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Discussion: Bibliothèque musicale : discussion générale, actualité et bavardages

  1. #221
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    Citation Envoyé par lebewohl Voir le message
    Pourvou qué ça doure : ce n'était pas Laetitia Bonaparte ?
    C’est aussi ce qu’on m’avait dit en ma lointaine jeunesse, mais tant de choses ont été « révisées » depuis, alors pourquoi pas celle-là.

  2. #222
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    Citation Envoyé par lebewohl Voir le message
    Pourvou qué ça doure : ce n'était pas Laetitia Bonaparte ?
    L'actrice française Elvire Popesco a joué le rôle de Letizia Ramonlino Bonaparte sur le plateau du film d'Abel Gance « Austerlitz » (19 janvier 1960)
    Je n'ai pas retrouvé la séquence vu la longueur du film mais je pense que Mme Popesco a tenté d'imiter Laetitia Bonaparte avec son accent roumain qu'elle a pris pour du corse! Ce ne serait donc qu'une imitaion de l''original bonapartesque

  3. #223
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    Ah d'accord! J'ignorais ce développement "second degré"!
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  4. #224
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    J’avais vu le film de Gance en son temps, sans doute pas d’une vérité historique scrupuleuse, mais ça avait une certaine gueule ! Je ne me rappelais pas que dans la brochette d’étoiles (si tant est que les étoiles se mettent en brochette) de la distribution de prestige, c’était l'inénarrable Popesco qui incarnait la mamma !

  5. #225
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    Re-bonjour à toutes et à tous et bienvenue à ce nouveau package

    Pour commencer, un nouveau venu en BM : Thomas Weelkes, un compositeur anglais de l'époque de la Renaissance. Il ne figure sûrement pas dans la liste des compositeurs les plus connus, même de son époque ; il n'en mérite pas moins le détour. Pour citer Wiki : La renommée de Weelkes dans le cadre de la musique anglaise est due à parts égales à ses madrigaux et à sa musique sacrée. « Weelkes possède une grande maîtrise du langage propre au madrigal [et] est certainement le plus audacieux et le plus avant-gardiste des madrigalistes anglais. » (source)
    Je vous propose donc cette fois une large sélection de ses Madrigaux.

    À part cela, « Un peu de tout » selon l'expression consacrée :

    À l'honneur, trois pièces de Debussy par José Iturbi, un pianiste déjà souvent évoqué ici : Arabesques pour piano, En blanc et noir et Children's corner ; de même les Symphonies 1 et 7 ainsi que Tapiola de Sibelius, par Carl von Garaguly. Carl von Garaguly (1900-1984) n'est pas un inconnu ici. Figurent déjà ici en BM qqs oeuvres par lui de Nielsen et de Brahms par exemple. Toutefois, c'est chez Sibelius qu'il a semblé le plus apprécié et fondé sa réputation.
    D'abord violoniste prodige, il a commencé à se produire en public dès l'âge de 6 ans. À l'âge de 10 ans, il effectuait déjà des tournées de concerts. Lors de ses premières interprétations, il jouait des oeuvres de compositeurs comme Mozart, Wieniawski, Berwald et Hubay - entre autres.
    Il a ensuite étendu sa carrière en tant que chef d'orchestre, travaillant principalement en Scandinavie, notamment avec l'Orchestre symphonique de Göteborg et l'Orchestre philharmonique de Stockholm. Il fut particulièrement reconnu pour ses interprétations de la musique de Sibelius. Ses enregistrements des symphonies et poèmes symphoniques de Sibelius avec divers orchestres scandinaves sont souvent salués pour leur profondeur et leur sensibilité ; mais nous n'avions jusqu'à présent rien de lui de Sibelius. Voilà qui est chose faite, mais cette fois avec Dresde. Je n'ai (encore ?) rien de nouveau de lui avec Göteborg.

    Parmi les pianistes déjà évoqués ici, revoici Rafael Orozco, outre la Sonate n°3 de Brahms, dans une intégrale des Concertos pour piano de Rachmaninov avec Edo de Waart (enregistrement de 1973). Orozco, pianiste espagnol, est reconnu pour son toucher élégant et son sens musical raffiné. Dans cette intégrale, il offre une interprétation sensible et poétique des concertos, mettant en valeur les nuances et la richesse émotionnelle de la musique de Rachmaninov. Sa technique est solide, et son jeu est souvent décrit comme lyrique et expressif, ce qui convient bien à la profondeur et à la complexité des oeuvres de Rachmaninov. Edo de Waart, chef d'orchestre néerlandais, est apprécié pour sa direction claire et équilibrée. Avec le Royal Philharmonic Orchestra, il offre un accompagnement orchestral solide et bien articulé, sans jamais écraser le soliste. L'orchestre et le piano semblent dialoguer harmonieusement.
    En conclusion, bien que cette intégrale soit de grande qualité, elle n'a pas acquis la même notoriété que certaines autres versions célèbres, comme celles d'Ashkenazy/Previn ou de Richter/Karajan. Ces interprétations sont souvent préférées par les puristes pour leur intensité dramatique et leur profondeur émotionnelle. Néanmoins, l'intégrale Orozco/de Waart est un choix pertinent pour ceux qui recherchent une interprétation raffinée et équilibrée des Concertos pour piano de Rachmaninov. Elle est particulièrement appréciée par les auditeurs qui apprécient un jeu expressif sans excès de dramatisation.

    La version proposée cette fois de Tristan et Isolde de Wagner par Karajan avec Berlin, enregistrée en 1972, n'est pas la seule version de cette œuvre en BM ; s'y trouvent déjà Furtwängler (1953), Jochum (1953) et Böhm (1966), souvent citées comme versions "de référence" ; il me semble que l'on pourrait considérer comme de même cette version de Karajan (enregistrement de 1972), qui possède néanmoins d'autres particularités. Cette interprétation se distingue en effet par une approche plus introspective et méditative que celle de certains de ses contemporains, comme celle de Furtwängler par exemple. Certains critiques soulignent que cette vision plus lyrique et moins dramatique pourrait ne pas convenir à tous les auditeurs, surtout ceux qui recherchent une intensité dramatique plus brute.
    À mon sens, il s'agit d'une interprétation magistrale, marquée par une direction raffinée et émouvante, une exécution orchestrale exceptionnelle et un casting vocal de grande qualité, avec Helga Dernesch, dans le rôle d'Isolde, souvent louée pour la beauté et la chaleur de sa voix, ainsi que pour son interprétation profondément sensible du personnage ; le ténor Jon Vickers, qui interprète Tristan, est lui aussi particulièrement apprécié, grâce à sa puissance vocale et à sa capacité à exprimer les tourments intérieurs de son personnage. En résumé, une version "incontournable" à mon goût en tout cas.

    À côté de cela, plusieurs oeuvres inédites en BM : Weinen, klagen, sorgen, zagen, Wir danken dir Gott et Ihr Menschen, rühmet Gottes Liebe de Bach ; 5 Cantates à voix seule de Haendel que j'ai regroupées en un post unique en raison de leur particularité commune ; La Chanson d'Eve et L'Horizon chimérique de Fauré ; le Concertone pour deux violons KV 190 de Mozart et plusieurs autres petites choses

    La liste complète ci-dessous :
    • Bach : Cantate BWV 12 "Weinen, klagen, sorgen, zagen"
    • Bach : Cantate BWV 29 "Wir danken dir Gott"
    • Bach : Cantate BWV 167 "Ihr Menschen, rühmet Gottes Liebe"
    • Beethoven : Concerto pour piano « n°6 »
    • Brahms : Sonate pour piano n°3
    • Debussy : Arabesques pour piano
    • Debussy : En blanc et noir
    • Debussy : Children's corner
    • Delius : Concerto pour piano et orchestra
    • Fauré : La Chanson d'Eve
    • Fauré : L'Horizon chimérique
    • Haendel : 5 Cantates à voix seule
    • Ives : Symphonie n°1
    • Malipiero : Sinfonia in un tempo
    • Mozart : Concertone pour deux violons KV 190
    • Rachmaninov : Concertos pour piano, intégrale (plus Rhapsodie sur un thème de Paganini)
    • Schoenberg : Concerto pour piano et orchestre
    • Sibelius : Symphonie n°1
    • Sibelius : Symphonie n°7
    • Sibelius : Tapiola
    • Stravinsky : 4 Etudes pour orchestre
    • Stravinsky : 3 Pièces pour clarinette (x2)
    • Stravinsky : 8 Pièces faciles pour piano à quatre mains
    • Wagner : Tristan et Isolde
    • Weelkes : Chansons de cour
    • Weelkes : Madrigaux et Pièces de viole
    Bonnes écoutes

  6. #226
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    Re-bonjour à toutes et à tous pour ce nouveau package
    Il m'a semblé que ces derniers temps ceux-ci étaient devenus trop longs et trop « copieux », au point que je me demande si ce rythme permet d'écouter ... ce qu'on a envie d'écouter. Pas tout bien sûr, nous avons tous des compositeurs et des oeuvres de prédilection et d'autres qui ne le sont pas ou le sont moins. Parfois aussi des envies de découverte différentes. C'est normal. Mais un rythme de publication trop soutenu ne permettait même plus de suivre ce rythme tel quel.
    Vous aurez remarqué que je m'étais habitué à envoyer deux packages par mois. Vous savez ce que l'on dit : Quand on aime, on ne compte pas ... mais ça n'allait plus, c'était excessif et improductif - et je le reconnais bien volontiers.
    Dorénavant, il n'y en aura donc plus qu'un, mais présenté en deux parties tout en suivant l'ordre alphabétique des compositeurs. Il me semble que ça devrait éviter la surcharge évoquée plus tôt et permettre aux mélomanes intéressés de "profiter" davantage de ces envois devenus trop massifs ...

    C'est ainsi que pour cette fois nous nous arrêterons à la lettre F avec Fibich.
    Néanmoins la "toute grosse" partie de cette livraison sera consacrée à un compositeur et à un interprète. Le compositeur, c'est Debussy et l'interprète, c'est Jörg Demus. La liste des oeuvres concernées - dont certaines sont des nouveautés en BM se trouve ci-dessous, comme d'habitude
    Demus est un pianiste bien connu de tous et unanimement respecté mais, curieusement, sa réputation s'est essentiellement établie comme accompagnateur de lieder ; du coup sa réputation de pianiste soliste s'en est trouvée un peu reléguée au second plan. Il est pourtant réputé pour ses interprétations sensibles et réfléchies, - et notamment pour en venir à notre sujet de la musique pour piano de Claude Debussy, où il a toujours accordé une attention particulière à la qualité du son et à la variété des nuances, ce qui lui a permis de créer des atmosphères subtiles, ce qui est essentiel pour rendre justice à l'écriture impressionniste de Debussy. Son jeu est souvent décrit comme étant profondément émotif, mais toujours contrôlé. Il parvient à exprimer la richesse des émotions présentes dans la musique de Debussy sans jamais tomber dans l'excès ou la superficialité. En résumé, bien qu'apportant son approche propre, Demus est connu pour son respect du texte original. Il évite de surcharger l'interprétation avec des effets inutiles, préférant rester fidèle aux intentions du compositeur. Pour cette raison, d'aucuns ne sont pas loin de le considérer comme un interprète idéal pour ce répertoire. Le corpus important que je vous en propose ici vous permettra, je l'espère, d'en juger selon vos propres critères et préférences

    Pour le reste, j'ai essayé de renouveler un peu le cheptel, avec un ensemble d'Ouvertures et de Concertos grossos de Boyce, la Symphonie n°4 de Cowell, la Symphonie n°10 de Havergal Brian (mah m'ayant devancé sur Brian avec sa nouvelle playlist mais quelle importance ?) et Comenius de Fibich.
    La suite à très bientôt !
    • Beethoven : Le Christ au mont des Oliviers
    • Boyce : 2 Concertos grossos, en si mineur et en si♭ majeur
    • Boyce : Ouvertures
    • Brahms : Double concerto pour violon et violoncelle
    • Brian : Symphonie n°10
    • Cowell : Symphonie n°4
    • Debussy : 12 Etudes pour piano
    • Debussy : 3 Images oubliées pour piano
    • Debussy : 6 Images pour piano
    • Debussy : Arabesques pour piano
    • Debussy : Children's corner
    • Debussy : Estampes
    • Debussy : La Boîte à Joujoux
    • Debussy : Pièces diverses pour piano
    • Debussy : Pour le piano
    • Debussy : Préludes pour piano, Livres I et II
    • Debussy : Suite bergamasque
    • Fibich : Comenius, ouverture festive
    Bonnes écoutes à tous

  7. #227
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    Re-bonjour à toutes et à tous pour la suite et la seconde partie de ce nouveau package
    Précédemment nous en étions restés à la lettre F, nous poursuivons avec une jolie sélection de Pièces pour clavecin de Frescobaldi par Blandine Verlet.
    Package "Un peu de tout" donc, mais avec une oeuvre star : les Kindertotenlieder de Mahler, dont vous trouverez cette fois plusieurs versions par plusieurs chefs et solistes pour la plupart prestigieux, dont je vous laisse le soin de découvrir la liste ici. Un régal donc je l'espère pour les amateurs d'écoutes comparées - et de Mahler en général.

    L'Album pour la jeunesse de Schumann est un recueil de 43 pièces pour piano, composé en 1848. Il se dit que c'est l'un des recueils les plus célèbres du compositeur (mais je suis incapable de le confirmer, ne connaissant initialement pas l'oeuvre que je n'ai découverte qu'au fil de mes recherches), conçu initialement pour l'éducation musicale des jeunes pianistes. Schumann a écrit cet album pour ses enfants, en particulier pour sa fille Marie. Il a voulu combiner des exercices techniques avec des oeuvres de caractère poétique. Je dois vous avouer que c'est une oeuvre que je découvre au fil de mes recherches …
    L'album est divisé en deux parties : les Pièces pour enfants : les pièces 1 à 18 sont relativement simples et destinées aux jeunes pianistes ; et les Pièces pour adultes : les pièces 19 à 43, techniquement plus exigeantes et artistiquement plus complexes. L'album est un excellent exemple de la manière dont Schumann savait combiner pédagogie et expression artistique, faisant de chaque pièce un petit bijou musical. À ce titre, au niveau de la démarche, on peut le comparer au Mikrokosmos de Bartok.
    Pour qui souhaiterait en savoir un peu plus, une présentation de l'oeuvre et les titres en français des 43 pièces sont visibles ici.

    J'ai souhaité vous présenter de nouveau la Sonate pour violoncelle et piano op. 19 de Rachmaninov essentiellemnt pour vous dire qqs mots de sa soliste, Raya Garbousova. Célèbre violoncelliste née à Tbilissi en 1909, elle fut une artiste d'exception : son magnifique et technique remarquable ! Malgré les réticences de son père, elle a commencé à jouer du violoncelle à l'âge de six ans, se démarquant rapidement et étant admise au Conservatoire de Tbilissi. Son amour pour la musique s'est développé aux côtés d'une passion pour la littérature et la philosophie, façonnant une personnalité artistique unique.
    Dès l'adolescence, elle a impressionné le public avec ses interprétations d'oeuvres de Tchaikovsky et a rapidement acquis une renommée internationale. Ses études avec Diran Alexanian et ses rencontres avec des musiciens renommés comme Pablo Casals ont enrichi son jeu et influencé sa carrière. Elle a émigré aux États-Unis en 1939, où elle a enregistré diverses pièces majeures pour violoncelle et inspiré de nombreux compositeurs à écrire pour elle, notamment Samuel Barber.
    En tant qu'enseignante respectée, elle a partagé sa passion et son savoir avec les générations futures de violoncellistes. Son héritage perdure à travers ses enregistrements, ses collaborations et ses élèves reconnaissants. La disparition de Garbousova en 1997 a laissé un vide dans le monde de la musique, mais son impact durable continue d'inspirer et de fasciner ceux qui ont eu le privilège de la connaître, rappelant qu'elle était véritablement l'une des grandes artistes du siècle.

    L'enregistrement intitulé Music All Powerful - Music to Entertain Queen Victoria est un album qui se concentre - qui s'en serait douté ? - sur la musique de l'époque victorienne, avec des morceaux qui auraient pu être joués pour la Reine Victoria et son entourage. Cet album est particulièrement intéressant pour les amateurs d'histoire de la musique, car il offre un aperçu des styles musicaux qui étaient en vogue durant le règne de Victoria (1837-1901).
    Cet album pourrait inclure une sélection de pièces musicales populaires à l'époque, comme des oeuvres de compositeurs britanniques ou européens qui étaient en faveur à la cour. Il pourrait également comprendre des compositions dédiées à la Reine ou jouées lors d'événements spécifiques, comme des bals, des concerts privés, ou des cérémonies officielles. À voir en section Récitals.

    Pour terminer cette présentation, j'ajouterai que - tout comme la dernière fois - j'ai tenté d'intégrer ici, à côté d'autres oeuvres non négligeables (cfr liste ci-dessous), qq oeuvres que vous pourrez découvrir (peut-être) ci-dessous, qui "sortent de l'ordinaire", càd dont les auteurs sont peu ou guère représentés en BM : parmi celles-ci : la Sinfonietta et la Symphonie en sol mineur de Moeran, les Pièces de fantaisie de Vierne par Labric, ce dernier déjà largement évoqué ici ; la Symphonie n°23 de Miaskovsky - dont le sous-forum commence à s'étoffer peu à peu ; et surtout (je dis surtout car c'est une oeuvre qui m'émeut particulièrement et que je trouve magnifique) : la Romance pour violon et orchestre de Glière. Splendide

    La liste complète :
    • Frescobaldi : Pièces pour clavecin (Verlet)
    • Glière : Romance pour violon et orchestre
    • Haydn : Concerto pour violoncelle n°1 (x2)
    • Haydn : Quartetto pour luth, violon, alto et violoncelle
    • Mahler : Kindertotenlieder (x6)
    • Malipiero : Sogno d'un Tramonto d'Autunno (Rêve d'un coucher de soleil d'automne)
    • Miaskovsky : Symphonie n°23
    • Moeran : Sinfonietta
    • Moeran : Symphonie en sol mineur
    • Music all powerful - Music to entertain Queen Victoria
    • Paganini : Variations sur "Di tanti palpiti"
    • Prokofiev : Symphonie n°5
    • Rachmaninov : Sonate pour violoncelle et piano op. 19
    • Schumann : Album pour la jeunesse
    • Stravinsky : Impressions norvégiennes
    • Vierne : Pièces de fantaisie
    Bonnes écoutes à toutes et à tous

  8. #228
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    Re-bonjour à toutes et à tous

    Retour à notre nouvelle formule de livraison de mes packages, dorénavant mensuels mais proposés en plusieurs parties.
    À l'honneur dans cette première partie de ce package d'octobre, incontestablement deux compositeurs - dans des styles bien différents : Johann Christian Bach et Roberto Gerhard.

    JC Bach (1735-1782), le onzième fils de JS, est certes moins connu que son père, mais il a tout de même laissé une empreinte significative dans l'histoire de la musique. Il est particulièrement connu pour avoir joué un rôle essentiel dans le développement du style galant, qui a précédé et influencé le style classique viennois de Mozart et Haydn. Son style a particulièrement influencé le jeune Mozart, qui le considérait comme une figure importante.
    Contrairement à son père, qui est resté toute sa vie en Allemagne, JC Bach a vécu à Londres pendant une grande partie de sa vie. Là, il a composé de nombreuses symphonies, opéras et musique de chambre, contribuant à la vie musicale londonienne. Ses oeuvres étaient largement appréciées à son époque ; mais aujourd'hui leur diffusion et leur interprétation sont moins fréquentes. Au fil du temps en effet, l'intérêt pour JC Bach a fluctué. Son rôle dans l'évolution de la musique classique est certes reconnu, mais il n'a pas atteint la même stature populaire que celle de son père. Johann Sebastian Bach est considéré comme l'un des plus grands compositeurs de tous les temps, tandis que JC est davantage perçu comme un compositeur de transition entre les périodes baroque et classique.
    Serait-il "passé de mode" ? j'espère que les qqs extraits de son oeuvre proposés ici "démontreront" que ce serait bien dommage et que les auditeurs trouveront plaisir à les écouter.

    Roberto Gerhard n'est pas un inconnu ici ! et encore heureux ; mais Gerhard était jusqu'à présent bien peu présent en BM. Il fallait que cela change ! en effet jusqu'à présent seules deux oeuvres de lui figuraient en BM. C'était peu - surtout au regard de sa contribution importante à la musique contemporaine du XXe siècle. Élève d'Arnold Schoenberg à Vienne et Berlin, il a intégré les techniques de la musique sérielle et dodécaphonique tout en y apportant une touche personnelle influencée par les traditions musicales espagnoles, en particulier celles de la Catalogne.
    Après la guerre civile espagnole et l'arrivée au pouvoir de Franco, il s'exile en Angleterre, où il poursuit sa carrière, apportant également sa contribution à la musique électronique. Aujourd'hui, il est considéré comme l'un des compositeurs espagnols les plus influents du XXe siècle.
    Deux oeuvres de lui en BM étaient donc bien peu. Il fallait absolument enrichir ce corpus.
    Sa Symphonie n°4 "New York", composée en 1967, est souvent considérée comme un hommage vibrant à la ville de New York, reflétant son énergie et son dynamisme. La symphonie est marquée par un usage inventif des couleurs orchestrales et une structure audacieuse combinant des éléments sériels avec des influences rythmiques et mélodiques variées. Gerhard y montre une maîtrise de l'orchestre, créant une musique complexe et expressive qui capte le rythme trépidant de la ville.
    Le Concerto pour orchestre est l'une des oeuvres orchestrales les plus ambitieuses de Gerhard. Il met en valeur chaque section de l'orchestre, les opposant parfois dans des dialogues intenses ou les fusionnant dans des textures orchestrales denses et multiples. Ce concerto est souvent vu comme une exploration des possibilités variables, sonores et dynamiques, de l'orchestre.
    Son Concerto pour violon, écrit en 1942 pour le violoniste français Antonio Brosa, mêle lyrisme et complexité technique. Il utilise des motifs sériels tout en conservant une certaine expressivité mélodique, typique de Gerhard. Le violon solo est souvent placé en contraste avec l'orchestre, offrant des passages de virtuosité intense et des moments de grande introspection.
    Le Quintette à vents, composé en 1928, est l'une des premières oeuvres de Gerhard, écrite avant son exil. Il témoigne de son apprentissage avec Schoenberg tout en intégrant des influences folkloriques espagnoles.

    Encore une version de la Symphonie n°5 de Beethoven me direz-vous ? Certes, mais cette interprétation (sans doute déjà bien connue par nombre d'entre vous) est l'oeuvre du Concertgebouw d'Amsterdam dirigé par George Szell, célèbre pour ses interprétations tout à la fois claires, précises, rigoureuses et puissantes, est parfaitelment adaptée à la nature de l'oeuvre - me semble-t-il. De plus, diriger l'Orchestre du Concertgebouw qui, en 1966, était déjà considéré comme l'un des meilleurs orchestres du monde, n'était pas forcément un handicap ...
    Une petite place en BM ne m'a donc pas semblé superflue ...

    Rien de spécial à ajouter sur les autres oeuvres présentes ici cette fois, sauf peut-être sur l'enregistrement de La Damnation de Faust de Berlioz dirigé par Georges Prêtre en 1969, avec Marilyn Horne (en Marguerite), Nicolaï Gedda (en Faust), et le Choeur et Orchestre de l'Opéra de Paris, enregistrement largement reconnu pour sa qualité et souvent salué pour l'interprétation passionnée des chanteurs, la direction énergique et inspirée de Prêtre, et l'intensité de l'orchestre - tous éléments contribuant à faire de cette version une référence pour beaucoup de mélomanes et critiques.

    La liste complète des oeuvres ci-dessous, comme d'hab.
    • Antheil : Sonatina
    • Bach (Johann Christian) : 2 Duos pour clavecin à 4 mains
    • Bach (Johann Christian) : 4 Quintettes à vents
    • Bach (Johann Christian) : 6 Concertos pour piano op. 13
    • Bach (Johann Christian) : 6 Symphonies pour orchestre de chambre op. 3
    • Bach (Johann Christian) : Concerto pour basson n°2
    • Bach (Johann Christian) : Quintette avec clavier pour flûte, hautbois, violon, violoncelle et clavecin op. 22 n°2
    • Bach (Johann Christian) : Sinfonia concertante pour flûte, hautbois, violon, violoncelle et orchestre
    • Beethoven : Symphonie n°5
    • Berlioz : La Damnation de Faust
    • Dvorak : Chants bibliques
    • Gerhard : Symphonie n°4 "New York"
    • Gerhard : Concerto pour orchestre
    • Gerhard : Concerto pour violon
    • Gerhard : Quintette à vents
    • Gershwin : Rhapsody in Blue (version pour deux pianos)
    • Haendel : Sonates pour violon et basse continue
    Bonnes écoutes

  9. #229
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    Re-bonjour à toutes et à tous pour la seconde partie de ce package d'octobre

    La dernière fois, nous en étions restés à Haendel càd à la lettre H.
    Poursuivons avec Halvorsen, un compositeur déjà présenté (modestement) en BM, et sa Symphonie n°2 "Destin", une oeuvre (relativement) bien connue des amateurs de musique scandinave.
    Halvorsen a composé cette oeuvre vers la fin de sa carrière, en 1924, et elle reflète des influences à la fois de la musique romantique et du nationalisme norvégien. Bien que le sous-titre "Destin" évoque des thèmes universels comme la lutte face à la destinée, l'oeuvre reste très personnelle à Halvorsen, qui traverse une période de réflexion sur ses propres vie et carrière. Halvorsen s'inscrit dans la tradition romantique nordique, avec des similitudes stylistiques à Grieg (qui était son beau-frère) et d'autres compositeurs scandinaves de son temps. Ses orchestrations sont précises et détaillées, et il utilise souvent des éléments de la musique populaire norvégienne dans ses compositions.

    Voici pour suivre deux versions des Dialogues des Carmélites de Poulenc. La version de Sanzogno, en italien, n'est autre que l'enregistrement sur le vif de la première de la création mondiale le 26.01.57 à la Scala. Il se dit que l'usage de l'italien serait, au demeurant, conforme au souhait de Poulenc que l'oeuvre soit chantée dans la langue du pays.
    La version de Dervaux étant quant à elle la création française de l'oeuvre, toujours en 1957, le 21.06.1957.

    Toujours en compagnie de Sanzogno , Magister Josephus de Malipiero existe en deux versions : l'une orchestrale, l'autre chantée. Elle rend hommage à Josquin des Prés, grand compositeur bien connu de la Renaissance, d'où le titre faisant référence à Josquin sous son nom latinisé "Josephus". Malipiero était profondément influencé par la musique ancienne, et dans cette oeuvre, il explore des thèmes empruntés à Josquin tout en les réinterprétant dans un langage musical moderne. Elle témoigne ainsi du penchant de Malipiero pour une écriture qui transcende les époques, unissant passé et présent dans un style qui reste typiquement italien.
    La version instrumentale est la première des deux. Malipiero a ensuite « re-composé » cette oeuvre en tant que cantate pour choeur et orchestre. Cette version chantée - celle que je vous propose ici - incorpore des textes latins issus de l'oeuvre de Josquin des Prés et d'autres sources de la Renaissance, renforçant ainsi l'hommage direct à l'héritage polyphonique de Josquin.

    Pour le reste, rien de spécial à signaler. Les amateurs de Purcell (et je pense qu'ils sont nombreux ) seront comblés vu la présence d'un certain nombre cette fois de ses oeuvres, dont deux Didon et Enée, tous deux remarquables par la qualité des interprètes (jetez un oeil sur les distributions) ; j'ai par ailleurs choisi d'intégrer cette fois des oeuvres particulièrement bien servies par leurs interprètes : deux Rondos de Mozart (inédits en BM) par Serkin ; les Chants et danses de la mort pour voix et piano de Moussorgsky avec … Rostropovitch au piano ! ; la Symphonie n°2 de Kalinnikov avec Svetlanov ; le Concerto pour violon et orchestre de Wieniawski avec Szering ; deux versions des Liederkreis de Schumann avec respectivement Suzanne Danco et Sena Jurinac, excusez du peu ; quelques oeuvres de Stravinsky dirigées par Bruno Maderna et par Stravinsky lui-même ; et plusieurs autres choses non sans intérêt (dont La Tempête de Haydn, inédit jusqu'à présent en BM)

    Liste complète ci-dessous :
    • Halvorsen : Symphonie n°2 "Destin"
    • Haydn : La Tempête
    • Kalinnikov : Symphonie n°2
    • Liszt : Totentanz
    • Malipiero : Magister Josephus
    • Moussorgsky : Chants et danses de la mort, pour voix et piano
    • Mozart : Rondo KV 485
    • Mozart : Rondo KV 511
    • Poulenc : Dialogue des Carmélites (x2)
    • Purcell : Come, ye sons of Art, Ode pour l'anniversaire de la Reine Mary
    • Purcell : Didon et Énée (x2)
    • Purcell : Ode à Sainte Cécile
    • Purcell : When night her purple veil
    • Schumann : Liederkreis (x2)
    • Stravinsky : Introïtus, T.S. Eliot in memoriam
    • Stravinsky : Variations canoniques sur le Choral de Noël "Von Himmel hoch da komm ich her" de J.-S. Bach
    • Vivaldi : Concerto pour viole d'amour, cordes et continuo RV 394
    • Wieniawski : Concerto pour violon et orchestre n°2
    Bonnes écoutes

  10. #230
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    Rebonjour à tous et à toutes !

    Voici donc pour poursuivre la première partie de notre package de novembre, des initiales A à I.
    Celle-ci est comme vous le constaterez aisément surtout consacrée à une large sélection de concertos et de sonates de Beethoven par Hans Richter-Haaser.
    Richter-Haaser, pianiste allemand, est souvent salué pour ses interprétations intègres et réfléchies des oeuvres de Beethoven. Contrairement à d'autres pianistes qui adoptent des approches plus flamboyantes, Richter-Haaser est souvent considéré comme privilégiant la sobriété et la clarté de la structure musicale. De la sorte il évite les excès d'expressivité pour se concentrer sur la pureté du texte.
    Pour cette raison certains estiment que ses interprétations manquent parfois d'une certaine chaleur ou d'une intensité émotionnelle que d'autres pianistes, comme Kempff ou Schnabel par exemple, avaient apportées à ces mêmes oeuvres. Cela dit, pour ceux qui apprécient une approche plus "intellectuelle" - càd analytique et structurée, avec une technique impeccable et un respect total du texte, Richter-Haaser offre une lecture idéale. Ce qui serait intéressant d'ailleurs à discuter dans le cadre du forum, dans le cas bien entendu où il y aurait davantage de participants, ce qui malheureusement n'est plus le cas ...

    Pour le reste, un peu de "déjà-vu" dans des interprétations nouvelles que je trouve plutôt passionnantes ; par exemple, deux symphonies de Haydn - par Karl Böhm (toutes deux toutefois inédites en BM), les 12 Études pour piano de Chopin par Ashkenazy, ou encore deux versions d'Orphée et Eurydice de Gluck et le Requiem de Berlioz par Mitropoulos.

    Vous constaterez par ailleurs la présence de qqs compositeurs souvent négligés : Alfvén avec Festspel et sa Symphonie n°5 ; Bax avec November Woods ; et enfin Ireland avec Sarnia et son Sextuor pour clarinette, cor et quatuor à cordes, toutes oeuvres méconnues que vous découvrirez peut-être et je l'espère apprécierez

    La Symphonie n°5 de Alfvén a été composée en en 1942, soit assez loin dans sa carrière (il avait alors 70 ans), à une époque où il était déjà reconnu comme l'un des plus grands compositeurs suédois. Elle est peut-être moins jouée que d'autres de ses symphonies, mais son atmosphère très personnelle et introspective est très intéressante et à mon sens, plutôt émouvante. Contrairement à ses symphonies plus précoces dans sa carrière, celle-ci montre une musique plus sombre et introspective. La Seconde Guerre mondiale a influencé son atmosphère, ainsi qu'une certaine angoisse liée à l'âge du compositeur. On peut sentir une certaine tension entre la grandeur symphonique et une réflexion intérieure plus calme, avec des harmonies plus sombres et un ton généralement plus méditatif.
    November Woods d'Arnold Bax est un poème symphonique composé en 1917, très représentatif de l'univers de Bax, qui n'est sans présenter certaines similarités avec la symphonie d'Alfvén, essentiellement grâce à une atmosphère comparable, surtout dans le premier mouvement de la symphonie, où la gravité et la réflexion intérieure dominent la composition.
    Composé en pleine Première Guerre mondiale, November Woods reflète non seulement les impressions de Bax face à la nature automnale mais aussi son état d'esprit personnel durant cette période de guerre. Cette oeuvre est souvent vue comme une métaphore de l'âme humaine en lutte avec la dépression, la mélancolie et le passage du temps.
    Bax, tout comme Alfvén, sont capables d'exprimer une intensité émotionnelle profonde - et aussi notamment liée à la contemplation de la nature.

    Après ces qqs bribes d'information, la liste complète des oeuvres présentées cette fois, ci-dessous comme d'hab.
    • Alfvén : Festspel
    • Alfvén : Symphonie n°5
    • Bax : November Woods
    • Beethoven : Concerto pour piano n°3
    • Beethoven : Concerto pour piano n°4
    • Beethoven : Sonate pour piano n°1
    • Beethoven : Sonate pour piano n°2
    • Beethoven : Sonate pour piano n°3
    • Beethoven : Sonate pour piano n°16
    • Beethoven : Sonate pour piano n°18
    • Beethoven : Sonate pour piano n°26 "Les Adieux"
    • Beethoven : Sonate pour piano n°27
    • Beethoven : Sonate pour piano n°29 "Hammerklavier"
    • Beethoven : Sonate pour piano n°30
    • Beethoven : Sonate pour piano n°31
    • Beethoven : Sonate pour piano n°32
    • Berlioz : Requiem
    • Chopin : Études pour piano, op. 10
    • Gluck : Orphée et Eurydice (en français)
    • Gluck : Orphée et Eurydice (en italien)
    • Haydn : Symphonie n°89
    • Haydn : Symphonie n°90
    • Ireland : Sarnia
    • Ireland : Sextuor pour clarinette, cor et quatuor à cordes
    Bonnes écoutes à toutes et à tous



    Hans Richter-Haaser

  11. #231
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    Bonjour à toutes et à tous et bienvenue pour cette seconde partie de notre package de novembre
    Comme d'habitude, qqs mots de présentation de qqs-unes des oeuvres présentées cette fois :

    De nouveau Malipiero, dont ce Trittico présente avec Master Josephus, du même, présenté lui le mois dernier, une particularité et des similitudes : au départ c'est une oeuvre orchestrale, sorte de suite symphonique se divisant (qui l'eût cru ?) en trois parties ou si l'on préfère, en trois mouvements, chaque mouvement explorant des atmosphères et des sonorités distinctes, reflétant le style caractéristique de Malipiero, qui allie des éléments de la musique moderne à des influences plus traditionnelles italiennes.
    Toutefois la version que je vous propose ici est une version chantée, comportant de nombreux arrangements ainsi que du texte, oeuf corse. En effet, en 1970, l'Orchestre du Teatro La Fenice de Venise, sous la direction d'Ettore Gracis, a réalisé une version chantée de cette oeuvre. Cependant, Malipiero n'est pas stricto sensu l'« auteur » de cette version chantée, et il est probable que ce soit Gracis lui-même qui ait intégré des éléments supplémentaires à la version originale pour orchestre. Deux hypothèses sont généralement proposées : tout d'abord, le simple ajout d'une partie vocale ; il est possible que des fragments vocaux aient été ajoutés comme une sorte de complément, en respectant l'esprit de Malipiero tout en apportant une nouvelle dimension à son oeuvre orchestrale. Seconde hypothèse : l'inclusion d'un autre texte de Malipiero : Malipiero a composé un nombre important de pièces vocales, opéras et oratorios. Cette hypothèse est donc que Gracis a combiné certains autres travaux vocaux avec le Trittico dans un programme unique, qui serait alors passé à la postérité sous cette forme.
    Gracis était un grand chef d'orchestre et un fervent défenseur de la musique italienne moderne. Son travail avec Malipiero et d'autres compositeurs contemporains a joué un rôle important dans la diffusion de leurs oeuvres. Le fait qu'il ait dirigé une version interprétée de ce Trittico avec le prestigieux Orchestre du Teatro La Fenice en fait une production mémorable, susceptible d'avoir inclus des arrangements inédits. Quoi qu'il en soit, l'oeuvre reste bien celle de Malipiero avec, dirons-nous avec prudence, une sorte d'« arrangement » par Gracis.

    De nouveau également, Poulenc, avec notamment le Stabat Mater, que nous avions déjà en BM mais la version que je vous présente ici en est la création mondiale, le 13.06.51 par Fritz (le frère de Charles) Munch au Festival de Strasbourg ; une autre création mondiale : la Sonate pour flûte et piano par Rampal et Poulenc, toujours au Festival de Strasbourg, le 18.06.57.
    Et puisque nous parlons de créations mondiales, Thème et Variations de Schoenberg par Koussevitsky, pour orchestre (orchestration de la version pour instruments à vent) n'est autre que la première mondiale de la version pour orchestre.

    Quatre versions des Danses symphoniques de Rachmaninov pour suivre et trois versions des Quatre derniers lieder de Strauss.
    Les Danses symphoniques de Rachmaninov ont été composées en 1940. C'est la dernière oeuvre de Rachmaninov il me semble, et il s'agit d'une suite orchestrale en trois mouvements (Non allegro ; Andante con moto - Tempo di valse ; Lento assai - Allegro vivace). Malgré un succès modeste à sa création, cette oeuvre est aujourd'hui considérée comme un « testament musical » de Rachmaninov.
    Petite anecdote à propos de la version Ormandy : Rachmaninov s'adressant à l'orchestre avant la création de l'oeuvre : Quand j'étais jeune, Chaliapine était ma grande idole. Chaliapine n'est plus. Depuis lors, chaque fois que j'écris, c'est avec le son de Philadelphie dans mes oreilles. Aussi, qu'il me soit permis de dédier ma dernière composition au meilleur orchestre au monde, et à son chef, Eugène Ormandy ...
    Les Quatre derniers lieder quant à eux, ont été sélectionnés essentiellement pour la qualité et la notoriété des trois sopranos : Sera Jurinac, Leontine Price et Teresa Stich-Randall. Autant dire : une belle « brochette » de solistes !

    Au contraire des Danses symphoniques de Rachmaninov, La Gaieté parisienne d'Offenbach a très vite recueilli les faveurs du public, ainsi que des compagnies de ballet, en particulier en raison de ses rythmes rapides et de son atmosphère joyeuse.
    En fait, Il ne s'agit pas d'une composition originale d'Offenbach, mais d'une compilation et d'une réorchestration de ses oeuvres. En effet, ce ballet, certes basé sur la musique d'Offenbach, a été assemblé par Manuel Rosenthal et monté pour les Ballets Russes de Monte-Carlo en 1938, et est essentiellement constitué d'une série de scènes qui recréent l'ambiance parisienne avec une succession de danses, souvent basées sur des extraits de ses opéras bouffes comme Orphée aux Enfers ou La Vie parisienne.

    Et pour terminer, un peu de Ponce, un compositeur un peu négligé pour l'instant en BM plus qqs unes petites autres choses.
    Liste complète ci-dessous :
    • Liszt : Ballade pour piano n°2
    • Malipiero : Trittico
    • Offenbach : La Gaieté parisienne
    • Ponce : Sonata romantica pour guitare
    • Poulenc : 2 Marches et un intermède pour orchestre de chambre
    • Poulenc : La Dame de Monte-Carlo
    • Poulenc : Sinfonietta pour orchestre
    • Poulenc : Sonate pour flûte et piano
    • Poulenc : Stabat Mater
    • Poulenc : Suite française d'après Claude Gervaise
    • Rachmaninov : Danses symphoniques (x4)
    • Scarlatti (Alessandro) : Cantate pastorale
    • Schoenberg : Thème et Variations, pour orchestre
    • Strauss (Richard) : Quatre derniers lieder (x3)
    • Stravinsky : 2 Poèmes de Constantin Balmont
    • Stravinsky : 3 Chansons de Shakespeare
    • Stravinsky : 3 Poésies de la lyrique japonaise
    • Telemann : Passion selon Saint Matthieu en sol majeur
    Bonnes écoutes à tout le monde

  12. #232
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    Noter que le Poulenc est dirigé certes par Münch, mais Fritz (le frère de Charles Munch : il semble y avoir une subtilité sur le ¨qui orne le u)
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  13. #233
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    Ah ! merci de le préciser ! c'est corrigé ! marre de cet Admin : il aurait dû le savoir, cet abruti !

  14. #234
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    Re-bonjour à tout le monde !

    Re-bonjour à toutes et à tous pour la première partie de ce nouveau package (de la lettre B à la lettre M), le dernier pour cette année - et je vous promets pour 2025 de nombreuses très bonnes surprises ! mais n'anticipons pas, à chaque jour suffit sa peine.

    Le Petit Livre d'Anna Magdalena Bach est un recueil de pièces musicales que Bach a assemblées pour sa seconde épouse, Anna Magdalena, et leurs enfants. Ce cahier est en fait composé de deux recueils distincts, compilés en 1722 et 1725. C'est un vrai document qui nous offre un aperçu de la vie musicale domestique de la famille Bach.
    Ce recueil est essentiel pour comprendre la musique domestique du XVIIIe siècle, car il révèle comment Bach utilisait la musique dans son cercle familial, tant pour enseigner que pour divertir. Le Petit Livre est aussi un rare exemple de compilation familiale où l'on retrouve des oeuvres en cours d'apprentissage ou de perfectionnement, et il est l'un des rares documents autographes montrant le répertoire quotidien d'une famille de musiciens baroques.
    Il comporte en général 60 pièces ; pour le coup, je ne puis vous en proposer que 13, sorry

    J'ai aussi attribué l'insigne privilège de figurer dans notre BM ( encore de l'humour belge - autodérision ) à Saverio Mercadante (1795 - 1870), un compositeur presque inconnu mais brillant. En raison de l'ignorance presque totale par le public, l'édition et la critique, il était particulièrement compliqué de trouver des oeuvres éligibles pour notre BM de lui. J'ai toutefois réussi à trouver ses trois Concertos pour flûte par Rampal (merci à lui ). Par exemple, le Concerto pour flûte en mi mineur est l'une de ses oeuvres les plus "célèbres" et les plus enregistrées dès les années 1960.
    J'aime beaucoup ce compositeur, que je n'ai découvert qu'assez récemment.
    Dans tous les cas, ces trois concertos pour flûte de Mercadante avec Rampal figurent peut être parmi les plus "connus" et appréciés, notamment grâce à la virtuosité de Rampal. Je vais continuer mon investigation et tenter de vous proposer plus tard, si possible, d'autres oeuvres de Mercadante. Ça semble vraiment valoir le coup d'oreille !

    Pour poursuivre, un vrai coup de coeur : 4 Sonates bibliques de Kuhnau par Albert Fuller ; des pièces pour clavecin où Fuller intervient aussi comme récitant. Bon ça gratte un peu mais perso je trouve cette écoute complètement fascinante, et quasi hypnotique (pour moi). Je suis obligé de placer cette oeuvre en "Divers", car il y a très peu de chances que l'on trouve à ce jour d'autres oeuvres de Kuhnau. Si cela change, il aura droit à son propre sous-forum.
    Pour en savoir plus sur ces Sonates, c'est ici ; description et textes, tout y est. Une page vraiment très utile - même si c'est bien entendu toujours l'écoute qui reste la plus importante
    Concernant l'interprète, Albert Fuller (1926 - 2007) fut un claveciniste, chef d'orchestre et professeur américain influent. Après des études à la cathédrale nationale de Washington, il poursuit sa formation musicale au Peabody Conservatory et à Yale, où il se spécialise dans le clavecin. Fuller fait ses débuts en récital à New York en 1957 et acquiert rapidement une solide réputation en Europe et aux États-Unis grâce à sa discographie riche. En tant qu'enseignant, il a formé plusieurs générations d'interprètes à la musique ancienne, tout en explorant des répertoires du XIXe siècle avec des instruments d'époque. En 1964, il devient professeur à la Juilliard School of Music et fonde la Fondation Aston Magna en 1972, dédiée à la musique ancienne. Spécialiste de la musique française et de Bach, ses enregistrements sont largement acclamés. Fuller a aussi écrit des ouvrages sur la musique, soulignant l'importance de l'authenticité dans l'interprétation musicale.

    Évelyne Crochet - objet d'un récent MQED - est notamment reconnue pour ses interprétations de Debussy et Ravel, mais aussi de Fauré - entre autres. Aujourd'hui, c'est vers Fauré que nous nous tournons, avec de superbes interprétations des Barcarolles, de la Mazurka, des Romances sans paroles mais aussi l'Intégrale des Nocturnes pour piano ; si Crochet est si reconnue pour ses interprétations de Fauré, c'est parce qu'elle en elle saisit parfaitement l'élégance et la subtilité. Ses enregistrements des oeuvres pour piano de Fauré sont souvent salués pour leur sensibilité et leur finesse, capturant à merveille la mélancolie et la profondeur des compositions du compositeur. Fauré demande une approche tout en retenue et en nuances, qualités qu'Évelyne Crochet maîtrise parfaitement. Son jeu met en lumière le lyrisme intérieur et l'harmonie sophistiquée de Fauré, qui oscillent souvent entre romantisme et impressionnisme.
    À l'instar de Crochet, un autre pianiste de renom, Jean-Rodolphe Kars, qui ne nous a laissé malheureusement que peu d'enregistrements. Retrouvons-le ici avec Debussy et sa Fantaisie pour piano et orchestre mais aussi les deux Livres des Préludes pour piano.
    Kars, tout comme Brunhoff, est un pianiste entré dans les ordres.
    Peu d'enregistrements. Il y a bien aussi un Messiaen suberbe, ainsi que l'intégrale du piano de Schoenberg - de 1975 hélas. Donc tous deux inéligibles pour la BM pour l'instant.

    Pas simple de présenter, de Beethoven, Léonore, rebaptisé plus tard Fidelio même si en général la genèse de l'oeuvre est bien connue. Il s'agit du seul opéra de Beethoven, et à ce titre, il occupe une place particulière dans son oeuvre.
    Fidelio est un opéra marquant non seulement pour Beethoven mais aussi pour l'histoire de l'opéra en général. Il allie la profondeur émotionnelle de l'opéra au style symphonique de Beethoven, faisant de cette oeuvre un monument du répertoire, marquée par sa densité musicale et son message intemporel de liberté et d'humanisme.
    Quant à Léonore, on peut effectivement considérer l'oeuvre comme une version « préliminaire » de Fidelio ; toutefois les deux titres renvoient à des versions distinctes de l'oeuvre, témoignant d'une évolution significative du style, du livret, et de l'approche musicale de Beethoven au fil des années. Léonore et Fidelio sont donc les étapes d'une transformation artistique qui a conduit Beethoven à revoir et approfondir son unique opéra.
    En somme, on peut dire que Léonore et Fidelio sont bien la même oeuvre dans leur essence, mais que l'une représente une étape vers la version finale, marquée par des remaniements importants qui illustrent le perfectionnisme et l'évolution artistique de Beethoven. Léonore est donc une esquisse audacieuse de Fidelio, et la version finale de 1814 peut être vue comme l'aboutissement d'une vision soigneusement retravaillée des versions précédentes.
    Vous en trouverez ici deux versions, l'une par Leinsdorf, l'autre par Leitner.

    Tout comme les mois derniers, voici pour finir qqs oeuvres de compositeurs souvent négligés et peu représentés en BM : la Symphonie n°2 de Balakirev ; l'Adagio appassionato de Hartmann (une adaptation du mouvement final de sa Symphonie n°4, souvent présentée comme une oeuvre « autonome ») ; et Rio Grande de Lambert.

    La liste complète ci-dessous :
    • Bach : Petit Livre d'Anna-Magdalena Bach (13 pièces)
    • Balakirev : Symphonie n°2
    • Beethoven : Léonore (x2)
    • Debussy : Fantaisie pour piano et orchestre
    • Debussy : Préludes pour piano, Livres I et II
    • Fauré : Barcarolles
    • Fauré : Nocturnes pour piano, intégrale
    • Fauré : Mazurka pour piano
    • Fauré : Romances sans paroles
    • Hartmann : Adagio appassionato
    • Kuhnau : 4 Sonates bibliques
    • Lambert : Rio Grande, poèmes pour voix, piano et orchestre
    • Mercadante : Concerto pour flûte et orchestre en mi majeur
    • Mercadante : Concerto pour flûte et orchestre en mi mineur
    • Mercadante : Concerto pour flûte et orchestre en ré majeur
    • Monteverdi : Sonata sopra Sancta Maria ora pro nobis
    Bonnes écoutes à toutes et à tous



    Évelyne Crochet

  15. #235
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    Bienvenue à tout le monde pour ce dernier « demi-package » de l'année

    Qqs mots sur cette livraison, typiquement « Un peu de tout ».

    Je commencerai par le premier de la liste, The Beggar's Opera, un titre connu de tous, par Pepusch et Gay, dont les noms sont à l'inverse peu connus de tous.
    Il est communément admis que Pepusch en composa la musique et que c'est John Gay qui en écrivit le texte. Toutefois cette approche n'est pas suffisamment précise.
    Pepusch ne composa stricto sensu que l'ouverture de l'ouvrage.
    Ce « ballad opera » était constitué de 69 chansons et airs populaires divers, réunis à l'initiative de Jonathan Swift et Alexander Pope, qui imaginaient « a Newgate pastoral among the thieves and whores there » (une pastorale à Newgate parmi les voleurs et les putains qui s'y trouvent - Newgate étant une célèbre prison de Londres, cadre parfait pour une « pastorale » !). Gay, leur ami, trouva qu'il valait mieux en faire une oeuvre satirique contre le premier ministre Walpole et les classes dirigeantes, et dénonçant les injustices et inégalités sociales. Il voulait au départ que tout fût chanté a cappella dans le style des rues, pour ajouter à l'aspect choquant et graveleux. Mais le directeur du théâtre demanda à Pepusch, quelques jours avant la première, d'écrire une ouverture et de reprendre les airs.
    Pepusch a donc plus oeuvré comme « arrangeur » que comme véritable compositeur : cet opéra se distingue en effet par l'utilisation de chansons populaires, airs folkloriques, et extraits d'opéras connus, que Pepusch a réarrangés. Ces mélodies étaient bien connues du public londonien de l'époque, et l'idée d'utiliser des chansons populaires était centrale au concept du ballad opera. En cela, Pepusch n'a pas composé la plupart de la musique ex nihilo, mais il a harmonisé ces airs et les a adaptés pour la scène. Il est donc plus juste de dire qu'il a agi comme un arrangeur.
    John Gay quant à lui a joué un rôle central et déterminant dans The Beggar's Opera, notamment dans la création de l'intrigue, la structure satirique, et le choix des chansons. Son implication spécifique se décline en plusieurs aspects essentiels : l'écriture du livret, c'est-à-dire du texte et des dialogues de l'opéra. Il a conçu l'intrigue, les personnages, et la structure narrative, qui suivent les conventions du théâtre et de la satire. L'histoire met en scène des voleurs, des prostituées, et des personnages de bas-fonds, servant de métaphore pour critiquer la corruption politique et sociale de l'époque. L'une des cibles principales est Robert Walpole, le premier ministre, dont la politique et les abus sont ridiculisés à travers des personnages comme Macheath, le bandit séducteur, et Peachum, le receleur et maître des intrigues ; le choix et l'intégration des airs populaires : Gay a choisi et intégré 69 airs populaires, chansons folkloriques, et mélodies d'opéras pour illustrer l'action et les émotions des personnages. Ces chansons étaient déjà bien connues du public, ce qui créait un contraste ironique entre les airs légers ou romantiques et le contenu souvent sombre ou satirique des paroles qu'il y ajoutait ; en réutilisant ces airs, Gay visait à renverser les conventions de l'opéra italien (très populaire à Londres à l'époque) et à s'adresser directement à un public plus large, qui pouvait facilement s'identifier à des airs simples et reconnaissables ; la critique sociale et politique : l'oeuvre de Gay est une satire mordante des classes dirigeantes et des institutions ; à travers ses personnages, qui se comportent comme les élites corrompues qu'il parodie, Gay critique la justice, la politique, et l'inégalité sociale ; l'ironie réside dans le fait que les voleurs et les criminels de The Beggar's Opera se comportent de la même manière que les politiciens et les aristocrates, suggérant que la moralité de la société entière est gangrenée ; la conception globale de l'oeuvre : Gay a conçu l'idée d'une pastorale inversée, où les classes basses, souvent négligées ou stigmatisées, deviennent les protagonistes d'une oeuvre dramatique ; ce renversement des rôles habituels était une manière de subvertir les attentes du public tout en exposant les travers de la société.
    En résumé : John Gay a été l'architecte principal de The Beggar's Opera, à la fois en tant qu'auteur du texte et en tant que concepteur de l'ensemble de l'oeuvre. Il a utilisé les chansons populaires de manière ingénieuse pour souligner la satire sociale et politique de l'opéra. Son implication va bien au-delà de l'écriture des dialogues : c'est lui qui a structuré l'oeuvre, déterminé son ton et son message, et choisi les éléments musicaux (avec Pepusch apportant son expertise pour harmoniser et structurer ces airs). Gay a donc donné à l'oeuvre sa forme et son impact social, tandis que Pepusch l'a ancrée musicalement.
    La seule composition originale de Pepusch dans The Beggar's Opera est l'ouverture orchestrale. Si elle est importante pour introduire l'oeuvre, elle ne représente qu'une petite partie de l'ensemble, en comparaison des chansons et dialogues qui constituent l'essentiel de l'opéra.

    Pour suivre, retour « en fanfare » (si j'ose dire ) de Jean Rogister, dont Schosta m'avait il y a qq tps déjà souligné l'intérêt, raison pour laquelle j'avais décidé de lui ouvrir son propre sous-forum, qui ne contenait jusqu'à présent qu'une seule oeuvre ; cela fait une éternité que nous cherchons son Requiem - sans succès. Mais surprise : c'est avec son Concerto pour violon que Rogister fait son grand retour, dans une interprétation avec Henri Koch au violon.
    Henri Koch (1903-1969) fut un violoniste belge de renom. Il a souvent collaboré avec Fernand Quinet et l'Orchestre symphonique de Liège, et il a joué un rôle important dans la diffusion de la musique belge.

    Il m'a semblé amusant de proposer ensuite deux "versions" de Shéhérazade : la version pour voix et orchestre de Ravel et la version orchestrale de Rimski-Korsakov.
    Les trois versions de Ravel sont remarquables essentiellement grâce à leurs solistes : Teresa Stich-Randall, Janet Baker et Régine Crespin.
    Les trois versions orchestrales de RK sont quant à elles portées par trois chefs de renom (c'est peu dire) : Svetlanov, Ansermet et Stokowski.

    Oberon, de Weber, intéressera (je l'espère ) par son mélange original de thèmes féeriques et orientaux, d'humour et de romantisme. Composé en 1826, juste avant la mort prématurée de Weber, il est souvent considéré comme un opéra de transition entre le classicisme et le romantisme, et comme une oeuvre précurseur en matière de fantastique dans l'opéra.
    Le livret est basé sur le poème de Christoph Martin Wieland, qui s'inspire de légendes médiévales et de contes populaires. Cette trame, bien qu'attractive, a parfois été jugée confuse et a donné du fil à retordre à Weber. L'histoire est complexe, impliquant des luttes entre l'amour et la magie, et bien que cela ait pu nuire à sa clarté dramatique, cela confère à l'oeuvre une atmosphère mystérieuse et envoûtante.
    Musicalement, Oberon est réputé pour ses innovations orchestrales et son utilisation d'effets instrumentaux pour suggérer des éléments surnaturels, comme le son de la harpe pour évoquer les apparitions féeriques ou les bois pour dépeindre l'exotisme des terres lointaines. Son ouverture est particulièrement célèbre pour sa fraîcheur et son énergie. Elle capte parfaitement l'esprit aventureux et magique de l'opéra, et reste souvent interprétée de manière indépendante.
    Bien que moins joué et moins réputé que Der Freischütz, Oberon mérite ainsi l'attention pour son rôle dans l'évolution de l'opéra romantique et pour la beauté de ses airs.
    Je vous en propose ici deux versions : l'une par Kubelik (enregistrement de 1971), l'autre par Keilberth (enregistrement de 1950) - tous deux ayant enregistré des interprétations bien connues d'Oberon, et chacune avec des qualités différentes qui les rendent toutes deux dignes d'intérêt.
    Kubelik a enregistré Oberon en studio en 1971 avec le Bayerisches Staatsorchester. Cette version se distingue par son approche poétique et par la finesse de la direction de Kubelik, qui capture parfaitement les nuances féeriques et dramatiques de l'oeuvre. Les chanteurs y sont remarquables, avec notamment Birgit Nilsson dans le rôle de Rezia, qui apporte une puissance vocale impressionnante. Cette interprétation est souvent citée comme une référence, car Kubelik parvient à exprimer à la fois la légèreté et la profondeur émotionnelle du conte, sans alourdir l'intrigue.
    Keilberth quant à lui a enregistré une version live en 1950 avec le Bayerisches Staatsoper. Sa direction est plus énergique et dramatique que celle de Kubelik, ce qui en fait une interprétation pleine de vie. Bien que la qualité sonore de l'enregistrement porte le poids de son âge, cette version est souvent appréciée pour son intensité et son dynamisme. La distribution vocale, bien que moins prestigieuse que celle de Kubelik, est néanmoins solide et donne une interprétation engagée.
    En fin de compte, Kubelik est souvent préféré pour sa subtilité et son souci des détails orchestraux, tandis que Keilberth offre une version plus brute et passionnée. Si vous recherchez une interprétation qui mette l'accent sur le caractère onirique et la beauté mélodique, Kubelik est probablement le meilleur choix. Si, au contraire, vous aimez une lecture plus énergique et dramatique, Keilberth mérite bien entendu aussi l'écoute

    Pour le reste, un peu de tout come je l'annonçais plus haut, avec cependant qqs nouveautés, dont Gedichte der Königin Maria Stuart de Schumann, les deux Messes de Vierne, l'Ouverture "Burlesque de Quixote" pour cordes et continuo de Telemann ou encore la Sonate pour piano n°2 "Sonate fantaisie" de Scriabine ou Ecuatorial de Varèse ; mais aussi un peu de Rossini, de Sibelius, de Stravinsky et de Vivaldi.

    La liste complète ci-dessous, comme d'hab :
    • Pepusch et Gay : The Beggar's Opera
    • Ravel : Shéhérazade, 3 mélodies pour soprano et orchestre (x3)
    • Rimski-Korsakov : Schéhérazade (x3)
    • Rogister : Concerto pour violon
    • Rossini : Stabat Mater
    • Schumann : Gedichte der Königin Maria Stuart
    • Scriabine : Sonate pour piano n°2 "Sonate fantaisie"
    • Sibelius : Finlandia
    • Stravinsky : Circus polka
    • Telemann : Ouverture "Burlesque de Quixote" pour cordes et continuo
    • Varèse : Ecuatorial
    • Vierne : Messe basse pour les défunts
    • Vierne : Messe basse, pour orgue
    • Vivaldi : Gloria
    • Weber : Oberon (x2)
    Bonnes écoutes

  16. #236
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    Citation Envoyé par Philippe Voir le message
    Keilberth […] La distribution vocale, bien que moins prestigieuse que celle de Kubelik
    C’est vite dit ! En 1950, Teschemacher, Roswaenge, Ludwig, Schmitt-Walter, ce n’est pas de la petite bière ! C’est tout aussi prestigieux que le cast 20 ans plus tard de Kubelik !

  17. #237
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    Heu oui peut-être ... c'est sûrement que je les connais moins - voire très peu. Mais le raccourci était un peu rapide, je l'admets volontiers. Sorry !

  18. #238
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    Bonjour à tous et meilleurs voeux pour cette année nouvelle !

    Ce premier package de l'an 2025 est en fait un package « de transition » : en effet il ne tient volontairement pas compte des « nouveaux arrivants » décédés en 1974 - ça, ce sera pour la prochaine fois ! et d'autre part, il est entièrement redevable à lebewohl, qui a souhaité vous présenter deux « couples » absolument remarquables : Brahms/Klemperer et Chopin/Rubinstein. Mais quelle bonne idée, mon dieu ! Qu'il en soit ici infiniment remercié (d'autant que ça me laisse un peu de temps pour préparer la suite ).
    La seule intervention que je m'autoriserai sera donc cette fois de vous présenter la liste des oeuvres :
    • Brahms : Concerto pour violon
    • Brahms : Intégrale des Symphonies (et autres oeuvres symphoniques) (Otto Klemperer, 1954-57)
    • Brahms : Ouverture pour une Fête académique
    • Brahms : Ouverture tragique
    • Brahms : Rhapsodie pour contralto, choeur d'hommes et orchestre
    • Brahms : Variations sur un thème de Haydn (version pour orchestre)
    • Chopin : 3 Etudes pour piano op. posthume
    • Chopin : 51 Mazurkas
    • Chopin : Andante spianato et Grande polonaise
    • Chopin : Ballades pour piano
    • Chopin : Barcarolle
    • Chopin : Berceuse
    • Chopin : Berceuse
    • Chopin : Boléro
    • Chopin : Concerto pour piano n°1
    • Chopin : Concerto pour piano n°2
    • Chopin : Fantaisie
    • Chopin : Impromptus
    • Chopin : Nocturnes pour piano
    • Chopin : Polonaises n°1 à n°7
    • Chopin : Préludes pour piano op. 28
    • Chopin : Sonate pour piano n°2
    • Chopin : Sonate pour piano n°3
    • Chopin : Tarentelle
    • Chopin : Valses
    Et pour la présentation en elle-même, c'est très logiquement à Leb que je cède la parole :

    Il n'y avait jusqu'à présent, de Brahms par Klemperer, que le (magnifique) Requiem allemand. Voici, datant des années 50, les quatre symphonies avec l'orchestre Philharmonia, mais aussi l'Ouverture pour une Fête académique et l'Ouverture tragique, les Variations sur un thème de Haydn, et aussi la Rhapsodie pour alto et choeur d'hommes avec Christa Ludwig. On peut imaginer pire comme interprètes. Je crois d'ailleurs que c'est mon cycle de symphonies de Brahms préféré, mais enfin ce n'est pas le seul magnifique, bien sûr, et mon avis personnel ne vaut que ce qu'il vaut, pas grand chose.
    Klemperer est souvent considéré comme un chef spécialisé dans un étroit répertoire germanique. A la fin de sa vie il a de fait surtout dirigé le répertoire austro-allemand, avec une prédilection pour Mozart, Beethoven, Brahms et Mahler. C'est le cas ici, mais on ne boudera pas son plaisir. On l'imagine aussi toujours très lent. Là encore, ces derniers enregistrements sont, il est vrai, parfois lents, mais comparez sa 4e symphonie de Brahms avec celle par Szell, qui est dans la BM. Qui est le plus lent ? Szell, rarement considéré comme un lambin. Au demeurant, Klemperer, même lent, avance (on pourra, sans doute, trouver telle ou telle exception dans ses tout derniers enregistrements, mais ce n'est pas le cas).
    Bref, je me suis régalé, j'espère que ce sera le cas pour tout le monde.
    Le deuxième lot d'enregistrements c'est Chopin par Rubinstein. Pas une intégrale, mais une vaste sélection. Je ne suis en rien un spécialiste de Chopin (je veux dire par là encore moins que d'autres compositeurs) mais enfin c'est une association qui ne manque pas d'intérêt, je trouve. Je préfère sans doute les Nocturnes par Arrau, par exemple, mais sans argument particulier.


    Merci Leb, et grâces te soient rendues pour cet envoi exceptionnel
    Bonne écoutes à toutes et à tous !

  19. #239
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    Re-bonjour à toutes et à tous après ce package hors-normes « spécial Leb », qui vous aura enthousiasmés je n'en doute pas

    Retour donc à une formule plus traditionnelle, avec cependant une nouveauté importante ! l'arrivée dans le domaine public de nombreux compositeurs - décédés donc en 1974 - comme vous l'a expliqué mah70 dans sa récente PL, qu'il a décidé de limiter à cinq compositeurs : Atterberg, Jolivet, Knipper, Martin et Milhaud.
    Trois compositeurs répondant aux mêmes critères vont venir s'ajouter aujourd'hui à cette liste déjà impressionnante : Absil, Partch et Wellesz.
    Je vais tenter de vous les présenter tous les trois par la suite, mais non sans avoir précisé auparavant que cette livraison comprendra également d'autres oeuvres échappant à ce critère.

    J'ignore si vous connaissez déjà bien Jean Absil. Absil (1893 - 1974) est un (excellent) compositeur belge ; il fut aussi un pédagogue réputé, figure marquante de la musique belge du XXe siècle. Né à Bon-Secours, près de la frontière française, il manifeste très tôt des talents pour la musique. Il intègre le Conservatoire royal de Bruxelles, où il se forme à l'orgue, au piano et à l'écriture musicale sous la direction de professeurs prestigieux tels qu'Alphonse Desmet et Paul Gilson. Après ses études, Absil remporte le second Prix de Rome belge en 1922, une distinction qui souligne déjà la qualité de sa création musicale.
    Jean Absil est un compositeur dont l'esthétique oscille entre néoclassicisme et modernisme assuré. Son langage musical se caractérise par une tonalité élargie et une grande maîtrise contrapuntique, influencé par des compositeurs comme Stravinsky et Hindemith. Il se distingue par une approche rigoureuse de la forme et une curiosité constante pour l'exploration des couleurs orchestrales. Ses rencontres avec Jacques Ibert, Darius Milhaud et Arthur Honegger à Paris, où il voyage après avoir obtenu le Prix Rubens en 1934, ont aussi enrichi sa perspective musicale.
    En parallèle à sa carrière de compositeur, Absil s'est distingué comme enseignant et théoricien. Professeur d'harmonie et de contrepoint au Conservatoire royal de Bruxelles, il a formé plusieurs générations de musiciens, dont la compositrice Nini Bulterijs. Il a également publié des ouvrages pédagogiques, contribuant à la diffusion de ses idées sur la composition et l'analyse musicale. Absil a joué un rôle important dans la vie musicale belge en siégeant à l'Académie royale de Belgique et en recevant des distinctions prestigieuses, notamment le Prix Quinquennal du Gouvernement belge pour la musique.
    L'héritage de Jean Absil repose autant sur sa contribution artistique que sur son influence en tant que pédagogue. Sa musique, riche et variée, reste un témoignage d'une époque de transformations esthétiques, et son impact sur les musiciens belges du XXe siècle est resté considérable.
    Je vous propose aujourd'hui cinq de ses oeuvres : un Récital de Mélodies, Peau d'Âne, une suite de ballet, deux de ses Concertos pour piano et sa Symphonie n°4.
    Et si voulez en savoir plus sur lui, voici pour terminer un lien vers sa fiche Wiki

    De même pour Harry Partch : un petit renvoi en guise de présentation vers sa page Wiki à l'attention de ceux qui le connaîtraient mal ou peu. Ou pas du tout ...
    Comme vous le constaterez, et surtout à l'écoute des qqs oeuvres que je vous propose d'écouter de lui, Partch est un compositeur américain complètement original et atypique - car échappant à toute classification, un créateur visionnaire hors-pair, notamment grâce aux instruments en grande partie de son invention qui composent la toute grande majorité de ses créations - tout cela combiné à une inspiration et à un sens du rythme et à des sonorités inédites à ma connaissance (même si à certains moments il me fait penser à la musique balinaise).
    Compositeur, mais aussi théoricien, inventeur et musicien, il est surtout connu pour avoir rejeté le système de tempérament égal occidental en faveur d'un système basé sur une échelle de 43 tons par octave, qu'il a lui-même conçue.
    Partch considérait que la musique occidentale traditionnelle avait perdu son lien avec les inflexions naturelles de la parole et la richesse harmonique qu'offrent les intervalles microtonaux. En réponse, il a développé sa propre théorie musicale, ancrée dans les principes de l'intonation juste et des rapports mathématiques précis entre les sons. Pour interpréter sa musique, Harry Partch a conçu et fabriqué une cinquantaine d'instruments uniques. J'en reparle plus bas.
    Une bonne introduction à son oeuvre pourrait bien être à mon sens, 11 Intrusions, pour voix et instruments, pour petits ensembles comportant voix, soprano, récitant, alto adapté, guitares adaptées I, II et III, kithara, harmonic canon, "cliquetis de sabots de cerf indien", cloud-chamber bowls, marimba diamant et marimba basse. Si vous êtes séduits, poursuivez vite !
    The Bewitched (1955) est une oeuvre emblématique et radicale de Harry Partch, souvent qualifiée de "fantaisie chorégraphique" ou "ballet-satire". C'est un travail multidisciplinaire où musique, théâtre et danse se rencontrent sur le thème de la critique sociale. Composée en 1955, The Bewitched reflète l'engagement de Partch pour une musique intégrée à la performance dramatique, influencée par des formes théâtrales antiques et non occidentales.
    Il s'agit d'une commande du Théâtre de Danse Contemporain de l'Université de l'Illinois, où l'oeuvre a été créée en 1957.
    The Bewitched explore l'idée de l'envoûtement (ou "bewitchment") comme une métaphore des désirs humains et des absurdités de la vie moderne. L'oeuvre se compose de 10 scènes indépendantes, chacune mettant en scène des personnages pris dans des situations absurdes ou satiriques.
    À ce titre chaque tableau présente une sorte de "rituel" où les personnages, au départ enfermés dans leurs routines ou illusions, sont "envoûtés" et libérés par un processus cathartique. La figure de la Sorcière est ainsi au coeur de l'oeuvre. Elle n'est pas un personnage maléfique, mais une sorte de médiatrice, orchestrant les transformations des personnages. Elle est interprétée par une danseuse, parfois accompagnée de gestes ou de paroles.
    La musique de The Bewitched est écrite en grande partie pour les instruments microtonaux uniques de Partch, ce qui lui donne une texture sonore particulière - c'est peu de le dire ; pour exemple : koto, boo, marimba de bambou, diamond marimba, marimba eroica, marimba basse, chromelodeon, khitara I, khitara II, surrogate khitara, gong, spoils of war, cloud-chamber bowls, piccolo, etc. Pour qui souhaiterait en savoir plus sur l'instrumentarium particulier de Partch, je ne puis que conseiller la lecture de ces deux pages (toutes deux en anglais, mais Google est notre ami pour les non-anglophones) : ici et ici.
    Le résultat est une musique à la fois exubérante, hypnotique et ritualiste, où le rythme joue un rôle crucial pour accompagner les mouvements des danseurs (et des auditeurs que nous sommes ).
    Plectra (ou plus complètement Plectra and Percussion Dances) est une suite en trois parties mêlant musique, mouvement et théâtre. Chaque section utilise une instrumentation microtonale unique, avec une forte emphase sur le rythme et la texture sonore.
    Chacune des trois parties dispose de son propre caractère et de sa propre dynamique (je vous en propose d'ailleurs ici ces trois parties isolément ainsi que la version complète de l'oeuvre).
    Castor et Pollux est basé sur des cycles répétitifs, avec une forte interaction entre les cordes pincées (plectra) et les percussions ; l'atmosphère est rituelle et hypnotique, mêlant pulsations rythmiques et harmonies microtonales. Ring Around the Moon est une section plus légère et ludique, avec une qualité quasi-dansante ; elle reflète un rituel imaginaire, associé à une célébration mystérieuse sous une pleine lune. Even Wild Horses, le dernier segment est le plus dramatique et le plus dynamique ; Partch l'a conçu comme une musique de danse autonome, évoquant une cavalcade sauvage ; l'énergie rythmique est ici à son apogée, avec des lignes mélodiques qui se chevauchent et une interaction complexe entre cordes et percussions.
    Comme à l'accoutumée, l'oeuvre utilise de nombreux instruments conçus par Partch.
    L'approche de Partch fusionne ici tradition et modernité, empruntant aux mythes anciens tout en utilisant une esthétique sonore radicalement nouvelle. Plectra n'est sûrement pas l'oeuvre la plus célèbre de Partch ; elle est pourtant saluée pour sa richesse rythmique, son inventivité et la capacité de Partch à créer des univers sonores novateurs et captivants.

    Egon Wellesz (1885 - 1974) est au contraire des deux précédents, bien plus connu (quoique peu documenté). Ce fut un compositeur, musicologue et historien de la musique, autrichien d'origine juive, ayant joué un rôle important dans la musique moderne et dans l'étude de la musique byzantine.
    Né à Vienne, il a étudié à l'Université de Vienne sous la direction de Guido Adler, un pionnier de la musicologie moderne. Il fut aussi élève d'Arnold Schoenberg, bien qu'il ne rejoigne pas pleinement le mouvement dodécaphonique, préférant un style qui allie des éléments tonaux et modernes.
    Avant la Seconde Guerre mondiale, il était reconnu pour ses recherches sur la musique byzantine, devenant l'un des premiers musicologues occidentaux à explorer ce domaine en profondeur. Ses recherches sur la musique byzantine ont révolutionné la compréhension de ce domaine en Occident. Il a publié des études fondamentales sur la notation et la théorie musicale byzantine. Il a également écrit une biographie majeure d'Arnold Schönberg (1921), qui demeure une référence sur le sujet.
    En 1938, après l'Anschluss, Wellesz dut fuir à cause de ses origines juives. Il s'installa à Oxford, où il poursuivit sa carrière académique. Il devint professeur à l'Université d'Oxford et obtint une grande reconnaissance pour ses travaux musicologiques.
    En conclusion, Wellesz appartient à une génération de compositeurs viennois qui ont su naviguer entre la tradition romantique et les innovations du XXe siècle. Bien qu'ayant été éclipsé par des figures comme Schoenberg ou Webern, son oeuvre gagne en reconnaissance pour son originalité et sa profondeur.
    Il est souvent considéré comme un des derniers représentants d'un âge d'or musical viennois, tout en étant un pionnier dans le domaine de la musicologie.
    De lui aujourd'hui, deux oeuvres (il y en aura d'autres par la suite) : une oeuvre de chambre, l'Octuor pour clarinette, basson, cor, quatuor à cordes et contrebasse, et un opéra, Alkestis (Alceste).
    L'intrigue d'Alkestis suit l'histoire classique d'Alceste, une héroïne tragique de la mythologie grecque. Elle accepte de sacrifier sa vie pour sauver son époux, Admète, mais est finalement ramenée à la vie grâce à l'intervention d'Héraclès.
    Wellesz combine un langage post-romantique avec des touches modernistes, influencé par ses études auprès de Schoenberg.
    Alkestis (ou Alceste) marque une étape importante dans sa carrière, montrant son aptitude à marier les formes classiques avec des innovations modernes. L'opéra reflète également son intérêt pour la culture antique, un thème récurrent dans son oeuvre. Par ailleurs comme dans la tragédie grecque originale, le choeur joue un rôle central, commentant l'action et renforçant l'atmosphère antique.
    L'oeuvre, lors de sa création, fut saluée pour son originalité et sa profondeur psychologique, bien que son style ait été considéré comme exigeant. L'opéra a connu une redécouverte partielle au XXe siècle, notamment grâce à un regain d'intérêt pour Wellesz en tant que compositeur injustement oublié.

    Vu que mah vous a déjà présenté d'autres « nouveaux venus » (décédés en 1974) : Atterberg, Jolivet, Knipper, Martin et Milhaud, je ne vous présenterai ici que qqs oeuvres de chacun d'eux : le Concerto pour violoncelle et le Quatuor à cordes op. 11 d'Atterberg ; le Concerto pour harpe et orchestre de chambre et le Concerto pour piano et orchestre de Jolivet ; Plaine, ma plaine de Knipper ; deux versions des Six Monologues de Jedermann de Martin ; et de Milhaud, L'Homme et son Désir, Poèmes juifs, Six Little Symphonies et Musique de scène pour La Mort d'un tyran.
    Parmi tout cela, mention particulière sans le moindre doute pour le Concerto pour piano et orchestre de Jolivet, l'une de ses oeuvres les plus emblématiques dans la version de Lucette Descaves au piano et Ernest Bour à la baguette. Une oeuvre dont l'esthétique combine à merveillle virtuosité, mysticisme et richesse orchestrale et illustrant à merveille l'intérêt de Jolivet pour des structures rythmiques vigoureuses, tout en restant accessible par son expressivité. Ce concerto est souvent cité comme une pièce majeure du répertoire de Jolivet.
    Plaine, ma plaine est probablement l'œuvre la plus connue de Lev Knipper. C'est une chanson tirée de sa Symphonie n°4, qui vous est proposée par mah dans son intégralité grâce à sa présence dans la PL actuelle. L'air est à la fois simple et majestueux, donnant une image idéalisée de la vaste steppe russe. Bien qu'elle soit associée à la propagande soviétique de l'époque, sa beauté mélodique transcende son contexte politique.
    La Mort d'un tyran quant à lui est issu de la traduction par Diderot d'un texte d'Aelius Lampridius sur la mort de l'empereur Commode, assassiné dans son bain par l'un de ses gardes du corps, mais il n'y a ici que la musique de scène (6 minutes alors que l'oeuvre intégrale en dure plus de 40).
    Les Six Monologues de Jedermann (1935-1944) de Frank Martin me semblent mériter eux aussi un commentaire plus développé.
    Il s'agit d'un cycle de mélodies pour baryton (ou basse) et orchestre mettant en musique six monologues tirés de la pièce de Hofmannsthal, qui raconte la confrontation d’un riche homme avec la mort et sa quête de rédemption ; l'œuvre est poignante et introspective.
    Frank Martin, compositeur suisse, s'est toujours senti attiré par les textes à forte teneur spirituelle. Inspiré par le drame médiéval modernisé de Hofmannsthal, dont il a condensé les moments les plus introspectifs du personnage principal, Jedermann, en six monologues musicaux. Ces derniers explorent des thèmes universels comme la richesse, la vanité, le repentir et la quête du salut.
    Le Jedermann d’Hofmannsthal est une sorte de parabole chrétienne où la Mort convoque un riche homme, Jedermann, à rendre compte de sa vie. Abandonné par ses amis, ses biens et ses plaisirs, il réalise que seule sa foi et son repentir peuvent le sauver.
    Le langage musical se situe à la frontière du postromantisme et du modernisme. L'orchestre joue un rôle subtil mais essentiel, soutenant et intensifiant les émotions du chanteur sans jamais les écraser. Les harmonies sont souvent chromatiques, avec des moments de grande expressivité et des passages où la mélodie semble se suspendre dans un espace méditatif.
    En résumé, ces monologues offrent une expérience profondément spirituelle, où la musique et le texte se fondent dans une méditation existentielle. Martin n’est pas un « moderniste » au sens radical du terme. Sa musique reste accessible, tout en utilisant un langage personnel sophistiqué. Les thèmes abordés dans ces monologues - peur de la mort, quête de sens, foi - sont capables de résonner chez chacun d'entre nous.

    Pour terminer et passer à tout autre chose (mais vous aurez d'autres oeuvres des « disparus de 1974 » ultérieurement - soit via les PL de mah soit via ces présents packages), je reviens sur le dernier package, oeuvre de Leb, qui nous présentait notamment une large sélection d'oeuvres de Chopin par Rubinstein, signalant au passage qu'il avait peut-être (tout comme moi d'ailleurs ) une légère préférence des Nocturnes de Chopin par Arrau … J'aurais souhaité vous les présenter ici mais ils sont de 1977-78, donc trop tardifs pour être éligibles ici pour l'instant en vertu de la règle dite pour résumer « des 50 ans ».
    Pour faire néanmoins bonne mesure, voici donc deux autres versions des Nocturnes : par Novaes ; et par Harasiewicz.

    Enfin pour qui aime les extrêmes , qqs Fantaisies et paraphrases pour piano « à l'ancienne ». Ces fichiers m'ont en effet été envoyés par Leb : qu'il en soit donc remercié chaleureusement
    Voici ce qu'il m'écrit en guise de présentation :
    Salut Philippe
    Je sais que tu ne goûtes que modérément les enregistrements très anciens
    [C'est un peu vrai mais bon cela n'implique en rien que j'impose mes propres goûts ou préférences au sein de la BM ! note Phil], mais ceux-ci d'une part sont de grande qualité sonore, je trouve (sauf une ou deux exceptions), et d'autre part sont de grand intérêt : des fantaisies, paraphrases, transcriptions pour piano comme on les aimait au siècle dernier et au précédent, et qui ont largement disparu du répertoire, certainement des concerts mais aussi du disque. C'est en tout cas carrément fun, voire jouissif. J'espère que tu partageras ce plaisir désuet !
    Je viens d'écouter tout cela et Leb a raison, c'est très agréable ; j'ai donc décidé de partager avec vous tous ce « plaisir désuet », en espérant que vous y trouverez tous plaisir
    J'ai placé ces fichiers en rubrique Documents et curiosités, ne sachant pas trop où les mettre ailleurs.
    D'autre part j'ai repris telle quelle la présentation que Leb m'envoie, qui ne correspond pas du tout aux standards de présentation habituellement utilisés ici ; mais bon ... c'est comme ça et ça n'a, par ailleurs, aucune importance !

    Pour finir, comme d'hab, la liste complète des oeuvres présentées cette fois :
    • Absil : Concerto pour piano n°1
    • Absil : Concerto pour piano n°2
    • Absil : Peau d'Âne, suite de ballet
    • Absil : Récital de Mélodies
    • Absil : Symphonie n°4
    • Atterberg : Concerto pour violoncelle
    • Atterberg : Quatuor à cordes op. 11
    • Chopin : Nocturnes pour piano (x2)
    • Fantaisies et paraphrases pour piano « à l'ancienne »
    • Jolivet : Concerto pour harpe et orchestre de chambre
    • Jolivet : Concerto pour piano et orchestre
    • Knipper : Plaine, ma plaine
    • Martin : Six Monologues de Jedermann (x2)
    • Milhaud : L'Homme et son Désir
    • Milhaud : Musique de scène pour La Mort d'un tyran
    • Milhaud : Poèmes juifs
    • Milhaud : Six Little Symphonies
    • Partch : 11 Intrusions
    • Partch : Plectra
    • Partch : The Bewitched
    • Wellesz : Alkestis (Alceste)
    • Wellesz : Octuor pour clarinette, basson, cor, quatuor à cordes et contrebasse
    Bonnes écoutes à toutes et à tous et, je l'espère, bonnes découvertes peut-être

  20. #240
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    Re-bonjour à toutes et à tous et merci d'être de retour pour ce package exceptionnel, entièrement dû à lebewohl qui m'en a envoyé l'intégralité
    Un peu de tout selon l'expression consacrée, mais un package complètement thématique puisqu'entièrement consacré au Melos Ensemble (à ne pas confondre avec le Melos Quartet), un ensemble de musique de chambre à géométrie variable, évoluant entre quatre et douze musiciens fondé en 1950, comme vous avez pu le voir si vous avez consulté la fiche Wiki, sous l'implulsion de l'altiste Cecil Aronowitz et du clarinettiste Gervase de Peyer. La fiche Wiki en question nous livre aussi des informations précieuses, détaillant les divers instrumentistes et d'autre part lebewohl va vous fournir, ci-dessous, qqs détails supplémentaires.
    Comme nous lui sommes tous ici redevables pour cet envoi, je lui cède la parole pour une présentation plus détaillée de ce package hors-normes :

    Le Melos Ensemble (à ne pas confondre avec le Melos Quartet, qui est un quatuor à cordes de Stuttgart) est un groupe britannique de musique de chambre pour divers instruments, fondé en 1950. L'idée était de pouvoir jouer des oeuvres de chambre à effectif un peu inhabituel avec des musiciens habitués à travailler ensemble, plutôt qu'avec des musiciens ad hoc comme c'est usuellement le cas.
    Comme le rappelait Philippe, les deux membres fondateurs les plus connus, grâce à leur carrière de soliste, sont sans doute le clarinettiste Gervase de Peyer et l'altiste Cecil Aranowitz (NB : altiste étant un nom épicène, je précise que le prénom anglais Cecil est masculin, pour qui cela intéresserait). Parmi les autres membres connus, on peut citer le violoniste Emanuel Hurwitz, la violoniste Iona Brown, le harpiste Osian Ellis, ou, de manière ponctuelle, le corniste Barry Tuckwell. Beaucoup des instrumentistes sont restés longtemps, jusqu'à plusieurs décennies, dans le groupe, lui assurant une véritable qualité d'ensemble de chambre.
    Le Melos Ensemble a joué un répertoire très vaste et très varié, il a assuré nombre de créations, parmi lesquelles on citera la partie pour ensemble de chambre du War Requiem de Benjamin Britten, écrite spécifiquement pour lui.
    Les interprétations se caractérisent par une grande précision, aussi bien individuelle que d'ensemble. Je ne suis pas sûr que toutes fassent partie de mes préférées, parfois je préfèrerais un peu plus de moëlleux, si on me passe ce terme somme toute assez peu musicologique, parfois cela n'a pas la couleur, ou la couleur locale, que j'attends ou en tout cas à laquelle je suis habitué (je pense à Bartók ou Janáček, par exemple). Mais enfin, même avec ces très légères (et toutes personnelles) réserves, cela reste des versions excellentes.
    Les enregistrements présentés ici viennent d'un coffret rétrospectif publié par EMI, et regroupe d'une part des classiques dont plusieurs déjà largement présents , ou en tout cas, présents, dans la bibliothèque musicale de cet auguste forum (quintettes avec clarinette de Mozart ou de Brahms, par exemple, ou octuors de Mendelssohn ou de Schubert), mais aussi des raretés (à ma connaissance) de compositeurs ultra connus, par exemple le duo n°1 de Beethoven (???), des oeuvres de compositeurs connus mais moins (quintette avec clarinette de Reger, quintette à vent de Nielsen, double quatuor de Spohr, grand septuor de Berwald), de la musique du XXe siècle assez connue (Ravel, Poulenc, Bartók, Janáček) mais aussi, plus rare, Skalkottas. Les règles de date empêchent de proposer Bliss (de justesse), Rodney Bennett, Grosse, Birtwistle et Maxwell Davies (pour ceux-ci il faudra encore attendre un peu…) tout comme Khatchatourian (qui n'a pas écrit que la Danse du Sabre …), mort en 1978.


    La liste des oeuvres ici :
    • Bartok : Contrastes pour clarinette, violon et piano
    • Beethoven : Duo pour clarinette et basson n°1
    • Beethoven : Marche pour 2 clarinettes, 2 cors et 2 bassons
    • Beethoven : Quintette pour piano, hautbois, clarinette, cor et basson op. 16
    • Beethoven : Rondino pour 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 cors et 2 bassons
    • Beethoven : Septuor op. 20
    • Beethoven : Sextuor pour 2 cors et quatuor à cordes
    • Brahms : Quintette pour clarinette et quatuor à cordes op. 115
    • Janacek : Concertino pour piano, alto, basson, clarinette, cor et 2 violons
    • Janacek : Dans les Brumes
    • Janacek : Mladi
    • Mendelssohn : Octuor op. 20
    • Milhaud : Suite pour violon, clarinette et piano
    • Mozart : Quintette pour clarinette et quatuor à cordes KV 581
    • Mozart : Quintette pour piano, hautbois, clarinette, cor et basson KV 452
    • Mozart : Trio n°4 "Les Quilles" pour clarinette, alto et piano KV 498
    • Poulenc : Sonate pour clarinette et basson
    • Poulenc : Trio pour piano, hautbois et basson
    • Prokofiev : Ouverture sur des thèmes juifs
    • Schubert : Adagio et rondo concertant pour piano, violon, alto et violoncelle, D. 487
    • Schubert : Octuor D. 803
    • Schubert : Quintette avec piano "La Truite"
    • Schumann : 3 Fantasiestücke pour clarinette et piano
    • Schumann : Märchenerzählungen pour clarinette, alto et piano
    • Skalkottas : 8 Variations sur un thème folklorique grec
    • Skalkottas : Octuor
    Bonnes écoutes

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