+ Répondre à la discussion
Affichage des résultats 1 à 10 sur 10

Discussion: Manfred Gurlitt

  1. #1
    Membre Avatar de Claude Torres
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Localisation
    MONTPELLIER
    Messages
    1 515

    Manfred Gurlitt

    Bonjour à toutes et à tous,

    Vous trouverez ICI un document assez exceptionnel.
    Le concerto pour violon de Manfred Gurlitt en 1ère mondiale (jamais enregistré depuis à ma connaissance) mais malheureusement incomplet par
    SHIGEO WATANABE,violon
    TOKYO PHILHARMONIC ORCHESTRA
    MANFRED GURLITT, direction
    11 Fev. 1955, Hibiya Public Hall, Tokyo (MONO)

    Si vous avez des infos sur des oeuvres enregistrées de Manfred Gurlitt (autres que les 2 opéras Wozzeck et Die Soldaten), je suis preneur.
    De nombreux CD proposent des oeuvres dirigées par Gurlitt, mais pas les siennes.

    Ce musicien très peu enregistré donc, a fui l'Allemagne en 1939 sous la pression de la Gestapo (qui l'a déclaré bolcheviste) pour se réfugier au Japon où il fera carrière.

    Claude Torres

  2. #2
    Membre Avatar de thierry h
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Localisation
    Catalogne
    Messages
    4 360

    Re : Manfred Gurlitt

    Citation Envoyé par Claude Torres Voir le message
    Bonjour à toutes et à tous,

    Vous trouverez ICI un document assez exceptionnel.
    Le concerto pour violon de Manfred Gurlitt en 1ère mondiale (jamais enregistré depuis à ma connaissance) mais malheureusement incomplet par
    SHIGEO WATANABE,violon
    TOKYO PHILHARMONIC ORCHESTRA
    MANFRED GURLITT, direction
    11 Fev. 1955, Hibiya Public Hall, Tokyo (MONO)

    Si vous avez des infos sur des oeuvres enregistrées de Manfred Gurlitt (autres que les 2 opéras Wozzeck et Die Soldaten), je suis preneur.
    De nombreux CD proposent des oeuvres dirigées par Gurlitt, mais pas les siennes.

    Ce musicien très peu enregistré donc, a fui l'Allemagne en 1939 sous la pression de la Gestapo (qui l'a déclaré bolcheviste) pour se réfugier au Japon où il fera carrière.

    Claude Torres
    Bonjour Claude!

    Je vous remercie ici pour le disque de Tansman et d'autres compositeurs polonais!

    Une chose m'étonne concernant La fuite de Gurlitt : le pacte tripartite date de 1940, mais les liens avec l'Allemagne nazie sont déjà relativement forts depuis la signature du pacte antikomintern en 35 ou 36! Alors fuir l'Allemagne en 39, pour atterrir au Japon ça me semble disons incroyable, ou bizarre pour le béotien que je suis! Ou alors y'a de l'espionnage la dessous ?!

    thierry

  3. #3
    Membre Avatar de Claude Torres
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Localisation
    MONTPELLIER
    Messages
    1 515

    Re : Manfred Gurlitt

    Citation Envoyé par thierry h Voir le message
    ...
    Une chose m'étonne concernant La fuite de Gurlitt : le pacte tripartite date de 1940, mais les liens avec l'Allemagne nazie sont déjà relativement forts depuis la signature du pacte antikomintern en 35 ou 36! Alors fuir l'Allemagne en 39, pour atterrir au Japon ça me semble disons incroyable, ou bizarre pour le béotien que je suis! Ou alors y'a de l'espionnage la dessous ?!
    thierry
    L'histoire de Gurlitt est un peu étrange. En 1933, il a des complaisances pour les nazis au point d'adhérer au NDSAP, par opportunisme, pensant ainsi trouver un poste libéré par les juifs exilés. A la mort de sa mère, celle-ci lui apprend qu'il n'est pas le fils de Fritz Gurlitt, alors décedé, mais celui de Willi Waldecker que sa mère a épousé en secondes noces. Mais en même temps elle lui apprend que sa grand-mère maternelle était juive. Nous sommes en 1937. Manfred est rayé des listes du parti et perd tous ses postes en tant que "demi-juif". Il est en particulier rayé de la Reichsmusikkammer. Il est recherché par la gestapo (prétexte officiel, il est "bolcheviste", car les lois de l'époque étaient sensées le préserver du sort communs des juifs).
    Il réussit à s'embarquer pour le Japon en Avril 1939.


    Claude Torres

  4. #4
    Administrateur Avatar de Philippe
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Localisation
    Jemappes / Valencia
    Messages
    8 844
    Citation Envoyé par Claude Torres Voir le message
    Si vous avez des infos sur des oeuvres enregistrées de Manfred Gurlitt (...)
    Bonsoir Claude !

    Étant occupé à mettre à jour l'index des articles ayant été rédigés pour le site partenaire ClassiqueInfo-disque par l'ensemble de ses rédacteurs membres du forum, je découvre cette parution de la Goya-Symphonie de Manfred Gurlitt, par Phoenix Edition !

    Si l'on en croit l'auteur, c'est une réussite sans faille, dont on pourra, je l'espère, reparler ici !
    Je ne m'amuserai pas à résumer l'article ; il suffit simplement maintenant de se procurer cette oeuvre !

    Ph

  5. #5
    Modérateur
    Date d'inscription
    mars 2008
    Messages
    1 912
    je confirme que c'est très bien, les variations finales de la symphonie sont du niveau des grands moments de Thiessen ou de Rathaus: d'autant plus formidable d'entendre enfin du Gurlitt purement orchestral.
    Les chants dramatiques qui complètent le programme son bien aussi (surtout le dernier) masi on est plus habitué à ce style, ça ressemble assez à ses opéras.
    D'ailleurs je recommande vivement Wozzeck, les Soldats sont un peu plus long et moins maîtrisé à mon avis, plus proche de la tonalité et du déroulement classique. Wozzeck est vraiment très intéressant, dans une perpective plus sociale que celui de Berg.

  6. #6
    Administrateur Avatar de Philippe
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Localisation
    Jemappes / Valencia
    Messages
    8 844
    Citation Envoyé par Fred Audin Voir le message
    (...) je recommande vivement Wozzeck (...)
    Ça tombe bien, je viens justement de le commander...

  7. #7
    Membre Avatar de Claude Torres
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Localisation
    MONTPELLIER
    Messages
    1 515
    Citation Envoyé par Philippe Voir le message
    Bonsoir Claude !

    Étant occupé à mettre à jour l'index des articles ayant été rédigés pour le site partenaire ClassiqueInfo-disque par l'ensemble de ses rédacteurs membres du forum, je découvre cette parution de la Goya-Symphonie de Manfred Gurlitt, par Phoenix Edition !

    Si l'on en croit l'auteur, c'est une réussite sans faille, dont on pourra, je l'espère, reparler ici !
    Je ne m'amuserai pas à résumer l'article ; il suffit simplement maintenant de se procurer cette oeuvre !

    Ph
    Philippe,

    Merci pour l'info.
    Les enregistrements de Gurlitt sont si rares.

    Claude

  8. #8
    Administrateur Avatar de Philippe
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Localisation
    Jemappes / Valencia
    Messages
    8 844
    Je termine à l'instant même l'écoute du Wozzeck de Gurlitt, et je suis bouleversé...

    Impossible d'écouter autre chose aujourd'hui après ça, je vais en profiter pour aller dormir (un peu plus) tôt, pour une fois







    PS.
    Bon, juste le temps de l'installer où vous savez, ... vous conaissez le chemin ... S.M. -> répertoire de Phil ... à découvrir de toute urgence, pour ceux qui ne connaîtraient pas


    PPS.
    Très jolie pochette aussi, par ailleurs



  9. #9
    Modérateur
    Date d'inscription
    mars 2008
    Messages
    1 912
    Histoire d'enchaîner sur le message précédent, quelques réflexions sur le Wozzeck de Gurlitt dans son rapport avec celui de Berg:

    Comme Erdmann et tant d’autres, afin de pouvoir continuer à travailler en Allemagne, Gurlitt a pris sa carte du parti Nazi en 1933 lors de l’accession d’Hitler au pouvoir. A la mort de sa mère, il a appris qu’il n’était pas le fils de son père, marchand d’art, mais le fils naturel du patron de son père officiel, Willi Waldecker, avec qui sa mère s’était rapidement remariée à la mort de son premier époux. On comprend mieux pourquoi le sujet de Wozzeck a exercé une fascination sur le compositeur, et comment il en a donné un traitement plus « social » que Berg. Cette révélation, au lendemain de la création de son 4ème opéra (le 3ème , Nana (1932), d’après Zola était écrit avec Max Brod, exécuteur testamentaire de Kafka et traducteur du livret de Flammen de Schulhoff, c’est-à-dire un personnage infréquentable pour le parti Nazi) conduisit à une enquête sur ses véritables origines, laquelle eut pour résultat de montrer que sa mère Annarella était née juive, en conséquence de quoi, considéré comme « juif, de race mélangée, au second degré » Gurlitt fut chassé du parti, révoqué de ses fonctions, et sa musique interdite d’exécution.

    De Woyzeck à Wozzeck

    Woyzeck est le chef-d’œuvre d’un jeune homme de 23 ans, mort avant d’avoir pu mener à bien sa création. Cet inachèvement est probablement une des raisons de la fascination durable que les fragments ont continué à exercer sur des générations d’écrivains, à commencer par Brecht et Camus. L’histoire du manuscrit est elle-même mystérieuse puisque Karl-Emil Franzos dut recourir à des procédés chimiques pour faire apparaître le texte (et les dessins, car Büchner avait parsemé ses notes de croquis des personnages), causant des dommages à l’original déjà illisible. Les notes laissées par Büchner montrent quatre états différents de la pièce, sur des pages sans numérotation, ce qui fait qu’on ne peut ni déterminer l’ordre des scènes, parfois très courtes, ni le dénouement de la pièce, certains prétendant même que l’auteur aurait imaginé un acte final consacré au procès du protagoniste principal.
    Autre élément qui confère aux esquisses de Büchner une modernité réaliste et « naturaliste », la pièce est directement inspirée de trois faits divers trouvés dans les journaux, le principal concernant un certain Johann Christian Woyzeck, perruquier puis soldat de son état, décapité pour le meurtre de sa maîtresse, et qui avait tenté pour échapper à la peine de se daire passer pour fou. De ce fait divers, Büchner a induit un drame social, insistant sur le thème de la pauvreté, et de la manipulation des malheureux par les instances sociales que sont l’armée, la médecine et la religion : il a aussi en filigranne soulevé le problème de l’anti-sémitisme, en donnant à ses personnages principaux une sous-classe de pauvres à détester.

    Nulle part Büchner n’évoque un suicide ou une noyade de Woyzeck, il se contente d’une scène où retournant sur le lieu du crime, le meurtrier tente de dissimuler le couteau en le jetant dans le lac. Dans la scène qui parait chronologiquement la dernière imaginée par Büchner, Woyzeck est présent devant les remparts de la ville, et l’idiot enlève l’enfant.
    Franzos, dans sa reconstitution a donc maintenu une certaine ambiguité en même temps qu’il a introduit des éléments qui n’existaient nulle part dans l’action. Ce n’est qu’en 1920, avec l’édition critique de Witkowsky que le nom du personnage principal a été rétabli, l’écriture serrée et très petite de Büchner ayant suggéré au premier éditeur que le caractère principal s’appelait « Wozzeck », option retenue par Berg qui a commencé à travailler au projet d’opéra à partir de 1915. Bien que Berg prétende avoir travaillé sur l’édition de 1909, il a bien eu connaissance de celle de 1920, mais n’a pas changé le nom du protagoniste pour des raisons « musicales », le travail étant déjà avancé. Que penser alors du fait que Gurlitt, qui avait connaissance de l’édition Witkowsky et des trois scènes de l’opéra de Berg créées au début de l’année 1924 (grâce au soutien financier d’Alma Mahler), ait lui aussi maintenu tel quel le nom et le titre de son opéra ? alors que son découpage de l’action paraît plus proche des fragments d’origine.

    Berg et Gurlitt

    On dit que Gurlitt aurait travaillé sans avoir connaissance du projet de Berg, ce qui parait étrange à moins d’admettre que certaines ressemblances relèvent de l’air du temps. Wozzeck étant l’un des opéras majeurs du 20ème siècle, on ne peut manquer de tracer quelques parallèles. Entre autres choses étranges, on peut entendre dans la scène 5 de l’opéra de Gurlitt un contrechant de cuivres qui cite note pour note les premières mesures de la sonate op 1 de Berg.
    Comme Berg, Gurlitt utilise une déclamation proche du Sprechgesang (jusqu’à certaines répliques purement parlées à la manière du mélodrame), mais aussi des références à l’aria, avec la berceuse de Marie, assez proche mélodiquement de celle de Berg, et surtout il recourt à une atonalité presque constante, créant le même type d’opposition que Berg avec un centre tonal affirmé au moment du meurtre où apparaît un petit choral, seul moment parfaitement tonal de l’œuvre. Comme chez Berg il n’y a pas trace de sérialisme (et pour cause Schönberg ne théorise sur le dodécaphonisme qu’à partir de 1924, alors que les deux Wozzeck sont soit terminés, pour Berg en 1922, soit en voie d’achèvement) mais plutôt une utilisation discrète de leitmotive. On trouve des citations de musique militaire, de musique de danse, de chasse, qui sont certes suggérées par le texte, mais dans des atmosphères proches.
    Reste évidemment des différences importantes, Berg se faisant l’un des rares exemples de l’expressionisme musical, avec de nombreux interludes orchestraux, alors que Gurlitt reste plus discret, joue rarement du tutti orchestral (malgré un orchestre aussi imposant que celui de Berg, bois par trois, célesta etc), fait référence fréquemment à la musique de chambre, dès le début avec la phrase de flute et piccolo qui évoque un allegro de concertino, ou avec l’utilisation du piano comme élément de base de la texture ( scène 11 « Ich kann nicht sclaffen et 16 ) enchaînant les scènes dans une sorte de déroulement continu et non par séquences.

    La ressemblance la plus frappante reste celle de la structure, qui comme chez Berg prétend utiliser des formes classiques comme schéma de base, changeant à chaque scène : le même système de variations se révèle dans la structure, sauf que là où Berg dit « Invention » Gurlitt parle d’ « ostinato ».

    1 Une pièce (scène du rasage) fugue
    2 Un champs en plein air chaconne
    3 En ville marche avec berceuse interpolée
    4 Une rue developpement
    5 Un salon canon sur ostinato
    6 Une rue fugato
    7 La chambre de Marie recitativo accompagnato
    8 Le corps de garde lied
    9 La taverne ländler
    10 Un champs en plein air ostinato
    11 La caserne ostinato
    12 La caserne square dance
    13 La chambre de Marie fugue
    14 Le bazar allegretto (avec mélodie disjointe)
    15 Une rue dance et ostinato
    16 La caserne canon à trois voix
    17 Chemin forestier près du lac rondo
    18 Chemin forestier près du lax chaconne
    19 Epilogue lamento répétitif

    La durée des deux opéras est similaire à cinq minutes près.
    Gurlitt rend à Wozzeck une humanité qui est estompée dans la version de Berg, il donne moins d’importance aux manipulations des autorités, à la taverne, à l’alcoolisme et à la lubricité ou à la folie, accentuant le poids des « pauvres gens » dont le chœur parfois sans parole affirme sa présence tout au long de l’opéra jusqu’aux dernières secondes de l’épilogue (où la tonalité réapparait dans la déploration comme une fatalité). Son personnage est moins un assassin singulier, que n’importe quel personnage souffrant tel qu’on le retrouve dans les illustrations d’un Grosz. Il n’est pas plus sympathique, mais peut-être plus émouvant, plus ordinaire.
    Ce traitement qui s’appuie finalement sur une plus grande compassion pour les protagonistes confère à l’opéra de Gurlitt une portée plus universelle, et en adéquation avec les problèmes de son temps, qui sont aussi ceux du nôtre. Sans doute l’implication personnelle de Gurlitt dans cet opéra était elle grande puisque c’est sous sa direction que l’œuvre fut crée à Brême (quatre mois à peine après la première audition de l’opéra de Berg) et que le rôle de Marie était tenue par sa femme Maria Hartow.

  10. #10
    Modérateur
    Date d'inscription
    mars 2008
    Messages
    1 912
    En fait, j'exhumais ce sujet pour signaler la création mondiale au festival de Montpellier d'une oeuvre de Gurlitt, 3 discours politiques sur des textes tirées de Danton's Tod de Büchner également, pièce qui fut mise en opéra beaucoup plus tard par Gottfried von Einem

    Manfred Gurlitt
    Trois discours politiques pour baryton, chœur d'hommes et orchestre (1946) Poème de Georg Büchner
    • Saint-Just pour baryton et orchestre
    • Robespierre pour baryton et orchestre
    • Danton pour baryton, chœur d’hommes et orchestre
    (Création mondiale)
    Choeur de la Radio Lettone
    Orchestre National de Montpellier Languedoc-Roussillon
    Direction : Enrico Delamboye

    Au programme du même concert figurait la recréation de la musique de scène d'Offenbach pour la pièce de Sardou La Haine.

+ Répondre à la discussion

Informations de la discussion

Utilisateur(s) sur cette discussion

Il y a actuellement 1 utilisateur(s) naviguant sur cette discussion. (0 utilisateur(s) et 1 invité(s))

     

Règles de messages

  • Vous ne pouvez pas créer de nouvelles discussions
  • Vous ne pouvez pas envoyer des réponses
  • Vous ne pouvez pas envoyer des pièces jointes
  • Vous ne pouvez pas modifier vos messages