+ Répondre à la discussion
Page 1 sur 2 1 2 DernièreDernière
Affichage des résultats 1 à 20 sur 35

Discussion: Mahler m'ennuie

  1. #1
    Membre
    Date d'inscription
    septembre 2013
    Messages
    165

    Mahler m'ennuie

    J’ai passé mon dimanche à m’ennuyer. Je m’étais décidé à écouter, ce dimanche donc, toutes les symphonies de Mahler. Je les avais déjà écoutées autrefois et je me souvenais parfaitement qu’elles m’avaient ennuyé. Mais c’était autrefois, dans un autre siècle même, et il m’est déjà arrivé d’apprécier plusieurs années après un compositeur que je n’aimais pas dans le temps. Donc, sait-on jamais, Mahler…

    Ben non.

    Mahler m’ennuie. Je devrais avoir honte de proférer cela. Mahler est quand même un géant de la musique ! En tout cas, tout le monde en convient. Il n’y a même pas besoin de le dire, d’ailleurs, tant c’est une évidence. Mais il y a quand même des gens, et pas des moindres, qui le disent. François-René Tranchefort, dans le Guide de la musique symphonique, par exemple (ou si ce n’est lui c’est l’un des rédacteurs qui ont collaboré au guide sous sa direction) : « Il entreprit une double carrière de compositeur et de chef d’orchestre [et] devait très rapidement, dans l’une et l’autre, atteindre les plus hauts sommets. » Les plus hauts sommets, ça veut bien dire que c’est un géant. Dans l’article consacré à Sibelius, pour prendre un exemple parmi mes “géants” à moi, il ne parle pas comme ça. Il se permet même de dire qu’il est « encore contesté (notamment dans les pays latins) [et] a suscité des avis fort contradictoires : “Le plus mauvais compositeur du monde”, selon René Leibowitz ; “Le plus grand symphoniste depuis Beethoven”, pour son biographe anglais Cecil Gray. » Si vous ne le savez pas, René Leibowitz était un compositeur français (1913-1972), sans doute meilleur compositeur que Sibelius. Mais qui écoute ses oeuvres et qui est capable d’en citer une ?... Ne répondez pas tous en même temps.
    Pour ma part, je me range sans hésitation à l’avis de Cecil Gray.

    Dans leur Histoire de la musique occidentale, Jean et Brigitte Massin (ou l’un des rédacteurs qui... en fait, c’est Marc vignal) disent la même chose de Mahler. Dans le chapitre à lui consacré, le premier sous-titre est “Vers les plus hauts sommets”, encore ! Un autre est “L’Œuvre mahlérien”. Ce n’est pas, d’une manière plus simple, “L’Œuvre de Mahler”, non; l’adjectif s’impose, à l’image de “beethovénien”, ou “mosartien”. Je regarde à quelques autres pour vérifier, et ça confirme : pas d’adjectif “albenizien” par exemple, ni “granadosien”, “fallaien”, “turinien” ou “rodriguien”, ce qui veut bien dire que ceux-là ne sont pas des géants (d’ailleurs, à eux cinq, ils se partagent trois malheureuses pages de l’ouvrage, contre 11 et demi pour Mahler. Ça aussi, le nombre de pages, ça veut tout dire.

    Et pourtant, c’est bien Mahler qui m’ennuie et pas Albeniz, ni Granados, ni Falla, ni Turina, ni Rodrigo. Alors pourquoi ? Je lance ce cri de détresse à la face du monde : suis-je le seul être sur Terre à m’ennuyer si péniblement à l’écoute d’un géant manifeste ? Hein ?... Eh !...Oh !...
    Et pis pourquoi, d’abord ? Pourquoi, par exemple, quand je lis que le 3ème mouvement de sa symphonie n° 4 (« un des sommets — re-encore ! — incontestés de l’œuvre de Mahler » dit-il*) est composé de deux thèmes dont le second est « franchement douloureux », eh bien je ne ressens strictement rien, pas la moindre émotion ? Suis-je si insensible que ça au Mahleur humain ? (merci d’apprécier le jeu de mots). Pourquoi ses tuttis pleins de trompettes, cors, trombonnes, timbales et grosses caisses (et si j’en oublie, lui ne les oubliera pas) me donnent envie d’en profiter pour aller pisser — voire plus, tellement ça me fait... oui, bon — en espérant que ça sera fini quand je reviendrai ? Pourquoi ? Pourquoi ne suis-je pas normalement constitué ?

    C’est peut-être pas spécialement Mahler mais plus généralement la musique romantique qui m’ennuie ? C’était bien un romantique, Mahler ? Dites-moi si je me trompe. Oui, oui, un des derniers même. Ou alors la musique allemande-autrichienne ? C’est vrai qu’il n’y en a pas beaucoup dans ma discothèque. M’en voulez pas, les Allemands, c’est juste une incompatibilité d’humeur entre vous et moi, et uniquement sur le plan musical, soyez-en certains.
    Allez, auf wiederzehen !


    * Ce coup-là c’est Henry-Louis de La Grange

  2. #2
    Exclu
    Date d'inscription
    juin 2011
    Messages
    2 130
    Je vous avoue que je n'écoute pas plus Sibelius que Mahler, mais j'ai l'impression que si Adorno et l'illustre Leibowitz ont craché sur Sibelius, c'est parce qu'il se souciait comme d'une guigne du don impérissable de Schönberg à l'humanité, j'ai nommé le dodécaphonisme.
    IP

  3. #3
    Modérateur
    Date d'inscription
    mars 2008
    Messages
    1 912
    Mahler n'est pas allemand: c'est un juif tchèque, devenu autrichien, tout le contraire du germanisme!
    Que cela t'ennuie c'est un fait, qu'il faille parfois savoir s'ennuyer pour accéder à une dimension créative, c'est autre chose.
    Personnellement ce serait plutôt Schumann (Robert) ou Brahms que je trouve insipides -pas forcément ennuyeux, plutôt inconséquents- mais l'été finissant, la saison Mahler s'estompe.

  4. #4
    Membre
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Messages
    1 054
    Ouaips... J'ai connu un quidam qui disait de la musique de Mahler: "il ne se passe rien!".
    Eh ben, moi, j'adore et Mahler, et Sibelius, et Brahms! J'avoue m'ennuyer en écoutant la musique de piano de Schumann, mais je m'accroche à la fameuse formule: "it's my loss!!"


    Voila exactement le genre de constat qui doit mettre en perspective la sensibilité de chacun. La dernière chose à faire c'est d'essayer de convaincre qq'un qui n'aime pas ce que vous aimez. Il y a une vingtaine d'années j'avais prêté à une connaissance (je n'appelle pas ça un ami) un vinyle du deuxième concerto pour piano de Brahms, espérant le convaincre qu'il y avait là quelque chose de singulièrement dense. Il me l'a rendu kraouët (et qq autres aussi). Depuis je laisse à chacun ses goûts et aversions (likes and dislikes).


    "fair is foul and foul is fair" (Macbeth de Shakespeare)

  5. #5
    Membre
    Date d'inscription
    septembre 2013
    Messages
    165
    Citation Envoyé par InnocentParadis Voir le message
    Je vous avoue que je n'écoute pas plus Sibelius que Mahler, mais j'ai l'impression que si Adorno et l'illustre Leibowitz ont craché sur Sibelius, c'est parce qu'il se souciait comme d'une guigne du don impérissable de Schönberg à l'humanité, j'ai nommé le dodécaphonisme.
    IP
    A ce sujet, un article intéressant ici.


    Citation Envoyé par sud273 Voir le message
    qu'il faille parfois savoir s'ennuyer pour accéder à une dimension créative, c'est autre chose.
    Alors ça, c'est quequ'chose j'peux pas faire. Si je me suis ennuyé une fois, il peut arriver que je réessaye 20 ans après (comme c'était le cas avec Mahler), mais deux fois, là, c'est trop, je ne peux pas.
    Dernière modification par Kullervo ; 08/09/2014 à 14h52.

  6. #6
    - Avatar de mah70
    Date d'inscription
    novembre 2007
    Localisation
    Saint-Julien-Molin-Molette
    Messages
    6 277
    Bonjour.

    Si la vie de Leibowitz semble se résumer à sa sortie sur Sibelius, c'est sans doute que son œuvre de compositeur n'a guère de qualités. On en avait parlé dans un fil que j'ai la flemme de rechercher: ce semble être du sérialisme grisouille et dogmatique, composé sans beaucoup d'imagination. Hugo Wolf a écrit quelques horreurs sur Brahms ("le langage musical de l'impuissance", "l'art de composer sans idées a trouvé dans Brahms un de ses représentants les plus valables") mais comme c'est un excellent compositeur, c'est juste un à-coté rigolo. Et on a le droit d'aimer à la fois Wolf et Brahms (c'est mon cas; en fait, j'aime Wolf et j'adore Brahms).

    Pour Mahler (que j'aime autant que Brahms, mais j'aime beaucoup Sibelius aussi) il doit bien y avoir sur la planète une ou deux personnes qui n'aiment pas. Ça doit pouvoir se trouver en cherchant bien, si, si, je jure. Mais pourquoi se biler? J'ai appris assez rapidement en musique comme en cinéma: j'ai mes goûts, ils sont parfois étranges, et des dégoûts, parfois bien plus étranges encore. C'est amusant de les comparer et de découvrir qui aime ou n'aime pas les mêmes choses que moi. Mais même si je réfute, par exemple, le dogme de l'infaillibilité du génie mozartien (vous savez, dans le genre "le divin Mozart" dont chaque note porte le sceau du sublime - même la sonate pour violoncelle et basson? ) et dont l'une des oeuvres phares m'ennuie à mourir (la Gran Partita), je ne me sens pas incompris lorsque je tombe sur les tartines diverses et les émerveillements amphigouriques suscités par le petit Wolfgang...

    En tous cas, s'il se crée une "amicale des contempteurs de Mozart", comptez sur moi, malgré mes opinions, pour ne pas y adhérer...

    La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)

  7. #7
    Membre
    Date d'inscription
    septembre 2013
    Messages
    165
    Bonsoir Mah(ler ?)70

    Attention, je ne parle pas de goût, mais bien d’ennui. C’est différent. Il n’y a rien qui me déplaît foncièrement dans la musique de Mahler (sauf lorsqu’elle devient tonitruante, mais heureusement ce n’est pas tout le temps). C’est juste qu’elle m’ennuie. Comme le quidam dont parlait Jeff, je trouve qu’il ne s’y passe rien. Il compose des mouvements de 25 mn, que j’écoute sans déplaisir, sans réel plaisir non plus, et au bout d’un moment j’ai l’impression que ça n’a pas avancé. Des centaines de notes se sont succédé, en montant, en descendant, plus fortes, plus faibles, plus rapides, plus lentes, mais rien ne s’est dessiné, rien ne m’a fait dresser l’oreille, rien ne m’a fait m’abstraire du monde réel pour me plonger dans celui qu’il me joue. La musique en elle-même ne me dérange pas, et à la limite je pourrais la laisser jouer pendant des heures, sauf qu’à un moment je me dis « à quoi bon ? Autant l’arrêter, j’ai d’autres choses à écouter ». Ce n’est pas spécifique à Mahler, hein. Là c’est lui qui prend parce que c’est lui que j’avais décidé d’écouter, mais il ya quelques mois c’était Richard Strauss. Bon, Strauss, je suis comme la grande majorité des gens, je connaissais l’ouverture d’Ainsi parlait Zarathoustra. Quand tu entends ça, tu te dis « voilà une musique qui déménage bien, je vais écouter le reste. » Malheureusement, une fois passé l’excitation de l’ouverture, tu te fais chier tout le reste du temps (pardonnez-moi le gros mot). Et c’est pareil avec toutes les musiques de Strauss. J’ai tout écouté (enfin, presque), et je me suis em-mer-dé. Alors à quoi c’est dû ? Pourquoi tel compositeur me passionne et tel autre m’ennuie ? Est-ce qu’il y a des relations mystérieuses entre auditeur et compositeur qui font que l’on rentrera avec bonheur dans l’univers de celui-ci alors qu’on restera à la porte de l’autre ? Je n’ai pas de réponse, et pourtant j’en voudrais bien une.

  8. #8
    Modérateur Avatar de lebewohl
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Localisation
    Paris
    Messages
    9 777
    De Leibowitz, on devrait aussi retenir "le compositeur et son double" et "les fantômes de l'opéra", livres que j'avais trouvé bien intéressants!


    (il a aussi dirigé Offenbach, pas si mal, dit-on ; pour un dodécaphoniste sectaire...)
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  9. #9
    Membre
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Messages
    862
    Citation Envoyé par Kullervo Voir le message
    Bonsoir Mah(ler ?)70

    Attention, je ne parle pas de goût, mais bien d’ennui. C’est différent.
    Ah bon ?

    L' ennui que vus ressentez est probablement dû au fait que certains aspects de la musique de Mahler vous émouvoit moins (melodie, couleur, enchainement structural, orchestration fournie) que la moyenne. Moi j'appelle ca le goût.

    Bruno

  10. #10
    Membre
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Messages
    1 054
    Peut-être que le terme qui conviendrait le mieux est celui de langage ? Je suis frappé par les reproches que vous faites à la musique de Mahler, car j'ai une impression exactement inverse: moi je lui trouve une grande qualité dramatique, justement.
    En somme, cher Kullervo, vous n'entendez pas le langage musical de Mahler!

  11. #11
    Membre Avatar de Fou des chutes
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Messages
    389
    N'y percevez-vous aucune nuance, aucun sentiment, aucune intention (cet énorme déplacement de pathos qui subitement s'évanouit dans l'insignifiance, pour ressurgir ensuite et s'enfler encore jusqu'à votre départ pour les toilettes) ? Ce serait presque chez vous une forme d'amusie. D'amusement, peut-être ?
    Dernière modification par Fou des chutes ; 11/09/2014 à 17h46.

  12. #12
    Modérateur
    Date d'inscription
    mars 2008
    Messages
    1 912
    Sur R. Strauss (non plus quoiqu'on se trouvé à un autre extrême) je ne suis pas d'accord du tout. Dans Zarathoustra, tout est supérieur aux mesures d'ouverture, c'est d'ailleurs pour moi -qui n'aime pas du tout R Strauss- ce qu'il a produit de meilleur symphoniquement avec Till et Dom Juan, le reste ayant tendance à provoquer plus que l'ennui des vômissements intempestifs (Taillefer à la rigueur pourrait être repêché). C'est amusant de les associés, Un génie, deux associés (mettons Bruckner et Bloch, ou Walter et Marx au choix), une cloche (Strauss Richard).
    Mahler, il ne faut pas désespérer, l'illumination peut encore venir, mais ce n'est plus de saison. Ecoutez Hausseger et Rufinatscha plutôt pour l'automne...
    J'aurais plus volontiers tutoyé, mais il y a si longtemps que je ne suis pas pas venu. Considérer plutôt qu'écouter est un infinitif...
    Dernière modification par sud273 ; 16/09/2014 à 21h19.

  13. #13
    Membre Avatar de Niccolo
    Date d'inscription
    septembre 2014
    Localisation
    Marseille
    Messages
    597
    Citation Envoyé par Kullervo Voir le message
    Bonsoir Mah(ler ?)70

    Attention, je ne parle pas de goût, mais bien d’ennui. C’est différent. Il n’y a rien qui me déplaît foncièrement dans la musique de Mahler (sauf lorsqu’elle devient tonitruante, mais heureusement ce n’est pas tout le temps). C’est juste qu’elle m’ennuie. Comme le quidam dont parlait Jeff, je trouve qu’il ne s’y passe rien. Il compose des mouvements de 25 mn, que j’écoute sans déplaisir, sans réel plaisir non plus, et au bout d’un moment j’ai l’impression que ça n’a pas avancé. Des centaines de notes se sont succédé, en montant, en descendant, plus fortes, plus faibles, plus rapides, plus lentes, mais rien ne s’est dessiné, rien ne m’a fait dresser l’oreille, rien ne m’a fait m’abstraire du monde réel pour me plonger dans celui qu’il me joue. La musique en elle-même ne me dérange pas, et à la limite je pourrais la laisser jouer pendant des heures, sauf qu’à un moment je me dis « à quoi bon ? Autant l’arrêter, j’ai d’autres choses à écouter ». Ce n’est pas spécifique à Mahler, hein. Là c’est lui qui prend parce que c’est lui que j’avais décidé d’écouter, mais il ya quelques mois c’était Richard Strauss. Bon, Strauss, je suis comme la grande majorité des gens, je connaissais l’ouverture d’Ainsi parlait Zarathoustra. Quand tu entends ça, tu te dis « voilà une musique qui déménage bien, je vais écouter le reste. » Malheureusement, une fois passé l’excitation de l’ouverture, tu te fais chier tout le reste du temps (pardonnez-moi le gros mot). Et c’est pareil avec toutes les musiques de Strauss. J’ai tout écouté (enfin, presque), et je me suis em-mer-dé. Alors à quoi c’est dû ? Pourquoi tel compositeur me passionne et tel autre m’ennuie ? Est-ce qu’il y a des relations mystérieuses entre auditeur et compositeur qui font que l’on rentrera avec bonheur dans l’univers de celui-ci alors qu’on restera à la porte de l’autre ? Je n’ai pas de réponse, et pourtant j’en voudrais bien une.
    Bonsoir

    Je reprends cette discussion déjà ancienne car selon moi l'adéquation de l'auditeur avec l'interprétation n'a pas été abordé. Le sentiment d'ennui peut très bien provenir de l'interprétation de l'oeuvre. J'ai souvent redécouvert et finalement apprécié des compositions suite à une interprétation particulière. L'interprète joue un rôle primordial dans la restitution du message d'une oeuvre.

    Pourquoi ne pas écouter plusieurs versions de la symphonie n°1 "Titan" pour peut-être commencer à réviser son jugement.

  14. #14
    Membre
    Date d'inscription
    septembre 2013
    Messages
    165
    Citation Envoyé par Niccolo Voir le message
    Bonsoir

    Je reprends cette discussion déjà ancienne car selon moi l'adéquation de l'auditeur avec l'interprétation n'a pas été abordé. Le sentiment d'ennui peut très bien provenir de l'interprétation de l'oeuvre. J'ai souvent redécouvert et finalement apprécié des compositions suite à une interprétation particulière. L'interprète joue un rôle primordial dans la restitution du message d'une oeuvre.

    Pourquoi ne pas écouter plusieurs versions de la symphonie n°1 "Titan" pour peut-être commencer à réviser son jugement.
    Bonsoir Niccolo.

    A mon tour de reprendre cette discussion ancienne, que j'avais même oubliée, car, pourquoi le cacher ? j'ai un petit peu abandonné ce forum dans lequel, le devinerez-vous ? je m'ennuyais un peu aussi. Mais ça vient sûrement de moi et je dois avoir un certain talent pour l'ennui. Du moins on va dire ça.
    Alors l'interprétation, non. Je ne suis pas du genre à critiquer l'interprétation d'une oeuvre, car d'une part je ne suis pas qualifié pour cela, et d'autre part je pense que toutes les interprétations ont probablement leurs qualités et leurs justifications. Généralement, cela se passe pour moi de la manière suivante : si j'aime une oeuvre que j'écoute pour la première fois, je l'aime dans l'interprétation que j'entends cette première fois. Si je l'écoute plus tard dans une autre interprétation, la plupart du temps je l'aime moins, soit parce que je ne retrouve pas les mêmes sensations aux mêmes moments, soit parce que je la trouve trop lente, ou trop rapide, ou trop ceci, ou pas assez cela. Bref ! il y a toujours quelque chose qui m'embête. Du coup, on pourrait penser que si je n'aime pas une oeuvre que j'écoute pour la première fois dans une certaine interprétation, alors je pourrais l'aimer dans une autre. Eh ben non ! ça ne marche pas comme ça. C'est avant tout l'oeuvre que j'entends, pas l'interprétation. Si je ne l'aime pas la première fois, il y a mille chances sur cent (si c'est possible ?) que je ne l'aime toujours pas dans d'autres interprétations, qu'il y en ait cent ou mille. Je suis comme ça, que voulez-vous que j'y fasse ?
    Réviser mon jugement, cela m'est arrivé quelques fois. Mais pas en insistant en me disant que je devrais réviser mon jugement. C'est plutôt parce que mon goût a évolué sans que je m'en rende compte, à force d'écouter de nouvelles musiques. Alors peut-être que Mahler viendra à mon goût, dans dix, quinze, vingt, cinquante ans, si j'ai encore envie d'être en vie.

    Sud273
    Pour Richard Strauss j'ai peur que ça prenne encore plus de temps.

    Jeff
    Vous préférez dire que je "n'entends pas le langage de Mahler". Sans doute, on peut vouloir le dire comme ça. Je n'entends pas le Japonais ou le russe, et du coup un discours en japonais ou en russe m'ennuie. Forcément. C'est enfoncer une porte ouverte. Alors on peut apprendre le japonais, le russe ou le Mahler, et du coup l'ennui disparait. Mais bon... Donnez-moi mille ans de vie, j'apprendrai toutes les langues et toutes les musiques du monde.

  15. #15
    Modérateur Avatar de lebewohl
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Localisation
    Paris
    Messages
    9 777
    J'étais persuadé d'avoir exposé mas états d'âqme mahlériens à moi personnellement, et puis non.

    Mahler m'ennuie souvent, me plaît quelque fois, m'enthousiasme quelquefois (ces deux derniers cas c'est surtout quand il y a une voix seule ; s'il y a un choeur je disjoncte, ce qui fais que j'abomine les symphonies2, 3 et 8) ; mais le plus souvent, l'effet que ça me fait est que ça me tape physiquement sur les nerfs ; ce qui doit signifier qu'il y a quelque chose de réussi, ce dont je ne doute d'ailleurs pas une seconde, je suis même prêt à défendre Mahler. Ma derniè-re chose que j'ai entendue, je n'ai pas réussi à l'écouter vraiment jusqu'au bout bien que dans une salle de concert, c'est la 7e symphonie. J'ai trouvé ça insupportable - pourtant il n'y a pas de choeur, mais ça m'a été presque plus pénible que les 2, 3 ou 8.
    Je crois que je n'irai plus écouter en concert de Mahler que je ne suis pas sûr à l'avance d'aimer.
    Mais je peux guérir, si c'est une maladie. Car, j'ai honte de le dire, j'ai dénigré Brahms pendant de longues années et le considère désormais comme un des plus grands compositeurs de l'histoire. Donc ma foi...
    Cela dit ce n'est pas un devoir d'aimer tel ou tel ; on aime qui on peut, qui on veut. Et c'est très bien comme ça.

    (PS : je précise que ce ne sont pas les choeurs en général, que je n'aime pas, j'adore les choeurs, j'ai même été choriste, parfois ; je hais les choeurs malhériens (j'ai pourtant chanté du Mahler en choeur, mais j'ai souffert...).
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  16. #16
    En attente de confirmation
    Date d'inscription
    février 2008
    Messages
    6 885
    Quand j'étais moitié plus jeune (façon d'éviter 'vieux'), j'adorais les débordements, les épanchements, les emphases, l'exhibitionnisme de Mahler, avec ou sans choeurs, dans ses grandes oeuvres symphonico-chorales. Trop de notes tue la musique ?
    Maintenant, cette musicogorrhée m'est devenue difficilement supportable - celle de Malher comme d'autres, du reste, Wagner par exemple. Et tous les étiquetés post-romantiques.
    Je continue à bien aimer les lieder de Gustav, plutôt accompagnés sobre au piano - 'Ich bin der Welt abhanden gekommen', c'est quand même quelque chose - même avec orchestre.
    Mais je préfère de loin un madrigal de la Renaissance, et autres 'petites formes' concentrées, où presque tout est dit en peu.
    C'est un peu comme en littérature, le haïku plutôt que La Légende des Siècles ou Childe Harold ...

    (This being said, who cares ?)
    Dernière modification par The Fierce Rabbit ; 28/01/2015 à 15h34.

  17. #17
    Modérateur Avatar de lebewohl
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Localisation
    Paris
    Messages
    9 777
    I do, and I agree

    Bon j'aime toujours Wagner, quoique moins que Stravinsky, et Victor Hugo (qui a répondu, à la question, "quel est le plus grand poète français" "Victor Hugo, hélas!" Gide, je dirais volontiers). Mais en effet, pourquoi déchaîner autant de moyens quand il suffit d'une voix et d'un luth, ou d'un quatuor à cordes? Je suis moi aussi moins enthousiaste envers les postromantiques - encore faut-il les définir ; Brahms est parfois classé postromantique, alors qu'il es si classique, au fond! Et puis quelquefois c'est fun, quand Szymanovski se déchaîne, j'aime assez ; ou un peu de Scriabine. Mais enfin tout de même... à la même époque, il y avait Debussy, Stravinsky, Bartok, ou, si l'on veut rester dans l'idiome germanique chromatique, la 2e école de Vienne, à tout prendre. C'est (en général) plus bref. (la décence formellement m'interdit de la répéter ici, mais allez chercher sur la toile le commentaire de Céline sur les longueurs chez Proust ; méchant et injuste mais drôle, quoique je préfère celui-ci à celui-là).

    (oui, Ich bin der Welt abhanden gekommen... j'abdique, là...)
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  18. #18
    Membre Avatar de mariecell
    Date d'inscription
    octobre 2013
    Messages
    59
    Bien qu'ayant un attirance beaucoup plus directe pour la musique de chambre, j'ai connu de très très bons moments lors de symphonies de Mahler en concert.
    C'est un des seuls compositeurs qui éveille chez moi des images,notamment des paysages , ce qui m'arrive assez peu .
    Par contre en Cd , je ne retrouve pas ce sentiment.
    Je pense par ailleurs ne pas être bien équipée question chaîne, pour l'ecoute du symphonique, ce qui fait que je suis en général loin des satisfactions que je peux éprouver en salle de concert.

  19. #19
    Modérateur Avatar de lebewohl
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Localisation
    Paris
    Messages
    9 777
    Il est vrai que la déperdition entre concert et CD (ou radio) est particulièrement forte pour un orchestre comme celui de Mahler - encore que je l'aie aussi éprouvé avec du Monteverdi, usuellement donné par des formations plus restreintes. Sinon oui, Mahler me fait parfois penser à la montagne. Mais moins que Sibelius aux grands espaces! Mais comme je suis plutôt de ceux qui croient que la musique est "par son essence impuissante à exprimer quoi que ce soit", comme l'écrivait avec provocation Stravinsky... (il exagérait, et moi aussi en le citant, mais enfin je suis d'accord quand même, "quelque part").
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  20. #20
    En attente de confirmation
    Date d'inscription
    février 2008
    Messages
    6 885

    Angry

    Citation Envoyé par mariecell Voir le message
    Je pense par ailleurs ne pas être bien équipée question chaîne, pour l'ecoute du symphonique
    Il y a (eu) ici des experts qui en parleraient mieux que moi. Mais je dirais, d'après ma seule expérience de béotien pas du tout audiophile extrémiste, que la qualité de la chaîne oui, mais aussi l'espace et le volume autour des diffuseurs, leur nombre, leur disposition ... For me myself and I, ce qui me semble assez souvent convenir le mieux, c'est un bon casque (j'ai la chance d'en avoir un pas trop mal, avec un ampli idem !). Mais c'est vrai que le casque, ça peut fatiguer au bout d'un moment.
    J'ai aussi eu des enthousiasmes délirants après des Mahler en salle, et tout à fait justifiés. Il y a tout aussi longtemps, je pouvais 'me faire' une Tétralogie complète en un dimanche. Mais c'est fini.
    Mais je reste bouleversé par l'Adieu du Chant de la Terre - même sans Kathleen Ferrier ! Et à condition que ce soit 'bien fait'.

+ Répondre à la discussion
Page 1 sur 2 1 2 DernièreDernière

Informations de la discussion

Utilisateur(s) sur cette discussion

Il y a actuellement 1 utilisateur(s) naviguant sur cette discussion. (0 utilisateur(s) et 1 invité(s))

     

Règles de messages

  • Vous ne pouvez pas créer de nouvelles discussions
  • Vous ne pouvez pas envoyer des réponses
  • Vous ne pouvez pas envoyer des pièces jointes
  • Vous ne pouvez pas modifier vos messages