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Discussion: Découvertes

  1. #1
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    Découvertes

    Je découvre petit à petit un compositeur fort délaissé, un écorché vif, un éclopé de la vie. Certes sa musique n'est pas la gaité personifiée, mais elle correspond à mon état d'esprit.
    J'avais déjà présenté son quatuor à corde interprété par le Goldner Quartet en 2014.


    Je viens de découvrir la pianiste Muza Rubackyté dans le répertoire Vierne au travers de 2 disques. D'une part un disque de piano qui constitue en quelque sorte le répertoire caché de Vierne. Madame Rubackité habite totalement cette musique sombre, ces angoisses, ces cris de l'âme.



    Afin de vous donner une idée de ce magnifique témoignage, voici son interprétation d'un prélude de l'Opus 36 'Seul'.



    J'ai découvert très récemment l'interprétation par Rubackité et le quatuor Terpsycordes du quintet pour piano de Vierne. Vierne le décrit ainsi à un ami:
    « J’édifie en ex-voto un quintette de vastes proportions dans lequel circulera largement le souffle de ma tendresse et la tragique destinée de mon enfant. Je mènerai cette œuvre à bout avec une énergie aussi farouche et furieuse que ma douleur est terrible, et je ferai quelque chose de puissant, de grandiose et de fort, qui remuera au fond du cœur des pères les fibres les plus profondes de l’amour d’un fils mort… Moi, le dernier de mon nom, je l’enterrerai dans un rugissement de tonnerre et non dans un bêlement plaintif de mouton résigné et béat », Cette musique a touché mon âme au plus profond et j'en ai été extrêmement ému.
    Le quintet est précédé par des 'lieders' magnifiques, le piano est hanté par Rubackité et Anaïk Morel, une mezzo au timbre grave et chaud me ravit dans cette musique sombre. Sur un texte de Verlaine, 'Spleen et détresse' est un grand moment de l'art lyrique français.

  2. #2
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    J'avais lu dans une revue (non française) une critique très élogieuse du disque de piano, vous achezvez de me donner envie d'écouter, merci (le prélude donné en exemple est magnifique, en effet).
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  3. #3
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    Je ne connais Vierne que par l'orgue.
    J'irai jeter un coup d'oreille intéressé au reste. Merci.

  4. #4
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    Aimez-vous Brahms? A cette célèbre question (pour ceux qui comme moi ont un certain âge), je réponds oui! D'autant plus que de nouvelles interprétations sont venues enrichir ce vaste et magnifique répertoire.
    Je commencerai par un véritable monument pianistique, c'est la nouvelle intégrale de l'oeuvre pour piano solo de Brahms par un jeune pianiste français, Geoffroy Couteau. L'interprète a tenu à enregistrer et présenter les pièces chronologiquement (à l'exception des ballades qu'il a enregistré au tout début!). Geoffrey Couteau a enregistré sur un Steinway, que j'ai trouvé extrêmement bien préparé et dans une excellente acoustique (certains chagrins on déploré quelque peu cette acoustique, mais je n'ai strictement rien à y redire). Dans l'intégrale Katchen (l'une des rares!), tout n'était pas de même niveau, à mon goût, par contre celle de Couteau est sans failles, de la première note à la dernière! Certes je préfère à certains moments Richer (Richter à Leipzig) dans l'intermezzo en B flat mineur, André Laplante dans la sonate No. 3, mais ce sont vraiment de tout petit détails. Il est certain que Geoffrey Couteau a passé de nombreux mois à préparer son intégrale. Pour un parfait inconnu, c'est un coup de maître et je suis certain qu'il entrera dans la légende. Ce n'est pas un Brahms clinquant à la Grimaud, mais un Brahms mordoré, subtil et grave qui apporte une vision cohérente de l'ensemble du répertoire!



    Toujours dans Brahms, j'ai redécouvert un répertoire de Lieder de Brahms (4 ernste Gesänge Op. 121, 9 Lieder Op. 32, 6 Lieder Op. 85 Nos. 1-2, 4 Lieder, Op. 92 Nos. 1, 3 & 4). Autant je n'avais pas accroché sur les intreprétations de Fischer Dieskau, autant j'ai été subjugué par Matthias Goerne. Si je vous disais tout le bien que je pense de ce disque, vous penseriez que j'exagère, aussi voici un extrait de la critique de André Tubeuf: « Matthias Goerne approche au plus près la pensée intime et l'âme romantique de Brahms dans cette anthologie de lieder composés sur des textes de Heine, Platen ou de l'Ecclésiaste. [...] Le meilleur vocal de Brahms est là, à son sommet d'intelligence et de noblesse.»



    Jamais 2 sans 3, dit-on! Eh bien, oui! Dans un répertoire plus qu'embouteillé (Sviatoslav Richter/Oleg Kagan, Sviatoslav Richter/David Oistrakh, Augustin Dumay/Louis Lortie, Viktoria Mullova/Piotr Anderszewski, Arthur Schnabel/Szigeti, Suk/Katchen, et j'en passe...), le violoniste allemand Christian Tetzlaff en compagnie de son collègue Lars Vogt au piano, nous en présente une version magnifique de ces trois chefs d'oeuvre de la musique chambriste. Nos deux compères, déroulent sans trop de Sturm & Drang ces œuvres, en prenant plaisir à soigner les détails, sans pour autant perdre l'architecture globale. De plus, je soulignerai la sonorité envoûtante de Tetzlaff, c'est tout simplement une des très grandes interprétations des sonates. Un disque qui s'écoute comme dans un rêve.


  5. #5
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    Je ne connais pas Tetzlaff-Vogt, mais sur le papier c'est alléchant.

    Les 2 autres, c'est du top niveau. On pourra tjrs ergoter sur tel ou tel point de détail, mais ce serait pour un plaisir totalement vain.

  6. #6
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    Autant je n'avais pas accroché sur les interprétations de Fischer Dieskau
    Bien, bien. Cela va peut-être enfin devenir "mainstream" de dire que le roi était nu.
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  7. #7
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    Matthias Goerne, qui est un élève de Fischer-Dieskau, est un excellent chanteur, en effet.
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  8. #8
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    Citation Envoyé par lebewohl Voir le message
    Matthias Goerne, qui est un élève de Fischer-Dieskau, est un excellent chanteur, en effet.
    Goerne a-t-il rendu hommage à Fischer-Dieskau ? Ou a-t-il seulement pris quelques leçons chez lui parce qu'à l'époque, ça faisait bien dans le CV ?
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    Dernière modification par InnocentParadis ; 16/12/2016 à 17h52.

  9. #9
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    Matthias Goerne, baryton né en 1967 : « L’impression visuelle a été bien plus forte que le disque... »"Je devais avoir dix ans quand je l’ai entendu pour la première fois. C’était un disque de mes parents, le Winterreise avec Jörg Demus. J’ai été tout de suite fasciné par son absence d’apprêt. Tout cela sonnait avec le naturel le plus confondant. Plus tard, je l’ai entendu en direct en Allemagne de l’Est, au début de mes études. Cela devait être en 1985. L’impression visuelle a été bien plus forte que le disque. Il affichait une certaine distance, une retenue, mais c’était celle du messager, du médiateur.
    Le sujet de son influence sur moi est très complexe. J’ai suivi ses cours pendant cinq ans, chaque semaine, à raison de six ou sept heures par mois. Il était encore en carrière et je l’ai alors beaucoup vu sur scène. Ce que j’ai appris de lui n'est lié ni à sa personnalité ni à ses options d’interprète, qui tenaient à son goût personnel et qu’il n’imposait pas. A quatre-vingt-quinze pour cent, ce qu’il enseignait était dans le non-dit. Il n’expliquait guère. La partie la plus essentielle de son enseignement était de vous faire comprendre que le plus important se trouve dans le texte du compositeur. Accents, notes, rythmes : tout est là, sous vos yeux. Ce n’est pas sa personne qui m’a influencé, c’est cet art de la lecture critique. J’ai appris que pour atteindre la plus grande qualité, il faut une fréquentation sérieuse, profonde, du compositeur, et une grande discipline.
    Parmi ses disques, j’ai cette affection particulière pour le Voyage d’Hiver avec Jörg Demus, que je trouve le plus naturel et le plus dramatique de tous ses enregistrements du cycle de Schubert. J’aime aussi énormément les Schumann avec Eschenbach, absolument extraordinaires de qualité et de continuité dans la qualité. Et puis, il y a les disques faits avec des accompagnateurs hors normes : Sviatoslav Richter en particulier. Les capacités vocales, la sensibilité, l’énergie sont largement éveillées par le partenaire. Un autre exemple de cela, ce sont les Mahler avec Furtwängler, où opère une alchimie géniale – même si Mahler n’est pas mon compositeur favori."


    Source : http://www.forumopera.com/actu/vingt...ischer-dieskau




    Mais enfin ce ne devait être qu'une passade pour se montrer auprès d'un mauvais chanteur à la mode.
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  10. #10
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    Eh bien, c'est très intéressant. Mais il me semble que le chanteur qu'il loue, ce n'est pas celui qui chantait à l'époque des leçons, c'est un chanteur qui, à l'époque des leçons, appartenait déjà au passé. Cela me semble compatible avec ce que j'ai toujours dit : Fischer-Dieskau a eu tort de s'obstiner à chanter trop longtemps, surtout à partir des années 1980.
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    Dernière modification par InnocentParadis ; 16/12/2016 à 18h14.

  11. #11
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    Il ne donne pas de date, et ne critique nullement le chant de DFD à quelque époque que ce soit. Il a sans doute pris ses cours, en effet, dans les années 80, suffisamment après qu'il a mué. Mais entre constater (ce que d'autres des musiciens interrogés font et ce que beaucoup ont fait sans vous attendre) qu'il n'avait plus à 60 ans sa voix de 30 ans (mais qui l'a?) et dire "le roi est nu" est "seulement pris quelques leçons parce que ça faisait bien dans le cv", deux assertions absurdes, il y a de la marge.




    DFD était un immense chanteur et un immense musicien. On peut apprécier ou pas ses choix interprétatifs dans telle ou telle musique, lui préférer tel ou tel autre dans telle ou telle oeuvre, juger qu'il est à côté de la plaque dans tel compositeur, constater qu'il ne chantait plus vieux comme il chantait jeune (sans pour autant chanter mal, cela dit). Il n'empêche... Dans le "grand" répertoire allemand, peu l'égalent dans sa constante qualité ; alors oui on peut préférer Hotter ici, Prey là. Mais une qualité aussi constante, et qui n'est pas de deuxième ordre, de Bach (oui je sais on ne chante plus trop Bach comme ça aujourd'hui, mais ce serait un anachronisme que de le lui reprocher) et même Schütz à Berg et Reimann, en passant par le répertoire français, russe, italien... avec des hauts et des bas mais pas beaucoup de déchet, ma foi...


    D'ailleurs si vous avez lu les autres interviews sur le lien, vous verrez qu'il avait plus que la mode pour l'admirer, même en faisant la part des choses pour un éloge funèbre.


    Bref.


    De même que "Peanuts" est drôle, ainsi DFD était un grand chanteur. Est toujours, grâce au disque.
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  12. #12
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    Je n'ai rien contre le fait que beaucoup de monde aime DFD, mais j'ai du mal comprendre cet engouement également. Maintenant si Richter l'appréciait au point de l'accompagner à plusieurs reprises, c'est qu'il devait ou doit y avoir quelque chose...

  13. #13
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    Citation Envoyé par Brouken Air Voir le message
    Je n'ai rien contre le fait que beaucoup de monde aime DFD, mais j'ai du mal comprendre cet engouement également. Maintenant si Richter l'appréciait au point de l'accompagner à plusieurs reprises, c'est qu'il devait ou doit y avoir quelque chose...
    Au fait, connaît-on un exemple d'un interprète qui a refusé de jouer ou de chanter avec un interprète adulé parce qu'il le trouvait surfait ?
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  14. #14
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    Citation Envoyé par InnocentParadis Voir le message
    Au fait, connaît-on un exemple d'un interprète qui a refusé de jouer ou de chanter avec un interprète adulé parce qu'il le trouvait surfait ?
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    Richter ne se privait pas de nous livrer le fond de sa pensée, mais comme elle était à géométrie variable... En tout cas, je n'ai pas souvenir de commentaires sur le baryton. Mais si une majorité décrète que DFD a été le plus grand baryton de tous les temps. Cela ne me dérange nullement, d'ailleurs l'idée même de meilleur est en soi absurde.
    Par contre que pensez-vous de ce 'Bassbariton' qu'est Florian Boesch? J'ai pu l'apprécier au Luxembourg en concert et je viens d'acquérir son 'Chant du Cygne' , ...ou plutôt celui de Schubert, dont je ferai peut-être une revue s'il me plaît.

    Bonne journée

  15. #15
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    Voici un récital que je vais découvrir également!


  16. #16
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    Citation Envoyé par Brouken Air Voir le message
    Par contre que pensez-vous de ce 'Bassbariton' qu'est Florian Boesch?
    J'ai écouté les Schubert du Liederabend et je trouve qu'il les chante très bien, mais qu'il a eu tort de vouloir sortir des sentiers battus, car à part Der Wanderer, toutes ces Ballades sont des médiocrités qui méritent l'oubli où elles sont tombées. Je crois que James Leonard s'est très bien exprimé à ce sujet, et notamment au sujet de Die Drei Sänger :
    "Schubert's career as a composer of ballads was frankly a failure: most of his ballads were too long and rambling, with too many different kinds of music held together too loosely to achieve either aesthetic or emotional impact. A perfect -- and blessedly brief -- example of Schubert's approach to the ballad is his setting of Friedrich Bobrik's Die drei Sänger (The Three Singers) (D. 329) of December 1815." (Voyez la suite sur http://www.allmusic.com/composition/...9-mc0002436358)
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