Passons à Lucio Cornelio Silla, HWV 10 (1713)
Livret (avec pas mal de fautes de frappe ou de reconnaissance de caractères, me semble-t-il) : http://www.haendel.it/composizioni/l.../pdf/silla.pdf
Le mauvais est le dictateur romain Sylla, une espèce de Harvey Weinstein à qui il faut toutes les femmes qui n'ont pas encore atteint l'âge canonique, mais à la fin il se repent, chante avec sa femme un hymne à la fidélité conjugale et se retire du pouvoir. Tous les autres personnages sont des bons qui mettent beaucoup de vertu dans leurs amours.
L'opinion générale est que le livret est sans valeur dramatique, mais il y a quelques voix discordantes. D'autre part, on ne connaît aucune attestation d'une représentation du vivant de Händel.
"Silla is the opera that never was. Score, libretto and wordbook have survived, but there are no records of an actual performance. Critics have suggested a private performance or a last-minute cancellation could explain matters: though neither seems likely, we simply don’t know. What is certain is that Handel composed the music in the late spring of 1713 and that Giacomo Rossi supplied the libretto. The libretto, which outlines Lucio Cornelio Silla’s deranged dictatorship in first century BC Rome, is very weak. There is little characterisation and the plot becomes increasingly implausible. Yet Handel’s music rises above the banality to remain lively and engaging throughout. Highlights include an affecting love duet (‘Sol per te, bell’idol mio’), a stirring trumpet aria (‘Con tromba guerriera’) and a moving lament (‘Sei già morto’). This premiere recording comes from a live concert performance in London in April 2000. With the exception of James Bowman’s ripe Silla, I found both singing and playing too understated, even bland at times. Still, lack of flair aside, these discs do provide a largely enjoyable account of a genuine Handel rarity." (Graham Lock, http://www.classical-music.com/review/handel-6 )
Voici d'autres commentaires sur l'oeuvre elle-même ou sur des représentations :
https://theidlewoman.net/2015/06/08/...c-handel-1713/
https://www.bsecs.org.uk/criticks-re...ornelio-silla/ (Ivan Ćurković)
https://operabritanniauk.wordpress.c...e-2015-report/ (Sandra Bowdler).
https://www.forumopera.com/silla-hal...n-do-it-better (Bernard Schreuders)
https://www.gramophone.co.uk/review/...cornelio-silla (David Vickers)
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Il y a deux intégrales sur YouTube.
Tout d'abord celle-ci :
(SULLA, THE OPERA 1713 - HWV 10 - Handel)
L'auteur de cette vidéo n'a pas dit quels sont les interprètes, mais c'est sans doute la version Darlow; comparez 35:14 avec l'échantillon 18 de la version Darlow qu'on trouve ici :
https://www.allmusic.com/album/hande...a-mw0001839933
Ensuite une version de Fabio Biondi avec Europa Galante (2017) (je sais pas si c'est le disque, il y a une speakerine qui intervient entre les actes) :
(Handel “Lucio Cornelio Silla, HWV. 10” (Sonia Prina & Fabio Biondi • Europa Galante) )
L'Ouverture n'est pas la même d'une version à l'autre. Idem, d'ailleurs pour la Sinfonia qui, vers la fin, salue l'apparition du dieu Mars : chez Darlow (1:52:02 à 1:52:43), c'est la même musique qui, dans Teseo, me semblait évoquer la purification de l'atmosphère à l'arrivée de Minerve; chez Biondi (1:52:33 à 1:53:27), c'est autre chose. Faut-il comprendre que ces parties manquent dans les manuscrits (très lacunaires, paraît-il) et que chacun va puiser selon son propre goût dans d'autres partitions de Händel pour boucher les trous ?
Voici les parties que je conseillerais.
Darlow 21:02 à 25:50; Biondi 18:30 à 23:51 : air de Flavia "Un sol raggio", sur un ternaire serein.
Biondi 25:19 à 30:17 : air "Senti, bell'idol mio" de Claudio, d'une tendresse émerveillée.
Ici, la voix de Martina Belli me plaît bien.
Voici une vidéo isolée de Nathalie Stutzman :
(Senti bell'idol mio (Handel) Nathalie Stutzmann)
Darlow 34:56 à 39:45; Biondi 34:52 à 39:34 : air de Claudio "Con tromba guerriera", avec d'élégantes parties de trompettes.
Darlow 43:54 à 45:39; Biondi 44:23 à 46:56 : air de Silla "Dolce nume de' mortali", agréable évocation de la douceur du sommeil.
Darlow 53:24 à 59:15; Biondi 54:57 à 1:01:04 : duo "Sol per te, bell'idol mio", un de ces duos d'une félicité extatique comme Händel en a écrit plusieurs.
Pour les voix, je conseillerais plutôt cette version de Joyce DiDonato et Patrizia Ciofi (air à partir de 0:37) :
(Mio diletto che pensi?...Sol per te, bell'idol mio)
Darlow 1:09:43 à 1:11:14; Biondi 1:10:16 à 1:11:41 : duo de Flavia et Lepido "Ti lascia, idolo mio" : "ultra court et d'autant plus saisissant Adagio où les amants se disent adieu" (Bernard Schreuders)
Darlow 1:15:30 à 1:17:02; Biondi 1:16:02 à 1:17:50 : air de Claudio "Se 'l mio mal", où l'allure implacable de la musique évoque peut-être l'implacabilité des dieux envers Claudio. Je préfère la version Biondi, aussi bien pour la voix (Martina Belli) que pour l'orchestre.
Darlow 1:32:55 à 1:37:03; Biondi 1:32:12 à 1:36:06 : air de Celia"Sei già morto", "plainte délicate" (Bernard Schreuders).
Darlow 1:41:45 à 1:44:16; Biondi : 1:40:31 à 1:44:20 : air de Flavia "Stelle rubelle". Air chanté par Flavia en prison. Surtout la partie centrale "Ma infelice", en style de récitatif ou d'arioso (Darlow 1:42:32 à 1:43:29; Biondi 1:41:54 à 1:42:55). Cette partie centrale revient un peu plus loin, au cours d'un récitatif : Darlow 1:45:10 à 1:46:09; Biondi 1:45:30 à 1:46:34.
P. Kaminski (Mille et un opéras, p. 554) met au nombre des atouts de Silla les airs de Metella (épouse de Silla). Ces airs me semblent en effet plutôt bons, mais je ne les accueillerais pas dans une anthologie. Par exemple, l'air "Io non ti chiedo più" (Darlow 1:22:19 à 1:28:04; Biondi 1:24:06 à 1:27:18) se laisse écouter, mais son rythme pointé me semble bizarre. Parlant du rythme pointé de cet air et d'un autre, Peter Williams (Bach, Handel, Scarlatti 1685-1985) dit : "It is hard to see how either text justifies such rythmic piquancy." (Trouvable par Google.)
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