Pour ma deuxième réflexion sur la musique du Carême. Je veux discuter du trio d’œuvres sacrées de Beethoven et en particulier d’une œuvre négligée de son catalogue, Christus am Ölberge (Le Christ au Mont des Oliviers). Cette œuvre, accompagnée par la messe en ut majeur et la Missa Solemnis forment l’ensemble de l’œuvre chorale sacrée de Beethoven.

Christus est un oratorio qui évoque le désarroi du Christ à la veille de sa crucifixion, et se termine avec le Christ choisissant de plein gré son ultime destin, plutôt que de s’y résigner.

Beethoven commença à composer l’oratorio en 1802, peu après qu’il ait rédigé son Testament de Heiligenstadt plaçant cette œuvre au cœur d’une période noire dans la vie du compositeur qui sait maintenant qu’il doit composer avec sa surdité. Parce qu’un oratorio dramatique plutôt qu’un opéra, et car il s'en tient à un événement biblique plutôt qu'à l'épisode entier de la Passion, certains diront qu’il s’agît ici d’une approche aux proportions humaines par opposition aux Passions de Bach par exemple, qui sont par surcroît des œuvres beaucoup plus élaborées et ambitieuses.

Le texte de l’oratorio est du poète Franz Xaver Huber, et ils travailleront étroitement pendant la composition qui aurait été complétée relativement rapidement – « en quelques semaines » dira-t-il, se ravisant plus tard pour dire qu’il n’eut besoin que de 14 jours. Néanmoins, l’œuvre sera donnée en première (avec la première de sa deuxième symphonie) le 5 avril 1803. L’œuvre fait l’objet de révisions en 1811 avant d’être publiée – ce qui explique son numéro d’opus chez Hess (85) en relation avec la deuxième symphonie (36).

Prenons note que Beethoven se montera plutôt sévère dans ses correspondances vis-à-vis le texte de son unique oratorio: «Mettons de côté la valeur de tels vers (…) j’aimerais plutôt mettre en musique Homère, Klopstock ou Schiller. S’ils ont leur part de difficultés, au moins ces immortels en valent la peine» (1824) et Christian Schreiber fut appelé à faire des révisions par les éditeurs de la partition.

L’oratorio requiert trois voix solistes: un ténor (le Christ), une soprano (un ange) et une basse (Saint-Pierre apôtre), ainsi qu’un chœur (SATB) et un orchestre. L’œuvre dure environ une cinquantaine de minutes.

Christus am Ölberge, op. 85
oratorio pour 3 solistes (STB), choeur et orchestre
(Texte: Franz Xaver Huber)
Ann Petersen (Soprano), Adam Zdunikowski (Ténor) et Ole Stovring Larsen (Basse)
Chorus Soranus & Torun Chamber Orchestra
Direction: Knud Vad
http://www.youtube.com/playlist?list=PL0ACB1FF71046A8A0

Les Messes
Afin de compléter le trio, permettez-moi de tout simplement vous offrir des hyperliens - pour commencer, une version YouTube de la messe en ut majeur:

Messe, en ut majeur, pour 4 solistes (SATB), choeur et orchestre, op. 86
Heather Harper (Soprano), Janet Baker (Mezzo-Soprano), Robert Tear (Ténor) et Hans Sotin (Basse)
New Philharmonia Chorus & London Philharmonic Orchestra
Direction: Carlo Maria Giulini
http://www.youtube.com/playlist?list=PL421ABE698D4F49AA

Et la bibli Musicale de notre forum ofrre un enregistrement de la Missa Solemnis:

Messe, en ré majeur, pour 4 solistes, choeur et orchestre, op. 123 "Missa solemnis"
Lois Marshall (soprano), Nan Merriman (mezzo-soprano), Eugene Conley (ténor) et Jerome Hines (basse)
Robert Shaw Chorale & NBC Symphony Orchestra
Direction: Arturo Toscanini
http://www.mqcd-musique-classique.co...ead.php?t=4192

Blogue à part – Pour les trois prochains vendredis, je propose une trifecta de montages axés sur le printemps et la sérénité qui s’y rattache. Demain, les oiseaux, dont le retour de leur migration hivernale annonce l’arrivée imminente du printemps. A lire et entendre dès demain sur mon blog blogspot. @+