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Discussion: Biennale Boulez

  1. #1
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    Biennale Boulez

    La Philharmonie de Paris organisait la première "Biennale Boulez", une semaine de concerts autour de Pierre Boulez, donc.

    J'ai assisté à trois concerts auxquels je n'ai pas réagi de la même façon.

    Le premier, avec l'EIC, 4 pièces pour clarinette et piano de Berg (très austère pour du Berg, même si j'ai lu que Philippe adore ça), pièces opus 10 de Webern (orchestrateur étonnant, mais je m'interrogerait toujours sur le goût de le 2e école de Vienne pour la mandoline...), 2e sonate de Boulez, alors là je suis totalement imperméable, et le Marteau sans Maître, je suis nettement moins imperméable.

    Puis Rituel in memoriam Bruno Maderna, par la Staatskapelle de Berlin dirigée par Barenboim ; ça je marche à tous les coups. Barenboim a donné quelques clés de lecture au début, pas inutiles, ma foi. Puis le Sacre du Printemps : rapprochement finalement assez pertinent!

    Et enfin, par le Boulez Ensemble (ensemble à géométrie variable constitué à Berlin par Barenboim), le quatuor opus 28 de Webern (je suis totalement hermétique), le quintette de Schumann (oeuvre magnifique, mais je n'ai pas bien vu ce qu'il faisait là ; initialement c'est le quintette de Dvorak qui était prévu, c'est encore plus éloigné, il me semble), et Sur Incises, pour trois groupes piano+harpe+percussions ; et avant, non prévu, on a eu "Incises", la pièce pour piano qui a suscité "Sur Incises". Magnifique, Sur Incises!

    Mais tout de même, cela m'a rappelé les critiques faites par Xenakis à la musique sérielle intégrale : l'effet macroscopique peut être magnifique (c'est le cas de Rituel et de Sur Incises) ; en revanche seule une oreille ultraentraînée peut entendre l'organisation microscopique - moi je n'entends pas, en tout cas, alors même que je suppose bien qu'aucune note n'est au hasard ; mais il est vrai que je n'entends pas non plus vraiment une forme sonate. Conclusion de Xenakis à l'époque : choisissons les effets macroscopiques, et laissons le détail au hasard, puisque le résultat sera le même à l'oreille.

    Le fait de laisser la composition au hasard me gêne, mais la critique ne me semble pas totalement infondée. Qu'en pensent ceux qui connaissent mieux la musique moderne ou contemporaine, et la musique tout court, que moi? et les autres aussi, hein.
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  2. #2
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    octobre 2007
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    Bonsoir Leb', je ne comprends pas ce que Xenakis entend (ouarf !) par "organisation microscopique" et, par conséquent, par "organisation macroscopique". Je suis un vieux réac', donc je veux supposer que le premier thème du premier mouvement de la 5ème symphonie de Beethoven, par exemple, parce qu'il est très court, relève de "l'organisation microscopique" tandis que l'agencement de l'ensemble dudit mouvement, entièrement conforme à la forme sonate classique, relève, lui, de "l'organisation macroscopique". Même chose, respectivement, pour le thème d'une fugue du clavier bien tempéré et l'ensemble de ladite fugue.



    Si on passe à la musique sérielle, de même, le thème des variations opus 31 de Schönberg serait un élément de "l'organisation microscopique" tandis que l'ensemble de l’œuvre serait une "organisation macroscopique".


    J'ai bon, là ?



    Nico peut très probablement me répondre et je l'en remercie d'avance.


    Musicalement,
    l'obsédé des incunables

  3. #3
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    beau message Leb! je ne suis pas très sensible à la musique de Boulez, hormis les Notations, la dernière orchestrée pour Barenboïm, que je respecte également (après tant d'hésitations..) Dialogue de l'ombre double me parle aussi comme le Livre pour quatuor. Ah certes moins que les exclus de Donaueschingen, Krenek, etc j'ai des trous dans la tête, les noms me fuient...
    Je n'aurai pas bon à l'examen de la contemporaine... Zimernmann?

  4. #4
    En attente de confirmation
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    Macro micro scopo bidule machinique ... Je vous trouve admirables, sans charre, d’essayer de trouver un sens à ce galimatias pseudo intello ! J’ai renoncé il y a belle lurette, j’écoute, et j’aime, un peu, beaucoup, ..., ou pas du tout. Et je m’en porte merveilleusement !

  5. #5
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    octobre 2007
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    Citation Envoyé par co2monamour Voir le message
    Bonsoir Leb', je ne comprends pas ce que Xenakis entend (ouarf !) par "organisation microscopique" et, par conséquent, par "organisation macroscopique". Je suis un vieux réac', donc je veux supposer que le premier thème du premier mouvement de la 5ème symphonie de Beethoven, par exemple, parce qu'il est très court, relève de "l'organisation microscopique" tandis que l'agencement de l'ensemble dudit mouvement, entièrement conforme à la forme sonate classique, relève, lui, de "l'organisation macroscopique". Même chose, respectivement, pour le thème d'une fugue du clavier bien tempéré et l'ensemble de ladite fugue.



    Si on passe à la musique sérielle, de même, le thème des variations opus 31 de Schönberg serait un élément de "l'organisation microscopique" tandis que l'ensemble de l’œuvre serait une "organisation macroscopique".


    J'ai bon, là ?



    Nico peut très probablement me répondre et je l'en remercie d'avance.


    Musicalement,
    l'obsédé des incunables
    microscopique et macroscopique, c'est ma formulation, pas celle de xenakis (je ne sais plus ce qu'il disait exactement, c'était il y a quelques lustres). Ce que je veux dire c'est : quand on entend les huit groupes de percussion de Rituel jouer en même temps, puis seulement un hautbois et ce qui ne s'appelle sûrement pas un djembé, l'effet est impressionnant (j'invente cette succession, hein) ; c'est macroscopique ; que le troisième violon du 5e groupe joue do ré mi fa# sol# mib ou bien do mib mi fa sol#, c'est microscopique, et je ne sais pas si on entend la différence. Moi pas, hein
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  6. #6
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    donc cela ne recoupe pas exactement la différence entre la grande forme et les thèmes, pour reprendre l'exemple de la 5e symphonie de qui vous savez.
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  7. #7
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    En effet, mais la succession (imaginaire, si je pige bien) que tu décris ne caractérise pas forcément la musique sérielle. Il y a une anecdote (vraisemblablement fausse) selon laquelle Toscanini faisait répéter le passage de Don Quixote de R. Strauss où il affronte les moulins à vent. A ce moment paroxystique de tutti fortissimo, il interrompit l'orchestre et signala que le deuxième basson jouait faux... Ça ressemble pas un chouïa à ce que tu décris (imaginairement) de l'imperceptibilité des "micro-différences" présentes dans "Rituel" ?


    Musicalement,
    l'obsédé des incunables

  8. #8
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    Si bien sûr, il y a bien des cas dans la musique plus "classique" où cela arrive ; d'ailleurs il y a des erreurs dans les éditions, et il n'est pas toujours évident de savoir qui a raison entre un sol dièse ou un sol naturel ; ce que je voulais dire est que c'est, à mon oreille (et apparemment à celle de Xenakis, sans vouloir me comparer), c'est plus fréquent dans la musique sérielle généralisée, ou post-sérielle. Dans une oeuvre de 35 secondes de Webern, une oreille exercée (pas la mienne) va repérer la série et ses trois récurrences (rétrograde, miroir, tout ça), donc c'est sans doute un peu différent. Mais bon c'est plus une question, et une interrogation sur les principes qui ont guidé Boulez d'un côté et Xenakis de l'autre à la grande époque, qu'une affirmation!
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  9. #9
    Modérateur
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    on en est pas à une notre près, qui ne saurait gâcher l'ensemble. Certains pianistes contemporains ne savent toujours pas lire les ornements des sonates de Mozart. le cerveau et l'oreille (ou l'inverse) corrige

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