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Discussion: Un pastiche supérieur à l'original ?

  1. #1
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    Un pastiche supérieur à l'original ?

    Bonsoir. Federico Maria Sardelli est un musicien d'aujourd'hui qui écrit dans le style de Vivaldi. Il y a pas mal de musiques de lui sur YouTube, par exemple ce concerto pour basson :
    [/URL]
    Je ne suis pas fou de Vivaldi, à quelques exceptions près (les fameuses Saisons, par exemple), parce que son écriture me semble souvent assez sommaire. L'écriture de Sardelli me semble moins sommaire, de sorte que j'incline à trouver qu'il dépasse son modèle. Qu'en pensez-vous ?
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  2. #2
    Administrateur Avatar de Philippe
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    C'est pas mal en effet, et plutôt proche de l'« original », on pourrait "y" croire.

    Personnellement j'aime beaucoup Vivaldi ... bon pas à doses trop énormes, mais j'aime son inventivité, ses sonorités, ses timbres - et en effet ce Sardelli me les rappelle pas mal

    Maintenant faut-il parler de "pastiche" ? - sans vouloir (comme à mon habitude ) jouer sur les mots, un pastiche n'implique-t-il pas une intention ironique, voire satirique ? bon d'accord je n'ai rien entendu d'autre de lui que le concerto présenté ci-dessus ; mais ne conviendrait-il pas mieux de parler d'« imitateur », ou de « à la manière de » ? ça m'intéresse, car durant mes études j'ai pas mal travaillé sur le pastiche, et dans le cas présent ça ne paraît pas approprié comme terme ; mais je peux me tromper, évidemment

  3. #3
    Exclu
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    juin 2011
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    Citation Envoyé par Philippe Voir le message
    Maintenant faut-il parler de "pastiche" ? - sans vouloir (comme à mon habitude ) jouer sur les mots, un pastiche n'implique-t-il pas une intention ironique, voire satirique ? bon d'accord je n'ai rien entendu d'autre de lui que le concerto présenté ci-dessus ; mais ne conviendrait-il pas mieux de parler d'« imitateur », ou de « à la manière de » ? ça m'intéresse, car durant mes études j'ai pas mal travaillé sur le pastiche, et dans le cas présent ça ne paraît pas approprié comme terme ; mais je peux me tromper, évidemment
    Le Petit Larousse dit que le pastiche est une imitation, "le plus souvent" à des fins parodiques. Le Petit Robert dit qu'on fait des pastiches par exercice de style ou dans une intention parodique. Je crois qu'à propos de "Haute école", de Jean-Louis Curtis, on a parlé de pastiches, et pourtant ses imitations ne me semblent pas vraiment parodiques. Mais il est vrai que quand on publie des pastiches, on y met le plus souvent quelque chose de cocasse qui serait invraisemblable sous la plume de l'auteur imité.

    Pour ma part, je parlerais de parodie quand il est fait clairement allusion à une oeuvre célèbre et qu'elle est déformée dans un tout autre style que celui de l'auteur. Par exemple Le sonnet d'Art vert, parodie du sonnet d'Arvers.

    Mais peu importe. L'essentiel est que Sardelli se met ouvertement dans le sillage de Vivaldi et que nous sommes au moins deux à trouver qu'il y réussit très bien.
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  4. #4
    En attente de confirmation
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    Citation Envoyé par Philippe Voir le message
    C'est pas mal en effet, et plutôt proche de l'« original », on pourrait "y" croire.

    Personnellement j'aime beaucoup Vivaldi ... bon pas à doses trop énormes, mais j'aime son inventivité, ses sonorités, ses timbres - et en effet ce Sardelli me les rappelle pas mal

    Maintenant faut-il parler de "pastiche" ? - un pastiche n'implique-t-il pas une intention ironique, voire satirique ? bon d'accord je n'ai rien entendu d'autre de lui que le concerto présenté ci-dessus ; mais ne conviendrait-il pas mieux de parler d'« imitateur », ou de « à la manière de » ? ça m'intéresse, car durant mes études j'ai pas mal travaillé sur le pastiche, et dans le cas présent ça ne paraît pas approprié comme terme ; mais je peux me tromper, évidemment
    Le pastiche - pasticcio - musical est une forme qui remonte loin. La grande époque en fut le XVIII°, Haendel en étant l'un des premiers et abondants producteurs.
    Il n'y a pas dans le pasticcio de visée ironique ou satirique systématique. cela peut arriver, mais c'est l'exception.
    Le but est de produire un opéra en un temps record pour répondre à la demande permanente d'un public insatiable. On 'torche' vite fait une oeuvre composite en pondant un livret 'nouveau', on le met en musique soit en s'y mettant à plusieurs (Muzio Scevola = Haendel + Bononcini + Amadei), soit en assemblant plus ou moins harmonieusement des musiques extraites d'oeuvres antérieures qui peuvent être de compositeurs différents ou du seul et même qui assemble le pastiche. Si le livret l'impose, on modifie un peu les musiques - on peut y adjoindre quelques airs réellement nouveaux composés pour la circonstance - et hop, le tour est joué.

    Federico Maria Sardelli fait autorité dans la musicologie vivaldienne. Il a été chargé par Peter Ryom lui-même de poursuivre l'élaboration du catalogue RV. ( http://it.wikipedia.org/wiki/Federico_Maria_Sardelli )
    S'il a élaboré le concerto à partir de mouvements ou de fragments de Vivaldi lui-même, le concerto est un pastiche musical au sens premier.
    S'il a intégralement inventé le concerto, c'est un pastiche au sens plus large d'oeuvre imitative, mais sans nécessairement d'intention moqueuse ou caricaturale.

    On trouve des pastiches littéraires (les Pastiches de Proust sont des régals !), picturaux (c'est là que s'est exercé l'art du pastiche avant même qu'il le soit en musique), architectural (combien de Versailles plus ou moins grands et réussis de par le monde), etc.

    L'un des derniers sinon le dernier pastiche(s) en date est The Enchanted Island, livret de Jeremy Sams à partir de The Tempest et A Midsummmer Night's Dream, musiques de Haendel, Vivaldi, Rameau et al. ; donné pour la soirée de la St Sylvestre 2011 au Met sous la direction de W. Christie, avec dans la distribution David Daniels, Joyce di Donato, Danielle de Niese, Luca Pisaroni et ... Placido Domingo !


    Un intéressant découpage de pasticcio avec le Bajazet de Vivaldi :
    • Del destin non dee lagnarsi: de L'Olimpiade de Vivaldi („Del destin non vi lagnate“)
    • Nasce rosa lusinghiera: de Farnace de Vivaldi („Scherza l'aura lusinghiera“, antérieurement „Senti l'aura lusinghiera“ du Giustino de Vivaldi)
    • In sì torbida procella: de Alessandro Severo de Geminiano Giacomelli
    • Vedeste mai sul prato: de Siroe Re di Persia de Hasse
    • Amare un'alma ingrata: nouveau
    • Qual guerriero in campo armato: de Idaspe de Riccardo Broschi (frère de Carlo "Farinelli")
    • Non ho nel sen costanza: de Adriano in Siria de Giacomelli
    • Anche il mar par che sommerga: de Semiramide de Vivaldi
    • Stringi le mie catene: nouveau
    • La sorte mia spietata: de Siroe Re di Persia de Hasse
    • La cervetta timidetta: de Giustino de Vivaldi
    • Sposa son disprezzata: de Merope de Giacomelli („Sposa, non mi conosci“)
    • Dov'è la figlia?: de Motezuma de Vivaldi
    • Sì crudel! questo è l'amore : de Farnace de Vivaldi („Io crudel? giusto rigore“)
    • Veder parmi, or che nel fondo: de Farnace de Vivaldi
    • Spesso tra vaghe rose: de Siroe Re di Persia de Hasse
    • Verrò crudel, spietato: nouveau
    • Svena, uccidi, abbatti, atterra: nouveau
    • Coronata di gigli e di rose : de Farnace de Vivaldi
    Dernière modification par The Fierce Rabbit ; 07/11/2012 à 12h51.

  5. #5
    Administrateur Avatar de Philippe
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    Et voilà finalement ... il a fallu le nouveau thread sur Vivaldi lancé par IP pour me rendre compte que j'avais oublié de répondre ici ...

    Merci donc TFR pour ces précisions sur le pastiche il me semblait que l'intention parodique était indissociable du pastiche, mais tant vos précisions qu'une rapide vérification au ... dictionnaire - m'ont clairement montré mon erreur.
    De toute évidence, mes souvenirs m'ont trahi ...


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