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Discussion: Balakirev

  1. #1
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    Balakirev

    Mili est mort il y a cent sept ans aujourd'hui. Il a beaucoup faire partie de la "puissante poignée", comme on dit en anglais et peut-être en russe, on ne connaît pas trop, enfin je ne connais pas trop.


    J'ai déjà entendu Islamey (rarement joué en public, cela dit, on se demande pourquoi ; on me dit que ce n'es pas très facile à jouer), et la Bibliothèqe musicale propose "Russie", et "Tamara". Mais quelqu'un a-t-il quelque chose à dire sur lui?


    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  2. #2
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    Balakirev, qui a bien connu Glinka, a souhaité être son successeur en musique en perpétuant le côté nationaliste de la musique russe, basée sur les chansons populaires. Il s'est associé à 4 autres musiciens amateurs : Borodine, Cui, moussorgsky et Rimsky-Korsakov, fondant ainsi le groupe des 5 appelé aussi par ses détracteurs le "puissant petit tas". De caractère dictatorial, il impose leurs sujets aux autres membres du groupe, décide artificiellement que Cui sera un maître de l'Opéra (ce qui n'est pas le domaine où il est le meilleur) alors qu'il l'interdit à Rimsky, par exemple. Cependant, même s'il brima les membres de son groupe, il les a puissamment inspiré, leur "offrant" des idées qu'il aurait pu prendre à son compte. De même il réussit aussi à insuffler à Borodine et à Moussorgsky l'envie d'écrire, car, ils n'étaient pas des musiciens professionnels, mais s’adonnaient à la musique en dilettante. Si Balakirev n'avait pas été là pour les encourager, de nombreux chefs d’œuvres n'auraient surement pas vu le jour. Cependant, Balakirev, s'il était exigeant envers les membres de son groupe, l'était encore plus envers lui : il composait lentement et reprenait ses œuvres régulièrement. Il fonda une école libre de musique à Saint Petersbourg en opposition au Conservatoire fondé par Anton Rubinstein, qu'il considérait comme trop "cosmopolite et académique". Cependant, son école de musique, qui proposait des concerts gratuits des compositions de Glinka et du groupe des 5 ne fonctionnait pas au mieux, les membres de son groupe s'éloignèrent de lui jusqu'à atteindre son "Sedan musical" en 1872 : l'orchestre présent au grand complet, Balakirev au pupitre et... un auditeur dans la salle. Complètement démoralisé, il quitte la vie musicale et devient chef de gare pendant 5 ans. Il en revient devenu mystique et profondément changé.

    Durant la première période, Balakirev, compose peu, car, en éternel insatisfait, il peaufine chacune des ses œuvres. Ainsi, de la musique de scène pour le Roi Lear, commandée pour la réalisation de la pièce en 1858, et qu'il achèvera trois ans plus tard, en 1861, bien après la disparition de la pièce de l'affiche...

    Ces premières œuvres (symphoniques) sont :
    - Une Grande Fantaisie pour Piano et Orchestre, en ré bémol majeur, opus 4 (1852) authentique oeuvre de jeunesse, que Balakirev n'a jamais retouché et qui est donc révélatrice de ses premières influences.
    - Le 1er concerto pour piano (1855-1856) idem que pour la Grande fantaisie, jamais retouché.
    - L'Ouverture sur le Thème d'une marche espagnole (1857)
    - L'Ouverture sur 3 thèmes russes (1858)
    - La musique de scène pour le Roi Lear (1858-1861)
    - Esquisses en 1864 pour un Opéra nommé "L'oiseau de Feu" qu'il n'a jamais poursuivi.
    - Seconde ouverture sur des thèmes russes dite "1000 ans" (1864)
    - Ouverture Tchèque (1867)

    Il commence à travailler sur
    - Concerto pour piano n°2 en 1861-1862
    - Symphonie n°1 de 1864-1866
    - Tamara à compter de 1867

    Puis vient sa dépression et son retour à la vie musicale en 1877. Il devient de 1883 à 1894 directeur de la Chapelle impériale de Saint-Pétersbourg, avec Nikolaï Rimski-Korsakov comme assistant. C'est pendant ces années qu'il reconstitue un groupe musical dont le membre le plus éminent sera Sergueï Liapounov.

    Il reprend alors la composition :
    - Tamara en 1876 et terminé en 1882
    - la Symphonie n°1, qu'il reprend en 1892 et l'achève enfin en 1897.

    Il révise certaines de ses œuvres de jeunesse :
    - L'Ouverture sur 3 thèmes russes en 1882
    - La seconde ouverture sur des thèmes russe devient en 1884 un poème symphonique nommé "Russie".
    - L'ouverture sur le thème d'une marche espagnole l'est aussi en 1886.
    - Le Roi Lear de 1902 à 1905.
    - L'ouverture tchèque devient en 1905 un poème symphonique "En Bohême"

    Puis, il reprend la composition de nouvelles oeuvres :
    - ainsi la seconde symphonie commencée en 1900 et achevée en 1908
    - Une suite en Ré mineur sur 4 pièces de chopin en 1909
    - Une autre suite en si majeur commencée en 1909 et achevée par Lyapounov à qui Balakirev avait donné des indications précises.
    - Idem enfin pour le second concerto pour piano reprit de 1906 à 1910 et achevé par Lyapounov.

    A cela, il faut rajouter Islamey, oeuvre célèbre pour piano, écrite en 1869 et orchestrée par Lyapounov.

    Il y a aussi de "nombreuses" œuvres pour piano et quelques œuvres de musique de chambre.

  3. #3
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    Très intéressant, merci Vincent. Depuis un "certain temps", je me demande si les versions revisées d'une oeuvre, lorsqu'il s'est écoulé ne serait-ce qu'une année, ont la moindre chance d'être aussi homogènes que le premier jet. En effet, je ne crois pas possible qu'un individu reste identique à lui même dès lors que son vécu "s'épaissit" à mesure que les années s'empilent.
    Je serais curieux d'avoir l'avis d'amateurs qui ont la possibilité d'entendre, voire de jouer les différentes versions d'une même oeuvre.

  4. #4
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    Excellente question. Pour Balakirev, j'aurai beaucoup aimé entendre les versions initiales des œuvres avant leurs révisions, mais malheureusement, aucune version originale n'a été enregistré... Balakirev n'est pas assez connu pour qu'un orchestre enregistre une version initiale, d'autant plus que les versions définitives sont déjà fort peu nombreuses...

    Mais je pense pareil, les révisions qu'un compositeur peut apporter à une oeuvre sont le résultat de son évolution musicale, et doivent donc être différentes par leur esprit que la version initiale. Moins de fraîcheur, plus de maturité ?

  5. #5
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    Voici quelques photos de Balakirev :






  6. #6
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    Et je vous laisse découvrir son ouverture sur le thème d'une marche espagnole. Pour un nationaliste russe, un thème espagnol ne peut que paraître surprenant. Or, Glinka s'était aussi intéressé à la musique populaire espagnole en composant deux ouvertures espagnols : la première le Capriccio brillant sur le thème de la Jota aragonaise et la seconde : Souvenir d'une nuit d'été à Madrid.
    En bon successeur de son maître, Balakirev s'est donc lui aussi intéressé à la musique espagnole, mais ce sera sa seule incursion dans ce thème.


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