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Discussion: Francis Poulenc

  1. #41
    Membre Avatar de Couack
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    Re : Francis Poulenc

    Citation Envoyé par lebewohl Voir le message
    Je vais chercher la Sinfonietta à la première occasion. Mais je suis étonné de votre phrase : "la musique chorale ne ressemblait pas à du Poulenc". Je crois que, de son propre aveu, c'est là qu'il avait mis le plus de lui-même. Le Stabat, le Gloria sont du Poulenc concentré, je trouve, mais aussi les chansons françaises, les chansons sur des textes d'Eluard ou d'Apollinaire, et les motets (pour un temps de pénitence, ou pour le temps de Noël). FIgure humaine ou Un soir de neige sont bien caractéristiques aussi! Il est vrai que j'ai largement découvert Poulenc par sa musique chorale, et que j'en ai pas mal chanté. Quelles oeuvres vous ont déçu?
    Je n'ai pas vraiment aimé le Salve Regina, les 7 Chansons, les Petites Voix (terriblement mièvre celui-là), l'Exultate Deo, les Chansons Françaises (justement), les Prières de St François d'Assise et l'Ave verum. J'ai eu le sentiment que ç'aurait pu être composé par n'importe quel autre compositeur, ça m'a paru très convenu. J'ai effectivement lu que Poulenc était très content de sa musique chorale, et j'avoue que je ne le comprends pas trop.

    En revanche, je suis d'accord avec vous pour les Motets sur le Noël et Figure humaine qui sont assez réussis. Mais je trouve toujours sa musique instrumentale plus personnelle. Ceci dit vous avez un avantage sur moi puisque vous avez chanté Poulenc. On s'imprègne toujours beaucoup plus d'une oeuvre quand on la voit de l'intérieur. Mais comme je ne connais pas encore le Stabat Mater ni le Gloria, je vais les écouter ce soir.

    Je bloque complètement sur ses mélodies, hormis les Poèmes de Ronsard et le Bestiaire. Ce côté mondain, pour moi c'est too much. La 1ère mélodie de "Miroirs brûlants" Tu vois le feu du soir" est très belle.

    Gilles

  2. #42
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    Re : Francis Poulenc

    Citation Envoyé par Dominique Voir le message
    La Sinfonietta, tu la trouves à prix très doux : coffret EMI 2 cd musique orchestrale par Georges Prêtre...
    Oui, entièrement d'accord, pour moi Prêtre est insurpassé sur Poulenc. Ce qui fait qu'il y a 2 coffrets Emi essentiels :





    J'ai aussi la version Hickox de la Sinfonietta. C'est pas mal.

  3. #43
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    Re : Francis Poulenc

    Citation Envoyé par Couack Voir le message
    Je bloque complètement sur ses mélodies, hormis les Poèmes de Ronsard et le Bestiaire. Ce côté mondain, pour moi c'est too much. La 1ère mélodie de "Miroirs brûlants" Tu vois le feu du soir" est très belle.
    Gilles
    Si vous réduisez Poulenc à ce côté mondain, kitsch, et ne le trouvez pas crédible quand il est grave et mystique, il ne lui reste plus beaucoup d'espace pour vous séduire !
    C'est dommage car vous passez à côté de très belles oeuvres.

    Je trouve que Poulenc est beaucoup plus personnel dans ses mélodies que dans ses sonates avec vents qui sont très plaisantes mais assez semblables, avec les mêmes ritournelles.
    L'harmonie est plus riche dans les mélodies, la prosodie est remarqable, et les parties de piano sont somptueuses, même lorsqu'on les joue seules.

    "Tu vois le feu du soir" est effectivement très belle, et il y a comme ça nombre de mélodies intenses, profondes, recueillies, très émouvantes, "C " bien sûr, Montparnasse, sublime, la Grenouillère, la Reine de coeur dans la Courte-Paille, Sanglots dans Banalités, et bien d'autres !...

  4. #44
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    Re : Francis Poulenc

    Moralité, tout est bon chez Poupou, du piano à la musique de chambre, en passant par la Lorraine et les oeuvres orchestrales et chorales ...
    Dominique

  5. #45
    Membre Avatar de Couack
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    Re : Francis Poulenc

    Citation Envoyé par Chiarina Voir le message
    Si vous réduisez Poulenc à ce côté mondain, kitsch, et ne le trouvez pas crédible quand il est grave et mystique, il ne lui reste plus beaucoup d'espace pour vous séduire !
    C'est dommage car vous passez à côté de très belles oeuvres.

    Je trouve que Poulenc est beaucoup plus personnel dans ses mélodies que dans ses sonates avec vents qui sont très plaisantes mais assez semblables, avec les mêmes ritournelles.
    L'harmonie est plus riche dans les mélodies, la prosodie est remarqable, et les parties de piano sont somptueuses, même lorsqu'on les joue seules.

    "Tu vois le feu du soir" est effectivement très belle, et il y a comme ça nombre de mélodies intenses, profondes, recueillies, très émouvantes, "C " bien sûr, Montparnasse, sublime, la Grenouillère, la Reine de coeur dans la Courte-Paille, Sanglots dans Banalités, et bien d'autres !...
    Bonjour Chiarina

    Pour moi, ce qui est important, c'est que le compositeur ait son style propre, qu'il crée un univers sonore. Ne vous détrompez pas, j'adore Poulenc, et sa musique instrumentale est à mon avis l'une des plus belles qui ait été écrite au XXème siècle. Mais dans ses mélodies et dans les pièces pour choeur que je connais, je ne le trouve pas personnel. Si vous me faites une écoute en aveugle d'une des oeuvres dont j'ai parlé je ne saurai pas reconnaître Poulenc. Donc, il se peut que ce soit techniquement abouti et esthétiquement parfait, si ça n'est pas personnel ça n'a pas d'intérêt.

    Je crois pouvoir affirmer sans prendre beaucoup de risque que n'importe lequel d'entre nous peut reconnaître n'importe quelle pièce instrumentale de Poulenc en à peine 10 secondes d'écoute. Le résultat serait certainement moins probant avec le reste de son oeuvre.

    Ce que je trouve unique - et génial - chez Poulenc, c'est la légèreté apparente, la nostalgie pleine de grâce, l'ironie, les couleurs uniques de son instrumentation, et ce sens mélodique incomparable très proche des chansons populaires françaises. Mélodiqement un véritable héritier de Janequin. Je ne retrouve pas ça dans ses pièces pour piano, dans ses mélodies ni dans ses oeuvres chorales. Mais je dois encore écouter le Stabat Mater et le Gloria.

    Gilles

  6. #46
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    Re : Francis Poulenc

    Bonsoir Couack,
    Je veux bien vous suivre pour les petites voix ou st françois d'assise, mais les 7 chansons et les chansons françaises? Là vous m'étonnez. Je ne peux rien vous répondre, je ne peux pas entendre à votre place, mais je vous jure que, bien avant d'en avoir chanté, j'identifiais Poulenc dans ces oeuvres en 2 mesures, et parfois une demie. Admettons que, pour les chansons françaises qui sont des harmonisations de mélodies traditionnelles, ce soit un peu moins direct (il faut 4 mesures). mais "les anges, les anges dans le ciel"... rhaaa...
    Et si vous ne connaissez "que" les motets pour le temps de Noël, écoutez aussi ceux pour un temps de pénitence, encore plus beaux à mon goût.

    Quant aux mondanités, oui, bien sûr, cela arrive. Il y a du mondain, du trivial, du mystique, du populaire, du sulpicien. Mélangez, ajoutez quelques vraies-fausses notes, beaucoup de pédale au piano, et c'est du Poulenc.

    Cela étant je manque totalement d'objectivité sur le sujet, évidemment. Mais comme disait (en substance, je ne retrouve plus la formulation précise) Wilde : on ne peut avoir une opinion objective que sur un sujet auquel on ne s'intéresse pas, et c'est bien pour cela que les opinions objectives n'ont aucun intérêt.

  7. #47
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    Re : Francis Poulenc

    mes 2 favoris : Les Biches & La Sonate pour Hautbois et Piano

  8. #48
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    Re : Francis Poulenc

    Désolé de faire remonter ce fil Francis Poulenc .

    Mais pour les plus avertis de ses admirateurs (je déconseille quand même aux débutants de commencer par là), pour les curieux de toute une époque qui paraît maintenant bien lointaine, et surtout en hommage à Denise Duval, une soprano qui fut un peu la protégée de Poulenc et qui assura successivement, à la fin des années 50, la création des Dialogues des Carmélites (avec notamment Régine Crespin) et de La Voix humaine, je n'ai pas pu m'empêcher de signaler cette video, mise en ligne en avril dernier sur YouTube :

    http://www.youtube.com:80/watch?v=rcxPcDAh5Uw

    Ce document datant de 1959 figure (avec bien d'autres choses passionnantes, comme ce film montrant Poulenc comme soliste avec Jacques Février de son propre Concerto pour deux pianos et orchestre, l'Orchestre National de la RTF étant dirigé par Georges Prêtre) sur un DVD EMI Classics paru en 2005 et intitulé "Francis Poulenc & Friends".

    Un DVD à mon avis indispensable.

    Jacques

  9. #49
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    Je viens de parcourir rapidement ce fil, et personne n'y présente la Sonate pour violon? Je la trouve magnifique!

    J'écoute cela dans l'intégrale de la musique de chambre de Lesage, Dufour, Pahud, Meyer, Portal, Blacher, Leleux, Salque....... Récemment rééditée avec les concertos chez RCA à prix de bons amis.

  10. #50
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    Citation Envoyé par Theo B Voir le message
    Je viens de parcourir rapidement ce fil, et personne n'y présente la Sonate pour violon? Je la trouve magnifique!

    J'écoute cela dans l'intégrale de la musique de chambre de Lesage, Dufour, Pahud, Meyer, Portal, Blacher, Leleux, Salque....... Récemment rééditée avec les concertos chez RCA à prix de bons amis.

    l'intégrale Naxos sous la houlette d'Alexandre Tharaux est très bien aussi! Cette sonate est chouette!

    Quel choc! Oh! La! Poulenc!


  11. #51
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    Au fait, la Sonate pour Violon, je vais peut-être aller l'écouter au Louvre, l'idée me tent bien en tous cas.

    Sinon, je finis d'écouter en ce moment le Concert Champêtre par MM Gilels et Kondrashin.

  12. #52
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    Toujours en parcourant YouTube, j'ai vu qu'il y avait sur Poulenc deux ou trois nouvelles vidéos qui me paraissent "pas mal" . Notamment :

    1/ pour les amateurs de choses anciennes et un peu compassées, à nouveau le célébrissime "duo" Francis Poulenc / Denise Duval (on ne parle et ne chante plus guère de cette façon de nos jours, mais c'était ainsi à cette époque ) :

    [/URL]


    2/ deux jolies dames russes, qui font dans l' "Allegro molto" de la Sonate pour deux pianos au moins aussi bien que les soeurs Labèque () :

    [/URL]


    3/ un brillant finale de la Sonate pour clarinette et piano, par Michael Collins [clarinette] et Julien Quentin [piano], capté à Verbier (Suisse) durant l'été 2007 () :

    [/URL]


    Jacques

  13. #53
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    Autres vidéos, pas nouvelles mais "incontournables" quant à elles (), montrant Francis Poulenc et Jacques Février dans les trois mouvements du Concerto pour deux pianos, avec l'Orchestre National de la RTF dirigé par Georges Prêtre :

    [/url]

    [/url]:

    [/url]


    Jacques

  14. #54
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    Etonnant destin que celui de la soprano Denise Duval, qui exerça sur Poulenc et Cocteau une fascination qu'on n'attendait pas forcément de ces deux-là...






    Cela dit, l'univers sonore de Francis Poulenc, si différent de ceux de ses amis Honegger et Milhaud que j'écoute à vrai dire plus souvent, n'a jamais cessé de m'épater à sa manière et c'est avec grand plaisir que j'y retourne de temps à autre. Surtout depuis que Denise Duval en personne (elle vit depuis longtemps en Suisse) m'a dédicacé un exemplaire de son célèbre enregistrement de La Voix humaine (sous la baguette de Georges Prêtre) et donné une photo d'elle prise lors de la première des Dialogues des Carmélites ...

    Aussi, voyant cet article dans le numéro d'octobre 2009 de la revue Diapason,



    "mon sang n'a fait qu'un tour" et je n'ai pas hésité une seconde avant de commander le DVD qu'il présente .

    Je suis censé le recevoir dans une dizaine de jours.

    Jacques

     

  15. #55
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    Voici d'ailleurs des images de ces deux précieux objets, d'où j'ai juste fait disparaître, pour l'occasion, mon nom de famille.

    J'avais été très touché que Denise Duval réponde avec tant de gentillesse et de générosité à une lettre que j'avais eu l'audace de lui adresser il y a environ dix-huit ans (), dans des circonstances un tantinet "rocambolesques" et trop longues à raconter ().



    Jacques

  16. #56
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    J'ai enfin reçu ce DVD récompensé d'un "Diapason d'or" .

    Un seul mot pour le décrire : prodigieux !

    Car c'est tout un monde et toute une époque qu'il nous fait "revivre". Non seulement grâce à la personnalité rayonnante de Denise Duval (à 78 ans dans le second film, elle déborde encore de passion, de verve et d'énergie), mais parce qu'elle évoque, tout en donnant sa leçon d'interprétation à la jeune mezzo-soprano Sophie Fournier, accompagnée au piano par Alexandre Tharaud (qui avait 21 ans à l'époque), quantité de souvenirs personnels sur le compositeur. Elle rappelle, par exemple, qu'ils avaient tous deux été "plaqués" quand fut composée La Voix humaine (elle par un homme, Poulenc par un homme aussi), d'où leur sensibilité sans égale au thème tragique de la pièce. Et trente-sept ans après, elle est encore au bord des larmes en évoquant les circonstances dans lesquelles elle apprit la mort de son cher "Poupoule".

    L'oeuvre filmée en 1970, malgré des couleurs discutables, c'est évidemment magnifique et très émouvant. Et l'enregistrement d'origine (1959), sous la direction de Georges Prêtre qui à l'époque était un jeune chef encore peu connu, tient quand même bien la route.

    Mais la leçon d'interprétation dix ans plus tard, c'est à peine croyable. Et ce document, à mon avis, vaut à lui seul l'achat du DVD . Denise Duval s'y montre d'une vivacité et d'une intelligence stupéfiantes, faisant preuve aussi à l'égard de son élève - et même de Tharaud - d'une exigence presque "terrifiante" (à plusieurs reprises on s'attend à voir Sophie Fournier éclater en sanglots et tout abandonner).

    Voici deux photos tirées du livret, et quelques vignettes extraites du reportage :











    Ci-après, je reproduis aussi un passage du texte du livret, écrit par Pierre Miscevic :

    "(...) En 1965, deux ans après la mort de son «Poupoule» adoré, la cantatrice dut mettre subitement fin à sa carrière, à la suite d'un grave accident de santé survenu lors d'une représentation des Dialogues à Buenos Aires. Elle décida alors de tourner définitivement la page et partit pour la Suisse, loin du monde qui avait été le sien pendant vingt ans, refusant même la présence chez elle de la musique, à qui elle devait tant de joies, mais aussi une douleur immense. Pourtant, un cinéaste esthète, passionné de musique et de danse, qui avait filmé déjà les plus grands danseurs et magnifié Danielle Darrieu, rêve, à la fin des années soixante, de filmer la Duval dans son rôle mythique. Il retrouve sa trace, l'appelle, essuie un cinglant refus : «Non ! Jamais ! Je ne veux plus entendre parler de rien, et d'ailleurs je suis trop âgée maintenant pour le rôle...» Mais c'est compter sans la force de persuasion du jeune metteur en scène. C'est ainsi qu'en 1970 Denise revint à Paris pour quelques semaines, et prit chaque jour le chemin des studios de Billancourt, où Delouche lui offre une mise en scène fort différente de celle de Cocteau, dans des décors et des costumes art-déco, à la fois splendides et étouffants. Elle n'a plus chanté une note depuis cinq ans : le film sera donc tourné en play-back sur l'enregistrement réalisé dix ans plus tôt. Elle se livre à cet exercice harassant avec la joie intense de retrouver sa passion mal enfouie, mais aussi la torture de devoir mimer ce qu'elle faisait encore quotidiennement cinq ans plus tôt. Elle doit en effet chanter avec un reste de voix, à l'octave inférieur, et se caler sur l'enregistrement d'une femme qui est à la fois elle et une autre : ce déchirement rend sa prestation plus bouleversante encore. Rendons grâce au cinéaste d'avoir fixé pour l'éternité ce visage halluciné, ces yeux et cette bouche qui avaient fasciné Cocteau, d'une beauté intacte, dans un rôle qui appartient à Duval pour l'éternité. On comprend, en regardant ce témoignage envoûtant, ce qui fit d'elle l'une des quelques géniales cantatrices-actrices de la seconde moitié du XXe siècle.

    «C'est la dernière fois !», avait-elle déclaré en repartant pour son chalet suisse. Pas tout à fait pourtant. Trente ans plus tard, Dominique Delouche, toujours aussi obstiné et séducteur, réussit à la faire sortir une fois encore de sa tanière. Cette fois, il s'agit de la filmer en train de donner une leçon sur cette même œuvre, à une jeune cantatrice prometteuse, Sophie Fournier, sur la scène même de l'Opéra-Comique [le pianiste accompagnateur était Alexandre Tharaud]. Le nouveau film, intitulé Denise Duval revisitée ou la Voix retrouvée, la montre vibrante, rugissante, ruisselante de larmes ou trépignant de colère face à une chanteuse qu'elle parvient à transfigurer peu à peu. Le miracle se produit sous nos yeux, grâce au génie intact de la cantatrice qui, sans chanter, fait passer la même émotion que quarante ans plus tôt, et grâce à la sensibilité du cinéaste, qui sait capter une seconde où tout se dit dans un regard, et faire alterner le pathétique, le nostalgique et le cocasse, les diverses facettes de Denise qui étaient aussi celles de Poulenc. La Voix est en effet «retrouvée», grâce à cette rencontre unique, passionnante pour les clés que livre l'artiste, professeur exigeant et sans concession, mais peut-être plus encore parce qu'elle laisse pressentir le mystère, l'ineffable qui ont fait de cette création un moment majeur de l'histoire de l'art lyrique."


    Jacques

  17. #57
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    Citation Envoyé par Jacques Voir le message

    Le petit "rappel" ci-dessus étant fait (), je pose la question suivante : qui, de nos jours, est le mieux à même d'évoquer Francis Poulenc et de montrer comment interpréter La Voix humaine ?

    C'est bien sûr Denise Duval, qui créa l'oeuvre en 1959 .


    Alors la voici de retour à Paris quarante ans plus tard (), évoquant Poulenc et donnant une leçon d'interprétation à la jeune soprano Sophie Fournier, accompagnée au piano par Alexandre Tharaud (un document à ne pas manquer, même si je n'en ai tiré que de brefs extraits) :

    [/URL]


    Jacques

  18. #58
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    Sur Denise Duval et ses rapports avec Poulenc, on trouve beaucoup de choses intéressantes dans l'ouvrage ci-dessous :



    Ainsi que cela ressort de certaines remarques qu'elle formule dans la vidéo, la chanteuse ne fait pas mystère de l'orientation sexuelle de Poulenc, une caractéristique qu'il partageait avec d'autres compositeurs comme Tchaikovsky, Szymanowski et Britten, notamment (ce qui valut à ce dernier de faire l'objet récemment, sur un forum anglais voué à la musique classique, d'un long et houleux débat où on se demandait dans quelle mesure ses oeuvres, et plus particulièrement ses opéras, en avaient été influencés).

    Cela n'empêcha pas Francis Poulenc et Denise Duval d'éprouver l'un pour l'autre une véritable passion, qui pour être purement platonique n'en était pas moins aussi intense que sincère. On ne le voit pas dans les extraits figurant dans la vidéo (déjà suffisamment larmoyante), mais le moment où, dans le reportage d'origine, la chanteuse pleure en évoquant, presque quarante ans après, l'instant où elle apprit la mort de Poulenc est tout à fait révélateur à cet égard.

    Jacques

  19. #59
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    J'adore la musique de Poulenc (tout particulièrement sa musique de chambre et les Carmélites, mais le reste aussi) cependant je ne connais pas encore La voix humaine. J'ai commandé hier l'enregistrement montré ci-dessus à la médiathèque. Merci Jacques d'avoir attiré mon attention sur cette oeuvre et sur cette interprète. Je vous en dirai plus quand j'aurai écouté...

  20. #60
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    Bonjour Erwan ,

    Au post 55, j'ai dit avoir eu un contact (qui ne fut qu'épistolaire) avec Denise Duval "dans des circonstances un tantinet rocambolesques et trop longues à raconter". Pas tant que ça, en fait...

    C'était il y a environ vingt ans. Et malgré que mon tempérament me portât davantage vers les "univers" d'Honegger et de Milhaud, je connaissais tout de même assez bien celui de Poulenc, dont j'avais joué au piano quelques pièces comme les Mouvements perpétuels et la Toccata du début d'Aubade (ladite toccata ayant eu suffisamment d'attrait sur Glenn Gould pour qu'il daignât l'enregistrer, bien qu'il détestât la musique française).

    Un jour, l'une de mes secrétaires me déclare qu'elle a un "petit problème" avec sa propriétaire et me demande si je ne peux pas l'aider à le résoudre... Je lui demande alors qui est cette propriétaire, et elle me dit que c'est Denise "X" (un nom acquis par mariage et n'ayant rien à voir avec Duval), ajoutant qu'elle fut "une grande chanteuse à Paris" ()... Cette remarque aussitôt fait "tilt" dans mon esprit ()... Je prie alors cette secrétaire de bien vouloir retrouver, si elle le peut, le nom de jeune fille de sa propriétaire... Le lendemain, elle revient avec son bail et je constate avec ravissement que ce nom de jeune fille n'est autre que Duval ().

    La suite, les objets dédicacés que j'ai reçus (etc.), j'en ai déjà parlé .

    Je saisis cette occasion pour signaler que bien d'autres chanteuses ont été tentées par La Voix humaine, comme par exemple la remarquable Felicity Lott dans l'enregistrement ci-dessous (judicieusement orné d'une reproduction d'un tableau peint en 1931 par Edward Hopper et intitulé "Hotel Room") :



    Mais comme c'est le cas de certaines oeuvres ayant marqué leur époque, est-il possible d'égaler ceux qui les ont créées s'ils les ont aussi enregistrées (pour La Voix humaine, c'était Denise Duval en 1959 avec un orchestre dirigé par Georges Prêtre, de surcroît en stéréo) ?

    J'en doute, mais c'est ainsi.


    Pour terminer, puisque j'ai mentionné cette oeuvre qui pour moi évoque assez bien le côté "souriant" de la musique de Poulenc, voici (sur deux vidéos) Aubade pour piano et 18 instruments (1929), par Pascal Rogé et l'Orchestre National de France dirigé par Charles Dutoit :

    [/URL]

    [/URL]


    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 24/05/2011 à 12h29.

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