Ernest Bloch

[Claude Torres]

...

À propos de cette oeuvre, Suzanne Bloch a écrit notamment ceci :

"(...) C'est une évolution à la fois musicale et spirituelle qui donne tout son sens à la deuxième sonate, le «Poème Mystique» de 1924 (...). La paix glorieuse de cette oeuvre offre un contraste saisissant avec la vision pessimiste du monde qu'exprimait Bloch, quatre années plus tôt, dans sa première sonate. En fait, l'idée d'écrire une seconde sonate lui vint après un concert donné à Cleveland au programme duquel figurait la première sonate. Il put observer l'incompréhension du public, visiblement désorienté par cette musique violente et tourmentée, et il songea alors à écrire une oeuvre d'un caractère totalement différent, d'une grande sérénité. L'élément déterminant qui le poussa à composer fut un rêve étrange, irréel et extatique, qui intervint après une période de crise et de maladie intense.

L'oeuvre tient en un mouvement continu au cours duquel le violon se voit confier de longues lignes lyriques (...). Des accents hébraïques sont présents dans certains passages, mais mêlés à un sentiment oecuménique exprimé par des citations : Credo grégorien et Gloria de la «Missa Kyrie Fons Bonitas», qui s'achève, comme le note Bloch, sur le merveilleux et fervent Amen final... (...)"

...

Jacques

Jacques,

Très belle photo de l'Institut de Ribaupierre à Lausanne. Je ne la connaissais pas.

Le texte de Suzane Bloch reprend les termes d'une lettre que Bloch a écrite le 6 octbre 1931 à son ami le compositeur Frederick Jacobi.

On y trouve toute l'ambiguité religieuse de Bloch. Il voulait appeler sa sonate "La Terre Promise" ou " Le Jardin Enchanté", en y mélangeant des accents juifs et du chant grégorien. Il avoue dans son courrier avoir fait un "rêve" quelques mois auparavant "sous l'effet d"une trop forte dose de Véronal!"

Beryl Rubinstein avait déjà enregistré la première sonate pour violon et piano accompagnant Josef Gingold au violon. (The Artistry of Josef Gingold, Enharmonic Records ENCD03-015, report de 3 faces 1/2 de 78T Victor)
Malheurusement il n'y a pas de trace de l'interprétation de Ribeaupierre.

Cette oeuvre écrite en 8 jours à Santa-Fé (Nouveau Mexique) où il est allé se reposer pendant 5 semaines, saturé par le travail en parallèle à Cleveland et San-Francisco.
En 1958, il effectuera une petite révision (75 mesures) jamais publiée.

Sur Youtube on ne trouve que la 1ere partie de l'enregistrement de Jasha Heifetz accomapgné par Brooks Smith au piano (enregistré les 16-17 Décembre 1955 Live à Radio Recorders, Hollywood)

On le trouve dans la Jascha Heifetz Collection 1950-1955 Vol.8 couplé avec la première sonate pour violon et piano
RCA 09026 61739 2 (2 CDs)






Claude Torres

[mah70]

Bonjour.

Sur YouTube on ne trouve que la première partie de l'enregistrement Heifetz, mais sur notre superbe Bibliothèque Musicale on trouve la sonate complète

http://www.mqcd-musique-classique.co...ead.php?t=4122

Bonne écoute.

[Claude Torres]

Bonjour.

Sur YouTube on ne trouve que la première partie de l'enregistrement Heifetz, mais sur notre superbe Bibliothèque Musicale on trouve la sonate complète

http://www.mqcd-musique-classique.co...ead.php?t=4122

Bonne écoute.

Merci Mah70,
J'avais oublié et je suis impardonable. D'autant plus que sauf erreur de ma part, j'ai fourni la plupart des enregistrements de Bloch pour la B.M.

J'ai une vingtaine d'enregistrements de cette oeuvre sur mes étagères

Claude Torres

[Jacques]

J'ai hésité à écrire ce rectificatif, car c'est par une autre voie, agissant avec beaucoup de tact et de délicatesse, que Claude m'a signalé une erreur que j'ai faite à propos de Beryl Rubinstein, co-dédicataire avec André de Ribaupierre du Poème Mystique d'Ernest Bloch (cf. le paragraphe figurant sous le cliché ancien). Je crois toutefois que cette erreur ne doit pas subsister ici...

Beryl Rubinstein [1898-1952], à qui Wikipédia consacre en anglais un petit article (cf. ici), était bien pianiste, mais c'était un homme, de nationalité américaine, qui fut aussi compositeur et professeur de musique.

On peut d'ailleurs entendre sur YouTube quelques-unes de ses compositions, notamment une très belle Sonate pour flûte et piano dont voici le premier mouvement :


[/URL]


Jacques

[mah70]

A preuve...

[Jacques]

La digression qui suit paraîtra incongrue, mais elle montre qu’on trouve parfois, en "surfant" sur l’histoire de la musique, certaines coïncidences amusantes ()...

J’ai tenu pour probable le fait qu’Ernest Bloch avait visité l’Institut de Ribaupierre, fondé en 1915, et signalé que cet établissement était situé près de la Synagogue de Lausanne (cf. ici), qui fut inaugurée en 1910 et que le compositeur a sans doute aussi connue.

Voici une photo montrant cet édifice peu après sa construction :





Cela dit, c’est surtout grâce à la générosité de Daniel Iffla dit "Osiris" (1825-1907, à qui Wikipédia consacre un article qu'on trouve ici) que cette synagogue a pu être bâtie à l’époque.

Or, l’anecdote amusante c’est que Daniel Iffla-Osiris n’était autre que l’oncle d’Emma Bardac, seconde épouse de Debussy après avoir été la maîtresse de Fauré, et que c’est parce qu’il "désapprouvait la conduite de ses nièces", dont celle d’Emma, qu’il décida de léguer toute sa fortune à des "institutions charitables", notamment.

Debussy et sa femme, qui comptaient sur cet héritage pour mettre "du beurre dans leurs épinards", en furent évidemment fort dépités.

Mais cela ne m’empêche pas d’apprécier quand même beaucoup le fait qu’une partie de cette fortune ait permis la construction de la Synagogue de Lausanne ().

Jacques

[Claude Torres]

...
Mais cela ne m’empêche pas d’apprécier quand même beaucoup le fait qu’une partie de cette fortune ait permis la construction de la Synagogue de Lausanne.

Jacques

Osiris a été un des plus grands constructeurs de Synagogues au XIXe siècle.
Voir son histoire sur
L’histoire extraordinaire de Daniel IFFLA-OSIRIS


En particulier

- Arcachon
- Bordeaux (en partie) après l'incendie de la synagogue de la rue Causserouge
- Bruyères
- Lausanne
- Tours
- Tunis
- Vincennes
- Paris, rue Buffault


C'est à la synagogue de Bordeaux où je suis né et où j'ai été membre du choeur que j'ai fait mes premières études et à celle d'Arcachon que j'ai dirigée pendant quelques années de ma jeunesse. Les 2 portent une plaque commémorative en souvenir d'Osiris.




Un CD a été publié pour commémorer le 120è anniversaire de la synagogue de Bordeaux chez Buda Musique (Rite Portugais)

http://fr.israel-music.com/various/c...aux_synagogue/





Claude Torres

[Jacques]

Je suis très content et touché, Claude, d'avoir appris ce qui précède. Merci beaucoup.

En ce qui me concerne, c'est relativement tard que j'ai su qui était Osiris (Daniel Iffla). Il avait pourtant non seulement permis l'édification de la Synagogue de Lausanne, mais aussi fait don à la ville, "en souvenir de l'accueil fait en 1871 par les Suisses aux soldats de l'armée de Bourbaki", d'une statue de Guillaume Tell qui existe toujours et qu'on peut voir sur cette photo prise au début du siècle dernier (NB : construit en 1886, le bâtiment qu'on aperçoit à droite, un palais de justice, m'est bien connu car j'y ai travaillé pendant environ huit ans) :



S'agissant du dépit probable de Debussy, je l'ai appris par le biais de la note 15 figurant en page 180 du livre de Marcel Dietschy sur ce compositeur ("La Passion de Claude Debussy", Editions de la Baconnière, Neuchâtel, 1962). Cette note précise ceci : "Il semble qu'Emma Bardac espérait un héritage de son oncle, le financier Osiris. Mais à sa mort, le 4 février 1907, celui-ci avait abandonné 25 millions à l'Institut Pasteur (légataire universel) et notamment 50'000 francs à... Guillaume Tell, pour l'érection à Lausanne d'une chapelle consacrée au héros légendaire de l'indépendance helvétique (Le Figaro, 4 février 1907)".

Cela dit, pour revenir à Ernest Bloch tout en restant encore "dans le sillage" d'Osiris, j'ai envoyé il y a quelques années à mon beau-frère, juif américain dont les parents quittèrent Vienne pour New York à une époque terrible (Anschluss de 1938), le disque "fait maison" que voici (avec copies des versions Geoffrey Simon d'Avodath Hakodesh et Yoav Talmi du Concerto Grosso No 1 ) :



Les petites images figurant sur la couverture du CD sont des vues de détail de la Synagogue de Lausanne (renvoi à Osiris). Quant à la musique, que mon beau-frère ne connaissait pas (il écoute davantage de jazz que de classique), elle fut pour lui, de son propre aveu, une véritable révélation.

Jacques

[Claude Torres]

Ernest Bloch : Music for Cello & Piano
Nimbus NI5943
Raphael Wallfisch (cello)
John York (piano)
5 May 2017
70:14


1. - 2. Sonata for cello and piano (1897) 15:16 (enregistré une seule fois précédemment)

3. - 6. Suite for cello and piano (1919) - Transcribed from the suite for viola by Gabor Rejto and Adolph Baller 32:04

7. Nigun for cello and piano - Improvisation from Baal Shem, Pictures of Chassidic Life (1923) - Arranged by Joseph Schuster 6:50

8. - 10. From Jewish Life (1925) 9:27

1. Prayer
2. Supplication
3. Jewish Song

11. Méditation hébraïque for cello and piano (1924) 6:36