Afin de souligner le centenaire de la naissance de Leonard Bernstein je vous propose la reconstruction de son dernier concert public. Ce concert eut lieu au Festival de musique de Tanglewood, événement estival en banlieue de Boston, qui set de camp d’été pour le Boston Symphony Orchestra.

Nous somme fortunés que concert fut enregistré par la société Deutsche Grammophon, ce qui nous permet son audition dans le cadre de notre sélection souvenir de cette semaine.


Aucune introduction n’est nécessaire ici. Leonard Bernstein est une figure de proue, que ce soit comme vulgarisateur, comme chef ou comme compositeur. Son association avec le festival de Tanglewood et le BSO date de 1940, au moment où il rencontre Serge Koussevitzky et Aaron Copland. Au cours des 50 ans qui suivront, il dirigera des master classes en direction d’orchestre, et y découvrira des émules tels Seiji Ozawa et Michael Tilson-Thomas. Malgré une prophétie de Koussevitzky lui-même, c’est à New York et non pas à Boston que Bernstein prendra les rênes d’un orchestre majeur aux États-Unis, dirigeant la Philharmonique locale de 1959 à 1969, pour ensuite devenir son chef lauréat tout en entreprenant une carrière de chef itinérant dans les quatre coins du monde.

En cette soirée du 19 août 1990, M. Bernstein dirigea deux œuvres majeures, et confia à un chef assistant de M. Ozawa, Carl St. Clair, la prestation d’une de ses compositions. Le choix des œuvres programmées, avec le recul, ajoute au cachet du concert.

Pour apprécier les prestations et le programme, il suffit de lire la critique (lien au texte original en anglais ci-dessous) du New York Times, de laquelle je citerai:

http://www.nytimes.com/1990/08/21/ar...rt.html?src=pm

[…] M. Bernstein dirigea l’œuvre d’entrée (''Four Sea Interludes'' de ''Peter Grimes') et l’œuvre finale (la Septième symphonie de Beethoven) avec sa maîtrise coutumière. Toutefois il nous a apparu las, et sa flamboyance habituelle était mutée. […] Il se mit à tousser dans un mouchoir pendant le troisième mouvement du Beethoven. Et il nous a semblé vraiment exténué, dirait-on même en douleur, alors qu’il quitta la scène durant l’ovation finale.
Bernstein eut l’honneur de diriger la première américaine de Peter Grimes à Tanglewood en 1946, et les Four Sea Interludes sont maintenant solidement établies dans le répertoire symphonique du Royaume-Uni. En ce qui a trait à la Septième de Beethoven, elle paraît un peu lente (même pour Bernstein) mais bien en place, comme toujours.

La critique du Times concernant la performance de M. Bernstein ce soir-là est plutôt élogieuse:

La sonorité des four interludes était plus grande et plus majestueuse que chez les interprétations britanniques plus réservées, avec un résultat très convaincant. Le Beethoven fut encore meilleur. Il fut présenté avec une perspective mûrie avec les années, qui veut dire plus lourd et lent que lors de prestations antérieures du chef. Certains diront que la partition fut trichée de son exubérance usuelle, en particulier le finale. En revanche, cette lenteur prêta une grandeur particulière à la prestation, et l’allegretto du deuxième mouvement fut particulièrement mémorable, chaque intervention des instruments frappant avec une force révélatrice.
La composition de Bernstein présentée ce soir-là fut Arias and Barcarolles. Composée originalement pour voix féminine et masculine avec accompagnement au piano quatre mains, le BSO présenta une version orchestrée par le compositeur Chinois Bright Sheng. Noire montage présente quelques extraits de la pièce, interprétés dans l’anglais et le yiddish original par le New York Festival of Song.

Suite à ce concert, Bernstein annula ses obligations prévues en Europe en raison de sa santé précaire, et il s’éteignait deux mois plus tard à sa résidence de Manhattan à l’âge de 72 ans.

Pour terminer, une citation de Bernstein rapportée dans l’avis de décès de l’artiste (texte anglais original) dans le Times:

http://www.nytimes.com/learning/gene...bday/0825.html

Je ne veux pas passer ma vie, comme Toscanini, à étudier et réétudier les même 50 pièces de musique (…) Je serais mort d’ennui! Je veux diriger. Je veux jouer du piano. Je veux composer pour Hollywood. Je veux écrire de la musique symphonique. Je veux écrire des bouquins et de la poésie. Et je crois pouvoir rendre justice à toutes ces ambitions.
Ainsi se termine notre hommage à une vie dédiée à la musique sous toutes ses formes!

Bonne écoute!

Benjamin BRITTEN (1913-1976)
Four Sea Interludes (Quatre interludes marins) de Peter Grimes, op. 33a
Boston Symphony Orchestra
Leonard Bernstein, direction

Leonard BERNSTEIN (1918-1990)
Arias and Barcarolles pour mezzo-soprano, baryton et piano quatre-mains (1988) - Sélections
  • II. Love Duet (Duo d’amour)
  • IV. The Love of My Life (L’amour de ma vie)
  • VI. Oif Mayn Khas'neh (At My Wedding/ À mes noces )
  • VIII. Nachspiel (In Memoriam)
Judy Kaye, Soprano
William Sharp. baryton
Michael Barrett & Steven Blier, Piano

Ludwig van BEETHOVEN (1770-1827)
Symphonie no. 7 en la majeur, op. 92
Boston Symphony Orchestra
Leonard Bernstein, direction

Hyperlien Internet Archive - http://www.archive.org/details/ThisD...y-19August1990