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Discussion: Strauss, La Femme sans ombre / Die Frau ohne Schatten

  1. #21
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    Xavier,

    Avec l'aide de mes parents voilà les précisions suivantes:

    DG: enregistré en public lors d'une soirée de l'opéra de vienne en 1977 d'après eux

    opera d'oro: comme c'est ludwig qui fait la teinturière, leur hypothèse c'est une des soirées de légende de l'opéra de vienne dans les sixties, légende parce que c'était Wieland Wagner qui avait assuré la mise en scène. comme chanteurs, il y avait rysanek, King, Berry et Ludwig. C'est avec la même distribution que boehm a donné l'oeuvre pour la première fois à Paris en 1972.

  2. #22
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    Die Frau est effectivement un opéra hallucinant. Le plus complexe de toute l'oeuvre de R. Strauss. On y découvre sans cesse des choses.

    Léonie Rysanek est une merveilleuse Impératrice. Cette facilité des aigus convient parfaitement au rôle, ce timbre si chaleureux, si velouté, étaient, selon Böhm, ce que recherchait R. Strauss. Je n'ai pas entendu d'Impératrice qui m'ait enthousiasmé autant que Rysanek. Ses détracteurs lui reprochent des attaques parfois un peu approximatives. Je pense que c'est un peu l'inverse de Nilsson, tout est dans une volonté de façonner la phrase, avec peut-être un plaçage de voix relativement lent, à l'inverse du discours vocalement et techniquement si facile de Nilsson.

  3. #23
    jaunes_les_nonnes
    Exclu
    "Léonie Rysanek est une merveilleuse Impératrice."

    Julia Varady n'est pas mal non plus, avec un timbre émouvant.
    Mais cette version Solti, intégrale, souffre de la présence de Domingo, qui ne chante pas toutes les notes et dont l'allemand n'est pas maîtrisé. Il y avait sans doute mieux, pour cet enregistrement : Thomas Moser, par exemple.
    Cette musique est totale, hypnotique.
    Dernière modification par jaunes_les_nonnes ; 31/10/2007 à 14h42.

  4. #24
    Xavier B.
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    Citation Envoyé par jaunes_les_nonnes Voir le message
    Quelqu'un connaît-il la version "live" de Karajan ?
    Version tronquée, paraît-il.
    Personne ne connaît ce live de Karajan ? avec Thomas, Rysanek, Ludwig, Berry... et même Wunderlich en jeune homme ! Je serais curieux de lire l'avis de quelqu'un qui l'a écouté.

  5. #25
    jaunes_les_nonnes
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    "Quant à la tarte à la crème sur les ténors et richard Strauss, je rappelle à notre ami du massif central que RS était très ami avec J.Patzak, qu'il estimait beaucoup Torsten Ralf (créateur d'Apollon dans Daphne) et immense Kaiser."

    Tant mieux si c'est une tarte à la crème, parce que moi, j'aime les rôles de ténor dans les opéras de Richard Strauss, surtout Bacchus et l'Empereur. Mais mon préféré, sur un plan strictement "cérébral", demeure Hérode

  6. #26
    Membre Avatar de Mzlo
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    Thumbs down La nourrice en compagnie de petits Tchadiens, pour la prochaine production de l'OP?

    Comme sur ce forum, on peut être d'un avis contraire sans s’étriper...


    La Femme sans ombre est parmi les opéras de Strauss qui m’intéressent le moins. Même Capriccio, malgré son côté bourgeois a le mérite d’être à la foi une forme d’essai originale tout en donnant vie à des personnages. Ici, le livret présente des failles qui cumulées me sont rédhibitoires. Passe encore sur les changements de tableaux, malheureux, juste pour que le ténor chante son air. Le second acte est, à cet égard, assez médiocre sur le plan de la construction. Après tout, ce n’est pas le côté bancal et l’incohérence qui nuisent à la renommée d’un opéra. La symbolique lourde m’est plus problématique. Hoffmanstahl réussit le tour de force à perdre son cadre féerique dans des méandres abscons. Au lieu d’émerveillement, je suis plutôt frappé par le peu de consistance de son monde imaginaire. On est loin de la flûte enchantée. Ensuite, il faut se coltiner pendant trois heures des personnages qui n’en sont pas, mais seulement des figures quasi archétypiques. Je n’y crois pas un seul instant et, dans mon esprit, ils ne prennent jamais vie. L’empereur est un véritable ectoplasme. Ce n’est pas un hasard que la plupart des protagonistes ne portent pas de nom : la teinturière, l’impératrice, l’empereur, la nourrice, bref tout le monde sauf Barak, qui aurait aussi bien pu s’appeler le teinturier, et Keikobad. Mais il fallait bien appeler, par leur nom : les hommes, les vrais. Car cerise sur le gâteau, une idéologie réactionnaire, véritable moteur, message surligné au stabylo, nous explique par le menu que le rôle d’une femme est de donner des enfants à son mari, lequel mari doit veiller à ce qu’elle remplisse sa tâche, ce pour quoi elle est faite. (Le pire est que je n’exagère pas !) Véritable pamphlet contre les mouvements féministes de son époque, le livret accuse son âge. Il n’est guère étonnant que l’oeuvre soit si peu montée.

    Reste la musique. A elle seule, elle justifie que nous en parlons aujourd’hui. Riche, opulente jusqu’à l’excès, elle caractérise au mieux les tableaux et s’efforce de donner de la substance, aux propos des personnages, en recourrant fréquemment à des procédés figuratifs. Il n’en demeure pas moins que dans l’ensemble, cette œuvre me paraît bien longue. Surtout avec un final d’une demi-heure durant lequel il ne se passe rien. Pour en rester au couple, Hoffmansthal-Strauss, on tient avec le Chevalier à la rose, un chef d’œuvre que cette Femme sans ombre est, selon moin, très loin, d’approcher.

  7. #27
    Xavier B.
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    Citation Envoyé par Mzlo Voir le message
    Comme sur ce forum, on peut être d'un avis contraire sans s’étriper...
    Gardes ! Dressez l'échafaud !

  8. #28
    jaunes_les_nonnes
    Exclu
    Citation Envoyé par Xavier B. Voir le message
    Gardes ! Dressez l'échafaud !
    C'est déjà bien assez ardu quand ils sont vrais
    Mais nous sortons du sujet

    Bon week-end

  9. #29
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    Xavier, le live de Karajan serait très beau si la prise se son en était meilleure et si Rysanek (que j'aime beaucoup d'habitude) chantait plus juste.
    C'est pourquoi je reste fidèle à Solti en dépit de Behrens, un peu usée vocalement.

  10. #30
    Xavier B.
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    Citation Envoyé par Mzlo Voir le message
    La Femme sans ombre est parmi les opéras de Strauss qui m’intéressent le moins. Même Capriccio, malgré son côté bourgeois a le mérite d’être à la foi une forme d’essai originale tout en donnant vie à des personnages. Ici, le livret présente des failles qui cumulées me sont rédhibitoires. Passe encore sur les changements de tableaux, malheureux, juste pour que le ténor chante son air. Le second acte est, à cet égard, assez médiocre sur le plan de la construction. Après tout, ce n’est pas le côté bancal et l’incohérence qui nuisent à la renommée d’un opéra. La symbolique lourde m’est plus problématique. Hoffmanstahl réussit le tour de force à perdre son cadre féerique dans des méandres abscons. Au lieu d’émerveillement, je suis plutôt frappé par le peu de consistance de son monde imaginaire. On est loin de la flûte enchantée.
    Que l'on puisse trouver que l'opéra est trop surchargé de motifs divers qui le rendent trop touffu, je comprends. Mais en quoi trouves-tu inconsistant ce conte merveilleux, à la fois orientalisant et ésotérique ? Je le trouve tout à fait passionnant et enchanteur. Le truc sur l'air du ténor me paraît également injuste. C'est éventuellement la succession de tableaux que l'on peut trouver maladroite, mais la solitude de l'empereur, sa retraite dans la forêt étaient des éléments essentiels à mettre en scène.

    Ensuite, il faut se coltiner pendant trois heures des personnages qui n’en sont pas, mais seulement des figures quasi archétypiques. Je n’y crois pas un seul instant et, dans mon esprit, ils ne prennent jamais vie.
    Les personnages des contes sont justement des archétypes et n'ont pas d'épaisseur psychologique individuelle. Mais ici cela me paraît plus complexe, car justement Barak et sa femme me semblent avoir une plus grande épaisseur psychologique. Je dirais même que c'est la musique qui la révèle, plus que le livret lui-même, soulignant les aléas psychologiques, la bonhomie de Barak, sa tendresse, sa douleur, son inconscience, puis les rébellions de sa femme, ses rêves d'aventure.

    L’empereur est un véritable ectoplasme.
    Comment peux-tu dire cela ainsi ? L'empereur est certes absent, amant la nuit, chasseur le jour. Il s'abstrait du monde, il n'offre aucune prise. C'est sa forme à lui d'égoïsme.

    Ce n’est pas un hasard que la plupart des protagonistes ne portent pas de nom : la teinturière, l’impératrice, l’empereur, la nourrice, bref tout le monde sauf Barak, qui aurait aussi bien pu s’appeler le teinturier, et Keikobad. Mais il fallait bien appeler, par leur nom : les hommes, les vrais.
    D'abord, Keikobad n'est pas un personnage de chair de l'opéra puisqu'il n'apparaît pas. Il a certes un nom, on parle de lui, mais il est absent. Comme façon de souligner une présence, une individualité, on fait mieux... ! Ensuite Barak qui a un nom et pas sa femme. En effet, mais de là à en tirer des conclusions d'agitateur féministe ! Strauss n'était pas vraiment du genre "agitprop", et en 1919, considérer une supériorité du mari sur sa femme n'avait rien de particulièrement extraordinaire, ni particulièrement réactionnaire. S'il s'agit de cela ici, il me semble que ce n'en est qu'un résidu.

    Car cerise sur le gâteau, une idéologie réactionnaire, véritable moteur, message surligné au stabylo, nous explique par le menu que le rôle d’une femme est de donner des enfants à son mari, lequel mari doit veiller à ce qu’elle remplisse sa tâche, ce pour quoi elle est faite. (Le pire est que je n’exagère pas !) Véritable pamphlet contre les mouvements féministes de son époque, le livret accuse son âge. Il n’est guère étonnant que l’oeuvre soit si peu montée.
    Je ne sais pas comment tu as trouvé ça, mais je trouve cette vision complètement ridicule. D'abord comment peux-tu reprocher à un opéra de 1919 de ne pas être à la pointe d'un combat alors fort minoritaire ? Même si les femmes ont acquis le droit de vote dans beaucoup de pays y compris l'Allemagne en 1918 (et pas en France !), cela ne signifie pas une égalité dans les rapports conjugaux ! En outre, ce n'est pas parce que Barak demande à sa femme de se taire et de s'occuper du linge que HvH ou Strauss trouvent ça génial, c'est juste que c'est la banalité des rapports des hommes et des femmes dans le couple à cette époque et encore longtemps après ! En effet, tu rends extraordinaire des rapports de couple qui ne sont que banals : un mari qui ne s'occupe que de ses frères et qui veut des enfants tandis que sa femme en est encore à ses rêves de prince charmant ; un empereur tout à ses plaisirs, et enfin, moins banale socialement (!) une impératrice, personnage féerique qui n'est pas devenue femme, car son corps ne s'est pas humanisé, donc matérialisé au point d'avoir une ombre -- et là la capacité d'enfanter, outre qu'elle est indispensable à un empereur et une impératrice, est le signe de la possession d'un corps humain, dont la faculté est de se reproduire, mais l'enfantement c'est aussi la capacité de créer, de donner naissance, c'est autoriser une transition entre soi et l'autre, c'est sortir de soi-même ; ensuite c'est en éprouvant un sentiment humain qu'elle devient humaine, et pas en repassant les chemises de son mari ! Il paraît évident que ce qui est souligné des personnages, ce n'est pas un quelconque asservissement à une morale traditionnelle du couple -- d'ailleurs ce sont les femmes qui décident, qui prennent l'initiative tout au long de l'opéra, les hommes ne font rien --, mais bien leur incapacité à se rencontrer, à sortir d'eux-mêmes, de leur intérêt personnel, et de leurs rapports stériles (dans tous les sens du terme !), en somme à grandir. Barak, loin de représenter un modèle de mari traditionnel, est invité par l'attitude de sa femme et par sa mésaventure à reconsidérer les rapports conjugaux : il ne peut se contenter de penser que sa femme est sa possession, et c'est au 3e acte qu'il prend conscience qu'il ne l'a jamais considérée en tant que personne. L'opéra propose une forme d'ascèse psychologique collective pour tous les personnages, dont l'impératrice aura la clef, chacun parvenant à un nouveau stade de conscience ; la nourrice étant la sorcière des contes, l'incarnation du mal, des mauvaises pulsions, etc. et finalement le personnage qui reste stéréotypé jusqu'à la fin, tandis que les autres échappent à leur stéréotype.
    Je pense que, tout en étant moins difficile à saisir qu'il ne paraît au départ, cette histoire a justement un grand intérêt psychologique, au moins égal à celui des contes merveilleux traditionnels, et je ne doute pas que quelque psychanalyste s'y soit intéressé de près. Kaminski évoque d'ailleurs quelques points à ce sujet.


    Reste la musique. A elle seule, elle justifie que nous en parlons aujourd’hui. Riche, opulente jusqu’à l’excès, elle caractérise au mieux les tableaux et s’efforce de donner de la substance, aux propos des personnages, en recourrant fréquemment à des procédés figuratifs.
    Ce que je trouve remarquable, justement, c'est que malgré une profusion de détails tant du côté du librettiste que du compositeur, on parvienne à une telle connivence de l'histoire et de l'expression musicale. Les séparer ne rime à rien, c'est justement l'alliance du texte et de la musique qui donne vie à ces personnages et qui surtout les conduit à prendre chair au fur et à mesure du développement du drame, alors que tout, au départ, les conviait à rester des figurines sur quelque papier d'Orient.

    X.
    Dernière modification par Xavier B. ; 04/11/2007 à 06h01.

  11. #31
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    Bonjour Xavier,

    Je te réponds sur le point le plus important. Lever le malentendu sur Keikobad est secondaire dans un premier temps.


    Tu te trompes : le mouvement de féministe a été un courant de fond assez fort dans les villes européennes et dans les milieux intellectuels que Strauss et Hofmantshal fréquentaient. Il a débouché sur le droit de vote des femmes dans nombre de pays. C’eût été le cas en France si le sénat n’avait bloqué le projet. Les problèmes institutionnels ne datent pas d’aujourd’hui. Qu’une opinion conservatrice ait été majoritairement partagée par les nobles et les bourgeois autrichiens de l’époque ne présente aux oreilles du mélomane d’aujourd’hui aucun intérêt. Je ne suis pas du genre à voir l’idéologie partout. Toutefois, dans cette oeuvre-ci, le librettiste et le compositeur ont pris une position réactionnaire, humainement détestable, de laquelle fort heureusement, nous sommes revenus. Ce discours effrayant sous-tend l’œuvre entière. Il est sa raison d’être. Certes, cet ouvrage présente un intérêt documentaire. Il m’arrive d’écouter des ouvrages qui ont un intérêt documentaire, mais je n’y adhère pas et je ne les considère pas comme œuvre d’art. De fait, j’estime des plus probables qu’on joue de moins la femme sans ombre. Ce n’est pas pour rien qu’en France, elle n’a jamais été une oeuvre de répertoire et je elle ne le deviendra jamais. Je considère cette allégorie peut subtile comme une pièce de musée.
    Je te rejoins quand tu parles d’imbrication parole-musique. La musique aussi belle soit-elle ne parviend jamais à rendre populaire un livret dont le fondement est daté et les personnages trop archétypiques.

  12. #32
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    Une précision
    Ton analyse aussi séduisante soit-elle fait abstraction de Keikobad, sorte de père divin, dont les décisions sont l'élément moteur.

  13. #33
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    Dans le Chevalier, je crois que c'est la Maréchale qui dit à Sophie qu'elle peut se taire, elle est bien assez jolie...

    J'ajoute : et alors ?

    On ne fait pas de la bonne littérature avec des bonnes intentions... La littérature édifiante aura fait long feu...

  14. #34
    Xavier B.
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    Citation Envoyé par Mzlo Voir le message
    Tu te trompes : le mouvement de féministe a été un courant de fond assez fort dans les villes européennes et dans les milieux intellectuels que Strauss et Hofmantshal fréquentaient. Il a débouché sur le droit de vote des femmes dans nombre de pays. C’eût été le cas en France si le sénat n’avait bloqué le projet. Les problèmes institutionnels ne datent pas d’aujourd’hui. Qu’une opinion conservatrice ait été majoritairement partagée par les nobles et les bourgeois autrichiens de l’époque ne présente aux oreilles du mélomane d’aujourd’hui aucun intérêt. Je ne suis pas du genre à voir l’idéologie partout. Toutefois, dans cette oeuvre-ci, le librettiste et le compositeur ont pris une position réactionnaire, humainement détestable, de laquelle fort heureusement, nous sommes revenus. Ce discours effrayant sous-tend l’œuvre entière. Il est sa raison d’être. Certes, cet ouvrage présente un intérêt documentaire. Il m’arrive d’écouter des ouvrages qui ont un intérêt documentaire, mais je n’y adhère pas et je ne les considère pas comme œuvre d’art. De fait, j’estime des plus probables qu’on joue de moins la femme sans ombre. Ce n’est pas pour rien qu’en France, elle n’a jamais été une oeuvre de répertoire et je elle ne le deviendra jamais. Je considère cette allégorie peut subtile comme une pièce de musée.
    Je te rejoins quand tu parles d’imbrication parole-musique. La musique aussi belle soit-elle ne parviend jamais à rendre populaire un livret dont le fondement est daté et les personnages trop archétypiques.
    Bonjour Michel,
    A te lire, je ne suis pas sûr que tu m'aies bien lu...
    Je ne nie pas la réalité du mouvement féministe qui aboutit justement au droit de vote des femmes en 1918. Mais cela n'a pas pour autant réglé, à l'époque, les rapports conjugaux entre hommes et femmes. On est loin de 68 ! D'autre part, comme je l'ai dit dans mon précédent message, si le livret montre bien dans l'acte I des rapports de couple traditionnels, il montre leur inanité dans l'acte II et les démonte dans l'acte III ; on pourrait même aller jusqu'à une lecture féministe de cette histoire !
    Je persiste à croire que tu fais un contresens et surtout j'attends que tu montres en quoi HvH et Strauss volontairement "ont pris une position réactionnaire, humainement détestable". Sur quoi t'appuies-tu ?

    Enfin, si La Femme sans ombre est si peu montée dans les théâtres, on sait bien que c'est à cause des difficultés de mise en scène de tous ces tableaux et et des difficultés vocales de la partition qui compte en plus cinq rôles principaux.

    Sur Keikobad en Dieu le père que tu veux faire passer pour le phallocrate de service, il est une sorte de Sarastro, qui décide et apporte la solution une fois que les personnages, l'impératrice surtout, ont réussi à passer les épreuves initiatrices. D'autre part, Kaminski relève justement que si Keikobad était un père traditionnel il résisterait à laisser sa fille épouser l'empereur, alors qu'il fait ici le contraire.

    X.
    Dernière modification par Xavier B. ; 04/11/2007 à 14h32.

  15. #35
    Xavier B.
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    Citation Envoyé par Mzlo Voir le message
    Qu’une opinion conservatrice ait été majoritairement partagée par les nobles et les bourgeois autrichiens de l’époque ne présente aux oreilles du mélomane d’aujourd’hui aucun intérêt.
    Je crains de ne pas comprendre ce que tu veux dire par là.
    Strauss n'avait certes rien d'un révolutionnaire ou d'un "progressiste", il s'érigeait même sans doute contre l'idée d'un progrès en musique. Il peut -- je n'en sais rien -- ne pas avoir approuvé le mouvement d'émancipation des femmes au sortir de la guerre. De là à considérer qu'il a voulu prendre position contre cela dans son opéra, me paraît, et je me répète je sais, farfelu, car cela ne repose sur rien. Et quand bien même ! Il ne serait pas le premier à laisser transparaître au détour de son oeuvre une opinion politique sans qu'elle soit pour autant militante ni au coeur de l'oeuvre.
    Mais ta phrase laisse entendre que pour avoir un intérêt une oeuvre doit véhiculer une une opinion dite "progressiste". Les bras m'en tombent.

    Enfin c'est oublier Hugo von Hofmannsthal dont on sait qu'il a été influencé par la psychanalyse et qu'il a puisé, pour faire ce livret, dans toutes sortes de légendes orientales entre autres. Les contes et légendes anciens par définition ne présentent guère des situations très modernes pour les rapports entre homme et femme... Cependant la progression dramatique du livret montre qu'il transfigure ces situations archétypales et libère les personnages de leurs attitudes stéréotypées par une prise de conscience.
    La force de cet opéra c'est le mélange des genres : raconter un conte merveilleux tout en racontant un processus de métamorphose symbolique et psychologique jusqu'à la maturité, dont le moteur est l'amour (et la figure de Keikobad lui donne une dimension spirituelle).
    Dernière modification par Xavier B. ; 04/11/2007 à 15h37.

  16. #36
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    [FONT=Georgia][SIZE=3][COLOR=Purple]Excusez-moi de m'immiscer dans votre conversation, fort intéressante au demeurant, juste pour dire que je ne ressens, Michel, à aucun moment ce livret comme anti-féministe, et surtout pas dans le sens où tu le dis... Et surtout je ne crois pas que ce qui peut te paraître tel soit un choix délibéré et "politiquement engagé" des deux auteurs...
    Dernière modification par Dominique ; 04/11/2007 à 19h54. Motif: Sur la demande de son auteur.

  17. #37
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    Citons le livret.

    C'est Keikobad qui menace de transformer l'emepereur en pierre si la femme reste sans ombre. D'où le stratagème de la nourrice. Prérequis pour qu'elle devienne femme au plein sens du terme.

    ll suffit de relire les suppliques des voix d'enfants à la fin de l'Acte I. Je traduis rapidemment.
    "Mère! mère! Laisse nous rentrer à la maison. La porte est vérouillée.Nous ne pouvons entrer. Nous sommes dans l'obscurité et dans la crainte. Hélas, mère!"

    Puis "Nous sommes dans l'obscurité et dans la peur. hélas, mère, laisse nous entrer! Ou appelle notre bien aimé (Lieber) père pour qu'il ouvre la porte."

    Dans le deux cas, c'est le mâle qui explique à sa femme quel est son rôle.

    Ce n'est pas peut être pas les bons sentiments qui font de la bonne littérature. Ce n'est pas la mysoginie et la réaction non plus. Il ne s'agit pas d'un point annexe mais le thème principal de l'oeuvre qui donne son titre et qui, à mes yeux, la disqualife.

    Les changements de tableaux sont nombreux dans Don Giovanni. Cet opéra appartient au répertoire. L'argument ne tient pas à mon avis.
    Dernière modification par Mzlo ; 04/11/2007 à 18h50.

  18. #38
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    Je constate que Hoffmansthal est incapabale de concevoir la femme sans enfant dans cet ouvrage.
    Cette insistance pour que l'impératrice devienne une femme c'est à dire qu'elle est obligatoirement des enfants est à cet égard révélatrice.
    Le fait que pour les deux couples se soient un homme (Keikobad et Barak) qui rétablissent cet ordre supposé naturel l'est aussi.
    Sans compter ce chant dégueulasse des enfants qui ne sont pas nés.
    Cet opéra va l'encontre d'un droit essentiel qui est que la femme dispose de son corps à son gré.
    Et ce n'est pas un point annexe de l'oeuvre sur lequel on pourrait glisser. C'est son thème principal. A mes yeux, il est malgré toutes ses qualités musicales une vieillerie mysogine et conservatrice.
    Dernière modification par Mzlo ; 04/11/2007 à 18h51.

  19. #39
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    En 1919, il était encore normal de concevoir le couple en fonction de la procréation. Je ne sais pas qui militait encore vraiment pour que la femme "dispose de son corps à son gré". Même dans "Ariane et Barbe-bleue", ce n'est pas là le sujet. Hisotriquement, il fallait d'abord passer par une phase de libération par rapport à l'homme dans les rapports sociaux avant de passer par la disposition de son corps. Ta critique est anachronique, elle projette des préoccupations bien plus tardives sur le livret, il me semble.

  20. #40
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    Il y avait plus de femme qui travaillaient aux débuts du XXe siècle qu'en 1950. Les conditions de vie étaient difficiles et le modèle bourgeois a, de fait, mis du temps à s'instaurer.
    La contraception a été une préoccupation permanente.
    Je ne pense pas l'espace d'un seul instant que Hoffmanstahl ignorait toute l'effervescence qui prévalait sur la question. Sinon il n'aurait pas écrit la femme sans ombre.

    Même si ma perception était anachronique, elle montrerait que le livret est daté et accuse son époque. Effectivement, c'est une belle pièce de musée qui, par sa façon d'aborder le thème, n'a plus grand chose à nous dire.
    Dernière modification par Mzlo ; 04/11/2007 à 19h17.

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