Takashi Yoshimatsu

[Dominique]

Ce formidable compositeur est né à Tokyo en 1953. Il tourne plutôt le dos au modernisme et compose de façon romantique. Il adore la nature et Sibelius.
Il a joué dans un groupe de rock et ne dédaigne pas le jazz.
Sa musique est sans aucun doute d'un accès plus facile que celle de Takemitsu. Le folklore japonais est assez présent dans son univers sans être envahissant et c'est une musique que je trouve très "naturaliste", donc elle me plaît.
"Ode of Birds" est une oeuvre complètement sublime par exemple.
Je connais ses cinq symphonies, absolument magnifiques, ses concertos pour piano, pour cello, pour saxophone et aussi pour guitare. Ce sont, à mon avis, des oeuvres profondes et riches.
Ses oeuvres pour guitare solo (Tender Toys) et parfois harmonica sont étonnantes, vraiment fantastiques. Merci à Phil de me les avoir fait découvrir, c'est par elle que j'ai découvert ce compositeur.
Plongez dans l'univers de ce sympathique bonhomme, vous ne le regretterez pas.

[thierry h]

Ce formidable compositeur est né à Tokyo en 1953. Il tourne plutôt le dos au modernisme et compose de façon romantique. Il adore la nature et Sibelius.
Il a joué dans un groupe de rock et ne dédaigne pas le jazz.
Sa musique est sans aucun doute d'un accès plus facile que celle de Takemitsu. Le folklore japonais est assez présent dans son univers sans être envahissant et c'est une musique que je trouve très "naturaliste", donc elle me plaît.
"Ode of Birds" est une oeuvre complètement sublime par exemple.
Je connais ses cinq symphonies, absolument magnifiques, ses concertos pour piano, pour cello, pour saxophone et aussi pour guitare. Ce sont, à mon avis, des oeuvres profondes et riches.
Ses oeuvres pour guitare solo (Tender Toys) et parfois harmonica sont étonnantes, vraiment fantastiques. Merci à Phil de me les avoir fait découvrir, c'est par elle que j'ai découvert ce compositeur.
Plongez dans l'univers de ce sympathique bonhomme, vous ne le regretterez pas.

Je vais commencer par "Odes of Birds", et aller faire un tour sur le site de Naxos, car je suppose que c'est là que je devrais y trouver quelques uns de ses enregistrements ?

thierry

[Dominique]

Ben non Thierry, c'est plutôt chez Chandos ...

[Philippe]

Voici Tender Toys pour guitare, et guitare et harmonica pour les plages 3, 9, 13, 14, 20 et 25




( sur mon Simplify Media )

[Dominique]

C'est un vrai pied que cette musique Philou !

[Couack]

Je confirme, la musique de Yoshimatsu est superbe, magnifique idée que d'ouvrir ce fil ! J'y reviendrai dès que j'en aurai fini avec Holmboe...

Gilles

[Couack]

Voilà, j'en ai fini avec Holmboe et donc comme convenu je reviens ici.

Takashi Yoshimatsu (comme ça se prononce) est un compositeur fascinant pour pas mal de raisons : d'abord sa musique est radicalement tonale et en même temps originale, ce qui n'était pas donné au départ. Ensuite c'est un orchestrateur hors pair - plus ou moins influencé par Ravel, doté d'un sens mélodique infaillible. Sa musique est d'un pur esthétisme contemplatif : l'univers musical de Yoshimatsu est sans nuages, c'est une contemplation infinie de la nature, des fleurs, des arcs-en-ciel et des petits oiseaux.

A lire ça comme ça on peut imaginer un truc mièvre complètement débile, mais le plus fort de toute l'histoire c'est que c'est magnifique. On retrouve exactement cette poésie candide et onirique dans les dessins animés de Miyazaki - dont, ce n'est sans doute pas un hasard, la musique ressemble beaucoup à celle de Yoshimatsu. C'est donc dans ce paradoxe de la profondeur par le refus de la noirceur que se distingue cette oeuvre. Absolument unique : de vrais moment de bonheur.

Pour ne rien gâcher, il n'a raté à ma connaissance aucune de ses oeuvres récentes.

Je ne saurais, en revanche, dire s'il a une tête sympa (le côté impénétrable du Japonais) :



Bon je développe.

[Couack]

Je poste ici deux images de Miyazaki qui illustre assez bien ce que peut-être la musique de Yoshimatsu (à mon avis)



l'autre image je dois d'abord la réduire...

[Couack]

Bon, le vif du sujet : je commence par les symphonies (vite parce qu'il est tard) :

Symphonie n°1 Kamui-Chikap (1984 - 45')

Une oeuvre au style déjà très affirmé, avec tout le raffinement de timbres dont le compositeur est capable, le talent mélodique et l'incroyable fluidité des harmonies. C'est un véritable hymne à la terre, dont la symphonie n°2 constituera le second volet. Magique.I- Ground: magie végétale, effet de fourmillement, de piaillements, de grondements, de crescendos, le tout quasiment tonal; II- Water: le genre dans lequel Yoshimatsu excelle, celui du paysage aquatique paisible, du lac tranquille autour duquel virevoltent libellules et papillons: son orchestre a des harmonies étonnamment liquides, apaisantes, lumineuses et colorées. III- Fire: vif et chorégraphique, sur des mouvements de percussions traditionnelles incantatoires. Ici il est à la frange de l'atonal. IV- Air: très doux et éthéré, joué presque uniquement sur des contrepoints de violons et de flûtes agrémentés de quelques notes de celesta. V- Rainbow: ici on atteint la plénitude d'un monde céleste: légère frise d'orgue, piano, celesta, glockenspiel et cordes qui montent en puissance dans ce ciel irisé. Détail génial: "kamui-chikap" est un mot ainu qui veut dire "le dieu des oiseaux"...quand on sait ce que représente aujourd'hui la langue des Ainus, je trouve ça vraiment émouvant de la part d'un Japonais.

Symphonie n°2 "At Terra" (1991 - 33' )

Cette oeuvre démontre sans discussion possible toute l'originalité et la force expressive du style de Yoshimatsu. On peut sans trop de risques parler de chef-d'oeuvre, et c'est sans doute la plus belle de toutes ses symphonies. I- Dirge from the East : Suprêmement génial, avec un chant de violoncelle essentialiste, comme venu du fond du désert, et des envolées d'orchestre orientalisantes qui s'achèvent sur un crescendo de tambours époustouflant. Le II, Requiem from the West, entièrement joué par les cordes, progresse lentement vers un thème tonal très tendre et dépouillé, un peu à la Pärt. Le III Canticle from the South qui démarre sur une frise répétitive de xylophone dans un style africain qui rappelle Reich va progressivement porter un thème langoureux et chaloupé de tout l'orchestre.

Symphonie n°3 (1998 - 45')

Certainement pas la meilleure de ses symphonies, mais une oeuvre de bonne facture,I- Très vif, comme une cavalcade ou un ballet animé, avec un passage plus contemplatif (chants d'oiseaux). II- On retrouve Yoshimatsu avec ses vols de papillons sous le soleil; III-, plus énigmatique, comme un lac couvert de brume, avec un alto solo très beau qui flotte sur des nappes de cordes. IV- Très gai et plein de couleurs, sur un rythme endiablé de tambours et de tambourins, avec un thème qui n'est pas sans rappeler Philip Glass.

Symphonie n°4 (2000 - 29' )

Sans doute la plus admirative et la plus naïve de la série, mais on est toujours surpris par la candeur et la fraîcheur naïve qu'exhalent les œuvres de Yoshimatsu, comme s'il évoquait des champs de coquelicots et des papillons qui virevoltent dans l'air du matin. Mais c'est tellement BEAU, tellement bien écrit, tellement inspiré et si méticuleusement conçu, qu'on est en plein enchantement. Le I est très ravélien dans son écriture, le II aussi avec une citation de Mahler, le III est d'un romantisme évanescent avec un magnifique passage au piano, et ici une influence assez nette de Rachmaninov, le IV est le plus réussi, aussi délicat qu'un papillon qui se pose sur une fleur (là je suis toujours dans Miyazaki).

Symphonie n°5 (2001 - 46' )

Une œuvre qui s'écarte des aspects trop sentimentaux de la 4ème mais qui préserve cette écriture très particulière de séduction sonore. C'est du pur esthétisme, avec un orchestre raffiné, des timbres soupesés, des thèmes soigneusement ciselés. On retrouve également certains traits d'écriture orientaux de la 2ème, jusque-là sa meilleure oeuvre, dont il retrouve ici l'esprit panthéiste (le II fait penser à une sorte de danse rituelle). Utilisation également de percussions japonaises et de shakuhachi. L'oeuvre est, comme souvent chez Yoshimatsu, admirative, parfois jusqu'à la béatitude - mais avec ici un caractère plus épique et plus brutal, surtout dans le final.

Suite demain

Gilles

[Couack]

Juste un mot pour signaler que tout ça est sorti chez Chandos :

Symphonie n°1



Symphonie n°2



Symphonie n°3



Symphonie n°4



Symphonie n°5

[Couack]

Kombawa. Je continue sur les aventures de Yoshimatsu chez les oiseaux - heureusement que je vois que je suis lu par quelques-uns sinon je serais allé regarder un western.

Bon, les concertos :

Concerto pour guitare "Pegasus Effect" (1984 - 24' )

Très doux, flux de cordes ensoleillés, guitare rafraîchissante comme un pastis, flûtes virevoltantes. C'est très évocateur, dans un langage assez peu tonal, et très agréable à écouter, même si ce n'est pas franchement génial. On est encore dans la période où Yoshimatsu-San cherche son style.

Concerto pour trombone "Orion Machine" (1993 - 22' )

Le trombone est très bien utilisé, notamment dans ses registres doux, c'est joliment feutré, rarement cuivré, et l'orchestration est stellaire. Par contre la cadence est un peu ennuyeuse.

Concerto pour saxophone "Cyber-Bird" (1994 - 23' )

Dans le genre concerto pour saxophone ça s'impose d'emblée comme une œuvre de haute volée: d'abord l'instrument, par ses sonorités douces et métalliques à la fois, évoque à merveille l'oiseau artificiel du titre. On suit les évolutions de ce Cyber-Bird, tantôt vives, tantôt contemplatives (VW n'est pas loin). C'est beau, ça flatte l'oreille, mais c'est sans faute de goût et sans aucune faiblesse d'inspiration.

Concerto pour piano "Memo Flora" (1997 - 32' )

C'est d'une extrême délicatesse, qui flirte de très près avec la mièvrerie mais finalement n'y tombe jamais (c'est du reste tout le talent de Yoshimatsu que de jouer cette partie d'équilibriste particulièrement périlleuse). Quelques notes de piano égrenées sur des tapis de cordes, à la Silvestrov, mais plus orienté vers la contemplation de la nature que vers la nostalgie; les notes de piano tombent comme des gouttes d'eau sur un étang. Une écriture irréprochable : le compositeur développe une véritable science de l'orchestre.

Concerto pour violoncelle "Centaurus Unit" (2003 - 33' )

Globalement plus acide que ses œuvres habituelles, dans l'esprit du concerto pour trombone, avec des passages plus lyriques et une orchestration riche et translucide. On est toujours dans le contemplatif candide, l'écriture est originale et extrêmement séduisante encore une fois.

Voilà : je mets tout ça sur mon Simplify Media. Oyasumi nasai.

Gilles

[thierry h]

Kombawa. Je continue sur les aventures de Yoshimatsu chez les oiseaux - heureusement que je vois que je suis lu par quelques-uns sinon je serais allé regarder un western.

Salut Gilles!

Le grand Toshiro Mifune a joué dans un western avec Delon et je sais plus qui! C'est pas impérissable!!!


Concerto pour trombone "Orion Machine" (1993 - 22' )

Le trombone est très bien utilisé, notamment dans ses registres doux, c'est joliment feutré, rarement cuivré, et l'orchestration est stellaire. Par contre la cadence est un peu ennuyeuse.

Heu! Pour la cadence je demanderai bien à quelqu'un de nous la faire plus rock'n'roll!



Voilà : je mets tout ça sur mon Simplify Media. Oyasumi nasai.

Chouette!

thierry

[Dominique]

"Le grand Toshiro Mifune a joué dans un western avec Delon et je sais plus qui! C'est pas impérissable!!!"

C'est "Soleil Rouge" de Terence Young avec Charles et Ursula. C'est ce qu'on appelle un nanar... Terence Young en a réalisé pas mal d'ailleurs ...

J'ai le sentiment que le côté très naturaliste de Yoshimatsu vous a emballé (au moins Gilles et Thierry), ça me fait bien plaisir.

[thierry h]

J'ai le sentiment que le côté très naturaliste de Yoshimatsu vous a emballé (au moins Gilles et Thierry), ça me fait bien plaisir.

Maintenant que j'ai bien écouté la première symphonie je vais pouvoir me lancer dans l'exploration des autres! Effectivement il y a chez Yoshimatsu un côté très naturaliste, y'a des piafs partout! Et qu'il aime Sibélius ne m'étonne pas : vers la fin du premier mouvement de la symphonie il y a un chouette passage qui évoque Tapiola, on frôle même la citation...
Bref, rayon contemporain, étant plutôt attiré par des musiques, disons, un poil énervées, j'ai été vraiment, vraiment bluffé de marcher aussi bien à celle là...

thierry

[Dominique]

Toutes les symphonies sont sur mon SM ...
que j'ouvre ce dimanche matin à 10.20 ...

[Couack]

Maintenant que j'ai bien écouté la première symphonie je vais pouvoir me lancer dans l'exploration des autres! Effectivement il y a chez Yoshimatsu un côté très naturaliste, y'a des piafs partout! Et qu'il aime Sibélius ne m'étonne pas : vers la fin du premier mouvement de la symphonie il y a un chouette passage qui évoque Tapiola, on frôle même la citation...
Bref, rayon contemporain, étant plutôt attiré par des musiques, disons, un poil énervées, j'ai été vraiment, vraiment bluffé de marcher aussi bien à celle là...

thierry

Salut Thierry

C'est clair que c'est beau : tu as raison de signaler l'influence de Sibelius, il y a ce même esprit contemplatif et proche de la nature. Ravel l'a pas mal influencé aussi. Mais le résultat est complètement original : quand tu auras le temps, essaie la 2ème symphonie, c'est à mon avis la meilleure (et elle est nettement plus nerveuse que la 1ère). Il y a une lumière étonnante dans la musique de Yoshimatsu : c'est particulièrement saisissant dans le concerto pour piano (Memo Flora) qui est son oeuvre la plus extatique et la plus admirative.

Quand j'aurai un moment je développerai sur ses oeuvres orchestrales, il y a beaucoup de petites merveilles là-dedans aussi.

Gilles

[thierry h]

quand tu auras le temps, essaie la 2ème symphonie, c'est à mon avis la meilleure (et elle est nettement plus nerveuse que la 1ère).

Gilles

Elle devrait, dans les prochains jours, traverser l'Océan Indien, doubler le Cap de Bonne Espérance, remonter peinard l'Atlantique, en espérant que les Alizés seront cléments, et traverser la France d'ouest en est...

thierry

[Chiarina]

Puisque Simplify media est là pour nous permettre d'échanger nos impressions, sur les mêmes oeuvres, je me lance :
j'ai écouté Ode to Birds, la symphonie 4, le concerto pour piano, et je n'ai pas accroché. C'est joli, mais trop inconsistant pour moi.
J'ai un peu l'impression d'entrer chez Nature et Découvertes et d'entendre une musique d'ambiance un peu lénifiante. Ou la bande son d'un film très sentimental...
Je comprends tout à fait le parallèle avec les dessins animés de Miyazaki, mais j'y suis assez hermétique également...

Les musiques "d'état", d'ambiance peuvent pourtant me plaire, comme celles de Feldman...

Que me conseillez-vous pour poursuivre ?
(en admettant que les oeuvres seront en ligne et accessibles ...)

[Dominique]

Mets une compresse Poupée avant de poursuivre ! Nature et Découvertes ?
Késaco ?

[thierry h]

Pour info!

http://www.natureetdecouvertes.com/p...ener/index.htm