Apparemment, il faut habiter aux Etats-Unis pour pouvoir lire ce livre en ligne ^^
Mahler a aussi écrit des choses savoureuses dans ses lettres à Alma Mahler. Il dit notamment qu'il trouve Brahms bien plat, et qu'il n'y a pour lui que Beethoven et Wagner. il était ami de Strauss et de Diepenbrock, mais ne parle élogieusement que du Salomé de Strauss, considérant que c'est l'un des opéras les plus importants "de notre temps".
Cependant, il y a deux passages savoureux: lorsqu'il parle de Puccini, et lorsqu'il parle de Sibélius.
"Hier au soir je suis allé à l'Opéra pour La Tosca de Puccini. Excellente production à tous points de vue; de quoi s'enthousiasmer si sa représentation avait lieu dans une ville de province d'Autriche. Quant à l'oeuvre elle-même!... Acte I: fastes pontificaux avec tintements continuels de cloches (spécialement importées d'Italie). Acte II: un homme torturé - d'horribles cris - un autre poignardé avec un couteau à pain bien affûté. Acte III: encore un magnifique carillon et, comme toile de fond, tout Rome vu d'une citadelle; à la suite de quoi, un nouvel assaut de sonneries de cloches, et, enfin, un homme fusillé par un peloton d'exécution.
Je me suis levé avant la fusillade et suis sorti. Inutile de te dire, l'ensemble est un parfait chef-d'oeuvre... De nos jours, n'importe quel cordonnier sait orchestrer d'admirable façon."
(MAHLER Gustav, Lettres à Alma, textes et traductions de M. et R. d'Asfeld, Paris, Francis van de Velde, 1979?, lettre 20, p. 51.)
Dans l'exemple suivant, il se trouve à Helsinki, la lettre date du 1er novembre 1907:
"Pendant le concert de l'autre soir, j'ai entendu également quelques morceaux de Sibelius, le compositeur national finlandais qui soulève un grand intérêt, non seulement ici, mais aussi dans le monde de la musique en général. Dans une de ces compositions, j'ai retrouvé du "Kitsch" tout à fait banal, avec harmonisations à la nordique, le tout servi à la sauce nationale. "Pui Kaiki!" [Pui Kaiki est ce que disait sa fille Anna à la place de "Pfui Teufel", "Bah! le Diable!"]
Il en est toujours ainsi avec ces génies nationaux. En Russie, en Suède, c'est pareil - sans parler de l'Italie, ces prostituées et leurs souteneurs."
(MAHLER Gustav, Lettres à Alma, textes et traductions de M. et R. d'Asfeld, Paris, Francis van de Velde, 1979?, lettre 114, p. 153.)