pas grave c'est du piano...
pas grave c'est du piano...
J'aime assez cet aspect percussif ( et pour les concertos je le trouve pas mal du tout même si dans le détail on peut préférer Firkusny ) Je ne suis pas sûr que Martinu était bien à l'aise avec le piano, je veux dire par là qu'il était certainement mieux disant avec un ensemble de chambre ou avec l'orchestre.
Je suis bien d'accord avec ça, c'est pourquoi je trouve que le toucher de Leichner exagère ce côté pas trop bien sonnant. J'aimerais un peu plus de douceur dans ce monde de brutes. Mais j'ai des oreilles de ruminant, c'est bien connu .
La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)
Le papillon qui tapait du pied est un ballet jamais représenté, inachevé au reste, car tiré d'une des Histoires comme ça de Kipling. Martinu s'était lancé dans la composition au début de son séjour parisien (1923-1939), de chic, sans commande, et s'était avisé un peu tard des droits d'auteur à payer, Kipling étant encore vivant à l'époque. Or Martinu était pauvre comme Job.
On commence à y percevoir le style du Martinu de maturité, avec ses thèmes francs et ses cellules rythmiques si immédiatement reconnaissables. C'est aussi un œuvre à l'orchestration large et plantureuse avec des thèmes voluptueux (cadre des Indes oblige), laissant supposer que Martinu aurait pu avoir une belle carrière à Hollywood . Inachèvement oblige, il y a quelques répétitions de trop et quelques passages à vide - l'auteur, préparant une édition définitive, aurait sans doute un peu coupé, mais avec ici 42 minutes de musique ça n'est quand même pas trop long. C'est même très court pour un CD . En gros, pas essentiel mais une très agréable découverte.
Interprétation efficace et soignée, j'aurais bien aimé un peu plus de fougue - mais je demande toujours plus de fougue.
La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)
Autre chose pas très connue (par le même chef):
C'est un ballet écrit en 1922, juste avant que Martinu quitte Prague, une histoire de souris comme vous pouvez le voir sur la pochette.
Au-delà de ça, c'est de la toute belle musique, pas encore totalement caractéristique de son auteur mais le talent perce. C'est plein d'idées dans tous les sens et ça manque un peu d'organisation. On y trouve l'influence de Richard Strauss (ça ressemble parfois un peu à Till, et parfois au Chevalier à la Rose), mais Martinu parle de parodie. Le passage d'un style Martinu à un "à la manière de Strauss" (très réussi) est parfois si brusque... Peut-être cela illustre-t-il un passage du livret. Ce n'est pas le bout de synopsis donné par Supraphon qui risque d'éclairer ça.
Pour reprendre ma conclusion sur le disque précédent: "En gros, pas essentiel mais une très agréable découverte".
La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)
Bonjour.
Ils sont assez énervants chez Supraphon avec leur manie de rééditer en changeant les couplages. J'ai écouté ceci:
Maintenant il vous faut acheter cela:
Vous y gagnez La chemise de noces (en anglais "The spectre's bride") mais vous y perdez le charmant dessin de couverture, lequel dessin était signé de Jiri Trnka, le géant débonnaire de l'animation de poupées...
La version française de la première édition traduit "Spalicek" par "bouquin": c'est en effet un recueil de contes populaires, ou bien plus précisément un recueil populaire de contes. Et ça a donc donné un assez long ballet (près d'1h40) avec passages choraux, racontant quelques histoires diverses - et pas forcément tchèques, car on y croise le Chat botté et Cendrillon. Composé pour petit orchestre en 1932, le ballet a été réorchestré en 1940, fait assez rare pour être signalé: Martinu, compositeur prolixe, ne revenait pas très souvent sur ses œuvres antérieures.
Dans ce ballet, le compositeur a fait preuve d'une incroyable générosité: c'est bourré de thèmes splendides à peine développés, aussitôt remplacés par d'autres thèmes non moins splendides, avec une très belle orchestration et des passages d'atmosphère très réussis. Il a existé deux suites d'orchestre qui comportent en 50 minutes les passages orchestraux les plus intéressants - étant entendu que les parties vocales, sans démériter, sont moins séduisantes.
En bonus la Romance du pissenlit, sur un texte faussement folklorique, un seul morceau de près de 15 minutes, l'une des compositions chorales les plus réussies de Martinu; La primevère, où le choeur est accompagné d'un "violoneux" (c'est quand même Petr Messieurer ) ce qui augmente agréablement le côté folklorique; et, donc, dans la dernière édition, La chemise de noces.
Ce coup-ci c'est pour solistes, chœur et orchestre. C'était prévu pour être placé à la fin de Spalicek. Et c'est très étonnant. C'est inspiré d'un texte de Karl Erben (vous savez, le gars sympa qui faisait mourir les petits enfants dans les bras de leur mère suite à l'arrivée de la Sorcière de midi chez Dvorak - lequel Dvorak également mis La chemise de noces en musique). Or donc, une jeune fille attend son fiancé qui est parti au loin et ne revient pas. Quand il revient, c'est pour l'emmener assez brusquement dans son château: une église entourée d'un cimetière. En fait il est mort et veut la faire dévorer par les cadavres du cimetière . Le sujet est déjà assez "gore", le traitement est également inhabituel, sombre et très violent, avec des effets qui glacent le sang. On savait Martinu capable de tension (voir le Double concerto), on ne le savait pas capable d'imaginer les raclement d'ongles de squelettes voulant dévorer de la chair fraîche. Ça fonctionne très bien, il est juste dommage que la basse chantant le fiancé soit assez claire et pas très d'"outre-tombe".
Dans Spalicek comme dans cet addenda l'orchestre est très soigné et bien mené, même si j'aurais (comme toujours) souhaité un peu plus de hargne ici ou là.
Dans le temps, La chemise de noces était disponible ici:
Les Nipponari et les Nuits magiques sont désormais couplées avec la Suite tchèque. Ils ont embauché le père Ubu chez Supraphon, ou quoi?
La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)
Je suis sûr que cette oeuvre a déjà été "postée" ailleurs, mais bizarrement pas ici. Il est vrai que le fil dormait un peu. C'est une de mes oeuvres préférées de Martinu donc voici le double concerto pour piano, timbales et orchestre à cordes. Kubelik aux commandes!
Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.
Montaigne
Et j'adore aussi Toccata et due canzoni (ici par l'orchestre de chambre de Prague)
Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.
Montaigne
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