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Discussion: Sonates D Scarlatti

  1. #21
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    On sent la mer d'ici
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    Ca me semble du bon sens ce que tu dis-là Olivier.
    En ce moment, je travaille une petite pièce de Debussy (c'est la première que j'aborde). Premier conseil de mon prof: travaille-ça comme du Bach et on verra pour les histoires de pédale après.

    Enfin, peut-être que ça n'a aucun rapport....
    Dernière modification par Bertrand ; 31/10/2007 à 14h29.

  2. #22
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    Pour ça, je ne procéderais pas tout à fait comme te le dit ton professeur. J'aime bien me rapprocher assez vite du résultat sonore, donc fais mettre la pédale assez vite.

    En revanche, et c'est là que ce conseil peut être excellent, il est bon quelquefois de se laver les oreilles et de travailler sans pédale.

  3. #23
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    Citation Envoyé par Olivier Chauzu Voir le message

    Quand on aborde les grands Chopin, Brahms, Liszt, avant de se faire une SO-NO-RI-TÉ dans les choses plus claires, plus classiques, on arrivera certes à un résultat correct, voire bon, mais on n'ira pas plus loin. La sonorité, les plans sonores, le son personnel qui est fonction de la morphologie, c'est les oeuvres de Bach, de Mozart, de Haydn, de Clementi, de Rameau, de Couperin, qui les donne, en vertu de cette acuité digitale et cette précision acoustique qu'ils requièrent.
    Merci pour cette précision vu comme ça je suis tout à fait d'accord c'est votre phrase "La vraie technique s'obtient dans la fréquentation des classiques, point barre!" qui prêtait à confusion surtout le "point barre".

    Citation Envoyé par Olivier Chauzu Voir le message
    Mais comme dit Alain, Chopin avant de composer ses études avait travaillé autre chose au préalable.
    Oui bien sûr ils n'ont pas réinventé la roue. Mais ce qu'ils ont inventé ne mérite pas moins de figurer dans la "vraie technique" à mon avis. Liszt et Chopin et même Brahms ont mis en évidence des faiblesses dans la technique classique qui les emperchaient d'aller plus loin dans leur idée de composition. J'ai pris l'exemple de la seconde étude de Chopin car je sais qu'elle lui tenait particulièrement à coeur. Le développement de la main qu'elle entraîne est si radicale que je ne peux pas croire que Chopin lui même pouvez la jouer avant d'avoir eut l'idée de s'attaquer à cette faiblesse. Ils ont contribué à libérer le poignet jusqu'à l'épaule, les notes doubles, tierces, sixtes, octaves sont entrée dans la "technique de base" ou "vrais technique" car leur musique l'exigeait et je ne pense pas que Bach soupçonnait jusqu'ou la "technique moderne" (terme employé par Cortot) irait.

    Citation Envoyé par Olivier Chauzu Voir le message
    Ceci dit, j'en reviens à ce qui fut dit chez Abeilles, Liszt est un des compositeurs les moins bien joués en France. Des Dantes ou des Sonates de Liszt convaincants, ce n'est pas très fréquent.

    De ce point de vue, je ne pense pas avoir remplacé une idée reçue par une autre?
    ça dépend
    On a quelques jeunes français bien placés dans les concours. Jean Dubé a gagné la compétition Liszt en 2002. Je pense que Bavouzet est un grand Lisztien c'est une honte qu'il enregistre si peu.
    Personnellement j'aime beaucoup les études de Duchable (moins sa sonate) même si je connais les critiques qu'on lui fait. Je pense que c'est un enregistrement important.
    J'ai vu dernièrement le premier Concerto de Liszt par Angelich à la cité de la musique et je dirais qu'il n'a pas à rougir de sa performance.
    Et puis, par franchouillardise, je dirais que Cziffra est français (si, techniquement ) pour les rhapsodies, la totentanz, les polonaises je ne trouve pas mieux. Une Sonate décevante là aussi.
    Cela dit, j'ai vu sur mezzo l'intégrale des études par Chamayou et je me suis assez franchement ennuyé
    Dernière modification par k-nar ; 31/10/2007 à 16h26.

  4. #24
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    Chiarina, avant de composer la Suite op. 17... Rachmaninov ne l'avait pas encore jouée...

    Derrière, cette petite remarque de logique, se cache quoi ?

    Rachmaninov est justement de ces pianistes qui ont été formés à la rude école des doigts et des exercices les premières années sérieuses de leur enseignement. Tout gamin, il jouait et improvisait, puis quand il est passé chez Sverev et au Conservatoire : ça a été exercices et classiques du répertoire : des clavecinistes à Mendelssohn... et seulement après les grandes choses qui ne peuvent être donnés qu'en accompagnement du developpement morphologique d'un enfant, puis d'un préado, puis d'un ado : ce n'est pas le piano qui développe le corps, c'est le corps qui se développe et le piano qui suit. Quand le piano va plus vite : le corps se rebelle.

    Mais les pianistes ont eu des doigts solides bien avant la musique de la fin du XIXe et celle du XXe. Et d'une certaine façon, ils l'étaient parfois bien plus que de nos jours.

    Jusqu'à la fin de sa vie chaque jour, Rachmaninov jouait quelques études de Czerny !

    Quel âge avait Liszt quand il a composé la première version de ses transcendantes, Chopin son premier cahier op. 10 ou son concerto en mi mineur ?

    Ils étaient jeunes et ne pouvaient avoir travailler autre chose que les classiques. Pour Chopin, c'est même caricatural.

    Et cependant, ils pouvaient tout faire... et sur des pianos à la fois plus faciles... et beaucoup plus difficiles que les nôtres. Surtout ceux de leur prime jeunesse.

  5. #25
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    Citation Envoyé par k-nar Voir le message
    Oui bien sûr ils n'ont pas réinventé la roue. Mais ce qu'ils ont inventé ne mérite pas moins de figurer dans la "vraie technique" à mon avis. Liszt et Chopin et même Brahms ont mis en évidence des faiblesses dans la technique classique qui les emperchaient d'aller plus loin dans leur idée de composition. J'ai pris l'exemple de la seconde étude de Chopin car je sais qu'elle lui tenait particulièrement à coeur. Le développement de la main qu'elle entraîne est si radicale que je ne peux pas croire que Chopin lui même pouvez la jouer avant d'avoir eut l'idée de s'attaquer à cette faiblesse. Ils ont contribué à libérer le poignet jusqu'à l'épaule, les notes doubles, tierces, sixtes, octaves sont entrée dans la "technique de base" ou "vrais technique" car leur musique l'exigeait et je ne pense pas que Bach soupçonnait jusqu'ou la "technique moderne" (terme employé par Cortot) irait.
    Bien sur qu'ils n'ont pas inventé la roue : ce qu'ils ont inventé, c'est la transcendance. C'est de faire de la musique ET de la technique pure. Ce que les fabricants d'études, avant eux, n'avaient jamais fait car leurs visées étaient avant tout pédagogique. D'autres ensuite et en même temps, feront de jolies choses pégagogiques : Moscheles, Henselt, et d'une certaine façon Alkan qui est plus pédagogique que Chopin et Liszt dans certaines pièces.

    On ne joue les études de Chopin que quand on peu en dominer les difficultés. Elles ne sont pas une méthode pour améliorer son niveau digital : elles sont même des tueuses de ce point de vue là, à deux ou trois exceptions : op. 25 n° 2, par exemple.

    C'est parce que Chopin dominait ces problèmes techniques qu'il en a fait de la musique... et non des etudes.

    Et le Chopin de 17 à 20 ans... n'avait pas pu travailler ce qui n'existait pas... On sait ce qu'il a travaillé gamin. On sait aussi ce qu'il faisait travailler à ces élèves.

    Avant Chopin et Liszt, de nombreuses oeuvres exigeaient déjà une technique avec un poignet libéré jusqu'à l'épaule... que les pianos n'exigeaient, en revanche, pas tous. Ces deux compositeurs ont continué à libérer... ils ne sont pas sortis du néant : il n'y a aucune rupture.

    Quelqu'un qui domine le Clavier bien tempéré, la fantaisie chromatique et fugue, les partitas, etc. rencontrera assez peu de difficultés infranchissables chez Chopin.

    Et suis absolument d'accord avec Olivier. En France, il fut un temps, pas si lointain, ou l'on a négligé les fondements de la technique... en réaction avec l'enfer digital qu'avait été l'entre deux guerres... pour former des pianistes qui devaient se refaire une technique sitôt sorti du conservatoire.

    Quelques pianistes se sont d'ailleurs fait, en France et à l'étranger, une grande renommée dans le domaine professionnel en servant de rebouteux pour les premiers prix du conservatoire il y a de cela une vingtaine d'années qui peu après être sortis se rendait compte à mesure que leurs exigences artistiques grandissaient qu'ils n'avaient pas les moyens de jouer comme ils le souhaitaient...

  6. #26
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    Citation Envoyé par Chiarina Voir le message
    Oui bien sûr mais dans les inventions à deux voix le plan sonore consiste le plus souvent à jouer une main plus ou moins fort que l'autre, de même que dans la plupart des oeuvres classiques, c'est jouer le thème plus fort que la basse d'Alberti qui l'accompagne (je schématise un peu ) ce qui n'est déjà pas si mal, et c'est bien par ça qu'on commence !

    J'ai un peu exagéré en écrivant qu'on ne travaillait pas les plans sonores avec le répertoire classique, mais je pensais surtout à la difficulté recontrée assez tôt, à faire sonner la partie supérieure d'un accord ou à réaliser à la même main, une mélodie aux pouces ou aux cinquièmes et un accompagnement, comme il y en a si souvent dans les Romances sans paroles ou chez Schumann, avec une recherche de sonorité souvent plus sophistiquée que chez Bach.
    D'ailleurs les "inventions" à trois voies sont très difficiles pour certaines et plus que certaines fugues du clavier.

    Bien d'accord avec vous pour Mendelssohn, mais pour moi, c'est une écriture classique poussée à son paroxysme, pas une technique moderne. Les romances sans paroles sont très formatrices pour l'oreille, pour le rythme, pour les doigts. Et pas aussi longues à apprendre qu'une sonate de beethoven ! Mais bon, on y rencontre peu de difficultés qu'on ne trouve avant dans le répertoire. En tout cas, elles étaient l'un des socles de l'enseignement au XIX e et au début du XXe.

    En revanche, les élèves que vous entendez secs... ce n'est pas parce qu'ils ont trop joués de classiques "favoris"... dans lesquels vont des clavecinistes à Liszt... quand même... c'est qu'ils ne sont pas très musiciens.

    Un p'tit gamin que je connais bien, qui n'est pas un génie et ne sera sans doute jamais pianiste, phrase naturellement de façon harmonieuse, avec des nuances, un beau son quoi qu'il joue... et ça ne va pas loin en terme de virtuosité !

    Je lui ai demandé pourquoi il faisait telle ou telle nuance (pas toujours celle imprimée, d'ailleurs !), sa réponse c'est : "sinon, c'est moche, c'est plat, faut que ça chante". Sa prof, au Conservatoire, dit que c'est un bonheur... à côté de nombreux autres qui sont sensibles comme des buches.

  7. #27
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    l'opus 10 de chopin a été accueilli très durement par la critique de l'époque, des "casse doigts stupides", "inutiles" car de toute façon impossible à jouer. Je pense qu'il y a bien une rupture, une révolution, pas seulement une évolution naturelle du jeu de Chopin formé à Bach. Dire que Chopin avait déjà la technique de ses études, sinon il n'aurait pas pu les composer n'a rien de logique. Sinon je peut dire pareille de tous les compositeurs Bach, Scarlatti, etc.. et décreter que la technique n'existe tout simplement pas. Chopin, comme Liszt, n'ont pas inventé la roue, mais ils ont étudié les faiblesses techniques des pianistes de leur époque et ont compris que c'était un frein à leur leur liberté de composition puis ils ont méthodiquement démonté ces faiblesses. Oui Chopin donnait Bach a ses élèves mais aussi ses propres études, la seconde de l'opus 10 notamment où il a soigneusement indiqué tous les doigtés sur chacune des notes et dans toutes les mesures, alors qu'il ne le faisait jamais pour ses oeuvres. Brahms a écrits ses 51 exercices dans l'idée de donner les doigts, ou plutôt dans ce cas, les poignets, pour ses concertos. On ne s'interessait pas plus que ça à l'articulation latérale du poignet chez les classiques. Brahms pensait que c'était une lacune. Y remédier ouvrait des portes nouvelles à la composition
    Dernière modification par k-nar ; 31/10/2007 à 19h17.

  8. #28
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    Citation Envoyé par k-nar Voir le message
    l'opus 10 de chopin a été accueilli très durement par la critique de l'époque, des "casse doigts stupides", "inutiles" car de toute façon impossible à jouer. Je pense qu'il y a bien une rupture, une révolution, pas seulement une évolution naturelle du jeu de Chopin formé à Bach. Dire que Chopin avait déjà la technique de ses études, sinon il n'aurait pas pu les composer n'a rien de logique. Sinon je peut dire pareille de tous les compositeurs Bach, Scarlatti, etc.. et décreter que la technique n'existe tout simplement pas. Chopin, comme Liszt, n'ont pas inventé la roue, mais ils ont étudié les faiblesses techniques des pianistes de leur époque et ont compris que c'était un frein à leur leur liberté de composition puis ils ont méthodiquement démonté ces faiblesses. Oui Chopin donnait Bach a ses élèves mais aussi ses propres études, la seconde de l'opus 10 notamment où il a rigoureusement indiqué tous les doigtés sur chacune des notes et dans toutes les mesures, alors qu'il ne le faisait jamais pour ses oeuvres. Brahms a écrits ses 51 exercices dans l'idée de donner les doigts, ou plutôt dans ce cas, les poignets, pour ses concertos. On ne s'interessait pas plus que ça à l'articulation latérale du poignet chez les classiques. Brahms pensait que c'était une lacune. Y remédier ouvrait des portes nouvelles à la composition

    Je n'ai pas le souvenir de critiques très dures de l'opus 10 de Chopin quand il a été joué ou édité. Mais que parmi le petit nombre de pianistes de cette époque, peu aient été capables de les jouer ne prouve rien du tout. C'est comme le concerto pour la main gauche : on a trop dit, et même écrit, qu'il était injouable quand il a été publié. En fait, pas du tout : c'est juste un problème de langage qui gênait plus d'un pianiste et de difficultés pianistes que certains n'arrivent toujours pas à surmonter... au moins, le langage ne leur pose-t-il plus aucun problème.

    Chopin a agi en compositeur ! Et quand il a commencé ses études, il était à Varsovie, sans radio, sans disques, dans un environnement pianistique médiocre de toute façon (d'ou le choc Paganini) et il n'a étudié aucune faiblesse chez ses contemporains : il a été la musique que son génie lui dictait, sans vertus pédagogiques. Et il avait 17 ans pour les première études. Elles étaient tout au contraire la fixation sur le papier de ce qu'il réussissait à faire devant son clavier ! N'ayant jusque là pas du tout étudié une musique qui n'existait pas.

    Idem de Franz Liszt quand il compose la première version de ses transcendantes. Il met sur le papier ce qu'il peut jouer et qu'il joue pour faire tomber les filles

    Il ne faut pas reconstruire l'histoire en remontant le temps et en plaquant des justifications aux choses qui naissent ensuite dans l'esprit des observateurs.

    Chopin n'a pas étudié le piano dans ses études.

  9. #29
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    Moi je vois dans les études de Chopin comme une espèce de libération!

    On est beaucoup plus détendu musculairement que dans une fugue de Bach, ou même une étude de Czerny toute bête.

    Pour jouer la 2 opus 10, on doit avoir une main totalement détendue. Mais au préalable, elle doit être entièrement formée, avoir le gnac nécessaire pour surmonter les difficultés... mais toute en souplesse, sinon tu n'arriveras pas à la jouer!

    C'est ce qui fait l'intérêt des études de Chopin, apprendre cette liberté et je crois, après la lecture intéressante des post d'Alain, si tel n'a pas été son but pédagogique!

    Evidemment, travailler les études de Chopin pour se faire une technique, c'est un non-sens artistique!

    Je trouve qu'auparavant, il faut se faire un son! Les violonistes rigolent bien quand on leur dit que c'est difficile de jouer du piano... les notes sont marquées sur l'instrument! Oui, mais entre produire un son artistique et un son tout bête que produisent les aristochats en se promenant sur le clavier... ça c'est autre chose!

  10. #30
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    Citation Envoyé par alain Voir le message
    Je n'ai pas le souvenir de critiques très dures de l'opus 10 de Chopin quand il a été joué ou édité.
    Le critique Allemand Rellstab conseillait à ceux qui voulaient apprendre ces études d'avoir un chirurgien à portée de main

    Citation Envoyé par alain Voir le message

    Il ne faut pas reconstruire l'histoire en remontant le temps et en plaquant des justifications aux choses qui naissent ensuite dans l'esprit des observateurs.
    oui
    mais dire que Chopin et Liszt ne se sont jamais penché dans leur vie sur la questions de la technique relève du fantasme... comme si cela ébranlait la pureté de leur génie
    Chopin a développé la musique que lui dictait son inspiration, dans ce développement il y a une partie technique. Liszt a fait des recueils d'exercices, comme Czerny Vous pouvez en voir à quoi cela ressemble ici http://www.sheetmusicplus.com/a/item...5&item=3502970
    c'est Chopin et son opus 10 qui lui a donné l'idée de composer de vraies Etudes

  11. #31
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    Finalement, le parcours d'Olivier et le mien sont assez complémentaires.
    Mais Olivier, permets moi de douter qu'en ne travaillant que le répertoire classique pendant des années, on puisse être capable de jouer spontanément et correctement le Carnaval de Schumann ou la troisième de Brahms.

    Je rebondis du même coup sur ce que dit Alain, à propos de Chopin qui n'avait travaillé que du classique avant d'écrire ses propres oeuvres , ou de Rachmaninov qui n'avait pu travailler la suite opus 17, et pour cause, Picasso n'a pas copié d'oeuvres cubistes au Louvre, c'est sûr...

    Voulez-vous dire par là, que la technique de ces musiciens est toute entière contenue dans les oeuvres qui les ont précédés ?
    Nous sommes devant deux des plus grands génies du piano, qui ont révolutionné la technique de l'instrument justement parce que leurs moyens physiques extraordinaires se sentaient à l'étroit dans l'héritage digéré et assimilé de leurs prédécesseurs et qui ont passé des centaines d'heures à improviser à leur manière, testant des combinaisons de gestes et de sons avant de se mettre à écrire.(Ce qui n'empêchait pas Rachmaninov de faire du Czerny comme vous le dites)
    Mais cela ne signifie pas pour autant que tous les pianistes de l'époque étaient capables de jouer facilement cette musique si différente de ce qu'ils avaient connu jusqu'alors.

    Dans cette discussion on oppose un peu systématiquement travail des classiques et des romantiques, alors que les deux sont indispensables et complémentaires, sans parler du répertoire du 20ème siècle et contemporain qui a aussi ses spécificités.
    Je n'aime pas trop ce raccourci qui laisse imaginer qu'il n'y a que grâce aux oeuvres classiques qu'on arrive à jouer propre, solide, équilibré, etc, comme si on n'avait aucune exigence dans le reste. Donnez une petite pièce de Kurtag à un élève, vous verrez tout ce qu'il faut pour que cela sonne correctement !
    Initialement, je parlais des différents moyens d'acquérir de la force dans les doigts lorsqu'on a une main fine, ce qui n'est pas la même chose que la vélocité.
    Il est évident qu'un enseignant suit le développement morphologique d'un enfant, mais en attendant de donner le troisième de Prokofiev, il y a bien des alternatives adaptées au niveau de chacun.
    Vous avez cité Bartok qui recommandait lui aussi l'étude des classiques mais qui pourtant, aussi bien dans les Microcosmos que dans For Children, propose une technique bien plus éclectique, complète et formatrice.

  12. #32
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    Citation Envoyé par Olivier Chauzu Voir le message
    Moi je vois dans les études de Chopin comme une espèce de libération!

    On est beaucoup plus détendu musculairement que dans une fugue de Bach, ou même une étude de Czerny toute bête.
    Chacun son truc, moi je ne suis pas du tout raide dans la fugue, mais suis incapable de jouer pas mal d' études de Chopin sans fatiguer.

  13. #33
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    Citation Envoyé par k-nar Voir le message
    Le critique Allemand Rellstab conseillait à ceux qui voulaient apprendre ces études d'avoir un chirurgien à portée de main



    oui
    mais dire que Chopin et Liszt ne se sont jamais penché dans leur vie sur la questions de la technique relève du fantasme... comme si cela ébranlait la pureté de leur génie
    Chopin a développé la musique que lui dictait son inspiration, dans ce développement il y a une partie technique. Liszt a fait des recueils d'exercices, comme Czerny Vous pouvez en voir à quoi cela ressemble ici http://www.sheetmusicplus.com/a/item...5&item=3502970
    c'est Chopin et son opus 10 qui lui a donné l'idée de composer de vraies Etudes
    Je ne dis pas qu'ils ne se sont pas penchés sur la technique, mais je prétends, j'affirme même que leurs études op. 10 et 25, Transcendantes ou d'après Paganini... ne sont en rien des études destinées à faire progresser les pianistes.

    Pour jouer les études de Chopin, il faut déjà avoir une technique formée.

    Ce qui n'est pas le cas des études d'autres compositeurs qui ont des vertus formatrices et qui sont graduées en difficultés en ce sens : Czerny en étant l'un des exemples les plus célèbres.

    Ainsi plus tard que Bartok et ses Mikrokosmos.

    Par ailleurs, Rellstab à lui seul ne peut pas résumer la façon dont ces études ont été reçues. Sauf qu'il a pris ces pièces au pied de la lettre de leur titre, ce qu'il ne fallait justement pas faire. Car vouloir apprendre les tierces dans l'Opus 25 n° 6, ou l'extension de la main droite dans l'Opus 10 n° 1, j'en passe et des meilleures, est voué à l'échec... et, en certaines occasions, à la tendinite. Il avait donc, d'une certaine façon raison, Rellstab... Ces études n'en sont pas sur un plan pédagogique.

  14. #34
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    [quote=Chiarina;1192] Finalement, le parcours d'Olivier et le mien sont assez complémentaires.
    Mais Olivier, permets moi de douter qu'en ne travaillant que le répertoire classique pendant des années, on puisse être capable de jouer spontanément et correctement le Carnaval de Schumann ou la troisième de Brahms.

    Mais on ne peut pas les jouer si l'on n'a pas pris la technique dans le bon ordre !

    Je rebondis du même coup sur ce que dit Alain, à propos de Chopin qui n'avait travaillé que du classique avant d'écrire ses propres oeuvres , ou de Rachmaninov qui n'avait pu travailler la suite opus 17, et pour cause, Picasso n'a pas copié d'oeuvres cubistes au Louvre, c'est sûr...

    Voulez-vous dire par là, que la technique de ces musiciens est toute entière contenue dans les oeuvres qui les ont précédés ?

    Ce n'est que parce qu'ils avaient dominé la technique contenues dans les oeuvres et études qui les ont précédé qu'ils ont pu la transcender... à une époque de mutation de la facture instrumentale qui appelait des changements : la main guide l'inspiration, disait stravinsky.

    Nous sommes devant deux des plus grands génies du piano, qui ont révolutionné la technique de l'instrument justement parce que leurs moyens physiques extraordinaires se sentaient à l'étroit dans l'héritage digéré et assimilé de leurs prédécesseurs et qui ont passé des centaines d'heures à improviser à leur manière, testant des combinaisons de gestes et de sons avant de se mettre à écrire.(Ce qui n'empêchait pas Rachmaninov de faire du Czerny comme vous le dites)
    Mais cela ne signifie pas pour autant que tous les pianistes de l'époque étaient capables de jouer facilement cette musique si différente de ce qu'ils avaient connu jusqu'alors.

    Vers 1825-1835 : les instruments changeaient énormément et c'est vers cette époque que l'un comme l'autre ont commencé et/ou fini leurs études pour pianos publiées. Elles n'étaient, encore une fois, pas une méthode de piano, mais des études qui ne peuvent être jouées que quand on a totalement assimilé la technique du piano antérieure. Leur langage harmonique était par ailleurs le premier frein à leur assimilation par un pianiste de l'époque. mais regarder le petit Flitsh : à 15 ans, il arrive chez Chopin et joue déjà comme un dieu.

    Dans cette discussion on oppose un peu systématiquement travail des classiques et des romantiques, alors que les deux sont indispensables et complémentaires, sans parler du répertoire du 20ème siècle et contemporain qui a aussi ses spécificités.

    Bien sur qu'ils sont complémentaires.

    Je n'aime pas trop ce raccourci qui laisse imaginer qu'il n'y a que grâce aux oeuvres classiques qu'on arrive à jouer propre, solide, équilibré, etc, comme si on n'avait aucune exigence dans le reste. Donnez une petite pièce de Kurtag à un élève, vous verrez tout ce qu'il faut pour que cela sonne correctement !

    Mais une certitude : on ne peut pas jouer propore équilibré sans passer par eux...

    Initialement, je parlais des différents moyens d'acquérir de la force dans les doigts lorsqu'on a une main fine, ce qui n'est pas la même chose que la vélocité.

    La force et l'indépendance des doigts a été l'obsession de tout le XIXe et d'une bonne partie du XXe siècle pédagogique...contrairement aux préceptes de Chopin... et on l'obtenait grace ) à des exercices décorelées de la musique... et tueurs de mains.

  15. #35
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    Citation Envoyé par alain Voir le message
    Mais on ne peut pas les jouer si l'on n'a pas pris la technique dans le bon ordre !
    Personnellement je ne considère pas qu'il y a un ordre dans les acquisitions techniques. Il n'y a qu'à comparer les diverses méthodes de piano, certaines commencent par le jeu digital, d'autres par le jeu du bras sur un seul doigt, etc.
    Certains professeurs font travailler les gammes très tôt, d'autres estiment qu'un élève ne peut maîtriser un passage du pouce avant plusieurs années...
    J'ai connu un prof qui apprenait le piano avec les Jatekok de Kurtag...j'aimerais bien tenter cette expérience un jour.



    Ce n'est que parce qu'ils avaient dominé la technique contenues dans les oeuvres et études qui les ont précédé qu'ils ont pu la transcender
    à une époque de mutation de la facture instrumentale qui appelait des changements : la main guide l'inspiration, disait stravinsky.
    Oui, ils ont pu la transcender parce qu'ils la dominaient très largement.
    Mais le pianiste lambda, lui il a besoin des outils correspondants à cette technique transcendéee avant d'aborder les grandes oeuvres.
    Je crois que nous ne sommes pas d'accord surtout parce que vous faites référérence à des pianistes d'envergure (Argerich, Rachmaninov, Flitsh, ou tous les grands que vous avez connus), et que je ne suis qu'une "bonne pianiste" comme on en voit plein dans les conservatoires, et vous répond en fonction de mon expérience de pédagogue.


    Je n'aime pas trop ce raccourci qui laisse imaginer qu'il n'y a que grâce aux oeuvres classiques qu'on arrive à jouer propre, solide, équilibré, etc, comme si on n'avait aucune exigence dans le reste. Donnez une petite pièce de Kurtag à un élève, vous verrez tout ce qu'il faut pour que cela sonne correctement !

    Mais une certitude : on ne peut pas jouer propore équilibré sans passer par eux...
    Moi, je suis persuadée que si !
    Mais on n'aura sans doute jamais l'occasion de tenter l'expérience..
    En revanche, certains types de toucher ne s'acquiert que grâce au répertoire classique, c'est indéniable.

    La force et l'indépendance des doigts a été l'obsession de tout le XIXe et d'une bonne partie du XXe siècle pédagogique...contrairement aux préceptes de Chopin... et on l'obtenait grace ) à des exercices décorelées de la musique... et tueurs de mains.
    Rassurez-vous je ne suis pas du tout obsédée par ça !
    La force et l'indépendance des doigts est directement liée à la solidité et à la stabilité de la main, Justement, la technique mise en oeuvre par les romantiques, permet d'avoir cette main solide, sans passer par ces exercices "tueurs de main".

  16. #36
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    Sincèrement, je pense qu'il y a une bonne façon d'apprendre la technique du piano : c'est de suivre l'évolution de la technique et du langage musical mis en oeuvre... dans les oeuvres. Et d'adapter cela de façon pragmatique aux élèves.

    Par exemple : les plus grandes difficultés de certaines oeuvres du XXe siècle sont dans la lecture, la compréhension, l'assimilation du langage plus que dans la technique pianistique demandée...


    Et je me doute bien que vous n'êtes pas obsédées par cela. Ceci dit, il ne faut pas non plus tomber dans l'excès inverse que certaines tendances pédagogiques prônent parfois un peu vite : il faut aussi faire un travail technique qui exige pas mal d'efforts et peut être barbant !

  17. #37
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    Citation Envoyé par alain Voir le message
    Sincèrement, je pense qu'il y a une bonne façon d'apprendre la technique du piano : c'est de suivre l'évolution de la technique et du langage musical mis en oeuvre... dans les oeuvres. Et d'adapter cela de façon pragmatique aux élèves.
    Est-ce que la simultanéité de l'apprentissage d'un morceau et de la technique qui va avec est une bonne chose? Pour pouvoir jouer correctement une oeuvre avec beaucoup de tierces alternées, par exemple, ne faut-il pas déjà avoir pratiqué les exercices qui y préparent depuis longtemps? Cela me paraît plus logique, et en tout cas, on peine moins sur le morceau lui-même.

  18. #38
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    Je pense que les romantiques donnent moins de solidité de main qu'une fugue de Bach ou une sonate de Scarlatti. J'en suis même persuadé.

    Dans une fugue à 4, voire 5 voix, on est souvent obligé de faire des liaisons inhumaines, de faire sonner une voix alors que la main est dans une position inconfortable, et ce sans le secours de la pédale, qui est utilisée de manière très parsimonieuse pour souligner un accord, mettre en valeur un intervalle, etc. Beaucoup plus difficile pour les doigts que de jouer la première étude opus 25 de Chopin, ou même l'étude en tierces!

    L'étude en tierces ne fait pas forcément progresser. Si on n'a pas la technique, on la massacrera. Si on l'a, on la jouera bien.

    Jamais je n'ai déclaré que les classiques, les romantiques et les modernes ne sont pas complémentaires! Bien entendu que si l'on a pas approché le répertoire romantique avec un professeur transmetteur, on aura beau s'échiner à jouer par coeur toutes les oeuvres de Bach pour piano, on n'arrivera pas à une technique chopinienne, lisztienne, etc. Mais je pense que l'on ne peut pas bien aborder ce répertoire si on n'a pas joué les prédécesseurs. Alors que l'inverse est plus naturel.

  19. #39
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    Citation Envoyé par Patricia Voir le message
    Est-ce que la simultanéité de l'apprentissage d'un morceau et de la technique qui va avec est une bonne chose? Pour pouvoir jouer correctement une oeuvre avec beaucoup de tierces alternées, par exemple, ne faut-il pas déjà avoir pratiqué les exercices qui y préparent depuis longtemps? Cela me paraît plus logique, et en tout cas, on peine moins sur le morceau lui-même.
    Je suis 100% d'accord.

  20. #40
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    Citation:
    Envoyé par alain
    Sincèrement, je pense qu'il y a une bonne façon d'apprendre la technique du piano : c'est de suivre l'évolution de la technique et du langage musical mis en oeuvre... dans les oeuvres. Et d'adapter cela de façon pragmatique aux élèves.

    Patrica répond : Est-ce que la simultanéité de l'apprentissage d'un morceau et de la technique qui va avec est une bonne chose? Pour pouvoir jouer correctement une oeuvre avec beaucoup de tierces alternées, par exemple, ne faut-il pas déjà avoir pratiqué les exercices qui y préparent depuis longtemps? Cela me paraît plus logique, et en tout cas, on peine moins sur le morceau lui-même.

    Mais suivre l'évolution du langage et de la technique dans les oeuvres, ne veut pas dire du tout qu'on ne fait pas un tuilage : il y a les oeuvres et il y a les exercices qui accompagnent et qui précèdent.

    On ne fait pas faire des gammes en tierces dans toutes les tonalités au bout de deux ans de piano...

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