Qui pour fumer dehors avec moi?
Qui pour fumer dehors avec moi?
Bon, c'était plutôt bien, avec une sonate de Ravel étonnante, assez extraordinaire en définitive. Katia Labèque est intéressante par intermittences, à réécouter. Mullova se passe de commentaires, elle peut même se payer le luxe de n'être pas parfaite!
Pour l'anecdote: après que j'ai sévi sur un grossier personnage dernière moi qui toussait métronomiquement toutes les trois minutes, je me suis retrouvé à la sortie face à... son fils. Apparemment, j'avait souillé l'honneur de sa noble famille, et il en était à peu près à me provoquer à un duel à l'ancienne. Quand on sait comme cela a fini à la création du Sacre au même endroit, ça fait froid dans le dos!
Bonjour Théo,
A tous ces perturbés du blason et autres nostalgiques de la perruque poudrée, il suffit de répondre que depuis 1870 il n'y a pas plus de noblesse en France que d'erreur dans la grande fugue de Beethoven.
Manifestement, le public du concert de Muti avait refait le déplacement hier au TCE...
Vincent
Avez vous pu fumer malgré toutes ces péripéties?
Bon, suite à un courriel de Thomas, qui a assisté à toute la scène, je me dois d'être plus honnête, et du coup exhaustif. Parce que c'est un vrai opéra-bouffe, cette histoire.
Après l'entracte, je change de place et m'installe en première loge, dernier rang (j'aime bien). Il y a ce type dans la corbeille juste deux mètres derrière, qui se nettoie le gosier métronomiquement, donc. Durant l'adagio de la fantaisie de Schubert, je ne fais rien. Durant l'allegretto, je commence à me retourner (et ne suis pas le seul), espérant provoquer la gêne d'usage. Mais cela continue. Durant l'andantino, je commence à faire des signes de clapet de la main, jusqu'à la fin. Rien n'y fait, et ce, jusqu'au second mouvement de Ravel.
Alors là, ok Thomas, désespéré, je lui balance sur le bide le seul truc qui trainait dans ma poche: une pièce de 20 centimes. Et ça l'a calmé pour un moment, il a du se demander de quel compte ça venait. Et à la fin, je viens lui dire, très calmement et avec le sourire, que le prochaine fois il pourrait se produire sur scène, on l'entendrait encore mieux et le cachet serait plus important. Pas de réaction, je hausse les épaules sans me départir de mon sourire et m'en vais.
Dans le hall, son fils me tombe dessus et me jette ma pièce à la figure, avant de tourner les talons. Je le suis, il se retourne, et me montre la sortie, m'enjoignant de le suivre.
Moi, à peu près: "je ne vous ai rien fait, je ne vous connais pas, pourquoi me battrais-je avec vous?"
Lui: "Vous avez innsoulté monn père".
- Ah non, je lui ai parlé très courtoisement.
- Vous avez eu un geste grossier.
- C'est vrai, mais lui en a eu une quarantaine.
- Il fallait lui dire poliment.
- J'ai essayé
- Mais il est malade
- Je ne vais pas au concert si je suis vraiment malade.
(didascalie): durant cet échange qui tourne à la querelle juridique pour savoir si j'ai insulté le père ou non, il ne cesse de m'inviter à la suivre dehors, ce à quoi je réponds par des gestes blasés fort prudents.
Découragé, il s'en va rejoindre son clan (en fait, il y avait toute la famille).
Thomas s'avance, tandis que Vikotoria Mullova et Katia Labèque font leur entée sous les applaudissements pour la séance de dédicaces.
Ohne Pathos:
"Je crois que t'as failli te faire casser la gueule".
Voilà, il n'y a plus qu'à écrire la ligne de chant et orchestrer tout ça. Vincent, tu t'y colles?
Dernière modification par Theo B ; 17/03/2008 à 20h37.
Ok, je fournis le motif pour la clarinette:
de bas en haut: si-si-sii-fadièèèèè& #232;se-de haut en bas: mib-ré-la-mi
"Vous a - vez - innnnnnnn - soultémonpère!"
Ah mince, il faut harmoniser avec le basson.
la-la-laa (ensemble)-lab-sol-lab-sol-lab- (marcato) - (ensemble) - si-sib-réb-ré
Vous a - vez - i-hin-i-hin-i-hin... soultémonpère.
ça sonne, non?
Dernière modification par Theo B ; 17/03/2008 à 21h38.
Clarinette: noire-noire-noirepointée-blanche-crocheliée-/trioletnoire-noire-silences
Basson: noire-noire-noire pointée-5 croches-/trioletnoire-ronde.
A 3/2.
Quelqu'un a un piano, là?
La bémol - fa dièze... Faire attention quand même!
Ben quoi? Avec le soutien du sol?
Et on retombe sur un ré grave-mi, le ré grave se prolongeant, laissant présager du pire pour la suite...
En cas de tuberculose avérée et bacillifère, vous balancez des billets de 500€ ou vous faites fumer votre tapis persan au quinteux?
Théo, si je puis me permettre, le coup de la pièce c'est très gonflé parce très insultant et méprisant, pire que de l'avoir insulté verbalement ! Aussi, à ce jeu, c'est parfois quitte ou double! j'en est fait l'expérience avec un abruti , sauf que l'abruti en question était baraqué comme une armoire normande et du haut de mon mètre 87 j'étais petit! Donc faut pas se dégonfler et gueuler encore plus fort! Ca à marché, mais j'en menais pas large et je ne suis pas sûr de recommencer un jour!!!
Au fait je suis dans quel fil là ?!
thierry
Certes. Il n'y avait plus que cela à faire. Mais comme le suggérait Bertrand, c'est peut-être une solution réelle.
Plus sérieusement, comme le disait indirectement Vincent, tant qu'on est dans les places à 100 euros minimum, je pense qu'on peut se permettre de traiter les gens comme on ne le ferait pas d'un vrai clodo - je ne donne pas d'argent aux clodos, et si j'étais riche, je ne le ferais pas non plus.
De toutes façon, je n'arrive plus à parler du public des grandes salles parisiennes autrement qu'en commençant par "la faune" dans les conversations courantes.
Il y a une ambiguité dans mon propos. Je ne donne pas de pièce aux clodos, non pas pour les maintenir dans une quelconque dignité - raisonnement ridicule. Mais parce pour cela il y a des pouvoirs publics, des impôts, des élections. Mais c'est un aparté.
C'est pas très glorieux tout cela !
Il est vrai que le monsieur cacochyme, catharreux et à la manie tussive donnait des raisons de se fâcher ...
Le fils tout autant !
Mais moi si j'avais reçu une pièce de vingt centimes sur la bedondaine, et il y en a de la place sur ma bedondaine, j'aurais réagi sans conteste par le fer à croiser immédiatement jusqu'au dernier souffle, jusqu'à la dernière goutte !
Sur ce merci pour la relation de vos impressions à propos de ce concert de deux femmes exceptionnelles.
Nicolas ( qui ne s'en laissera jamais compter et qui est prompt à la colère )
Ces pratiques fascinent apparemment toujours: jugez plutôt.
Une partie que je trouve savoureuse en avant-goût de l'article complet:
Des Trois Glorieuses en 1830 jusqu'à l'agonie du Second Empire en 1870, on retrouve une pléiade de noms illustres impliqués dans ces batailles. Entre autres, Lamartine, Victor Hugo, Proudhon, Alexandre Dumas, Sainte-Beuve, Gambetta, Ledru-Rollin et bien d'autres. La pratique se développe tant et si bien qu'elle trouve sa place dans toutes les couches de la société ainsi que le laisse entendre un célèbre fait divers dans les années 1840 : un certain Martin, boucher de la rue de la Harpe à Paris, fut étendu d'un coup de pistolet par son premier garçon boucher, Antoine Souchet.
La pratique est archi-codifiée par d'innombrables ouvrages : on se bat au pistolet à quinze pas (très dangereux), à quarante pas (plus hasardeux), assis dans des fauteuils, à l'épée, au sabre (très gore), au premier sang, à blessure grave, voire jusqu'à ce que mort s'ensuive, selon le degré de gravité de l'offense subie. Pour donner une idée du raffinement qu'atteint alors le duel, une pratique connaît un certain engouement sous la Monarchie de Juillet. Deux pistolets étaient confiés aux témoins juste avant le combat, soustraits aux regards des duellistes. L'un était chargé réglementairement, l'autre pas du tout. Les armes étaient placées dans un sac puis livrées au choix des deux hommes qui se mettaient face à face et faisaient feu en même temps. Gros succès et suspense garanti.
Dernière modification par Theo B ; 22/08/2008 à 17h36.
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