque chose de cette force originelle de l'improvisation.

    2/ « Une seule fois » était une boutade pour « faire sens ». J'ai réussi puisque vous me répondez. Nous mourons sans improviser, car notre mort est « transcrite » dès notre naissance, bien que cette partition ne nous soit pas d'un grand secours...
    Ne nous faites dériver vers la philosophie, ignete, ou je dégaine mon Montaigne… et mon Brassens.
    Dernière modification par Fou des chutes ; 19/01/2008 à 05h47.

  2. #62
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    Re : Erroll Garner (1921-1977)

    Citation Envoyé par Fou des chutes Voir le message

    "Plus ou moins spontanément": ignete, de votre part, quelle concession! Vous ne devenez pas sentimental, rassurez-moi.

    Convenez que ce savoir peut lui-même résulter, ou avoir pris tout d'abord la forme d'une improvisation, au sens que Raphaël et Sophie ont très bien su définir ci-dessus. Qu'il n'est pas nécessairement ou même le plus souvent d'ordre littéral. Mais aussi que dans ce mouvement de restitution du
    savoir, l'inspiration peut intervenir – et pas seulement chez un Horowitz ni dans le seul domaine de la musique écrite–, et même plus simplement le hasard dont le rôle n'est pas (?) négligeable, pour donner quelque chose d'inédit (ce qui ne signifie pas forcément de valable).

    Plus haut, j'ai posté un lien vers West End Blues par Louis Armstrong:

    La source indique que le morceau est interprété en 1955, au cours d'une tournée en Italie. Armstrong est né en 1901. La transcription qui défile sous nos yeux correspond en fait à cette autre session:

    Sauf erreur, l'enregistrement est le même que celui que j'ai, ici malheureusement amputé de l'intro de trompette, et date de 1928. Armstrong a donc 27 ans. Earl Hines est au piano.

    Entre les deux, Armstrong a dû jouer West End Blues des dizaines, des centaines de fois. Il ne fait pas exactement la même chose, mais c'est très proche. L'ordre des chorus semble être strictement le même. Ecoutez, à la reprise du thème, après le solo de piano, cette note aiguë tenue sur presque 4 mesures (dans la seconde version, celle de 55, il doit reprendre son souffle trois fois pour la prolonger autant), suivie d'une longue phrase utilisant d'abord un motif tournant de 4 notes avec un léger déplacement des accents, puis une montée, et finalement la conclusion précédée de quelques mesures de piano. Il y a à la fois une perfection du dessin mélodique, une admirable économie de moyens, et un élan irrésistible, presque tragique, qui ne peut provenir que de ce que cette phrase a été une première fois improvisée. Même dans la version de 55, moins subtile, il reste quelque chose de cette force originelle de l'improvisation.

    Ne nous faites dériver vers la philosophie, ignete, ou je dégaine mon Montaigne… et mon Brassens.
    Passe encore pour Montaigne, Fou des Chutes, mais pas Brassens ! Je n'ai tout de même pas mérité ça !!!...

    Je ne nie pas l'improvisation ni encore moins l'inspiration. Je dis simplement qu'elles sont la résultante du savoir... Elles n'existent pas à l'état naturel sur cette planète (que l'on doit sauver au plus vite, je vous le rappelle !)...

    Je ne suis pas contre que l'on favorise davantage l'enseignement des techniques d' « improvisation » pour les petits nenfants, bien que très méfiant car contrairement à ce que laisse entendre Raphaël, ce type d'enseignement (idéologiquement post-soixante-huitard) si gratifiant — surtout pour les professeurs d'école obligatoirement à l'écoute de leurs enfants (fini les élèves !) placés au centre du système éducatif, donc aussi de leur classe lieu de vie, et non pas lieu de transmission du savoir comme sans doute vous n'avez pas encore perdu le réflexe de le penser, cher Fou des Chutes, selon l'impayable phraséologie moderniste ! —, ce type d'enseignement donc (je ne sais si je vais arriver à finir ce paragraphe un jour ou l'autre !) pour jouissif et spontané qu'il est et restera sans doute, etc., ne laisse en général que très peu de traces tangibles dans le bagage musical (savant) des enfants (anciennement élèves) ou au moins dans leur cerveau pour ceux qui en ont un et qui, comme le savez certainement, ont comme vocation à devenir des adultes, stade suprême de l'évolution en chacun de nous, cher Fou des Chutes, pas toujours atteint hélas ! qui correspond généralement à la mise en application d'un savoir, à condition de l'avoir préalablement stocké évidemment, comme je me tue à le dire depuis des siècles sur ce forum. Passer autant de temps à l'école quand on est enfant, autant que ce soit pour quelque chose... c'est vrai c'est un peu bêbête ce que je dis, mais enfin...

    Ouf !

  3. #63
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    Re : Erroll Garner (1921-1977)

    Citation Envoyé par Fou des chutes Voir le message
    (...) dans ce mouvement de restitution du savoir, l'inspiration peut intervenir – et pas seulement chez un Horowitz ni dans le seul domaine de la musique écrite–, et même plus simplement le hasard dont le rôle n'est pas (?) négligeable, pour donner quelque chose d'inédit (ce qui ne signifie pas forcément de valable).

    Plus haut, j'ai posté un lien vers West End Blues par Louis Armstrong:

    La source indique que le morceau est interprété en 1955, au cours d'une tournée en Italie. Armstrong est né en 1901. La transcription qui défile sous nos yeux correspond en fait à cette autre session:

    Sauf erreur, l'enregistrement est le même que celui que j'ai, ici malheureusement amputé de l'intro de trompette, et date de 1928. Armstrong a donc 27 ans. Earl Hines est au piano.

    Entre les deux, Armstrong a dû jouer West End Blues des dizaines, des centaines de fois. Il ne fait pas exactement la même chose, mais c'est très proche. L'ordre des chorus semble être strictement le même. Ecoutez, à la reprise du thème, après le solo de piano, cette note aiguë tenue sur presque 4 mesures (dans la seconde version, celle de 55, il doit reprendre son souffle trois fois pour la prolonger autant), suivie d'une longue phrase utilisant d'abord un motif tournant de 4 notes avec un léger déplacement des accents, puis une montée, et finalement la conclusion précédée de quelques mesures de piano. Il y a à la fois une perfection du dessin mélodique, une admirable économie de moyens, et un élan irrésistible, presque tragique, qui ne peut provenir que de ce que cette phrase a été une première fois improvisée. Même dans la version de 55, moins subtile, il reste quelque chose de cette force originelle de l'improvisation.
    Je ne suis pas d'accord quand vous dites qu'Armstrong fait la même chose. En 1927, la « note bleue » est plus sincère, plus authentique, et l'atmosphère plus légère avec une pointe d'optimisme ironique... et surtout moins spectaculaire, théâtrale et un poil aguicheuse comme l'est à mon humble avis la version 1955, où on est comme au pesstaque...

    Le son de son instrument est autrement varié, coloré parce qu'il jouait beaucoup mieux jeune, avec je vous cite : « à la fois une perfection du dessin mélodique, une admirable économie de moyens, et un élan irrésistible, presque tragique », mais je me demande comment vous pouvez en déduire que cela « ne peut provenir que de ce que cette phrase a été une première fois improvisée »... ce qui ne veut pas dire que vous ne dites pas vrai...

  4. #64
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    Re : Erroll Garner (1921-1977)

    Citation Envoyé par ignete Voir le message
    Je ne suis pas d'accord quand vous dites qu'Armstrong fait la même chose. En 1927, la « note bleue » est plus sincère, plus authentique, et l'atmosphère plus légère avec une pointe d'optimisme ironique... et surtout moins spectaculaire, théâtrale et un poil aguicheuse comme l'est à mon humble avis la version 1955, où on est comme au pesstaque...

    Le son de son instrument est autrement varié, coloré parce qu'il jouait beaucoup mieux jeune, avec je vous cite : « à la fois une perfection du dessin mélodique, une admirable économie de moyens, et un élan irrésistible, presque tragique », mais je me demande comment vous pouvez en déduire que cela « ne peut provenir que de ce que cette phrase a été une première fois improvisée »... ce qui ne veut pas dire que vous ne dites pas vrai...
    Je le déduis, ou plutôt je l'induis, cher ignete, mais vous avez raison, je ne peux pas le prouver.

  5. #65
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    Re : Erroll Garner (1921-1977)

    Ignete :
    Le paradoxe (qui n'en est pas un) est celui-ci : plus vous connaîtrez de musique écrite, mieux vous serez à même d'improviser... ou de « prendre la parole »... qui est une technique de communication comme vous le dites...
    L'improvisation n'existe pas. Ou plutôt elle n'existe fugacement que dans les mots que l'emploie pour en parler.
    Je ne nie pas l'improvisation ni encore moins l'inspiration. Je dis simplement qu'elles sont la résultante du savoir... Elles n'existent pas à l'état naturel sur cette planète (que l'on doit sauver au plus vite, je vous le rappelle !)...


    Mouai. Un coup oui, un coup non. Ça ne semble pas très clair Ignete !
    De Guido d’Arezzo à Debussy, tous les bons musiciens pratiquaient l’improvisation. (même J.S. Bach, pauvre de lui !) Aucun n’y a renoncé. L’écriture est une toute petite partie de l’expression de la mémoire. Et aussi la plus récente dans l’histoire de l’homme.

    En revanche, le mépris voire le nihilisme que vous affichez et répétez sur ce forum pour les improvisateurs récents comme Garner ou Apap (bien vivant lui et qui est informé de ce fil), qui est peut-être un mépris nourrissant et improvisé, lui, semble limpide !!

    Mais sans savoir écrire ni lire, Garner savait faire ça (déjà cité) :
    http://www.dailymotion.com/video/x16...-or-when_music

    Je pense que, comme d’autres jazzmen, il a créé pour la musique contemporaine de son temps tout autant, si ce n’est bien plus, que de nombreux compositeurs claquemurés dans leur rectangle de papier, écrivant à l’encre éternelle, dans les voies impénétrables de la « véritable création » dont certains pensaient avoir —non sans la grandiloquence aveugle qui les caractérise— confisqué les clés.

  6. #66
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    Re : Erroll Garner (1921-1977)

    Citation Envoyé par Fou des chutes Voir le message

    [...]
    Convenez que ce savoir peut lui-même résulter, ou avoir pris tout d'abord la forme d'une improvisation, au sens que Raphaël et Sophie ont très bien su définir ci-dessus. Qu'il n'est pas nécessairement ou même le plus souvent d'ordre littéral. Mais aussi que dans ce mouvement de restitution du
    savoir, l'inspiration peut intervenir – et pas seulement chez un Horowitz ni dans le seul domaine de la musique écrite–, et même plus simplement le hasard dont le rôle n'est pas (?) négligeable, pour donner quelque chose d'inédit (ce qui ne signifie pas forcément de valable).


    D’abord, dire que rien n’est improvisé revient à dire que tout l’est aussi. Si rien n'est improvisé, on entre dans la croyance. Seuls les ultra-religieux croient que les Ecritures déterminent le passé, le présent et l’avenir. OK. C'est une position dogmatique que je respecte. Mais à partir de là, la discussion est fermée. Dans le Sacré, il n’est plus besoin d’oreilles... (si ce n'est pour nier).

    La part de l’improvisation dans une œuvre écrite est réduite à quoi ? À rien. « L’inspiration » est un affect, pas une matière. Jorion pense que ce sont les affects qui gouvernent la chimie hormonale, lesquels ne dépendent qu’en partie (petite partie) de notre volonté, par rétroaction...
    Pour un bon musicien de l’écrit, l’interprétation est en principe construite de A à Z. Son inspiration est « réfléchie » à chaque niveau : lecture, analyse des arguments musicaux, gestes correspondants, doigtés etc..
    Mais qu’est-ce que cette « inspiration » calibrée, conditionnée, soumise à la matière du discours, si ce n’est que le dernier —et irréductible— symbole corporel (inspirare) donnant sens à la répétition humaine de l’œuvre ? Sans l’inspiration, les machines feraient mieux que nous.

    Donc, prétendre « improviser » le 23e concerto de Mozart sans changer une note, c’est falsifier le sens des mots.

    Quant à la dernière parenthèse, je suis d’accord pour dire qu’improviser peut aussi être une pratique quasiment « mécanique ». Ce qui est normal puisqu’on improvise en combinant souvenirs (« routines » grammaticales acquises antérieurement) et désir (prise de parole).

    Improviser est toujours un jeu du savoir (d’où l’importance non négligeable de l’éducation). Contrairement à ce qu’affirme Ignete, le seul moment où peut-être l’on improvise pas serait notre naissance. C’est alors l’instinct qui commande pour faire face. Mais très vite l’humain apprend... Notre mort peut tout à fait être mise en scène. Parfois soigneusement.

    Mais au fait, qu’est-ce que « l’improvisation » en musique ? Pas beaucoup de réponses pour l’instant dans ce fil, pourtant beaucoup lu !

    Raphaël.
    Dernière modification par raphael ; 20/01/2008 à 16h07.

  7. #67
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    Re : Erroll Garner (1921-1977)

    Au point de cette conversation, le sens du mot « improviser » ne paraît pas si clair. Je remarque que nombreux sont ceux qui lisent cette conversation (si intime et planétaire à la fois et c’est heureux si cela permet de faire réfléchir) mais trop peu interviennent dans l’écriture numérique (quoi qu’encore plus éphémère que celle sur support physique) pour affirmer de quoi s’opposer, enrichir ou améliorer. Or il me semble que tous les musiciens sont concernés de près ou de loin par le sujet.

    À « Improviser » le Petit Larousse contemporain donne deux sens :
    1- « Produire, composer sur le champ, sans préparation (un discours, un morceau de musique, etc.). improviser une allocution.»
    2- « Réaliser, organiser d’emblée, avec les seuls moyens dont on se trouve disposer. improviser un repas.»


    Pour moi, la nuance entre les deux sens est subtile car entre ‘une allocution’ et ‘un repas’, la différence se situe au niveau du lieu où se trouvent les ingrédients nécessaires : extérieur au corps pour le repas (dans un garde manger), et intérieur pour l’allocution (mémoire). Mais dans les deux cas, on n’improvise pas à partir de « rien ». Et cela pour une raison simple, parce que le « rien » n’existe pas.

    Cette définition est donc très réduite puisqu’elle nie la préparation, tout en reconnaissant l’antériorité du matériau nécessaire (les ingrédients pour le repas, les mots et affects pour l’allocution). Or toute improvisation se prépare et ce point est essentiel. Celui qui improvise entre en quelque sorte dans un atelier qu’il a soigneusement préparé, organisé, ayant pris soin de construire et d’ordonner ses outils qu’il met à disposition de ses affects (d’où par ex. l’importance du choix de l’ethos des modes en musique ancienne).

    Donc, si improviser ne s’improvise pas entièrement et se prépare (Garner a soigneusement répété ses morceaux avec ses partenaires, même Miles cité plus haut puise abondamment dans son magasin aux accessoires, y compris dans les pièces les plus free...), en quoi consiste la préparation ? Répétons-le, en la fabrication d’outils, de mots, de formules parfois, en la création patiente d’un répertoire et au maintien de sa mise à disposition dans la mémoire et dans les muscles pour une prise de parole, une composition instantanée. Composition qui peut être aujourd'hui fixée grâce aux supports d'enregistrement.

    Au XVIIIe s, improvisation et composition étaient liées et synonymes dans la pratique du chant sur le livre que j’évoquais plus haut répondant à Chiarina (qui cherchait quoi faire concrètement avec ses élèves). Pour ceux que cela intéresse, voici à ce sujet la définition de J.J. Rousseau (Dictionnaire de Musique) qui témoigne qu’improviser est une forme de composition :

    « Chant sur le Livre
    Plain-chant ou contrepoint à quatre parties, que les musiciens composent et chantent impromptu sur une seule : savoir le livre de chœur qui est au lutrin ; en sorte qu’excepté la partie notée [le plain chant] qu’on met ordinairement à la taille, les musiciens affectés aux trois autres parties n’ont que celle-là pour guide, et composent chacun la leur en chantant.
    Le Chant sur le Livre demande beaucoup de science, d’habitude et d’oreille dans ceux qui l’exécutent, d’autant qu’il n’est pas toujours aisé de rapporter les tons du plain-chant à ceux de notre musique. Cependant il y a des musiciens d’église si versés dans cette sorte de chant, qu’ils y commencent et poursuivent même des fugues, quand le sujet en peut comporter, sans confondre et croiser les parties ni faire de faute dans l’harmonie. »

    Il faut dire que Saint-Papier n’avait pas encore été canonisé par les nombreuses soupapes avant-gardistes !

    Raphaël.
    Dernière modification par raphael ; 20/01/2008 à 20h36.

  8. #68
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    Re : Erroll Garner (1921-1977)

    Citation Envoyé par raphael Voir le message
    Ignete :








    Mouai. Un coup oui, un coup non. Ça ne semble pas très clair Ignete !
    De Guido d’Arezzo à Debussy, tous les bons musiciens pratiquaient l’improvisation. (même J.S. Bach, pauvre de lui !) Aucun n’y a renoncé. L’écriture est une toute petite partie de l’expression de la mémoire. Et aussi la plus récente dans l’histoire de l’homme.

    En revanche, le mépris voire le nihilisme que vous affichez et répétez sur ce forum pour les improvisateurs récents comme Garner ou Apap (bien vivant lui et qui est informé de ce fil), qui est peut-être un mépris nourrissant et improvisé, lui, semble limpide !!

    Mais sans savoir écrire ni lire, Garner savait faire ça (déjà cité) :
    http://www.dailymotion.com/video/x16...-or-when_music

    Je pense que, comme d’autres jazzmen, il a créé pour la musique contemporaine de son temps tout autant, si ce n’est bien plus, que de nombreux compositeurs claquemurés dans leur rectangle de papier, écrivant à l’encre éternelle, dans les voies impénétrables de la « véritable création » dont certains pensaient avoir —non sans la grandiloquence aveugle qui les caractérise— confisqué les clés.
    Créer c'est créer quelque chose de nouveau.

    Improviser c'est décliner plus ou moins spontanément un savoir.

    Le jour où je suis allé écouter M. Apap, il n'a pas improvisé ; ou alors tout musicien quel qu'il soit improvise, même en jouant une œuvre écrite, ce qui n'est pas complètement faux... Dans ces conditions, jouer mal du piano comme moi, c'est improviser...

    Bach, Beethoven, Chopin, Debussy étaient des savants et de très bons instrumentistes, ce qui les amenait à improviser. Ils étaient aussi des génies créateurs, ce qui les amenait à composer et à écrire, ou alors composer (créer) c'est improviser pour écrire.

    De bons « improvisateurs », il y en a. Le plus souvent c'est quand même assez répétitif, prévisible, convenu et... pour tout dire barbant au possible...

    J'ai entendu en concert Fazil Say il n'y a pas longtemps improviser sur Summertime. Pas mal, pas mal. Mais une seule improvisation durant le concert m'a suffi (c'était un bis)...
    Dernière modification par ignete ; 20/01/2008 à 22h25.

  9. #69
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    Re : Erroll Garner (1921-1977)

    Citation Envoyé par Fou des chutes Voir le message
    Je le déduis, ou plutôt je l'induis, cher ignete, mais vous avez raison, je ne peux pas le prouver.
    Vous ne pouver pas le prouver. Certes. Mais peut-être que vous avez raison.

    Toutefois, même entièrement nouveau, ce très court moment d'improvisation créatrice ne suffirait pas à en faire un créateur véritable. Armstrong était un très grand musicien, un créateur sur l'ensemble de ce qu'il a produit.

  10. #70
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    Re : Erroll Garner (1921-1977)

    Citation Envoyé par ignete Voir le message
    Créer c'est créer quelque chose de nouveau.

    Improviser c'est décliner plus ou moins spontanément un savoir.
    E. Garner a créé quelque chose de nouveau.
    C. Parker a créé quelque chose de nouveau.
    D . Reinhardt a créé quelque chose de nouveau.
    B. Evans a créé quelque chose de nouveau.
    M. Davis a créé quelque chose de nouveau.
    Etc. etc.

    Tous sont donc des créateurs. Merci Ignete.
    Notez qu’ils sont aussi des improvisateurs, mais n’y pensez pas, cela vous serait désagréable.

  11. #71
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    Re : Erroll Garner (1921-1977)

    Un sentiment ne peut qu'être improvisé, même s'il a déjà été éprouvé. Ce n'est pas la déclinaison d'un sentiment. Or n'est-ce pas une dimension essentielle de la musique? Cela me rappelle cette citation de Brendel-Novalis : le chaos du sentiment, derrière le voile de l'ordre. Donc, pas que du savoir.

  12. #72
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    Re : Erroll Garner (1921-1977)

    (Rectification:
    J'ai dit deux bêtises plus haut sur West End Blues, dans cette version:


    1. L'introduction y figure bien
    2. ils jouent en mi b, alors que sur l'autre vidéo la transcription est en fa.)

  13. #73
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    Re : Erroll Garner (1921-1977)

    Ca doit être au diapason 415, la deuxième fois...

  14. #74
    Membre Avatar de raphael
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    Re : Erroll Garner (1921-1977)

    Citation Envoyé par Fou des chutes Voir le message
    (Rectification:
    J'ai dit deux bêtises plus haut sur West End Blues, dans cette version:


    1. L'introduction y figure bien
    2. ils jouent en mi b, alors que sur l'autre vidéo la transcription est en fa.)

    Si je peux me permettre de préciser, cher Fou des chutes, dans les deux extraits que vous proposez plus haut, Amstrong joue le même thème, écrit en Fa, sur une trompette en Si b, ce qui a invariablement pour effet de faire sonner ce qui est écrit un ton plus bas. D’où votre impression, juste, de Mi b...

    Amstrong lisait un peu la musique. Un peu seulement. Savez-vous qui a écrit cette transcription ?


    Amicalement,
    Raphaël.

  15. #75
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    Re : Erroll Garner (1921-1977)

    Citation Envoyé par raphael Voir le message
    Si je peux me permettre de préciser, cher Fou des chutes, dans les deux extraits que vous proposez plus haut, Amstrong joue le même thème, écrit en Fa, sur une trompette en Si b, ce qui a invariablement pour effet de faire sonner ce qui est écrit un ton plus bas. D’où votre impression, juste, de Mi b...

    Amstrong lisait un peu la musique. Un peu seulement. Savez-vous qui a écrit cette transcription ?


    Amicalement,
    Raphaël.
    Merci Raphaël d'avoir rectifié ma bourde.

    Non, je ne sais pas qui a fait la transcription.

  16. #76
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    Re : Erroll Garner (1921-1977)

    Citation Envoyé par Fou des chutes Voir le message
    Un sentiment ne peut qu'être improvisé, même s'il a déjà été éprouvé. Ce n'est pas la déclinaison d'un sentiment. Or n'est-ce pas une dimension essentielle de la musique? Cela me rappelle cette citation de Brendel-Novalis : le chaos du sentiment, derrière le voile de l'ordre. Donc, pas que du savoir.
    Si, bien sûr. On passe sa vie d'ailleurs à improviser — avec plus ou moins d'inspiration ! — puisque chaque instant n'est vécu qu'une seule fois de la naissance à la mort.

    Dans le morceau d'Armstrong, je dirais que le court moment dont vous parlez très justement est l'inspiration « inouïe », fulgurante du moment, le croyant dirait la grâce qui ne peut s'exprimer qu'à partir d'un savoir... mais d'une certaine manière tout le morceau est « inspiré »...

    En 1955, c'est justement l'inspiration qui manque...

    Un pianiste de musique écrite occidentale peut aussi être plus inspiré certains soirs que d'autres... et même seulement en travaillant chez lui...

    Mais ce n'est que mon avis.

  17. #77
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    Re : Erroll Garner (1921-1977)

    D'accord avec vous, Ignete, sur Armstrong 1955 versus 1928. Bonne journée.

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