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Mon intérêt pour Kurtág m'a fait découvrir, successivement, deux superbes albums de basson, - un instrument que je ne connaissais qu'à peine, pour l'avoir entendu dans le concerto de Mozart et dans celui de Jolivet, sans plus.
Le "bassoniste" (j'ai vérifié, c'est comme ça qu'on dit) Pascal Gallois est au coeur de ces deux albums. Gallois est professeur de basson au Conservatoire de Paris et membre de l'Ensemble InterContemporain depuis 1981.
Le premier de ces deux albums s'intitule Dialogues :
et le second Voyages :
Les deux sont splendides.
Dialogues
Seulement deux petites pièces de Kurtág dans Dialogues : Pilinszky Janos : Gérard de Nerval, pour basson solo, et Kroo György in memoriam, pour basson solo également. La première, un peu surprenante à la première écoute (On dirait une sirène de bateau, dixit mon fiston de huit ans), ainsi que la seconde sont fort douces et fort mélodiques. Du très bon Kurtág.
Ensuite la révélation (pour moi de cet album), ce sont trois longues pièces de Philippe Schoeller : Isis II, pour basson & harpe, Omaggio Kurtág (Hommage à Kurtag), pour basson, alto & baryton et Lamento, pour basson & alto. Je ne connaissais pas du tout Schoeller, et je ne connais toujours de lui que ces trois compositions, mais elles sont magnifiques : Isis II est une pièce lente, lancinante presque, douée d'une force quasi hypnotique ; le basson est toujours présent, mais comme sous-jacent, un peu lointain, accompagné par une harpe d'une délicatesse inouïe ; Omaggio Kurtág : un trio étonnant de basson, d'alto et de voix ; le ton est résolument moderne, plus difficile pour moi qui n'ai guère l'habitude d'entendre de tels accords, l'accroche est moins immédiate, mais je sens que je finirai par adorer cette pièce. Il en va de même pour Lamento, un duo cette fois entre le basson et l'alto. Plus difficile encore à mes oreilles, mais très séduisant.
Le troisième compositeur présent sur ce très bel album n'est autre que Pierre Boulez, dans une adaptation pour basson de son Dialogue de l’ombre double pour clarinette.
Comme je ne connais pas l'original pour clarinette, je ne me risquerai pas à commenter cette adaptation, et me contenterai de faire part de mon sentiment, très enthousiaste, face à cette pièce, tour à tour lente et heurtée, longue de presque 20 minutes pendant lesquelles on ne s'ennuie pas une seconde.
En conclusion, un album d'une belle unité et un instrument dont le timbre, la douceur et la noirceur parfois, me séduisent...
Voyages
Fort de cette magnifique découverte, je me lance dans celle d'un second album de Pascal Gallois, intitulé Voyages, et les compositeurs abordés sont ici Toshio Hosokawa, Luciano Berio et de nouveau Philippe Schoeller (ce qui, a priori, me réjouit).
Voyage II, d'Hosokawa, est une oeuvre concertante assez surprenante ! Très lente ici encore, les notes sont distribuées avec parcimonie pour créer un climat particulier que Gallois compare, dans l'interview figurant dans le livret du CD, au théâree nô : Dans cette pièce, le basson symbolise l'être humain, l'orchestre l'univers. Hosokawa aimait beaucoup utiliser le basson pour sa force intérieure et sa capacité de pousser de véritables « cris » dans un jeu en général très doux, comme dans le théâtre nô.
L'oeuvre est assez longue, encore une fois très surprenante, pour son ambiance lancinante et quasi hypnotique.
Sequenza XII de Berio, pour basson solo, est la plus longue de toute la série (18 minutes). Ici, c'est la technique qui est mise en valeur. La prouesse est étourdissante, on a peine à imaginer que cet enregistrement ait pu se faire en un seul tenant ; l'écoute de cette pièce me fait penser à ce fil sur Mario del Monaco que je ne peux m'empêcher de transposer à "Mais Quand Donc Respire-t-il" ; c'est au sens propre époustouflant et aussi assez hypnotique.
Me restait à découvrir Isis III de Philippe Schoeller, encore lui
C'est une cantate, pour basson et choeur mixte mais là, si vous permettez, je vous laisserai en juger par vous-même
Je termine ce long post et retourne à l'écoute de cette belle oeuvre, longue elle aussi de près de 20 minutes, tout en espérant avoir été suffisamment convaincant pour vous donner l'envie de découvrir ces deux beaux albums, que vous pourrez toujours retrouver, si cela intéresse quelqu'un sur mon compte Simplify Media dans les prochains jours.
Bonne fin de soirée !
Phil
PS.
Il va de soi que toute intervention sur le basson "en général" dans ce fil est la bienvenue, et que ce dernier n'est pas exclusivement consacré au basson... de Pascal Gallois.
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Envoyé par lebewohl
