8ème de MAHLER
La 8e de Mahler est une œuvre étrange, qui comporte deux parties (mouvements ?), assez disproportion, tout au moins sur la longueur d’exécution (25 minutes pour la 1ere partie, puis 60 minutes pour la 2eme partie). La force utilisée est impressionnante, qui comporte non moins de 8 solistes, 4 chœurs avec un grand orchestre. Le texte de la 1ere partie est en Latin (Venis Creator Spiritus), tandis que la deuxième partie fait appelle à Chorus Mysticus, une scène Faust de Goethe. Même le technique musicale utilisée est contrastée. Dans la première partie, une polyphonie touffue à l’extrême s’est construit sur une construction harmonique des moins sophistiquée sur une forme sonate (Schoenberg a déclaré qu’il ne permettrait pas, même à ses étudiants, d’insister sur l’accord Eb comme faisait Mahler). Tandis que la 2eme partie est essentiellement composée autour d’une voix principale, sur une harmonie consonante et équilibre. L’orchestration est épurée et efficace.
En passant, je voudrais ajouter une petite note : Haitink ne possède pas beaucoup d’affinité avec la 8ème, affirmé par le conducteur lui-même. Si je ne trompe pas il devrait la diriger pas plus de deux fois depuis son enregistrement studio, il y a peu de chance qu’il y aurait une troisième.
Les « excès » de Bernstein me plaisent, après tout l’œuvre s’y prête. J’adore le film Unitel de son concert à Vienne en 1975, réalisé le lendemain du concert à Salzbourg (DG audio). Une version complètement fous. Le film est supérieur à l’enregistrement audio pour au moins pour une bonne raison : le vrai orgue dans de Vienne. C’est le meilleur des DVDs de Bernstein/Mahler, à acquérir d’urgence.
Il faut mentionner la version studio de Sinopoli, c’est une grande réussite de son cycle (avec le Chant de la Terre). Sinopoli nous fait la démonstration comment il dompte les différences forces soniques. La maîtrise est impressionnante, et la cumulation d’énergie de la coda des dernières mesures est totalement réussit.
Et puis j’admets que j’adore Horenstein, je ne vois pas où est l’endroit où le chœur est perdu, ou des solistes sont médiocre (qui ? d’après les critiques de Pascal Brissaud pour Répertoire à une époque). Le premier mouvement est tellement touffu que l’on aurait du mal à suivre de près les lignes de l’écriture polyphonique complexe. Alors si la personne qui est contre Horenstein pourrait pointer le doigt sur les endroits précis où il trouve des horreurs chez Horenstein, j’apprécierai beaucoup. Par contre je peux affirmer que le son n’est rien d’épouvantable. C’est vrai qu’il y a quelques toux, mais l’enregistrement est très proche de ce que l’on peut entendre en concert. L’enregistrement de Horenstein est presque unanimement salué par les Mahlériens dans le monde entier. Le critique de Pascal Brissaud (Répertoire) a fait beaucoup de mal à cet enregistrement en France, à tort à mon avis, mais qu’est ce que j’en sais.
Parmi les deux versions de Michael Gielen, je préfère sa 1ère gravure (en concert) chez Sony. Le tempo est uniformément rapide, mais on sent cet atmosphère particulier que seul les concerts peuvent nous rendent.
La version implacable de Solti est plutôt musclée, et extériorisée à l’image de l’œuvre. Comme à son habitude, la prise de son chez Decca est typique de l’époque avec la technique de micro-mixage qui va bien avec la conception du chef, mais manque de naturel.
La version chez de Boulez chez DG est sans équivalence. Réalisée dans le foulé de la séries de concert de toute les symphonies de Mahler en 2007 avec le Staatskapelle Berlin, avec la baguette partagé par PB et Barenboim. Dès l’introduction, l’assis grave de l’orgue annonce les couleurs : une vision ample, puissance, mais anti-spectaculaire. Le chef minimise les changements de rythme, uniformément plus lent (mais jamais lourd) ce que l’on entend d’habitude, privilégiant le flot musical. La texture de l’orchestre est claire avec un dosage attentif des volumes sonores, sans jamais emportés afin de préserver le plus possible les détails d’une orchestration complexe, à l’image d’un gigantesque quatuor. Les conclusions des deux parties sont extrêmement bien contrôlées par le chef, qui ne se lâche jamais la tentation de tomber dans les excès de surinterprétation. Un vision à l’opposée de celle de Solti.
Bruno