Strauss, La Femme sans ombre / Die Frau ohne Schatten

[Philippe95]

Bonjour Sophie,
non, je n'avais pas vu la production du Chatelet.
Par contre, histoire de sentir le poids des ans sur mes frêles épaules, oui, j'ai vu Rysanek, Ludwig et King sous la direction de Böhm, puis Behrens et Kollo sous celle de Dohnanyi à Garnier.
Mais n'écrasons pas les productions actuelles avec de grands souvenirs historiques, sinon on ne sort plus de chez soi. Ce que j'ai entendu dimanche était très mauvais, même avec les standards actuels.

[Xavier B.]

C'est théatralement et musicalement l'un des pires spectacles qu'il m'ait été donné de voir dans ma vie.
Pas envie d'en dire plus que : le vide sidéral de la mise en scène, pas un chanteur qui s'élève au-dessus du mauvais, une direction alternant la molassonerie et le vacarme mal mis en place.
J'ai fui la salle dès le tomber du rideau pour ne pas être tenté de huer cette mascarade.

Je comprends qu'on le prenne ainsi, même si je trouve ça bien excessif (sauf pour Kuhn et Villars), et j'ai franchement vu bien pire au théâtre et à l'opéra.
Mais que tu ne sauves pas Westbroek de ton rejet m'étonne fort, ou alors elle était dans un mauvais jour.

[Philippe95]

Bonjour Xavier,
dimanche dernier, Westbroek était absolument catastrophique. Elle n'a pas la souplesse, la colorature du rôle. Son acte 2 fut monstrueux d'inexactitude et de laideur dans l'expression. Mais tous ont été à ce niveau : Henschel qui n'a ni grave ni aigu et qui est d'une expression vulgaire sans nom; Brewer qui chante en une langue inconnue de mes oreilles; Hawlata sans couleur dans le medium et lui, aussi à la recheche désespérée de ses graves et aigus d'antan; Villars faisant vaguement illusion dans le 1 mais exangue dans le 3; Kühn épouvantablement molasson dans le 1, criard dans la fin du 2, rendant l'orchestre de l'Opéra méconnaissable dans Strassu, seulement 2 semaines après que j'aie entendu les mêmes dans une superbe Heldenleben dirigée par Dohnanyi.
Non, vraiment, rien à sauver.

[Travis]

Grosse déception vocale y compris chez Westbroek, sublime Elizabeth un mois plus tôt mais dont la justesse a souvent été mise en péril par les grands écarts de l'impératrice.

Quant à Wilson, comme l'a souligné un internaute sur un fil voisin, il nous a imposé le jeu du kimono : le premier qui bouge est mort !

Malgré toutes ces réserves, j'ai néanmoins passé un bonne soirée. Pour l'oeuvre sans doute. Mais aussi en raison des belles images de la mise en scéne qui auraient tout aussi bien pu convenir à...Madame Butterfly.