Bonjour.
Un ami me disait un jour que je n’aimais que les “musiques qui font peur”. Eh bien non, pas que. Mais c’est vrai quand même que j’ai un faible pour les musiques d’atmosphère angoissante ou dramatique, genre musique de film à suspense ou fantastique/science-fiction. Donc, devinez de quoi je vais parler ? De musiques de film, tout-à-fait.
Bon, c’est vrai, la musique de film ce n’est pas toujours de la grande musique. C’est plutôt bien souvent grandiloquent et vacarmeux. Mais pas systématiquement, heureusement. Par contre, ce qui est caractéristique de la musique de film c’est qu’elle est émotionnelle. Son but est de provoquer des émotions chez le spectateur. C’est en principe également celui de la “grande” musique mais ce n’est pas une obligation chez elle. Ça l’est chez la musique de film. Parlons donc d’émotions.
Il m’est souvent arrivé de rêver de musiques extraordinaires, que je jouais moi-même ou que j’entendais jouées par d’autres. Quelques fois j’ai pu écrire juste après mon réveil la mélodie, ou une partie de la mélodie rêvée. Mais au matin, lorsque je la jouais sur ma guitare ou au clavier, ce n’était plus qu’une petite mélodie niaise et dépourvue de la moindre émotion. Tout ce qui faisait l’intensité émotionnelle de la musique rêvée était resté dans le rêve. Elle n’était donc pas dans la mélodie. D’ailleurs on sait bien qu’une mélodie toute seule, toute nue, ne véhicule pas beaucoup d’émotion. Il faut en plus l’harmonisation, et l’orchestration, et l’interprétation. C’est tout cet ensemble qui crée et transporte l’émotion musicale. Les grands compositeurs sont sans doute capables de retranscrire tout cela à partir d’une musique rêvée, mais moi je n’ai jamais pu le faire. Par contre, j’ai découvert assez récemment une musique qui a déclenché en moi quelque chose de très proche des émotions musicales que j’ai pu connaître en rêve. Il s’agit de la musique du film The Fountain, de Darren Aronovsky, composée par Clint Mansell. Les mélodies de cette musique sont ultra-simples, simplissimes même. Mais grâce à l’harmonisation, à l’orchestration et à l’interprétation (par le Kronos Quartet et le groupe Mogwai), ces mélodies produisent une émotion très forte et très particulière, d’une tristesse semblable à celle qu’il m’arrive de ressentir parfois dans mes rêves. Le film possède d’ailleurs une très forte dimension onirique, mais je précise que je ne l’avais pas vu avant de découvrir la musique, je ne l’ai vu qu’après. J’étais évidemment très curieux de découvrir quel film était soutenu par cette musique qui faisait naître en moi des émotions aussi particulières et intenses que celles de mes rêves. Je ne dirai pas que j’ai totalement adhéré à l’histoire qu’il raconte mais les très belles et très étranges séquences avec l’”arbre de vie” m’ont fortement impressionné. En tout cas, Clint Mansell a composé ici une musique très forte qui peut s’écouter indépendamment des images. A la différence de la plupart des musiques de film, qui sont généralement des petites pièces de 2 à 3 minutes sans véritable lien les unes avec les autres (et qui n’ont souvent guère d’intérêt à être écoutées seules), celle-ci est constituée de morceaux qui s’enchaînent et qui possèdent entre eux une très forte unité d’atmosphère. L’ensemble constitue un unique morceau qu’on écoute du début jusqu’à la fin comme un long poème symphonique de quarante minutes.
J’ai voulu écouter d’autres musiques de Clint Mansell mais je n’y ai pas retrouvé la même puissance émotionnelle. Par contre, en écoutant des disques du groupe Mogwai, il m’a semblé par moments retrouver quelque chose d’approchant (bien que leur musique soit souvent assez insupportable). J’en conclus que c’est plus la collaboration Mansell/Mogwai/Kronos Quartet qui a produit une alchimie particulière et non le seul talent de compositeur de celui qui signe la musique.
Un autre compositeur de musique de film dont je voudrais parler est Hans Zimmer. Oui, celui qui signe la musique des Batman. Il semble s’être spécialisé dans les musiques “qui font peur” et je ne pouvais donc pas ne pas tomber sur lui un jour ou l’autre, même si je vais rarement au cinéma, et en tout cas pas pour voir Batman. J’ai fait sa “connaissance” dans le film Rangoon de Boorman. C’est pas d’hier, donc. Le film m’avait vraiment pris aux tripes ; tout du long j’avais eu l’impression d’y sentir le danger juste derrière ma nuque. J’avais acheté le disque de la musique, mais après trois ou quatre écoutes, j’avais fini par la trouver pas si foudroyante que ça et j’avais quelque peu oublié le disque. Et puis un jour, plusieurs années après, j’ai entendu une musique qui, elle aussi, prenait aux tripes. C’était celle de The Dark Knight, et elle était de Hans Zimmer, celui-là même qui avait signé la musique de Rangoon. J’avais enregistré le disque (je n’achète plus, j’enregistre, et je participe ainsi à la chute des ventes de CD, Ah! Ah!), mais comme avec celle de Rangoon, après avoir écouté la musique quelques fois, elle avait fini par me lasser. Il est vrai aussi qu’on l’entendait partout en illustration sonore de diverses émissions de télé pour susciter l'émotion, ça en devenait insupportable. Bon, c’était quand, ça ? il y a trois ou quatre ans, cinq ?... Je ne sais plus. Eh bien j’ai fait une rechute cette année. En quelques mois j’ai enregistré la musique de The Ring 2, Inception, Da Vinci Code, The Dark Knight Rises. Gare à l’overdose de peur !