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Discussion: Aulis Sallinen

  1. #1
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    mars 2008
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    Aulis Sallinen

    Préludant à la publication de la critique sur le coffret Sallinen Symphonies complètes- Concertos 5CD

    je livre mes notes d'écoute, -ce qui n'intéressera pas forcément grand monde car il s'agit essentiellement d'une description sans avis- ; j'ai éprouvé une certaine difficulté à opérer une synthèse sur ce coffret qui couvre 50 ans de création, sans laisser de côté des détails importants, et en particulier le jeu de références engagées dans ce corpus imposant.

    Je signale aussi que le volume 3 de cette quasi intégrale symphonique avait déjà fait l'objet d'une critique de Gilles, et avait été distingué par un Ring:
    http://classiqueinfo-disque.com/La-F...n.html?lang=fr

    et que, plus récemment le DVD de l'opéra La Ligne Rouge avait obtenu la même récompense, malgré mes réticences à la délivrer à un spectacle qui n'était pas sous-titré en français (la musique était, elle, extraordinaire, et remarquablement interprétée, malgré une mise en scène assez minimale):
    http://classiqueinfo-disque.com/Un-p...e.html?lang=fr

  2. #2
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    mars 2008
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    Notes d'écoute

    A l’écoute des symphonies de Sallinen on en vient à se dire que le terme qui convient le mieux à son art n’est pas celui de mosaïste qu’il aurait pu revendiquer au tournant de sa carrière (lorsqu’il écrivit son fameux 5ème quatuor en 16 mvts divergents qui servit de « talisman »-modèle à sa facture tardive), mais plutôt pointilliste, ou plus exactement divisionniste tant la pulvérisation des structures mélodiques et rythmiques n’aboutit à la reconstruction d’une image sonore qu’ en plan large, dans une appréciation a posteriori d’un art qui ne se donne que dans une suite d’instantanés, excluant une impression globale de la matière traitée pour qui ne possède pas une mémoire exceptionnellement fidèle.


    Mauermusik op7 1963 9’48
    Musique figurative (quoiqu’abstraite) « à la mémoire d’un jeune allemand » légalement assassiné devant (derrière) le mur de Berlin. Nappes de cordes en ¼ de ton sur lesquels les flûtes viennent timidement se placer (influence de Spirituals de M. Gould ?). Musique d’effroi intime. Alerte : flûtes sirènes. Echo de départs de musique de danse genre musique de chambre années 20. Balbutiements assez datés, sur lesquels les cordes posent un semblant de mélodie déclarative avec clusters de cuivres flageolants. Accords de cuivres secs opposés à la voix mourante de la flûte solo, nouvelles nappes de cordes en unisson, crescendo-decrescendo. La fin fait penser à Hartmann, rejets des intervalles, juxtaposition de sons à hauteur répété. Dernier cui-cui d’oiseau plaintif.

    Concerto pour violon op18 1968 18’03
    Aurait du être créé par Kogan (écrit à sa demande), en trois mvts les deux derniers enchaînés.
    Intro violon solo, bois et cordes se greffent peu à peu dessus : marque la fin de la période « moderniste » de Sallinen, le début de l’emploi de matériaux contrastés par fragments, les emprunts de ryhmes de danse enrobés de cellules répétitives. Plus une construction par motifs que de thèmes véritables. Importance du demi-ton chromatique sur lequel se fonde le développement. Cantabile avec abondance d’un motif de trille (atmosphère désolée à la Chostakovich). Départ de danse sur trois notes consécutives descendantes, passant au cor, reprises en renversement par le violon. Les broderies du violon assurent la continuité d’un mouvement qui connaît des ralentissements mais peu d’arrêts. Deuxième partie du mouvement, cadence du violon soutenue par une nappe de cordes micro-tonale alors que le violon énonce un véritable thème aux contours nettement tonals, auqeul s’adjoint une conclusion en arpèges de tierces. Accentuation de l’atmosphère dramatique. La structure fait penser à Sibélius dans la facture de 2 mvts lents.
    Larghetto : sonorités inédites (harpe jouée avec plectre, marimba effleurés du bout des doigts) effet de cymbalum. Elégie très contournée, comme une mélopée aux accents de kaddish qui ne s’éclaire que brièvement d’un rayon majeur, essentiellement cantonnée dans le médium de l’instrument. Scansions de clusters piano-harpe-marimba, avant qu’on ne retombe dans de longues tenues et une ligne de demi-tons descendants. Fortissimo cuivré avant une fin qui meurt dans le silence.
    Allegro giocoso enchaïné (par des trilles) jeu de réponses entre notes répétés du violon et percus, amorce d’un mouvement tournant, accords plaqués du piano,élargissement du tempo –sait-on vraiment où l’on va ? à part une brève section rapide, on retombe dans une lenteur extatique, contrebalancée par des graves, jusqu’à une section stressée par des vagues de percus et cuivres. Accord final majeur. Divertimento peu convaincant.


    Chorali 1970 11’
    De l’importance du titre souligne Sallinen, qui détermine l’atmosphère de la pièce, sans cordes à part la harpe. Chorals de cuivres descendants, puis en montée, passage orchestre d’harmonie. Célesta et tierce descendante en ostinato avant réexpo. Marche funèbre opposée à petits cliquetis célesta+glockenspiel. Prémonition de la surrection d’une cathédrale tellurique, technique mosaïque et superposition de motifs, volcan de glace, Lindberg. Regression dans un vide de Musiques de sphères.


    Symphonie 1 op24 1971
    14’25 seulement : atmosphère d’ouverture « cosmique » façon Eshpai, dialogue de cordes solistes graves (alto+vlc) relayés par contrebasse, atmosphère statique d’adagio hésitant, spatialisation réussie d’où l’impression de l’auteur de l’entendre comme plus impressionniste grâce aux techniques d’enregistrement qui mettent en avant les cloches et percus.
    Structure en 1 mvt continu fondé sur un demi-ton ascendant et son renversement. Sallinen évoque une ambiance « festive » pour la création : l’atmosphère reste assez glaciale, pédales à la Sibélius. Importance de la masse sonore qui crée le double climax de l’œuvre d’où s’échappent de vifs pizz de cordes graves (Tapiola) tonalité diffuse, étirée : une vague finale « recouvre » la partition.


    Symphonie 2 op 29 16’35 Symphonic dialogue (avec percussions) 1972
    Gamme descendant de grands unissons avec cordes et vibraphone alternant avec percus frottées (marimbas + planche à laver ?) Solo de caisse claire relançant des cordes qui tentent d’aller de l’avant : véritable allegro d’ouverture. Tentative d’accord parfait des cuivres perçus comme musique sous-terraine. Ciels wagnériens, section tranquillo, rythmée par la harpe, amorce d’une valse de manège (chevaux de bois), transformation nostalgique arrêtée par embryons de fanfare entrecoupés de soli de percu avec cymbales. Trompettes militaires, réintroduction de tempi rapides. Montée de gamme fortissimo venant des profondeurs, pédale grave et médiane. Dvlpt du thème de fanfare, égarée par les bois (dans les bois). Extinction dans une ambiance de lac en train de geler, underwater life, paysage d’estampe japonaise, harpe marimba en sourdine et frissons de cordes. Conception originale d’une musique éclatée trouvant son unité dans des diffractions du son comme la lumière au travers d’un prisme non poli.


    Symphonie 3 opus35 24’21 1974-75
    1ère à multiples mouvements (3) malgré un désir de mvt unique au départ bois par 3 ou 4 grosse section de percu avec marimba et vibraphone, piano, célesta
    Lancée par les bois, cordes qui perturbent l’atmosphère tonale, pédale grave, reprise à la quinte descendante. Contraste de blocs entre bois et cordes, puis à l’intérieur des cordes elles-mêmes. Mvt 1 intro, mvt 2 Chaconne (réécrite) dialogue contrapuntique des altos et violoncelles (basse continue) sur rythme de caisse claire : sentence des piccolos comme un motif d’attente, de dilution temporelle. Répétition néo-classique dans un climat plus strictement tonal : piccolos + harpe jouée avec plectre (effet de cymbalum) accentuation de l’aspect désespéré : beau mouvement qui utilise bien la répétition, et un « minimalisme » qui n’est pas extatique. 3ème mvt vivace giocoso, commence par des descentes alternant flûtes et cordes, très douces et délicates, que l’inquiétude gagne peu à peu. Réintroduction des nappes de cordes de la chaconne. Intervention des cuivres et des percussions à hauteur non déterminées qui s’élèvent comme une grande arche désespérée usant de répétitions de notes ralenties à chaque itération sous lesquelles le flutes tentent de paraître légères et détachées jusqu’à ce que le violoncelles ramènent le thème de fanfare du premier mouvement (contredisant les figures rythmiques utilisées jusqu’alors) : superposition de tous les motifs dans un grand tutti impressionnant. Déchaînement de grosse caisse. Répétition finale fortissimo comme une double salve de mitraillettes et de canons. Effet de suspension garanti, simplicité et condensation des moyens.



    Concerto pour violoncelle op 44 1977 25’53
    2 mvts, de ses concertos celui qui réclame l’orchestre le plus fourni. Instrument favoris de Sallinen.
    OSA ? Exposition du matériel sur des accords de cordes (ambiance douce et déjà élégiaque) variation de type « organique » du matériel en croissance, en expansion. Le cello forme un motif syncopé de successions de quintes conclu par une descente tourbillonnante. Alternance d’atmosphères sombres et rêveuses. Décalage du soliste à contre-temps de l’accompagnement, effet d’essoufflement sans changer de tempo. Appels de cordes mahleriens introduisant une section type « féérique » sur quoi le cello brode mélismes et trilles. Section plus rapide en alternance avec les bois à qui sont passés le motif syncopé (tendance à enchaîner arpège en tierces et demi ton en guise de thème, triolets de notes répétées). Section de cuivres effarés vers 13’. Reprise tempo primo dans une dynamique plus élevée. Tutti asséné en accords détachés précédant une cadence, marche funèbre, atmosphères uniformément grises, marron, noir mat, moment sans doute le plus réussi du mouvement, le plus directement accessible et séduisant (fin comme un prélude pour cello seul de Bach, variant un arpège de la mineur ?) avant reprise de la marche funèbre.
    Allegro-presto-prestissimo : thème en pizz évoquant aussi la suite baroque (cello solo) se transformant en une cavalcade à la russe, mêlée de bois piquants (une certaine ironie noire). Elargissement du tempo, départ de danse médiévale, jolis couleurs orchestrales. Accelération ternaire, conquête du registre aigu, dans un frémissement plutôt printanier (piccolo), la seconde partie du thème principal est une gamme descendante. Sorte de valse lente (manque de cohérence des enchaînements). Tourbillon final recourant à un certain grotesque, joie mélangée.

  3. #3
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    Symphonie 4 op 49 23’05 1979
    3mvts : pour le 750e anniversaire de la ville de Turku. Anticiperait de 4 ans l’opéra satirique The king goes forth to France.
    Première occurrence d’un mouvement ironique, avec marche joyeuse, plus allegretto qu’andante. Derrière les deux occurrences du thème, cordes tendant vers le mineur. Accélération du tempo en marche plus offensive toujours opposée par blocs à des nappes de cordes inquiètes. Rythme de gavotte-menuet (reprise aux cordes de la marche initiale). La plaisanterie menace de mal tourner par la surrection de vagues graves qui amorcent un fugato. Musique de cirque sinistre, cordes seules puis flute épuisée, percussions tournante légères avec harpe. Extinction discrète.
    Mvt2 : Dona nobis pacem Largo suppliant superpositions de lignes de cordes solo, construction d’un ostinato noir aux cordes graves sur lequel viennent se greffer des pleurs de cors lancinants. Battement funèbre de caisse claire, bois+harpe et vibraphone créant une atmosphère d’attente, espoir déçu, reprise de l’ostinato aux violons, cordes lyriques retombant toujours sur le motif de marche funèbre combiné aux cellules de bois + harpe celesta qui enflent. Decrescendo, reprise de la prière sur un ton plus neutre, minoré. Finale, glas de cloche avec motif obsessionnel de celesta en tierces ascendantes sur lequel se posent des cordes amorçant une ronde interrompue, ralentissement (lignes angoissées de cordes à la Spirituals rythmés par un glas de timbales). Forte en fanfare avec celesta et glockenspiel proéminents. Motifs répétitifs des piccolo faisant allusion à la marche du mvt1 sur des rythmes irréguliers avec crotales et suspensions, reprise du glas (carillon Moussorgsky). Formules vibrillonnantes de cordes (montée de harpe), passage du rêve à un cauchemar qui couve, tentatives du tutti de ramener la marche vive dissoute dans l’ostinato en tierce des bois aigus. Elargissement, les cuivres entonnent en choral le dona nobis pacem, tout se fige dans les motifs de carillon ralenti –stase de cordes à la 1905 (déjà présente dans l’énonciation du 1) derniers battements d’un cœur qui s’éteint.


    Shadows op52 prélude pour orchestre 8’48 1982
    Commande de l’orch nat de Whasington et de son chef Rostropovich (comme la symphonie 5) Fondée sur un emprunt au Roi marche sur la France (ambiguité tragique-comique). Récitatif bassons+cordes graves. Figure piquée légère flûte-harpe-piano. Percus caisse claire grosse caisse et figure en notes répétées (puis tam-tam) préparant la marche à venir : moment lyrique, horlogerie expectative (harpe) : marche militaire (Hary Janos) qui envahit tout l’orchestre (reprise en dessous d’accords de cordes dissonants) coups dramatiques, retour au thème lyrique avec accompagnement d’horloge réintroduisant finalement le récitatif initial, sur piano-célesta et motif répété aux bois.
    Structure claire, jolis effets, un modèle en miniature d’organisation symphonique typique de Sallinen.

    Symphonie 5 op57 Washington Mosaics 38’17 1984-85 révision 87 pour le finale
    5 mvts Washington mosaics I et Ii encadrant 3 intermezzi plus courts où les mosaïques seraient les thème partagés des mouvements plus que des juxtapositions de sections en discontinuité.
    Début dramatique, en forme d’éternuements qui s ‘éteignent bois + cuivres, cordes avec accords microtonals. Fanfares incertaines alternent avec coups de timbales. Ostinato relai entre cuivres cordes xylo qui ouvre sur une section de percussion énonçant un rythme de danse brisée (premiers glissandi de clarinette) qui se transforme en chorus jazz. Xylo solo, petite suite de motifs alternant rapide lents sur battement grave fusionnant dans des nappes de cordes relevées de vagues de tuba et trombone, roulement de timbale pianissimo : séquence élégiaque tendant modalement vers le majeur. Attente vibraphone harpe sur motif de sonnerie de trompette décharnée, reprise de l’élégie aux cordes. Valse de faubourg interrompue par les fanfares qui se superposent aux cordes implorantes. Reprise de la valse.
    Désert glacé de cordes, vents (cf VW Antarctica) flûte solo relayée par 2 htb, protestations de timbales caisse claire, puis clarinettes sur pédale de violoncelles, extinction.
    Accords de cordes pianissimo en seconde et neuvième (Palais d’hiver). Bois mélismatique, réintro du thème du I à la trompette (déploration) silence Reprise alternant cordes bois,stase, accords entrecoupés de pose, reprise tronquée de la mélodie de la trompette, roulements lointains.
    Ostinato de tierce (Glass) ponctué d’accord arpégés de harpe, phrase mélodique mahlérienne démembrée, mélangée au battement de tierce, tension chromatique, frissonnement de conte de fée, toujours ce mélange de rêve et cauchemar (Andersen). La phrase tonale tente d’emporter l’orchestre, à laquelle s’oppose le demi-ton descendant, retour du battement de tierce, d’accords de cordes dissonants (pianissimo) contre quoi s’élève un motif très net et volontaire des cellos, au milieu de laquelle la harpe crée une ambiance de boîte à musique, retour de la mélodie mahlérienne (adagietto 5ème) minorée. Tentative de mise en mouvement comme un ébranlement de train : grand cluster de cordes affolées sur secs pizz de harpe suggérant une résolution dans le drame.
    Accord militaire en tutti avec percu et cloches. Succession de petits motifs brodés par les cuivres évoluant vers un « call to arms » ironique, jazz musings des cordes, relancé par les clarinettes (avec réintroduction du rythme de danse), rythmes syncopés soutenus par pédales de tuba, fanfares et tambour, retour des sonneries de trompette et des accords neutres de cordes de l’intermezzo iii. Valse du I interrompue par percu,trombones et triangles en mode répétitif. Séquence de stase comme intermezzo i cascades de bois de l’intro sur cordes du ii, effacement des structures dans un coup de tonnerre (roulement sourd de timbale). Disparition soudaine.
    Bien que ce soit le principe, la musique résiste-t-elle à autant de dispersion atmosphérique ? Pour en retenir quoi ? témoignage d’un temps où il était devenu inutile d’écrire de la musique, où tant de voies cohabitaient que tout chemin ne pouvait mener que nulle part. En ce sens toujours d’actualité.

    Symphonie 6 op65 From a New Zealand diary 1990 39’33


    4mvts avec titres figuratifs the ilands of the sounds: Millford sound, fjord néozélandais de l’ile Sud, Piopiotahi (nom lié à la legend Maui cherchant l’immortalité pour les hommes, un seul Piopio (oiseau disparu) sanctionnant son échec alors qu’il fut coupé en deux par la déesse-mère).
    Ut majeur scandé avec triangle, motif de voyage (majeur) avec cor qui traduit les grands espaces sur fond de harpe et célesta. Cris empruntés aux mouettes, vifs trémolos de cordes, vagues (motifs du Sacre trompette et trombones descendant) reprise de la scansion d’ut majeur en accélération, roulement de timbales. Montée expectative (variations sur une note Scelsi) calme serein, avec extinction dans le pp des motifs. Pédale grave wagnérienne et choral de tubas solos très doux. Reprise du « voyage » avec cliquetis de célesta et triangle. Traits d’oiseaux moqueurs, lente progression vers le tutti toujours reporté comme chez Sibélius (atmosphère antarctique). Enonciation du thème entrecoupé de silence et de traits de célesta. Enchaînement sur le
    II-Air : pluie, violon flute solo, sur pluie de percus (celesta cymable) entonnaison d’un air de caractère de danse populaire qui prend un caractère japonisant (dynamiques basses, transparence et légèreté). Les timbales en sourdine annoncent la pluie, une toccata légère s’élève aux cordes, rythmée de temple- et wood-blocks (emprunt d’une citation à l’opéra King goes to France). Mélange avec l’air de danse de départ. Motifs répétitif pentatonal. Joyeuse spirale usant de rythmes syncopés. Sous des scansions d’accord parfait arpégé monte la tension légère des cordes graves frisonnantes.
    III Kyebrun Diggings, ville fantôme d’une brève ruée vers l’or dans les années 1860. Le caractère désertique du « cimetière de chercheurs d’or » est évoqué par un solo de cor anglais (1ère occurrence dans une œuvre orchestrale de l’usage de cet instrument chez Sallinen). Fond de cordes désolées en nappes dissonantes, grondements sourds de timbale, motif de 4 notes répétés passant des cuivres aux bois, fragment de marche funèbre, strophe de valse entonnée à la trompette évoluant vers une véritable marche perturbée par les roulements de timbale en sourdine, la quadruple répétition, les cordes fantômes. Appel de cris d’oiseaux-rapaces, retour du cor anglais, amorce d’une autre danse naïve (Sculthorpe), enfantine, échos de fanfare à la Ives (très central park in the dark). Accord tonal mineur de tragédie qui ramène la mosaïque du thème du voyage. Figure d’attente angoissée (battement d’horloge en notes blanches de bois), grondements lointains.
    IV « simply by sailing… » roulement de timbales, accords de tuba en augmentation (dynamique et longueur de la phrase). « il suffira de mettre le cap sur une autre direction pour agrandir le monde » citation d’un poème d’Alan Curnow (déjà illustré par Lilburn). Fragmentation du thème aux cordes sur les mêmes roulements de timbale et montées de harpe. Figure descendante de cuivres, construction d’une section terminale avec rythmes binaires-ternaires alternés, bassons joyeux, cuivres expectatifs, gonflement de tempête, horizons perturbés, reprise de la musique de pluie. Cordes lyriques (motif du voyage), agitation de danse bancale, traversée de fanfares, climax fff de toute la symphonie, mais épuisement soudain dans une pédale de grave d’harmonie mineure sur laquelle les cordes posent un thème morando comme si le vaisseau s’éloignait dans le brouillard, dernier grondement d’orage pp.

    Symphonie 7 op71 Les rêves de Gandalf 1996 25’16
    Retour au mvt unique : vers la légèreté. « Le problème principal des compositeurs actuels est leur manque de subtilité. Ils produisent invariablement d’immenses masses sonores […] Malheureusement la plupart d’entre eux finissent par s’y noyer. » (viserait-il Aho ?) Dérive d’un projet de ballet sur le Seigneur des Anneaux, procède par structure épisodique et non par narration continue.
    Ouverture par cuivres et timbale : épisode de cordes en rythme augmentés (souvenirs de Blacher) avec diminuendo puis reprise avec descende de bois. Trompette et fanfare distante. Episode de calme, stase des cordes avec glissandi legatissimo, fragments de mélodie nostalgique (Raautavaara) avec égrenage de célesta, combinés à une reprise de course des cordes, section lyrique, motifs répétitifs avortés : danse bassons en duo avec la grosse caisse sur lequel court une potentielle échappée des bois. Caisse claire en roulement qui entrent dans un trio guerrier semés d’échos de fanfares, solo des contrebasses, figurations de batailles arrêtées par une course des bois montants dont les mélismes préparent une sorte de danse médiévale. Apaisement, retour des cordes lyriques, harpe et célesta installent une atmosphère de conte de fée, valse d’elfes. Pédale pianissimo des contrebassons sur roulements de grosse caisse, chants d’oiseaux aux bois, alternant avec cors sibéliens (Tapiola, 7è symphonie). Ré-ébauche de la danse, cors wagnériens, forêt de Siegfried, bribes de grand adagio mahlerien, chorals de cuivres (Or du Rhin prélude) dont la stase se prolonge, crescendo, percussions graves, transformation en motif brucknerien, introduction d’un motif répétitif aux bois cancanant, accélération, raréfaction dans de nouvelles évocations de forêts printanières. Intervention des hymnes médiévaux, phrases modales majeures, traits en secondes des cuivres, battement joyeux, réexposition des hymnes en contrepoint, traversés des descentes en secondes, annonce d’un allegro qui se dissout : retour de la danse de « galoubet » enrichie des broderies de célesta, nouvelle stase. Sorte de fugato rappelant les hymnes (violons et cellos), dialoguant avec harpe et célesta (musical snuffbox) s’éteignant sans résolution tonale ferme.

    The Palace rhapsodie op72 pour vents percussions, harpe et piano 1996 16’56
    Retour à l’instrumentum de Chorali pour une reprise de thèmes de l’opéra Palace (traitant toujours du pouvoir et de ses méthodes, avec comme dans le Roi un esprit pastiche 18ème. Conçu comme une œuvre pour Band avec deux saxophones solistes. Entrée en matière joviale et rapide qui débouche sur une accalmie avec motif en 3 pour 2 du trombone. Glockenspiel maliceux qui entonne une danse populaire collée à des perturbations lyrico-dramatiques, créant une atmosphère de tension et de rupture prokovienne. La gravité l’emporte (percus bassons clar basse ? du récitatif). Sax alto solo (xylo) ouvrant sur contrepoint de tubas,et motif répétitif de piano, rallentendo, dcomposition du motif de danse, trompette de sonnerie militaire. Reprise en rythmes syncopés (parfois proches d’une rythmique de tango) opposés à des codes militaires. Le tango vire au jazz, avec quelques sorties violentes ff des batteries. Blues, presque métrique de rock, grand roulement de timbale conduisant à une reprise du récitatif inquiet (même démarche que dans Shadows) se transformant en déploration quasi-funèbre. Bref motif d’ostinato en tierce à la Glass. Hésitation modale, accentuation du motif répétitif sur lequel s’élève une mélodie complète en forme de marche triomphale grevée par des bouffées de chorus de cuivres jazz, outrancièrement tonales, menant à une rare fin en fanfare.

    A Solemn ouverture (King Lear) op75 11’50 1997
    Écrite pour Monte-Carlo et les 700 ans des Grimaldi : esquisse préparatoire pour le 6ème opéra de Sallinen, qu’il dit empreinte de certains letmotives (celui du pouvoir notamment).
    Début Elgarien, roulement de timbale, thème de Pump and circonstances, mais virant rapidement au mineur : incertitude sibélienne, nappes de cordes en sourdine, thème de cuivre déliquescent fondu dans l’atmosphère lyrique relancée par une clarinette seule (Tapiola). Fanfare vite interrompue, puis reprise dans un affolement comme par bouffées, thème noble des cordes. Description de la nature (apparentés au thème du voyage dans le 6ème symphonie). De l’adagio mahlerien semble s’élever une tentative d’énoncer un thème en majeur sujet à un va et vient constant, régressant dans des nappes de cordes divisées. Orage et fanfare à nouveau, plus dissonante, tout aussi vite éteinte. Ostinato de cuivres dans les lointains, frisson de cordes, bois fugaces et rieurs superposés au thème lyrique du voyage (l’exil de Lear ?). Frissons, fanfare autoritaire s’évaporant dans la répétition (en dynamiques de plus en plus basses jusqu’à l’accord parfait tonal mezzo-piano conclusif.

    Symphonie 8 op 81 Autumnal fragments 24’02 2001
    Mvt unique : percu discrète (temple blocks) ligne sinueuse de cordes, rapidement interrompue, percus solo pianissimo (avec crotales), long silence, reprise des cordes plus menaçantes, silence, percu du piano, comme une fanfare lointaine, reprise des percus solos, mélangées au fanfare, soudaine augmentation dynamique (influence japonaise) dans le long solo de percu, cordes et piano s’y mélangent, accélération des phrases de cordes dans une dynamique en augmentation, thème martelé des bois qui replacent les cordes dans l’atmosphère originelle, tristesse des chorals de cuivre au loin (métrique flottante). Resserrement du tempo sur trémolos de cordes, dialogues de fragments de percus et cuivre. Changement d’atmosphère marqué par un accord majeur : flûte solo, relayée par hautbois sur vagues statiques de cordes, trio de vents accompagnant un renforcement des percus orageuses (accords piqués piano-célesta), établissement d’un rythme motorique d’où s’échappent des bois diserts (Thème du mort emprunté à l’opéra Kullervo flûte doublée de piccolo) Phrases des cordes à l’unisson en détaché avec augmentation des réponses des percussions selon le principe de l’intro, mais les rythmes se saccadent tandis que les bois continuent à courir de l’avant sur une nappe de cordes a l’arco. Thème de cuivres éteints par le cymbales suspendues. Reprise en canon du thème de Kullervo, avec contrepoint de cuivres réduits au silence par les percussions graves, cordes à nu (Kodaly) motifs de bois descendants tandis que recommence la stase des cordes. Passage élégiaque désolés s’enchaînant désormais sans silences.
    Fragment de danse bancale avec notes répétés, cluster de piano en pédale, amorce de tourbillon relevés de montée de harpes, découvrant une plage étale comme à marée descendante, cordes élégiaques, bois furieux ponctués de glissandi de xylo, tandis que monte la tension des cordes en fanfares, cris de cordes, affolement, motifs dramatiques de cuivres (allusion au 11 septembre, automne malade). Petit motif de clochette avec célesta, glas de timbales le motif de cloches contamine tout l’orchestre (thème emprunté aux lettres formant concertgebouw Amsterdam)- apodose élégiaque sur un glas de grosse caisse (rappel des percussions de deuil des pompiers de la10ème de Mahler), roulements sourds.
    Atmosphère très noire, ou plutôt contrastes noir et blanc très marqués, suggestion d’un développement symphonique plus que son existence réelle, la mosaïque est dispersée, c’était une peinture de sable, de poussière qui retourne à la poussière, ground zero.

    Concerto pour cor op 82 (avec orch sans cuivres) Cloches et arias 21’23 2003
    Cadeau pour le 85ème anniversaire de K.H. Pentti, corniste spécialiste de musique militaire. Le sous-titre fait jeu de mot avec campana in aria (pavillon en l’air)
    Deux parties : cordes lyriques et cloches, puis cloches et harpe préparent l’entrée du cor en motif de chasse repris en sourdine. Le piccolo devient un deuxième soliste, amenant une section rapide, sujette à arrêts, balancée par un motif montant des cloches qu’imite le cor. Retour du piccolo espiègle après passage lyrique, soutien de trémolos de cordes inquiètes, comme une cascade au débit irrégulier. Cadence en arpèges interrogatifs, entrecoupée de clochettes. Enchaînement sur un adagio élégiaque reprenant toujours le même thème pour en confier un nouveau au soliste sur un tapis chatoyant de plus en plus agité évoluant vers le majeur, tandis que le cor égrène des arpèges neutres. Apparition d’une petite horlogerie distante répétitive, retour de l’atmosphère mineure dispersée par des accords piano-marimba.
    II-Le soliste entre sur un discret accord de piano :Tempo de danse rapide, cellules répétittives rythmées toujours en arrière-plan dans des dynamiques qui n’atteignent que difficilement le forte. Stase, thème élégiaque au cor avec motif de bois discrètement égrené : apparition d’une nouvelle rythmique de danse chassée par le soliste mélancolique. Cloches et harpe, fragment de motif vivace en sourdine, repris par la flûte. Arrêts par a-coups qui rendent le déroulement un peu pénible et monotone, comme s’il n’y avait jamais d’envol possible et que le vieux moteur refuse de démarrer. Mais il démarre enfin pour une ligne droite semée de tintements de tambourins, dans une sorte de rondo en accélération, où l’on perçoit une abondance de notes répétées. Appels finaux au milieu d’un déchaînement presque tzigane. Quelques notes encore pianissimo de cloches-piano-cordes.

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