Ma contribution au Forum pour la Semaine Sainte s’inspire en partie d’un fil récent sur l’improvisation en musique classique et de la tradition de l’improvisation chez les organistes.

Le montage d’aujourd’hui propose deux œuvres qui sont essentiellement des réflexions sur la crucifixion du Christ, provenant de deux siècles différents (le XVIIIe et le XXe) et donc de deux ères musicales différentes.

L’œuvre que je présente intégralement est Le Chemin de la Croix de Marcel Dupré (réflexion et détails sou peu) et l’autre est une sélection provenant de l’une des nombreuses adaptations des Sept Dernières Paroles du Christ en Croix de Joesph Haydn.

Les Sept Paroles ont droit à leur propre volume dans le catalogue Hoboken (Hob. XX) et identifie quatre adaptations différentes de l’œuvre allant de la version originale pour orchestre (op. 52), une version pour clavier seul (quatre éditions, opp. 19, 30, 45 et 49), une version pour chœur SATB et orchestre (Hob. XX:04) et la version la plus commune pour quatuor à cordes (opp. 31, 48 – trois éditions, et 51 – quatre éditions). J’ai retenu quelques sections de cette dernière adaptation pour le montage d’aujourd’hui.

L’œuvre de Haydn (comme celle de Dupré) est selon moi une méditation, ou une réflexion musicale sur les sept dernières paroles du Christ plutôt qu’un exercice d’imagerie musicale. Les indications des sonates individuelles qui forment l’œuvre (Grave, Largo, Lento, …) sont de bon aloi pour la circonstance, mais le quatuor est un ensemble qui transmet difficilement l’aspect ténébreux des derniers moments du supplicié.

En contraste, le rayonnement sonore de l’orgue peut plus aisément souligner l’aspect ténébreux de la crucifixion. Toutefois, Dupré ne tente pas de faire de la peinture musicale avec les stations du Chemin de Croix. Afin de mieux comprendre, il faut considérer les circonstances de la première exécution de cette œuvre. Dupré se propose de faire une suite d’improvisations inspirées de la collection de poèmes sur le Chemin de Croix par Paul Claudel. La première, au Conservatoire Royal de Bruxelles le 13 février 1931, consista de réciter chaque poème individuellement, suivi de l’improvisation. Il faut donc considérer chaque station du Chemin de Croix de Dupré comme étant le résultat des sentiments et idées évoquées par le texte de Claudel plutôt qu’une interprétation ou une image musicale de la station. Ainsi, on ne parle pas ici d'une suite de vitraux ou de portraits qu’on pourrait trouver dans un sanctuaire.

J’ai choisi d’intercaler l’extrait du Haydn après la 11ie station (Jésus est attaché sur la Croix) et Durpé revient après «In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum» de Haydn.

L’intégrale du Haydn est disponible depuis la blbli musicale du Forum.

Marcel DUPRÉ (1886-1971)
Le Chemin de la Croix, op. 29
Ben van Oosten, orgue
Instrument: Cavaille-Coll, Saint Ouen, Rouen

Franz Josef HAYDN (1732-1809)
Die sieben letzten Worte unseres Erlösers am
Kreuze
(Les Sept Dernières Paroles du Christ en Croix), op. 51 (Sélections)
  • ("Sitio") en la majeur, Hob. III:54
  • ("Consummatum est") en sol mineur, Hob. III:55
  • ("In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum") en mi bémol majeur, Hob. III:56
Emerson String Quartet
Vendredi le 3 avril, "L’Idée Fixe" vous propose " Christus am Ölberge " sur sa chaîne Pod-O-Matic . Lisez notre commentaire sur notre blog.