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Discussion: MARCELLO - Concerto pour hautbois en ré mineur

  1. #1
    Membre Avatar de jifi
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    octobre 2012
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    France
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    80

    MARCELLO - Concerto pour hautbois en ré mineur

    Bonjour,
    Je vous propose 2 versions :
    - avec les ornements de Bach, à l'écoute aussi rajoutés qu'inutiles (Strings of Zurich)
    - originale, un poil "baroque", enlevée, bien préférable (Sestetto d'Archi Scaligeri)
    ... qui ne sont pas de référence, mais afin de proposer un sujet de discussion ? : quel intérêt de rajouter des ornements à une oeuvre ? Le compositeur à écrit SA musique. De quel droit serait-elle considérée imparfaite ?
    A vous...
    jifi
    "Maintenant, je sais qu'il y a un dieu dans les cieux" Albert Einstein (Yehudi Menuhin 1929 Concerto pour Violon de Beethoven Orchestre Philharmonique de Berlin dir. Bruno Walter)
    JiFi "l'audio du village"

  2. #2
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    octobre 2007
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    9 770
    Dans le cas particulier de cette oeuvre de ce compositeur, je ne sais pas.

    Mais en général, dans les oeuvres de l'époque dite baroque, et encore jusqu'à Mozart et certaines oeuvres de bel canto, le compositeur attendait que l'interprète ajoute des ornements. Pas n'importe où ni n'importe comment : il y avait des règles, variables selon les moments, les pays, les genres, et ensuite le goût de l'interprète (ou les demandes du public) faisaient le reste. Il s'est écrit d'innombrables traités d'ornementation. L'article anglais de wikipedia sur les ornements donne des exemples (celui en français est assez curieusement traduit...). Jean Dubar, s'il passe par ici, pourrait en parler à la fois plus savamment et plus exactement, mais enfin au total, l'ajout d'ornements non écrits par le compositeur de la part de l'interprète est, dans un certain nombre de cas, une exigence du style "baroque", pas du tout une fantaisie arbitraire.

    Ensuite, bien sûr, on peut rater ses ornements, ou en choisir de "maltapropos". Et je préfère certaines versions pas du tout ornées à d'autres ornées d'une manière qui ne me plaît pas. Mais je ne suis pas trop orthodoxe, comme barocophile...
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  3. #3
    Exclu
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    juin 2011
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    2 130
    Il me semble avoir lu qu'un compositeur du 18e siècle (mais je ne sais plus lequel) aurait dit à un instrumentiste : "Si j'avais voulu un onement à cet endroit, je l'aurais indiqué." Quelqu'un en sait-il plus ?
    IP

  4. #4
    Modérateur Avatar de lebewohl
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Localisation
    Paris
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    9 770
    Je verrais bien Beethoven jeune dire ça!!!

    Bon je suppose que cela dépend des genres. Dans une fugue savante, l'ornement a sans doute moins sa place que dans un "aria da capo" roucoulant ou une scène de fureur dans un opéra (non que ces derniers ne puissent être savants).
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  5. #5
    Modérateur
    Date d'inscription
    mars 2008
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    1 912
    ce n'est pas du 18è mais ça me rappelle ce passage de Vie de Rossini de Stendhal

    Rossini arrive à Milan en 1814, pour écrire l'Aureliano in Palmira; il y trouve Velluti qui devait chanter dans son opéra; Velluti, alors dans la fleur de la jeunesse et du talent, et l'un des plus jolis hommes de son siècle, abusait à plaisir de ses moyens prodigieux. Rossini n'avait jamais entendu ce grand chanteur, il écrit pour lui la cavatine de son rôle.
    A la première répétition avec l'orchestre, Velluti chante, et Rossini est frappé d'admiration; à la seconde répétition, Velluti commence à broder (fiorire), Rossini trouve des effets justes et admirables, il approuve; à la troisième répétition, la richesse de la broderie ne laisse presque plus apercevoir le fond de la cantilène. Arrive enfin le grand jour de la première représentation: la cavatine et tout le rôle de Velluti font fureur; mais à peine si Rossini peut reconnaître ce que chante Velluti, il n'entend plus la musique qu'il a composée; toutefois, le chant de Velluti est rempli de beautés et réussit merveilleusement auprès du public, qui, après tout, n'a pas tort d'applaudir ce qui lui fait tant de plaisir.
    L'amour-propre du jeune compositeur fut profondément blessé; son opéra tombait et le soprano seul avait du succès. L'esprit vif de Rossini aperçut en un instant toutes les considérations qu'un tel événement pouvait lui suggérer.
    «C'est par un hasard heureux, se dit-il à lui-même, que Velluti se trouve avoir de l'esprit et du goût; mais qui m'assure que dans le premier théâtre pour lequel je composerai, je ne rencontrerai pas un autre chanteur qui, avec un gosier flexible et une égale manie pour les fioriture, ne me gâtera pas ma musique de manière à la rendre non-seulement méconnaissable pour moi, mais encore ennuyeuse pour le public, ou tout au plus remarquable par quelques détails de l'exécution? Le danger de ma pauvre musique est d'autant plus imminent qu'il n'y a plus d'écoles de chant en Italie. Les théâtres se remplissent de gens qui ont appris la musique de quelque mauvais maître de campagne. Cette manière de chanter des concerto de violon, des variations sans fin, va détruire non-seulement le talent du chanteur, mais encore vicier le goût du public. Tous les chanteurs vont imiter Velluti, chacun suivant la portée de sa voix. Nous ne verrons plus de cantilènes simples; elles sembleraient pauvres et froides. Tout va changer, jusqu'à la nature des voix; accoutumées une fois à broder et à toujours charger une cantilène de grands ornements fort travaillés et étouffant l'œuvre du compositeur, elles se trouveront bientôt avoir perdu l'habitude d'arrêter la voix et de filer des sons, et hors d'état par conséquent d'exécuter le chant spianato et sostenuto; il faut donc me hâter de changer le système que j'ai suivi jusqu'ici.
    «Je sais chanter; tout le monde m'accorde ce talent; mes fioriture seront de bon goût; d'ailleurs je découvrirai sur-le-champ le fort et le faible de mes chanteurs, et je n'écrirai pour eux que ce qu'ils pourront exécuter. Le parti en est pris, je ne veux pas leur laisser de place pour ajouter la moindre appoggiatura. Les fioriture, les agréments feront partie intégrante du chant, et seront tous écrits dans la partition.

  6. #6
    Exclu
    Date d'inscription
    juin 2011
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    2 130
    Citation Envoyé par sud273 Voir le message
    ce n'est pas du 18è mais ça me rappelle ce passage de Vie de Rossini de Stendhal
    D'après mes souvenirs malheureusement très vagues, le compositeur dont je parlais est des dernières décennies du 18e siècle ou des premières du 19e, et donc pas trop éloigné de Rossini. Merci pour cette anecdote sur Rossini, qui indique sans doute assez bien à quelle époque les interprètes perdirent le droit de broder.
    IP

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