Version originale (en anglais): http://www.talkclassical.com/blogs/i...t-youtube.html
(ou est-ce Rachmaninov?)
Ce mois-ci, dans le cadre de ma série le pianothon et de l’anniversaire (demain) de la rencontre au sommet Rachmaninoff-Mahler au Carnegie Hall de New-York en 1910, je vous propose le premier de deux QQJP autour du pianiste et compositeur Russe.
Que Serguei Rachmaninoff ait connu une carrière de pianiste-virtuose n’est rien de nouveau – rappelons la «Liszt-manie» du milieu des années 1800, où Liszt fut probablement plus connu comme pianiste de concert que comme compositeur! Ce qui est doublement notoire avec Rachmaninoff est, de un, la nécessité d’entreprendre une carrière pour des raisons financières (à l'âge relativement tardif de 44 ans par surcroit!) et, de deux, la répercussion que cette carrière a eue sur la production créative du compositeur.
Rachmaninoff venait d’une famille aristocratique ayant des liens avec la monarchie Russe depuis presque quatre siècles. La révolution bolchévique de 1917 a eu pour conséquence la perte du domaine familial, et un départ précipité en traîneau le 22 décembre de cette même année.
Maintenant en Finlande, et ce pour l’année 1918, Rachmaninoff se produit comme pianiste partout en Scandinavie, tout en développant un répertoire de concert. Vers la fin de 1918, il reçut un nombre d’offres provenant de promoteurs Nord-Américains, et il décide d’émigrer aux États-Unis.
Il arrive donc à New-York en fin d’année, et accepte un piano Steinway comme cadeau avant d’entreprendre une tournée de plus de 40 représentations dans l’espace de quatre mois. En 1920, il s’associe avec la Victor Talking Machine Company, compagnie avec laquelle il s’engage à endisquer en exclusivité.
On écrit que Rachmaninoff était doté de mains énormes, avec lesquelles il pouvait parcourir le clavier avec force et aisance. En tant que virtuose, il peut se comparer favorablement aux illustres pianistes de son époque: Léopold Godowsky, Ignaz Friedman, Moritz Rosenthal et Josef Hofmann. Sans documents audio de la part de Liszt et Thalberg, il serait probablement difficile de l’affirmer dans l’absolu mais il est permis de considérer Rachmaninoff comme le plus grand pianiste à ce jour.
De son répertoire de pianiste, en plus de ses propres compositions pour piano solo et piano et orchestre, on compte des pièces de virtuose de Bach, Beethoven, Borodine, Debussy, Grieg, Liszt, Mendelssohn, Mozart, Schubert, Schumann et Tchaïkovski. Les qualités pianistiques exceptionnelles de Rachmaninoff lui confèrent une dextérité et une musicalité sans égal dans l’exécution de la fameuse sonate en si bémol mineur (op. 35) de Chopin:
SI cette performance ne vous convainc pas, alors considérez cette petite anecdote: apparemment, la routine quotidienne de Rachmaninoff consistait d’un «réchauffement» utilisant l’étude de perfectionnement en la bémol (op. 1, no. 2) attribuée à Paul de Schlözer (jouée ici par le pianiste Stephen Hough):
Je ne suis pas un pianiste, mais j’ai peine à imaginer le commun des mortels s’attaquant à cette étude «à froid»…
Rachmaninoff a également travaillé sur la production de rouleaux pour piano mécanique. Voici donc un échantillon d’untel rouleau qui date des années 1920, mettant en vedette – entre autres – son célébrissime prélude en ut mineur:
Voici une autre paire d’exemples – le fameux rondo «alla turca» de Mozart et une sélection de valses de Chopin:
Scriabine et Rachmaninoff étaient des amis de longue date, ayant étudié ensemble au Conservatoire de Moscou. Voici Rachmaninoff dans une des nombreuses études pour piano de Scriabine:
Comme je l’ai dit en début de rédaction, la production de Rachmaninoff en tant que compositeur a été sérieusement affectée par les obligations professionnelles du pianiste Rachmaninoff. En fait, entre son arrivée en Amérique en 1918 et son décès en 1943, Rachmaninoff n’a complété que six compositions. Il ne faut tout de même pas oublier que Rachmaninoff était une grand sensible, et que l’exil l’a sûrement éprouvé au point de saper son énergie créative. Néanmoins, de ces six compositions on compte trois œuvres d’importance: ses Danses symphoniques, son quatrième concerto pour piano et ma dernière sélection, sa Rhapsodie sur un thème de Paganini, qu’il endisqua pour la RCA avec Stokowski et le Philadelphia Orchestra (Egalement dans bibli Musicale MQCD):
Pour terminer, les pièces primées dans ce billet et d’autres (y compris la performance intégrale de la sonate op. 35 de Chopin) se trouvent sur la playlist YouTube ci-dessous:
http://www.youtube.com/playlist?list=PL5DE3016D68982365
Voici une série de courtes pièces jouées par Rachmaninoff enregistrées entre 1920 et 1942
http://www.archive.org/details/TheArtOfRachmaninovVol.2
http://www.archive.org/details/TheAr...inovVol.2Side2
Egalement, dans la bibli MQCD, «Rachmaninov par lui-même : Récital pianistique»
Blogue à part: Demain, le 16 janvier, je publierai un billet sur mon blog Blogspot qui reconstruit le concert historique du 16 janvier 1910 réunissant Rachmaninoff et Gustav Mahler dans un programme d’œuvres de Smetana, Wagner, Rachmaninoff et un arrangement Mahler de musique de Jean-Sébastien Bach. A lire et entendre dès demain @ http://itywltmt.blogspot.com/ @+