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Discussion: Martyre de saint Sebastien

  1. #41
    Membre Avatar de Alfredo
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    C'est bien différent de ce qu'on entend d'habitude:
    écoutez Ozawa à 1 min. 22 secondes:


  2. #42
    Je sais pas trop si c'est une "fausse" note... en effet il y a pas mal de problèmes éditoriaux dans La Mer, même dans la dernière édition de Durand, semble-t-il...

  3. #43
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    Je ne sais pas si elle est "fausse", et si l'accord "existe" au sens de l'harmonie classique avec cette note là, en tous cas, elle accroche l'oreille de façon bizarre et l'accord sonne plus "juste" dans l'édition utilisée par Ozawa.

  4. #44
    Membre Avatar de Jacques
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    Il m'est récemment venu à l'esprit () que l'extravagance du texte de Gabriele D'Annunzio avait peut-être son équivalent architectural dans cet imposant "palais florentin" construit en 1906 en plein coeur de Lausanne (NB : on le trouvait beau au temps de sa construction, puis l'architecture connut, surtout dans les années 1950/60, un radicalisme comparable à celui de l' "ère boulézienne" en musique, et ce fut carrément "la honte"; les choses s'arrangèrent par la suite, vu notamment la mode "rétro") :





    Récemment ? Eh bien parce qu'on pourra célébrer le mois prochain le 100ème anniversaire de la création du Martyre de Saint Sébastien . Et il y aurait assez de place dans ce palais lausannois (sans compter une acoustique qui donnerait tout leur éclat aux cuivres rutilants de la fanfare impériale ouvrant la IIIème partie) pour une reprise retentissante de l'oeuvre, du moins sous sa forme "oratorio" ().

    Voici comment David Cox évoque ce qui se passa à l'époque :

    " (...) La première production (montée par Armand Bour) fut donnée au Théâtre du Chatelet à Paris le 22 mai 1911. Le spectacle dura cinq heures environ, laissa les critiques perplexes et n'eut pas de succès - entre autres parce que l'église catholique avait manifesté son hostilité. Quelques jours avant la première, l'archevêque de Paris avait interdit aux catholiques d'assister à un spectacle qu'il considérait comme une offense pour un authentique chrétien. Certains éléments du récit tel qu'il était traité pouvaient effectivement les gêner : par exemple, le portrait androgyne du personnage de Sébastien, interprété par une ballerine juive (dont les jambes nues suscitèrent du reste de nombreux commentaires !); l'attirance malsaine qu'éprouve l'empereur pour le beau Sébastien, mise délibérément en parallèle avec la mort et la renaissance d'Adonis. L'interdiction fut maintenue, bien que D'Annunzio et Debussy aient déclaré que l'oeuvre était l'expression d'un véritable sentiment religieux. (...)"

    Mais ne rêvons pas et revenons à la bonne production moderne (1991) ci-dessous, avec comme récitante l'excellente Leslie Caron, actrice et danseuse française (mais sa mère était américaine) surtout connue pour avoir tenu la vedette, en 1958 aux côtés de Maurice Chevalier, dans le film "Gigi" de Vincente Minnelli :



    Je signale toutefois que cet album est devenu difficile à trouver et qu'il se vend fort cher sur l'Internet.

    Et voici justement les cuivres rutilants évoqués plus haut, ponctuant l'entrée solennelle du "divin César" Caius Aurelianus Valerius Diocles (Dioclétien), empereur de 284 à 305 ap. J.-C. (le supplice de Sébastien est censé avoir eu lieu en 288) :

    [/URL]


    Jacques



  5. #45
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    Le théâtre du Châtelet célèbre le centenaire de la création le 22 mai (représentation gratuite) :

    http://www.chatelet-theatre.com/chat...re-debussy,524

  6. #46
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    Merci, Erwan , pour cette information.

    Je ne pourrai malheureusement pas venir à Paris le 22 mai prochain. Mais j'irai peut-être "me recueillir" un instant dans l'extravagant "palais florentin" que j'ai montré au début du post 44.

    On y trouve notamment une intéressante collection d'oeuvres d'art, et parmi elles le tableau du peintre suisse Charles Gleyre (1806-1874) intitulé "Les Romains passant sous le joug" [1858] et représentant ces derniers humiliés par les Helvètes après la bataille d'Agen en l'an 107 av. J.-C. (cette oeuvre académique me fascinait quand j'étais gosse ) :



    Mais les Romains revinrent une cinquantaine d'années plus tard avec Caius Julius Caesar pour rendre aux Helvètes "la monnaie de leur pièce" et les battre à leur tour à plate couture. Ça se passait déjà ainsi, à cette époque lointaine ()...

    Sur Gleyre, on peut voir notamment ce site (fichier "PDF").

    Jacques

  7. #47
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    En parcourant le livret accompagnant le disque Debussy/Caplet paru dans la collection Naxos Patrimoine je lis sous la plume de Michel Fleury : "[Caplet] est également au pupitre au Châtelet, le 12 mai 1911, pour diriger la première du Martyre de Saint Sébastien né de la collaboration de d'Annunzio et de Debussy. Le concours de Caplet à ce spectacle ne se bornait pas à la direction : pressé par le temps, Debussy l'avait chargé de la réalisation harmonique et de l'orchestration de sections entières"

    Est-ce qu'on connait précisément ces sections ?

  8. #48
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    Citation Envoyé par Erwan Voir le message
    Est-ce qu'on connait précisément ces sections ?
    Des spécialistes pourraient sans doute désigner sans peine ces sections, mais je n'ai malheureusement rien trouvé pour l'instant à ce sujet. Ni dans le texte accompagnant la version Tilson Thomas du Martyre, ni dans celui joint à la version Cambreling.

    J'ai aussi consulté l'énorme livre reproduisant toute la correspondance connue de Debussy, qui a beaucoup écrit à Caplet (et bien sûr aussi à D'Annunzio) au cours des années 1910/11. Mais je n'y ai rien trouvé d'utile non plus.

    Juste pour l'anecdote, car cela n'a rien à voir avec le Martyre, j'ai été très intrigué en feuilletant à nouveau ce gros pavé de tomber sur une touchante lettre envoyée de St-Pétersbourg à Debussy le 20 août 1911 par Nadejda Rimski-Korsakov, veuve du compositeur (s'excusant pour son retard, elle adresse à Debussy ses "plus sincères remerciements" pour un "aimable télégramme" qu'il lui avait fait parvenir à propos d'une adaptation de Shéhérazade sous la forme d'un ballet, monté à Paris par Fokine et Diaghilev [chorégraphie], Léon Bakst [décors et costumes] et les danseurs Vaslav Nijinski et Ida Rubinstein, notamment).

    Jacques

  9. #49
    Membre Avatar de Jacques
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    À propos de ce partage des tâches, un paragraphe du texte de David Cox (cf. la version Tilson Thomas) m'avait échappé. Il dit ceci :

    "(...) Pressé par le temps, Debussy demanda à son «disciple» et ami André Caplet (qui devait diriger la première représentation) de l'aider pour la copie et pour une partie de l'orchestration. Caplet composa-t-il ou harmonisa-t-il une partie de la musique ? C'est une question qui reste sans nul doute à débattre. Il subsiste trois manuscrits qui, en commun, comportent la totalité de l'oeuvre. L'écriture de Caplet, bien qu'elle ressemble à celle de Debussy, est toujours distincte. Debussy a probablement du moins tout esquissé en particelle, avec des indications d'orchestration; et il en acheva lui-même une grande partie. Le cinquième acte suscite néanmoins quelques doutes : un compte rendu de l'époque laisse entendre que le choeur final, d'une écriture homophone assez pesante, aurait été composé par «l'un de ses plus fidèles disciples» (Caplet ?); mais le manuscrit montre que le dernier acte du Martyre fut soigneusement orchestré de la main même de Debussy, si pressé fût-il. (...)"

    David Cox fournit d'autres indications intéressantes sur la genèse de l'oeuvre, dont le moins que l'on puisse dire est que Debussy ne l'entreprit pas dans l'enthousiasme. Je cite encore :

    "(...) D'Annunzio était un personnage fougueux de la scène italienne, aux talents mutiples - poète, dramaturge, romancier, exerçant une forte influence sur les compositeurs italiens de son temps; il était également politicien, patriote, soldat d'une particulière audace, et partisan de Mussolini. Son existence était contoversée dans tous ses aspects, notamment son mode de vie sybarite, ses nombreuses aventures amoureuses, ses vices notoires... En 1910, il déclara faillite et fuit vers Paris, où ses extravagances se poursuivirent (...).

    Dans cette entreprise [le Martyre], sa principale collaboratrice fut la ballerine Ida Rubinstein, qui lui commanda l'oeuvre et assuma (non sans susciter des controverses) le rôle du saint. Il travailla également avec Michel Fokine, le peintre Léon Bakst - et Debussy, qui écrivit la musique de scène pour solistes, choeur et orchestre. Le choix ne s'était pas porté immédiatement sur Debussy : Roger-Ducasse avait décliné, à regret; Florent Schmitt avait également été sollicité. Au départ, c'est peut-être l'argent, dont il avait un grand besoin, qui persuada Debussy d'assumer cette tâche malcommode consistant à composer beaucoup de musique en très peu de temps - «j'ai écrit», dit-il, «en deux mois, une partition pour laquelle il m'eût fallu, régulièrement, un an». Une fois qu'il s'y fut attelé, c'est un défi qui l'inspira et qui lui fit découvrir des expériences nouvelles. (...)"

    Jacques




  10. #50
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    Merci pour ces éléments de réponse Jacques

  11. #51
    Membre Avatar de Jacques
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    Je signale la sortie récente (mars 2012), distribuée par Harmonia Mundi dans une boîte cartonnée laissant prévoir la présence d'un DVD alors qu'il s'agit d'un simple CD, de cette nouvelle version oratorio du Martyre de Saint Sébastien enregistrée en public au Théâtre des Champs-Élysées le 9 avril 2009 :





    Je m'attendais à ce qu'Isabelle Huppert dans le rôle du (de la) récitant(e) aidât à faire "passer la pilule" du texte exalté et archaïque de D'Annunzio. C'est effectivement le cas, à mon avis, encore que la voix claire et bien timbrée de l'actrice fasse ici un peu trop... récitante, justement. Mais il y a bien pire, et j'aime finalement assez ce qu'elle fait dans cette version.

    Quant à l'Orchestre National de France, à la direction de Daniele Gatti, au Choeur de Radio France et aux trois solistes (la soprano Sophie Marin-Degor et les mezzo-sopranos Kate Aldrich et Christine Knorren), je les trouve bons dans l'ensemble. Surtout le choeur, vraiment excellent, qui surpasse de beaucoup ceux des autres versions que je connais de l'oeuvre.

    Cet album peut donc être recommandé, je crois, même à ceux qui ne sont pas des inconditionnels d'Isabelle Huppert ().

    Jacques

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