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Discussion: Quinze que j’en pense – L’autre Bohème

  1. #1
    Membre Avatar de ppyjc61
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    Cool Quinze que j’en pense – L’autre Bohème


    Parmi les grands succès opératiques de la fin du XIXe siècle, La Bohème est sans doute l’un des opéras de Puccini les plus aimés. Toutefois, il y a une histoire peu connue qui implique non seulement Puccini, mais un autre compositeur contemporain de ce dernier, et une histoire qui culmine avec une autre version du même opéra, ou à tout le moins un opéra inspiré de la même source dramatique.

    Ruggero Leoncavallo (1857-1919) est, bien sûr, mieux connu comme le compositeur de Pagliacci. Il a eu la malchance d'écrire un autre très bon opéra, La Boheme, (créé en 1897) à peu près au même moment que l'opéra de Puccini (créé en 1896). Si le chef-d'œuvre de Puccini fait la programmation des grandes maisons d'opéra régulièrement, l'opéra de Leoncavallo est quant à lui en marge du répertoire lyrique.

    Son adaptation du roman de Murger est bien conçu, asssorti de moments musicaux intéressants. Son livret toutefois (par Leoncavallo lui-même) n’est pas aussi bon que celui tiré par Luigi Illica et Giuseppe Giacosa pour Puccini. Il passe de la comédie au désespoir sombre entre les actes 2 et 3 et semble un peu déséquilibré. Les deux opéras montrent clairement la différence entre le talent et le génie. L’œuvre e Puccini ne laisse donc pas de place pour un produit inférieur; même s’il est monté occasionnellement ou certains de ses arias sont proposés lors de galas.

    Si le sujet traité est essentiellement le même, il y a des différences – certains passages dans l’un deviennentt une anecdote ou un fil secondaire dans l’autre. Si Puccini s’intéresse à Rodolfo et Mini, Leoncavallo donne les meilleures répliques à Musetta et Marcello (dans la version de Leoncavallo Marcello est un ténor tandis Rodolfo est le baryton!)

    Afin de compléter le survol sommaire avant l’écoute d’une performance complète, voici deux des airs les plus connus:






    Ruggero LEONCAVALLO (1857-1919)
    La Bohème (1896-97)
    Opéra en quatre actes, livret italien du compositeur

    DIXTRIBUTION PRINCIPALE
    Doro Antonioli (Marcello)
    Ettore Bastianini (Rodolfo)
    Mafalda Masini ( Musette)
    Rosetta Noli (Mimì)

    Coro del Teatro San Carlo di Napoli (Michele Lauro, maître des choeurs)
    Orchestra del Teatro San Carlo di Napoli
    Francesco Molinari Pradelli, direction
    Performance publique, Teatro San Carlo (Naples), 8 mars 1958

    Argument (en anglais) – http://www.jmucci.com/opera/boheme2.html
    Livret – http://www.rodoni.ch/VERISMO/boheme/boheme-leonca2.html
    Hyperlien (Liber Liber) = http://www.liberliber.it/online/auto...llo/la-boheme/

    Pour suivre nos activités bloguesques, visitez la page de programmation de l'Idée Fixe et notre chaîne de baladodiffusopm Pod-O-Matic .

  2. #2
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    Ah je n'avais jamais entendu parler de cet opéra! Merci ; je vais aller jeter une oreille, si j'ose dire.
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  3. #3
    - Avatar de mah70
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    Un petit texte d'Alphonse Allais sur la question:

    La première chose qui frappe l'odorat du voyageur arrivant à Venise, c'est l'absence totale de parfum de crottin de cheval.
    Cette particularité, assez bizarre en apparence, s'explique d'elle-même dès qu'on s'aperçoit, par la pratique, que les seules modes de locomotion et de véhiculage à Venise sont le footing et le gondoling, si j'ose ainsi m'exprimer.
    Aussi, dans les journaux vénitiens, n'hésite-t-on pas à confier la rubrique des accidents de voiture à de vieux reporters pour qui cette occupation constitue une sorte de sinécure, maigrement rétribuée d'ailleurs.
    La première chose qui frappe l'ouïe du voyageur arrivant à Venise, c'est le remplacement du bruit de cornes et de grelots cyclistes par les mélancoliques clameurs des gondoliers. (Même raison que plus haut.) Le pittoresque ne fait qu'y gagner.
    La première chose qui frappe le tact du voyageur arrivant à Venise, c'est celui du directeur du Grand-Hôtel (l'excellent M. Merli) qui se met en quatre pour m'offrir une chambre donnant sur le canal et de laquelle on découvre un panorama que MM. les administrateurs du Grand-Hôtel de Paris auraient beaucoup de peine à offrir, malgré toute leur bonne volonté, à leur riche clientèle.
    La première chose qui frappe le goût du voyageur arrivant à Venise, c'est une exquise glace tutti frutti dégustée sur l'une des mille petites tables du célèbre et antique café Florian.
    La première chose qui frappe l'oeil du voyageur arrivant à Venise, c'est le spectacle de l'ami Isnardon, l'excellent baryton de l'Opéra-Comique, et de sa charmante jeune femme, distribuant sans compter du blé de Turquie aux pigeons de la place Saint-Marc.
    On cause et je m'instruis.
    Pauvre Italie ! En dépit de ton unité conquise au prix de tant de sang (et en particulier du nôtre), seras-tu donc toujours la terre classique des dissensions intestines ?
    Des villes, jadis, se combattaient durant des siècles, non sans acharnement. Des familles rivales empêchaient de se marier entre eux leurs pauvres enfants qui s'aimaient bien, pourtant, et de ce fait beaucoup de jeunes filles en étaient réduites à finir leurs jours dans les étangs voisins.
    Des universités, aussi, ne pouvaient se sentir : Galvani travaillait pour embêter Volta ; mais ces luttes-là, messieurs, étaient des luttes fécondes et faisaient faire à la science un de ces pas que l'humanité ne saurait oublier sans ingratitude.
    La concurrence italienne d'aujourd'hui n'a pas cette ampleur (vive l’Ampleur !), mais tout de même elle est intéressante.
    Il existe à Milan deux éditeurs de musique, deux grands éditeurs. Désignons-les par de discrètes initiales : signor Ricordi et signor Sonzogno.
    Chacune de ces maisons est tout un monde, un monde de musiciens, de librettistes, d'artistes, d’impresarii, etc.
    Dire que la plus franche cordialité règne entre ces deux groupes serait offenser la vérité.
    C'est à qui fera à l'autre la meilleure blague.
    Ainsi, M. Ricordi apprenant un jour que M. Leoncavallo, l’auteur si populaire des Pagliacci et qui s'édite chez M. Sonzogno, travaillait à une Bohème tirée de Murger, en commanda immédiatement une autre à son compositeur favori M. Puccini.
    Ce dernier se mit à l’ouvrage avec une furia italiana considérable ; de mauvaises langues prétendent même que, pour en avoir plutôt fini, il se fit donner un coup de main par les camarades. (Moi, je ne le crois pas.)
    Bref, sa Bohème à lui, Puccini, fut écrite, répétée et jouée dans coute l'Italie en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire.
    Sans autrement s'effarer de cette trombe, mon Leoncavallo achevait tranquillement sa petite Bohème à lui, et c'est elle qu'on représentait, l'autre soir, dans ce merveilleux théâtre de la Fenice, à Venise.
    J'ai assisté à bien des triomphes, mais je n'ai jamais rien vu de pareil.
    L'enthousiasme, d'ailleurs, se panachait, pour les Français présents, d'un comique irrésistible.
    Suivant en cela l'usage italien, le maestro Leoncavallo, dans la coulisse, tout prêt à accourir au premier appel (prononcez rappel), sortait, tel un diable d'une boîte, tantôt de la salle de billard du café Momus, tantôt de la loge de concierge du deuxième acte, tantôt d'ailleurs.
    Notez qu'il y eut, au cours de cette représentation, une vingtaine de rappels, sans compter les sept ou huit de la fin. Isnardon, la joie de cette pièce, a composé un Schaunard extraordinaire. Si, du haut du ciel, sa demeure dernière, le bon Murger n'est pas content, c'est qu'il est bigrement difficile.
    Le revers de la médaille d'un si gros succès, c'est l'obsession de tous les airs immédiatement gravés dans la mémoire des Vénitiens.
    On ne peut plus faire un pas sans entendre fredonner un fragment de la Bohème, surtout les couplets, ravissants heureusement, de Mimi Pinson:
    Mimi Pinson, la biondinetta,
    La biondinetta.
    Les gens d'ici prononcent : Mimi Pinn-sonn, ce qui ajoute beaucoup de pittoresque à la chose.
    Bref un succès qui n'est pas dans une musette… ni, d'ailleurs, dans une Mimi Pinson.
    La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)

  4. #4
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    Il y en a qui ont de ces lectures...
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  5. #5
    Membre Avatar de ppyjc61
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    octobre 2011
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    Pour ceux qui le préfèrent, voici deux hyperliens qui offrent la "synthèse" des actes 1-2 et 3-4. Téléchargeables en bloc ou pour audition avec un appareil virtuel intégré:

    Actes 1 & 2 https://archive.org/details/leoncava...heme_mp_06_etc
    Actes 3 & 4 https://archive.org/details/leoncava...heme_mp_25_etc

    Cadeau du Jour de l'An...

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