A propos de hautbois

[co2monamour]

Il s'agit donc d'une question plus particulièrement destinée à Amitiou, et peut-être aussi à Nico, ès qualités de bon connaisseur des orchestres germaniques des années, disons 50, du siècle dernier.

Voilà ce qui m'intrigue : quelles sont les causes (je suppose qu'il s'agit d'une conjonction de plusieurs choses) de l'évolution de la sonorité des hautbois depuis les années 1960, pour fixer les idées ?

Plus précisément, c'est très audible quand on écoute les grandes phalanges germaniques (Berlin, Vienne, radio bavarois, etc.). Jusqu'à 1960 environ, les hautbois de ces orchestres sonnaient un peu comme leurs homologues français, anglais ou états-uniens, c'est-à-dire "pointus", "acides", bref comme j'aime à entendre le hautbois.

Depuis 1960 environ, les hautbois de ces mêmes orchestres ont un son doucereux, vibré et sucré qui m'agace, d'autant plus que les hautbois français et, dans une mesure moindre, anglais (j'en ai entendu un comme ça hier soir à France Musique, c'était celui du philharmonique de la BBC), ont été également gagnés par cette mode (si c'en est une). Apparemment, ladite "mode" n'a pas franchi l'Atlantique, car les hautbois américains sont restés tels qu'en eux-mêmes et tels que je les aime.

Mais où sont les hautbois d'antan ? Pierlot, réveille-toi, ils sont devenus mous !

Musicalement,
l'obsédé-des-incunables

[Amitiou]

Bonjour co2,
alors je comprends tout à fait votre question, même si je ne partage pas votre avis. A l'époque dont vous parlez, le son à la mode était un son un peu brut de décoffrage, style Pierlot, ou Holliger (et beaucoup d'autres). Au fur et à mesure, le son est devenu plus rond, formant un nouveau goût. Je dois dire que personnellement je n'aime pas du tout le son de Pierlot, et le son d'aujourd'hui me convient (vous n'aimeriez pas le mien ^^). Je ne sais pas qui, actuellement en circulation, aurait un son d'antan. Mais même, les hautboïstes d'aujourd'hui préfèrent généralement le son d'un Bourgue ou d'un Leuleux de celui d'un Pierlot, ce dernier n'étant pas particulièrement reconnu pour la qualité de sa sonorité.
Mais la réponse de Nico serait très intéressante, car j'avoue être trop jeune pour ne serait-ce que me rapprocher des années 60...

[mah70]

Bonjour.

Je suppose que le Marius Briançon qui œuvre sur la playlist penche plus côté co2 que côte Amitiou? Je réécouterai ce concerto à l'occasion pour me faire une idée (concerto dont j'ignorais l'existence même avant de trouver ce disque). On me saura gré, j'espère, de mettre plein de Mozart sur la playlist sans même y être forcé
Si vous le souhaitez,j'essayerai de trouver un peu de hautbois rrrrrrrusse histoire de permettre une comparaison efficace des différentes sonorités de cet instrument selon les écoles et les époques, avec de petits extraits divers pêchés ici ou là....

[lebewohl]

Digression sauvage : je veux bien le même débat et les mêmes comparaisons sur la différence entre basson français et fagott du reste du monde ou presque!

[co2monamour]

Bonjour à tous, et merci de vos réponses. Avant de me lancer dans la digression bassonno-fagottesque de Lebewohl, ce que je comprends de la réponse d'Amitiou : pour ce qui concerne la France, l'évolution du son du hautbois est délibérée et ne résulte pas d'un changement dans la facture de l'instrument.

Ce que j'aimerais savoir, c'est s'il en va de même à l'étranger, et particulièrement en Allemagne et en Autriche : le changement vient-il uniquement de la volonté des instrumentistes ou la facture a-t-elle également évolué (à moins que les prises de son aient joué aussi un rôle) ?

J'ai pris P. Pierlot comme exemple parce que c'est le hautboïste français le plus connu des gens de mon âge, mais j'aurais également pu mentionner, à l'étranger, L. Goossens, S. Sutcliffe (hautbois solo du Philharmonia orchestra de Londres à ses débuts), H. Kamesch (hautbois solo de la philharmonie de Vienne des années 40-50 du siècle dernier). Au passage, Amitiou peut se rendre compte de ce changement en écoutant les enregistrements de l'époque, par exemple, entre autres, sur la BM, la version de la symphonie "Eroica" par la philharmonie de Vienne en 1944.
Par ailleurs, je ne partage pas son avis : pour l'avoir entendu plusieurs fois, notamment à l'époque où il était à l'orchestre de Paris (sans parler de ses disques), je ne trouve pas que la sonorité de M. Bourgue est si "ronde" que ce qu'il dit...
Enfin, une autre exception, à ma connaissance, à l'évolution du son du hautbois (que je regrette) : les musicien(ne)s tchèques, qui semblent avoir conservé leur son "vert" si caractéristique.

Musicalement,
l'obsédé-des-incunables

[Amitiou]

Effectivement, Bourgue n'est pas un exemple de son rond, mais c'est déjà bien loin de Pierlot
Jean-Louis Capezzali aussi a un son bien rond, ainsi que mon ancien professeur, Olivier Doise.