Cycle PL Aimard, Cité de la Musique 03/08

[Theo B]

Eh bien en deux concerts, pas un forumeux-iste-ant-eur?!
On vous joue l'intégrale de l'Art de la Fugue au piano tous les dimanches dans votre salon, suivi des dits de Peter Bornemisza à l'apéro, sans doute...

Sans rire, pour le moment, les absents on drôlement tort.

Classiqueinfo suit 4 des 5 concerts: voici le premier papier http://classiqueinfo.com/spip.php?article110
le second, je m'y mets maintenant. Vincent me relaye ce soir, EIC oblige, et je termine demain avec le déjà réjouissant programme Ecoles de Vienne I et II.

C'est quand même pas sympa de m'avoir laissé hier, le soir de mon anniversaire, seul face à un très méchant prédicateur luthérien me rappelant tous mes pêchés depuis 24 ans.

[Fou des chutes]

Eh bien en deux concerts, pas un forumeux-iste-ant-eur?!
On vous joue l'intégrale de l'Art de la Fugue au piano tous les dimanches dans votre salon, suivi des dits de Peter Bornemisza à l'apéro, sans doute...

Et même tous les soirs, Aimard en personne, au casque.

[Tahar Mouslim]

On vous joue l'intégrale de l'Art de la Fugue au piano tous les dimanches dans votre salon, suivi des dits de Peter Bornemisza à l'apéro, sans doute...

Les Dits de Peter Bornemisza en concert....et le premier avril en plus. Je suis allé vérifier, car je n'y croyais pas.

En plus, dans le programme de ce soir, il y a les Scènes d'un roman

Deux oeuvres vraiment superbes (Bornemisza, c'est aussi génial que les Ancient Voices of Children de George Crumb) que je n'ai jamais pu entendre en concert jusqu'à présent

Je lirai les comptes rendus de ces concerts avec attention.



J'ai

[Vincent H]

Bonsoir Tahar,

Je rentre à l'instant de la Cité de la Musique. Sans vouloir dévoiler le fond de ma critique, c'était Kurtag le clou de la soirée. Des Scènes de roman d'anthologie, si l'on fait exception de la pas toujours très compréhensible diction russe de la cantatrice. Mais pour ce qui est de la musique: grands dieux, que c'est bon!
A part ça, III Inventions de Benjamin du tonnerre!

A bientôt.

[Theo B]

J'ai

Euh... oui Tahar? Tu ne nous fais pas le coup de Wagner à Venise, là?

[Theo B]

Le concert Schumann-Kurtag: http://classiqueinfo.com/spip.php?article113
Et Ives-Kurtag-Benjamin-Messiaen: http://classiqueinfo.com/spip.php?article114

[Theo B]

Si après ça vous ne venez pas au moins pour le dernier concert ce soir avec le Chamber Orchestra of Europe (Haydn, Schönberg-Webern-Ligeti-Mozart), on ne sert vraiment à rien...

[Tahar Mouslim]

Je viens de lire les comptes rendus de Théo et de Vincent sur les deuxième et troisième concerts de Pierre Laurent Aimard.

J'espère simplement que ces 2 concerts étaient pleins.

Je ne partage pas du tout l'appréciation de Théo sur le fait que quoi que ce soit des Jatekok soit un gadget, mais ce n'est pas grave.

Au disque, si on veut découvrir ces deux oeuvres, une seule solution pour les Dits de Peter Bornemisza, le disque Hungaroton de ceux qui en ont assuré la première: Erika Szyklay et Lorant Szucs

Un peu plus de choix pour les Scènes d'un Roman, dont un disque bouleversant, en concert, de Jan DeGaetani.

La voix a des défauts - Beckmesser de tous poils, passez votre chemin - mais expressivité et timbre bouleversants.

Merci à Pierre-Laurent Aimard pour ce courage.

D'autres oeuvres de "mélodies" de György Kurtag sont tout aussi importantes, et je ne les ai personnellement jamais entendues ailleurs qu'au disque, jusqu'à présent:

Kafka Fragmente

Hölderlin Gesänge

.... pas à pas - nulle part.....

4 Chants sur des Poèmes de J.Pilinszky

Fragments sur des poèmes d'Attila Jozsef

Mémoires de feu Demoiselle R.V. Trussova

plus tous ceux qui ne font même pas encore l'objet d'enregistrements.

En France, Abeillemusique fait des efforts pour rendre le catalogue Hungaroton disponible, ainsi que celui de Budapest Music Center.

Si vous n'êtes pas pressés et que vous faites une grosses commande, les disques Hungaroton sont aussi disponibles chez Qualiton aux Etats-Unis, encore moins chers.

L'homme au grand sourire est devenu bordelais, et il a 82 ans: profitez-en bien en France, car il ne sera pas éternel.

Un vraie génie de la musique de la deuxième moitié du XX ième siècle: chapeau bas.

[vernin]

Bonjour Tahar,
Je rappelle juste aux autres que tout cela, ou presque, il n'y pas le disque de DeGaetani que je ne connais pas, est sur mon compte SM depuis longtemps.
Je rajoute les Kafka Fragments en ce moment même.

[Tahar Mouslim]

Bonjour Yves,

Tu as raison de le redire.

Je mettrais le disque de Jan DeGaetani ce soir sous Simplify Media, ainsi que d'autres petites oeuvres de György Kurtag qui n'auraient pas été mises par les autres, dont le bouleversant Un brin de bruyère à Witold (In memoriam Witold Lutoslawski): 2'57" de musique pour cymbalum qui sont la preuve que György Kurtag est non seulement un génie de la musique, mais un génie empathique

Amicalement,

Tahar

[thierry h]

György Kurtag est non seulement un génie de la musique, mais un génie empathique

Amicalement,

Tahar

Je vais dire un truc très couillon, mais je ne suis pas à ça près, quand j'écoute Kurtag j'ai le sentiment qu'il m'accueille chaleureusement chez lui, et qu'on va passer une soirée anti prise de tête ou personne n'aura rien à prouver à personne...un moment tout simple quoi! C'est ce sentiment que j'éprouve en écoutant sa musique. C'est franc, simple et direct, elle peut être très grave, mais elle n'est pas poseuse ou prétentieuse ou bavarde...Elle me semble vraiment à son image!

thierry

[Tahar Mouslim]

Je vais dire un truc très couillon, mais je ne suis pas à ça près, quand j'écoute Kurtag j'ai le sentiment qu'il m'accueille chaleureusement chez lui, et qu'on va passer une soirée anti prise de tête ou personne n'aura rien à prouver à personne...un moment tout simple quoi! C'est ce sentiment que j'éprouve en écoutant sa musique. C'est franc, simple et direct, elle peut être très grave, mais elle n'est pas poseuse ou prétentieuse ou bavarde...Elle me semble vraiment à son image!

thierry

Salut Thierry

Non seulement, je ne trouve pas cela couillon ce que vous écrivez, mais je le partage totalement.

[Theo B]

J'aime bien les oeuvres pour quatuor enregistrées par le Quatuor Keller chez ECM, aussi, surtout je crois celle en 5 mouvements (ou 6?), la quatrième sur le disque peut-être.

Mon propos est assez scandaleusement rapide sur les Jatebok, mais en même temps je n'aurais ajouté qu'une explicitation de celiu-ci et non une argumentation, faute de texte à portée de main: par "gadget" je ne veux pas dire musique médiocre, au contraire. Simplement que certaines pièces (certaines!) me paraissent se réduire à leur procédé, quoique brillamment. Vous me direz que bien des oeuvres de Bach se réduisent à leur procédé, et c'est vrai. Reste à déterminer l'intérêt intrinsèque du procédé. Mais j'ai passé un très bon moment avec ces extraits, en tous cas: cela ne m'a pas paru avoir une portée exceptionnelle, c'est tout. Si ce n'est celle de rendre parfois l'humour le plus grinçant convival.

[Philippe95]

Je confirme que les concerts de mardi et d'hier soir mercredi étaient superbes.
Oui Tahar, les Dits de Peter Bornemisza et les Scènes d'un roman, magnifiques tous les 2.
Le concert de l'EIC hier soir était formidable, même si j'aurais besoin de réécouter l'ouevre de Dai Fijakura, qui m'a semblé une belle redite de formules éculées depuis 20 ans. Par contre, autour des Scènes d'un roman, la version pour petit ensemble de "The unanswered question" de Ives, les superbes "Three inventions" de George Benjamin et, pour finir, les 7 Haikai de Messiaen avec PLA; c'était tout du bon, du vraiment tout bon.
Et, concert après concert, Susanna Mälkki s'affirme indiscutablement comme une très bonne chef.
Quant à l'EIC, qu'en dire encore ?

Pour info, je signale que le label Kairos, grand label de musique contemporaine vient d'ouvrir une série intitulée "Sirènes", dont les 2 premiers volumes sont justement consacrés à Susanna Mälkki et à l'EIC dans des programmes Bruno Mantovani, avec 2 de ses chefs d'oeuvre "Le Sette chiese" et "Streets", et l'autre à Luca Francesconi avec le sublime "Etymo". Prise de son superlative.

Pas entendu PLA samedi dans l'Art de la fugue, pour cause de Wozzeck, mais son disque est formidable.
Le même PLA qui sera ce soir avec le Chamber orchestra of Europe dans un programme intéressant : la 22 de Haydn, Schönberg dont les pièces pour piano opus 19, Webern (opus 9 et 10), Ramifications de Ligeti et le K.488 de Mozart.
Elle est pas belle, la vie musicale à Paris ?

[Tahar Mouslim]

Elle est pas belle, la vie musicale à Paris ?

Bonjour Philippe,

je vois que vous avez - comme moi - de "long memories".

Mais la vie musicale à l'EIC, quoi qu'en disent ceux qui crachent sur la "supposée" dictature de Darmstadt , est formidable depuis des décennies.

Le programme du concert de ce soir est effectivement remarquable.

[Theo B]

L'EIC n'est pas l'IRCAM.

Et il a changé, que je sache. Je continue à trouver regrettable qu'un ensemble ne joue que de la musique contemporaine en concert et au disque. Quelle que soit la qualité (grande) de leur travail, et les oeuvres (souvent de valeur) qu'ils créent, cela ne fait qu'accréditer le sentiment que la musique contemporaine se refuse à avoir une histoire qui ferait qu'elle ne serait pas une catégorie à part (la "musique nouvelle" avant tout contente d'être nouvelle, que moquait Schönberg...)

[Tahar Mouslim]

L'EIC n'est pas l'IRCAM.

Et il a changé, que je sache. Je continue à trouver regrettable qu'un ensemble ne joue que de la musique contemporaine en concert et au disque. Quelle que soit la qualité (grande) de leur travail, et les oeuvres (souvent de valeur) qu'ils créent, cela ne fait qu'accréditer le sentiment que la musique contemporaine se refuse à avoir une histoire qui ferait qu'elle ne serait pas une catégorie à part (la "musique nouvelle" avant tout contente d'être nouvelle, que moquait Schönberg...)

Mais personne ne parle de l'Ircam. L'Eic existe depuis 1976, et des programmes "mixtes", comme celui de PLA le 1ier avril, il en a été donné depuis longtemps, Theo....même depuis avant ta naissance

[Tahar Mouslim]

Et, qu'est ce qui empêche un grand orchestre de proposer des programmes mixtes?

Le Detroit Symphony Orchestra en propose bien cette saison, alors qu'il avait été frileux de chez frileux, et radoteur de chez radoteur les 4 dernières saisons.

Je ne pense pas que Sir Harrison Birtwistle, par exemple, refuserait que ses deux oeuvres orchestrales sur la nuit soient mélangées dans un programme mixte: d'ailleurs, elles l'ont déjà été, jouées par le Cleveland Orchestra.

Sur ce que je vois de l'EIC cette saison, ces concerts sont loin d'être ghéttoisés, que ce soit en matière d'esthétique comme de période temporelle.

[Theo B]

Mais tout à fait: c'est la notion de spécialisation qui me dérange, c'est tout. Et c'est davantage théorique qu'autre chose. La spécialisation crée une représentation qui fait de la musique de notre temps une musique nécessairement autre, différente, ce que SchPonberg entendait par "nouvelle" en un sens dépréciatif. Et par voie de conséquence, les compositeurs ressentent une nécessité de toujours écrire autrement, nouvellement. Je ne vise pas l'EIC plus qu'un autre, bien au contraire d'ailleurs. Je sais bien qu'ils font du "mixte" depuis avant ma naissance. Et que les ensembles "normaux" le font aussi - mais en même temps, on peut considérer que c'est parce qu'il y a des ensembles spécialisés que les grandes formations ne jouent pas davantage d'oeuvres majeures des trente dernières années, si ce n'est pour créer celles d'un compositeur en résidence qu'ils ne joueront plus jamais ensuite.

[Tahar Mouslim]

Mais tout à fait: c'est la notion de spécialisation qui me dérange, c'est tout. Et c'est davantage théorique qu'autre chose. La spécialisation crée une représentation qui fait de la musique de notre temps une musique nécessairement autre, différente, ce que SchPonberg entendait par "nouvelle" en un sens dépréciatif. Et par voie de conséquence, les compositeurs ressentent une nécessité de toujours écrire autrement, nouvellement. Je ne vise pas l'EIC plus qu'un autre, bien au contraire d'ailleurs. Je sais bien qu'ils font du "mixte" depuis avant ma naissance. Et que les ensembles "normaux" le font aussi - mais en même temps, on peut considérer que c'est parce qu'il y a des ensembles spécialisés que les grandes formations ne jouent pas davantage d'oeuvres majeures des trente dernières années, si ce n'est pour créer celles d'un compositeur en résidence qu'ils ne joueront plus jamais ensuite.

Mais, Théo,

Réfléchis: la spécialisation, c'est une réponse - peut-être imparfaite, cela mériterait un long débat - à l'absence.

C'est comme les ensembles baroques: pourquoi dans les années 50 à New York (puisque c'est là que le mouvement a démarré, quelques années avant Harnoncourt) quelques pionniers ont créé des ensembles spécialisés?
Ben, pour répondre à un vide total.

Autre exemple: on a reproché à Milton Babbitt de disposer de ressources considérables à Princeton dans les années 60 pour ses recherches en musique électro - acoustique.

Mais ces reproches sont malhonnêtes: qu'est ce que se serait passé si Babbitt ne s'était pas battu pour avoir ces ressources? Réponse: rien. Il n'y aurait eu aucunes ressources allouées à la musique contemporaine à Princeton. End of Story.

Donc, la spécialisation, ce n'est peut-être pas la panacée dans l'absolu, mais il faut regarder les dynamiques réelles, plutôt que théoriques: la spécialisation, c'est une alternative - imparfaite, certes - à peau de balle !!