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Pendant les belles années du règne de Charles Dutoit à l’Orchestre Symphonique de Montréal, on avait l’habitude d’offrir une série de concerts d’été à la Basilique Notre-Dame, au cœur du Vieux-Montréal. La tradition commença autour de 1980, avec une intégrale Beethoven, puis se transforma en un festival «Mozart plus» avec du Mozart en première partie et l’œuvre d’un autre compositeur en deuxième partie.

Généralement sans entracte, le concert durait peut-être 90 minutes, et permettait aux spectateurs de profiter du reste de la soirée dans un coin de la ville assez actif durant l’été.

Une de ces années (je dirais 1981 ou 82), le festival d’été était Mozart-Tchaïkovski et, un soir de canicule, on offrait si je me souviens bien une ouverture (La flûte enchantée je crois), la symphonie Linz et le concerto pour piano en si bémol mineur (le premier) de Tchaïkovski. La pianiste d’office .était une nouvelle-venue de 21 ans à peine, la pianiste des Philippines formée aux USA, Cecile Licad.


Mme Licad traversa la partition sans ennuis – technique prodigieuse, tout le flash qui s’impose avec cette œuvre célébrissime. Ovationnée chaleureusement, la dame a dû faire une bonne impression avec le chef qui l’invita à l’accompagner peu de temps après en tournée avec son «autre» orchestre – celui de la NHK.

L’histoire de Cecile Licad est celle de tant de pianistes de concert. Née à Manille d’une famille musicale, elle fait ses débuts au piano avec sa mère à trois ans, et pas encore tout à fait adolescente, elle joue avec l’orchestre local avant de s’embarquer (à 12 ans) pour les USA et le prestigieux Curtis Institute de Philadelphie, où elle étudie avec (entre autres) Seymour Lipkin et Rudolf Serkin. Après le Curtis, elle continue avec Serkin dans son institut de piano au Vermont pour un stage de cinq ans avant de faire ses grands débuts avec Zubin Mehta et la Philharmonique de New-York, et une tournée Nord-Américaine (dont le passage à Montréal ouvre ma réflexion d’aujourd’hui).

La carrière de Mme Licad (trente ans sur les planches) a ses hauts et ses bas. Sa discographie est plutôt modeste (une paire de disques chez Sony tôt en carrière avec Claudio Abbado me viennent à l’esprit), et ont connu un succès mitigé avec la critique. Disons que Mme Licad, comme bon nombre de pianistes de sa génération, a tous les atouts techniques, mais souvent se laisse emporter par ses choix d’interprétation qui ne font pas toujours l’unanimité. Elle reste une musicienne de talent, et elle défend un répertoire pas mal vaste (classique, romantique et moderne) pour piano seul, en concerto et comme chambriste. J’ai retenu ici quelques titres disponibles sur le site du musée Gardner de Boston, qui inclut l’intégrale des préludes de Chopin et la deuxième sonate de Rachmaninov.

Bonne écoute!

DETAILS


Frédéric CHOPIN (1810-1849)
Scherzo No. 1 en si mineur, Op. 20
http://traffic.libsyn.com/gardnermuseum/chopin_op20.mp3

24 préludes, op. 28
http://traffic.libsyn.com/gardnermuseum/chopin_op28.mp3

Sergey RACHMANINOV (1873-1943)
Sonate No. 2 en si bémol mineur, op. 36
http://traffic.libsyn.com/gardnermus...op36_licad.mp3

Blog et Baladodiffusuion du vendredi: Notre Passeport Musical continue, avec un arrêt en Russie (et dans les républiques qui formaient jadis l’Union Soviétique), avec des musiques d’inspirations Russe d’Edouard Lalo, Jules Levy et Maurice Jarre, ainsi que des titres de compositeurs Russes dont Glazounov et Ippolitov-Ivanov. A lire – et entendre – vendredi le 19 juillet.anov. A lire – et entendre – vendredi le 19 juillet.