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Discussion: Vos 20 (ou 10 ou 30) lieds/mélodies préférés

  1. #1
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    Vos 20 (ou 10 ou 30) lieds/mélodies préférés

    Je vos propose d'indiquer vos vingt (ou dix, ou trente) lieds/mélodies péférés.
    Voici les miens (en fait, il y en a d'autres que j'aime tout autant que ceux que j'ai retenus, mais il faut se limiter).
    Je les classe selon l'ordre chronologique des compositeurs.

    1° Mozart, Abendempfindung
    Aussi beau que les plus beaux lieds de Schubert.
    La plus belle version que je connaisse est celle de Mitsuko Shirai :

    Quand quelqu'un qui est encore plus profane que moi me demande quelle est la différence entre "majeur" et "mineur", je lui fais écouter la modulation de majeur à mineur dont la charnière est ici à 1:15. Après ça, en général, il a compris. Il y a d'ailleurs plusieurs belles modulations dans cette mélodie, notamment une de mineur à majeur dont la charnière est à 2:13.

    2° Mozart, "Das Lied der Trennung"
    Par Roberta Mameli :

    On peut trouver cette version trop théâtrale, mais ça a de la gueule.

    3° Schubert, Auf dem Wasser zu singen
    Surtout pour le piano miroitant.
    Plusieurs versions ont été citées sur un fil de la présente section sur les barcarolles.
    Voici une autre version où le pianiste Rudolf Jansen me plaît beaucoup et la chanteuse Edith Wiens pas trop mal :


    3° Schubert, Wehmut
    Sorte d'arioso tragique. Par Anja Harteros :


    4° Schubert, Die liebe Farbe (de La Belle Meunière)
    notamment pour la fomule du piano, discrètement magique.
    Voici Michael Schade, ténor, avec Malcolm Martineau, piano


    Et voici une sorte de variation moderne sur ce lied, avec Marion Rampal au chant :


    C'est peut-être un peu kitch, mais j'aime bien.

    5° Schubert, Der Müller und der Bach (de La Belle Meunière)
    Par Wunderlich :


    6° Schubert, Wasserflut (du Voyage d'hiver)
    Ici encore, magie de la formule du piano. La voix, toujours émouvante, de Kathleen Ferrier :


    7° Schubert, Auf dem Flusse (du Voyage d'hiver)
    Ce lied me semble fascinant, peut-être à cause de la tension rythmique entre piano et voix.
    Voici une vidéo commentée :

    On ne dit pas qui chante si bien, mais je ne serais pas étonné si c'était un certain baryton que, contrairement à une légende, Barthes trouvait excellent.
    Voilà d'ailleurs tout le Voyage d'hiver par ledit baryton :

    Auf dem Flusse est à 22:59 et il me semble que c'est bien la même version.

    8° Schubert, Du bist die Ruh
    Par Timothy Sharp :


    9° Schubert, Nacht und Träume, D.827, extatique. Par Teresa Sich-Randall,


    10° Schubert, Fischerweise
    Avec des dactyles (ou anapestes ?) joyeux comme dans du Bach. Par Kresimir Strazanac, qui me semble mériter beaucoup plus que 421 vues depuis le 26 juin 2014 :


    11° Schubert, Der Zwerg (Le nain)
    Je serais curieux de savoir à quelle demi-seconde de ceci les détracteurs de Souzay pourraient avoir à redire :


    12° Schubert, Im Frühling (Au printemps) Avec une partie de piano qui me rappelle les mots "L'air se fleurit de gouttes" que j'ai lus je ne sais plus où.
    Ici par Felicy Lott :


    13° Schumann, tout le Liederkreis op. 39, d'après Eichendorff.
    Voici le premier lied du cycle, "In der Femde" par Matthias Goerne :

    Tout le cycle est dans ce climat poétique et onirique, tantôt fervent, tantôt fantasque.

    14° Schumann, Das ist ein Flöten und Geigen (Dichterliebe, d'après Heine), contraste frénétique entre la danse de noce et le désespoir de l'amoureux qui voit la femme qu'il aime épouser un autre.
    Par Wunderlich et Giesen :


    15° Situation analogue dans Schumann, Der Spielmann, d'après Andersen. (Je ne sais pas qui a la priorité, de Heine ou d'Andersen.)
    Extraordinaire version hallucinée de Lucio Kyuhee Cho :


    16° Robert Schumann: "Liebesbotschaft", Op. 36, No. 6, tendre et fervent, chanté avec une souveraine simplicité par Christian Gerhaher


    17° Les plus beaux lieds de Brahms sont peut-être dans Magelone. Pour se limiter à un seul, Sind es Schmerzen, ici par Fischer-Dieskau en 1952 :

    Le passage qui me plaît le mieux est celui qui va de 2:23 à 4:03. Il me semble que Brahms n'a jamais été plus lyrique, jamais moins mortifié.

    18° Brahms, Vor dem Fenster. Dans le style populaire. Margaret Price en fait quelque chose de sublime. Ici de 0:00 à 4:31 :


    19° Hugo Wolf, "Um Mitternacht", rêveur. Désolé, je mets encore Souzay :


    20° Hugo Wolf : Mein Liebster singt am Haus
    Contraste entre la sérénade jouée par l'amoureux (piano) et le désespoir de la jeune fille enfermée (voix)
    Pami d'autres versions à peu près du même niveau sur YouTube, Anna Devin, soprano et Tomasz Lis, piano :


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    Dernière modification par InnocentParadis ; 12/06/2016 à 16h33.

  2. #2
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    Je vais bientôt proposer une liste (non exhaustive et valable seulement au moment où je la ferai) de mélodies ou de lieder, je ne résiste pas à cette citation de Barthes, tirée de "Mythologies", rappelant combien il trouvait Souzay excellent :
    L’art vocal bourgeois :

    Les principaux signes de l’art bourgeois. Cet art est essentiellement signalétique, il n’a de cesse d’imposer non l’émotion, mais les signes de l’émotion. C’est ce que fait précisément Gérard Souzay : ayant, par exemple, à chanter une tristesse affreuse, il ne se contente ni du simple contenu sémantique de ces mots, ni de la ligne musicale qui les soutient : il lui faut encore dramatiser la phonétique de l’affreux, suspendre puis faire exposer la double fricative, déchaîner le malheur dans l’épaisseur même des lettres; nul ne peut ignorer qu’il s’agit d’affres particulièrement terribles. Malheureusement, ce pléonasme d’intentions étouffe et le mot et la musique, et principalement leur jonction, qui est l’objet même de l’art vocal. Il en est de la musique comme des autres arts, y compris la littérature : la forme la plus haute de l’expression artistique est du côté de la littérature, c’est-à-dire en définitive d’une certaine algèbre : il faut que toute forme tende à l’abstraction, ce qui, on le sait, n’est nullement contraire à la sensualité.
    Et c’est précisément ce que l’art bourgeois refuse: il veut toujours prendre ses consommateurs pour des naïfs à qui il faut mâcher le travail et surindiquer l’intention de peur qu’elle ne soit suffisamment saisie (mais l’art est aussi une ambiguïté, il contredit toujours, en un sens, son propre message, et singulièrement la musique, qui n’est jamais, à la lettre, ni triste, ni gaie). Souligner le mot par le relief abusif de la phonétique, vouloir que la gutturale du mot creuse soit la pioche qui entame la terre, et la dentale du sein la douceur qui pénètre, c’est pratiquer une littérature d’intention, non de description, c’est établir des correspondances abusives. Il faut d’ailleurs rappeler ici que l’esprit mélodramatique, dont relève l’interprétation de Gérard Souzay, est précisément l’une des acquisitions historiques de la bourgeoisie : on retrouve cette même surcharge d’intentions dans l’art de nos acteurs traditionnels, qui sont, on le sait, des acteurs formés par la bourgeoisie et pour elle.
    Cette sorte de pointillisme phonétique, qui donne à chaque lettre une importance incongrue, touche parfois à l’absurde : c’est une solennité bouffonne que celle qui tient au redoublement des n de solennel, et c’est un bonheur un peu écoeurant que celui qui nous est signifié par cette emphase initiale qui expulse le bonheur de la bouche comme un noyau. Ceci rejoint d’ailleurs une constante mythologique dont nous avons déjà parlé à propos de la poésie : concevoir l’art comme une addition de détails réunis, c’est-à-dire pleinement signifiants : le perfection pointilliste de Gérard Souzay équivaut très exactement au goût de Minou Drouet pour la métaphore de détail, ou aux costumes des volatiles de Chantecler, faits (en 1910) de plumes superposées une à une, il y a dans cet art une intimidation par le détail, qui est évidemment à l’opposé du réalisme, puisque le réalisme suppose une typification, c’est-à-dire une présence de la structure, donc de la durée.
    Cet art analytique est voué à l’échec surtout en musique, dont la vérité ne peut être jamais que d’ordre respiratoire, prosodique et non phonétique. Ainsi les phrasés de Gérard Souzay sont sans cesse détruits par l’expression excessive d’un mot, chargé maladroitement d’inoculer un ordre intellectuel parasite dans la nappe sans couture du chant. Il semble que l’on touche ici une difficulté majeure de l’exécution musicale : faire surgir la nuance d’une zone interne de la musique, et à aucun prix ne l’imposer de l’extérieur comme un signe purement intellectif : il y a une vérité sensuelle de la musique, vérité suffisante, qui ne souffre pas la gêne d’une expression. C’est pour cela que l’interprétation d’excellents virtuoses laisse si souvent insatisfaits : leur rubato, trop spectaculaire, fruit d’un effort visible vers la signification, détruit un organisme qui contient scrupuleusement en lui-même son message. Certains amateurs, ou mieux encore certains professionnels qui ont su retrouver ce que l’on pourrait appeler la lettre totale du texte musical, comme Panzéra pour le chant, ou Lipatti pour le piano, parviennent à n’ajouter à la musique aucune intention : ils ne s’affairent pas officieusement autour de chaque détail, contrairement à l’art bourgeois, qui est toujours indiscret. Ils font confiance à la matière immédiatement définitive de la musique.

    Mythologies : textes écrits entre 1954 et 1956; le livre lui-même a paru en 1957.
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  3. #3
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    Gast!

    Ouch! Si ce n'est pas une sorte de procès, ahem, stalinien, qu'est-ce donc? La terminologie heurte ma raison: qu'est-ce à dire, bourgeois? Les précieuses ridicules l'étaient-elles? Ou la préciosité, les maniérismes, les minauderies ne seraient-elles pas plutôt une question d'individu -tout en supposant que les artifices d'expression seraient (?) plus typiques des classes dominantes, ce qui reste à démontrer. Je ne suis pas amateur de lieder, aussi ma perception des enregistrements de Souzay n'a peut-être aucun intérêt, mais je ne vois pas -je n'entends pas- en quoi ce Monsieur est plus maniéré qu'un Fischer-Diskau. On aurait aimé que Maîîître Barthes (que je ne lis point dans le texte) citât ses (p)références en matière d'interprétation de lieder. Dans Der Zwerg, sa cible m'a paru avoir du souffle, de l'ampleur; mon ignorance du texte m'interdit d'affirmer que cette puissance d'expression est pertinente, mais je suis loin de trouver cela insupportable, alors même que je n'ai aucune inclination pour les voix lyriques en général.


    Une Remarque sur la prose du Maître à penser du marigot marxisto-modernisto-cuistre: on sait ce que recouvre la formule "on le sait": il s'agit d'intimider les pèquenauds embourbés dans leur trou de province, lesquels n'ont pas bénéficié d'une instruction à la hauteur.
    Comme moi...

  4. #4
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    Citation Envoyé par lebewohl Voir le message
    Je vais bientôt proposer une liste (non exhaustive et valable seulement au moment où je la ferai) de mélodies ou de lieder, je ne résiste pas à cette citation de Barthes, tirée de "Mythologies", rappelant combien il trouvait Souzay excellent :
    L’art vocal bourgeois :

    Les principaux signes de l’art bourgeois. Cet art est essentiellement signalétique, il n’a de cesse d’imposer non l’émotion, mais les signes de l’émotion. C’est ce que fait précisément Gérard Souzay
    Pourriez-vous confirmer que Barthes n'a rien dit de Souzay dans le même texte, peu avant ce que vous citez ? D'autre part, je rappelle qu'il faisait le même bla-bla sur Fischer-Dieskau :
    "Pour dégager ce « grain » des valeurs reconnues de la musique vocale, je me servirai d’une double opposition : celle théorique du phéno-texte et du géno-texte (Julia Kristeva), et celle paradigmatique, de deux chanteurs, dont j’aime beaucoup l’un (bien qu’on ne l’entende plus) et très peu l’autre (bien qu’on entende que lui) : Panzéra et Fischer-Dieskau (qui ne seront, bien entendu, que des chiffres : je ne divinise pas le premier et je n’en veux nullement au second). (...) Du point de vue du phéno-chant, Fischer-Dieskau est sans doute, un artiste irréprochable; tout, de la structure (sémantique et lyrique), est respecté; et pourtant rien ne séduit, rien n’entraîne à la jouissance, c’est un art excessivement expressif (la diction est dramatique, les césures, les oppressions et les libérations de souffle interviennent comme des séismes de passion) et par là même il n’excède jamais la culture : c’est ici l‘âme qui accompagne le chant, ce n’est pas le corps : le corps accompagne la diction musicale, non par un mouvement d’émotion mais par un « geste-avis », voilà qui est difficile, d’autant que toute la pédagogie musicale enseigne, non point la culture du grain de la voix, mais les modes émotifs de son émission : c’est le mythe du souffle."
    Cela se trouve sur une page Internet qui contient aussi le passage sur Souzay que vous avez cité :
    http://www.revoice.fr/Pages/RolandBarthesetlavoix.aspx
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  5. #5
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    Voici le début du texte de Barthes sur Souzay, début que vous avez omis. Je ne vous accuse pas de l'avoir omis intentionnellement, je pense plutôt que vous n'avez pas pensé à ajouter "excellent baryton" au texte à chercher dans une requête Google :
    "Il paraîtra impertinent de faire la leçon à un excellent baryton, Gérard Souzay, mais un disque où ce chanteur a enregistré quelques mélodies de Fauré me semble bien illustrer toute une mythologie musicale où l'on retrouve les principaux signes de l'art bourgeois. Cet art est essentiellement signalétique, il n'a de cesse d'imposer non l'émotion, mais les signes de l'émotion. C'est ce que fait précisément Gérard Souzay (...)"
    Voir ici :
    http://wwwcazalschristian-miscellane...bourgeois.html
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    Dernière modification par InnocentParadis ; 20/06/2016 à 16h49.

  6. #6
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    Citation Envoyé par JEFF Voir le message
    Ouch! Si ce n'est pas une sorte de procès, ahem, stalinien, qu'est-ce donc? La terminologie heurte ma raison: qu'est-ce à dire, bourgeois? Les précieuses ridicules l'étaient-elles? Ou la préciosité, les maniérismes, les minauderies ne seraient-elles pas plutôt une question d'individu -tout en supposant que les artifices d'expression seraient (?) plus typiques des classes dominantes, ce qui reste à démontrer. Je ne suis pas amateur de lieder, aussi ma perception des enregistrements de Souzay n'a peut-être aucun intérêt, mais je ne vois pas -je n'entends pas- en quoi ce Monsieur est plus maniéré qu'un Fischer-Diskau. On aurait aimé que Maîîître Barthes (que je ne lis point dans le texte) citât ses (p)références en matière d'interprétation de lieder. Dans Der Zwerg, sa cible m'a paru avoir du souffle, de l'ampleur; mon ignorance du texte m'interdit d'affirmer que cette puissance d'expression est pertinente, mais je suis loin de trouver cela insupportable, alors même que je n'ai aucune inclination pour les voix lyriques en général.





    Une Remarque sur la prose du Maître à penser du marigot marxisto-modernisto-cuistre: on sait ce que recouvre la formule "on le sait": il s'agit d'intimider les pèquenauds embourbés dans leur trou de province, lesquels n'ont pas bénéficié d'une instruction à la hauteur.
    Comme moi...


    Je ne suis pas un barthien inconditionnel! Il dit parfois très choses très justes, parfois pas ; il les dit parfois très bien, parfois pas. La terminologie est celle des années 50. J'ai une grande admiration pour Fischer-Dieskau, qu'il n'aime pas, pour Panzera, qu'il aime, une raisonnable pour Souzay. En revanche je vois bien ce qu'il reproche à DFD et Souzay, qui n'étaient sans doute pas les meilleurs cibles - il y a bien pire.


    Soit dit en passant, le qualificatif "'excellent baryton" dont il gratifie Souzay au début de l'article (je n'avais mis que ce que j'ai trouvé du premier coup sur la toile, et c'est en effet de cela que je me souvenais de ma lecture de "Mythologies", au temps pour moi pour cette omission), ce qualificatif, donc, me semble relever de ce qu'on appelle en anglais "a damning praise", formule rhétorique où l'on commence par un compliment plus ou moins sincère pour ensuite descendre en flèche. La suite de l'article me semble démontrer amplement qu'il ne le c onsidère absolument pas comme un excellent baryton, ou alors qu'il a un excellent timbre et une excellente technique (personne ne le contesterait, je pense) mais que c'est un exécrable musicien. C'est en tout cas comme ça que je le lis : au moment où il a écrit ce txte entout cas, Barthes détestait les mélodies françaises par Souzay, et toute sa vie il semble avoir détesté DFD.


    Alors oui la phraséologie autour... (lui-même ne manquait pas de maniérismes dans sa façon d'écrire, je trouve).


    Enfin bref je ne prends pas partie sur la pertinence de ses propos, bien que voyant ce qu'il veut dire ; je voulais simplement montrer qu'à mon sens il détestait, à ce moment-là du moins, la façon de chanter de Souzay et de Fischer-Dieskau.
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  7. #7
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    Alors voilà ; il n'y a pas un chiffre rond, ce n'est pas dans l'ordre, il en manque, mais j'aimerais bien garder ceux-là, notamment, si on devait me rationner




    Duparc





    Ibert





    Ravel





    Poulenc





    Brahms





    Strauss





    Britten





    Schumann





    Eisler





    Weill





    Schumann





    Schumann





    Schubert





    Schubert





    Schubert





    Schumann





    Britten





    Loewe





    Gounod





    Bizet





    Schubert





    et pour sourire un peu


    Fauré (?)







    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  8. #8
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    Ouch! Si ce n'est pas une sorte de procès, ahem, stalinien, qu'est-ce donc?
    C'en est un, clairement. Mais pouvait-on attendre autre chose de la part du sieur ?

    je n'entends pas- en quoi ce Monsieur est plus maniéré qu'un Fischer-Dieskau
    Ah, écoutez bien : DFD est bien plus maniéré que GS. Je ne vais pas faire du DFD bashing, comme dirait qq'un qu'on connaît bien, mais le dit DFD nest pas le parangon du beau chant qu'on a voulu, ou voudrait encore, faire accroire.


    on sait ce que recouvre la formule "on le sait": il s'agit d'intimider les pèquenauds embourbés dans leur trou de province, lesquels n'ont pas bénéficié d'une instruction à la hauteur
    La formule sert surtout a faire croire que ses utilisateurs savent ce dont ils parlent, quand généralement ils n'en savent au mieux pas grand chose, et la plupart du temps rien du tout.
    Heureux est-on quand on a eu la chance d'échapper à un tel absurde et prétentieux carcan de pensée !

  9. #9
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    Je ne sais pas si DFD a TOUJOURS été aussi maniéré ; sur le tard, ou à certains moments (je n'ai pas uen idée très détaillée de toute sa longue carrière), oui ; mais d'autres fois, sans doute plus que Hotter, certes, mais pas scandaleusement. Je persiste à trouver que c'est un grand chanteur, et en plus il a déchiffré et défriché beaucoup plus que presque tout le monde, y compris en musique du XXe siècle.


    Donc ma foi, comme disait un stalinien célèbre, bilan globalement positif.
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  10. #10
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    Citation Envoyé par lebewohl Voir le message
    Je ne sais pas si DFD a TOUJOURS été aussi maniéré
    Pour être honnête, il faut dire qu'au début de sa carrière, il était infiniment plus naturel. Et donc pour mon goût infiniment meilleur.
    Puis lui sont venus ces tics de chant - pas des défauts de technique, des tics déclamatoires - qui sont apparus dès les dernières 60's et n'ont fait que se renforcer au fil des ans jusqu'à devenir caricaturaux dans ses dernières années, et je veux dire par là au moins ses deux dernières décennies, sinon plus. Cela renforcé par une altération du timbre et un rétrécissement de l'ambitus qui n'on pas arrangé les choses.

    d'autres fois, sans doute plus que Hotter, certes, mais pas scandaleusement.
    Ah alors là oui, 'sans doute' stricto sensu (alors que 'sans doute' veut généralement dire qu'on en a un , voire plusieurs !!). S'il y a bien quelqu'un de pas maniéré, c'est bien Hotter, qui dans le lied ne force pas l'impact de sa voix - grande voix, avec laquelle il sait qu'il ne faut pas user d'effets pour ne pas verser dans le démonstratif exagéré voire ridicule. DFD n'était pas une 'grande' voix' (comparez le avec Hotter, dans Wotan par exemple - pas le Wotan de Solti, celui des années 40 et 50 !! - ou dans le Hollandais - idem) ; c'était une belle voix, un beau timbre à ses débuts, mais en aucune manière ce qu'on peut appeler une 'grande' voix. Un 'Kavalierbariton' peut-être (et encore, parfois limite), mais en aucun cas un 'Heldenbariton' - ce qu'il n'a pas toujours compris.

    Je persiste à trouver que c'est un grand chanteur, et en plus il a déchiffré et défriché beaucoup plus que presque tout le monde, y compris en musique du XXe siècle.
    Vous avez raison de persister, il fut tout cela, et vous avez raison de souligner son éclectisme, temporel comme géographique.
    Peut-être sa louable boulimie l'a-t-elle conduit à en faire trop, néanmoins. Autant qu'on varie sa nourriture, quand elle est toujours accommodée à la même sauce, cela devient lassant. C'est un peu l'impression que j'ai, parfois, "Ah tiens, encore DFD, y'avait longtemps" ...

    Donc ma foi, comme disait un stalinien célèbre, bilan globalement positif.
    Je ne vois pas à qui vous pourriez bien faire allusion. "Define 'stalinien célèbre' ".

  11. #11
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    Citation Envoyé par lebewohl Voir le message
    Alors oui la phraséologie autour... (lui-même ne manquait pas de maniérismes dans sa façon d'écrire, je trouve).
    C'est rien de le dire, il faut le lire pour y croire !!!

    "phéno-texte et du géno-texte..., et celle paradigmatique ... (bien qu’on entende que lui) ..., du phéno-chant, , des séismes de passion, un « geste-avis », "

    Phéno- texte !!! Phéno-chant !!! Géno-texte !!! Ce jargon de précieux ridicule est à se taper le coccyx sur la cadette du trottoir (comme on disait dans mon chez moi de ma ville natale), et discrédite le discours qu'il prétend véhiculer. Quand on n'a pas grand chose à dire, et qu'on ne sait pas grand chose du peu qu'on dit, on se gargarise de mots. Avec en prime (si la citation est donnée verbatim) une faute de français sur "bien qu'on entende que lui".

    Heureusement, depuis, on a entendu et lu d'autres auteurs autrement pertinents sur la musique en général et le chant en particulier.

  12. #12
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    Citation Envoyé par The Fierce Rabbit Voir le message
    Ce jargon de précieux ridicule est à se taper le coccyx sur la cadette du trottoir (comme on disait dans mon chez moi de ma ville natale)

    Cadette de trottoir? Mmmmm... Auriez-vous l'extrême obligeance de me la décrire? Mon petit doigt me dit qu'elle a qq chose d'autrement plus éloquent que notre champion national de la cuistrerie...

  13. #13
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    Citation Envoyé par JEFF Voir le message
    Cadette de trottoir? Mmmmm... Auriez-vous l'extrême obligeance de me la décrire? Mon petit doigt me dit qu'elle a qq chose d'autrement plus éloquent que notre champion national de la cuistrerie...
    Dans mon jargon de mon chez moi, une 'cadette' est une pierre taillée parallélépipédique, qui peut être de dimensions modestes ou imposantes, à divers usages ; la 'cadette du trottoir', c'est le morceau de granit de section d'environ 15x15 ou 20x20 cm et long d'environ 60 cm qu'on posait bout à bout pour constituer la bordure du trottoir.
    Il y avait aussi des 'cadettes' de 'choin' (calcaire à gryphées) bien plus grosses, qu'on utilisait pour construire les parapets des quais du Rhône, ou qu'on posait à même le sol sur ces mêmes quais ou sur les places pour servir de bancs. Aussi disait-on d'un sujet qui allait défrayer la chronique locale "On n'a pas fini d'en parler sur les cadettes de Bellecour" (5° plus grande place de France et plus grande place piétonne d'Europe), la grande place où se rencontrait tout le monde, toutes classes sociales confondues mais pas mélangées ...
    Dernière modification par The Fierce Rabbit ; 20/06/2016 à 20h23.

  14. #14
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    J'ai écouté l'anthologie proposée par lebewohl jusqu'à Abendrot de Strauss par Schwarzkopf, je continuerai demain.
    Abendrot de Strauss par Schwarzkopf, c'est indiscutablement très beau, mais un détail m'a rappelé qu'un critique français (Goléa ?) provoqua un tollé en disant que dans le grave, Schwarzkopf poitrinait d'une façon assez disgracieuse. Il me semble que ça se remarque ici à 2:37-38 :

    Comparez à Jessye Norman, 3:34-35 :

    Jessye Norman ne poitrine pas, ou alors d'une façon beaucoup moins sensible.
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  15. #15
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    Schwarzkopf poitrinait d'une façon assez disgracieuse. Il me semble que ça se remarque ici à 2:37-38 :
    Ce grave est en effet un peu difficile. Cela dure deux secondes. So what ? Cela disqualifie-t-il tout le reste ?
    Schwarzkopf, Norman, ce n'est pas le même type de voix. Schwarzkopf n'a jamais été un grand soprano dramatique, ce qu'était Norman. Schwarzkopf n'a jamais été Isolde, Kundry ou Salome, Norman n'a jamais été Suzanne ou Pamina.

  16. #16
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    Citation Envoyé par The Fierce Rabbit Voir le message
    C'est rien de le dire, il faut le lire pour y croire !!!

    "phéno-texte et du géno-texte..., et celle paradigmatique ... (bien qu’on entende que lui) ..., du phéno-chant, , des séismes de passion, un « geste-avis », "

    Phéno- texte !!! Phéno-chant !!! Géno-texte !!! Ce jargon de précieux ridicule est à se taper le coccyx sur la cadette du trottoir (comme on disait dans mon chez moi de ma ville natale), et discrédite le discours qu'il prétend véhiculer. Quand on n'a pas grand chose à dire, et qu'on ne sait pas grand chose du peu qu'on dit, on se gargarise de mots. Avec en prime (si la citation est donnée verbatim) une faute de français sur "bien qu'on entende que lui".

    Heureusement, depuis, on a entendu et lu d'autres auteurs autrement pertinents sur la musique en général et le chant en particulier.
    Je crois que Barthe connaissait assez bien la musique, et notamment le chant ; mais je me trompe peut-être. Quand au jargon... certes, mais ce deuxième article est un article non pas grand public comme celui des mythologies mais un article de sémiotique universitaire ; c'est une discipline qui a son jargon, comme les math, l'économie, la musique ou l'entomologie. Je pense qu'il savait ce qu'il disait, en rajoutait sans doute parfois en se riant sous cape de ceux qui l'imitaient sans savoir ni comprendre.

    Je dis ça mais je me trompe peut-être, je ne suis pas un spécialiste de Barthes. Ni d'autre chose d'ailleurs, donc bon...
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  17. #17
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    Citation Envoyé par InnocentParadis Voir le message
    J'ai écouté l'anthologie proposée par lebewohl jusqu'à Abendrot de Strauss par Schwarzkopf, je continuerai demain.
    Abendrot de Strauss par Schwarzkopf, c'est indiscutablement très beau, mais un détail m'a rappelé qu'un critique français (Goléa ?) provoqua un tollé en disant que dans le grave, Schwarzkopf poitrinait d'une façon assez disgracieuse. Il me semble que ça se remarque ici à 2:37-38 :

    Comparez à Jessye Norman, 3:34-35 :

    Jessye Norman ne poitrine pas, ou alors d'une façon beaucoup moins sensible.
    IP
    Je ne critiquerai jamais Norman dans ces lieder! Je n'irai pas non plus jusqu'à dire que Schwarzkopf esr disgracieuse. Je l'ai mise car je trouve que Strauss lui va bien, si je puis me permettre.

    Au demeurant je n'ai pas toujours mis "la" version de chaque lied. Parfois je ne l'ai pas trouvée, parfois j'en ai trouvé une en chemin qui m'a semblé pertinente, parfois je n'ai pas trouvé mieux. Je dis "la" version, je devrais dire "ma" version. Bon on conclura peut-être que j'aime bien Hotter!
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  18. #18
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    Tout ce que propose lebewohl est évidemment très bon, même si ça ne correspond pas toujours à mes préférences. Voici quatre petites remarques :
    1° Quand j'écoute le début orchestral d'Abendrot de Richard Strauss, je crois toujours entendre l'Hymne à la joie de Beethoven;
    2° Gounod et Ibert : contrairement à beaucoup de mélodies françaises, ça ne me donne pas l'impression d'être écrit note par note, il y a presque autant de vie organique que dans un lied allemand;
    3° Conchita Supervia :

    un peu surpris par ce vibrato en sonnerie de téléphone (par exemple à 0:36).
    4° Der Hirt auf dem Felsen : content de réécouter ce charmant morceau par la charmante Ameling, notamment la cadence napolitaine qui commence à 6:29-30 :

    J'aime bien relever les cadences napolitaines parce que c'est à peu près le seul "syntagme" musical que mon oreille reconnaît. Il y en a d'ailleurs dans Der Müller und der Bach, que j'ai cité plus haut :

    par exemple à 0:18 sur la première syllabe du mot "Lilien" et à 0:39 sur le "nen" de "Tränen". Dans les deux cas, c'est Fa majeur dans un contexte de mi mineur (en tout cas d'après la partition pour voix moyenne). Mais bizarrement, en écoutant Wunderlich, je ne remarque pas la saveur napolitaine sur le "Li" de "Lilïen", je ne la remarque que sur le "en" à la fin de ce mot. Ceci pour vous donner l'occasion de comparer vote oreille à la mienne.
    Et encore un détail : les premiers accords à la main gauche du piano sont des quintes à vide, avec leur saveur particulière.
    IP
    Dernière modification par InnocentParadis ; 21/06/2016 à 17h25.

  19. #19
    En attente de confirmation
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    Bon. J'avais éventuellement pensé à deux ou trois trucs ... Mais devant la table de dissection, je recule. J'en sais que cela réjouira.

  20. #20
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    please don't!
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

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