Voici qui n'est pas de la musique (quoique...)
Le poète libanais d'expression française Georges Schéhadé a rassemblé et publié une "Anthologie du vers unique", et j'aime assez ce livre. Sur chaque page, un vers (unique) tiré d'un poème qui n'est pas cité (on a les auteurs à la fin, mais en attendant, mystère!).
Je me suis dit que, sans avoir la culture et le goût de Schéhadé, on pourrait faire pareil. Voici une première proposition, ce sont les premiers récoltés, du coup ils viennent de "tubes", bien sûr. Mais en même temps j'ai constaté que pas mal de tubes n'avaient pas de vers unique qu'on puisse isoler, ils ne valent qu'à deux, ou trois, ou quatorze. En tout cas ce sont des vers qui me plaisent, à des titres tout à fait divers. Si cela amuse quelqu'un!
L'ours et le singe animaux sages
L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs
Je fis un feu, l'azur m'ayant abandonné
Les sept astres géants du noir septentrion
Et les Muses de moi, comme étranges, s'enfuient
Avant l'Oût, foi d'animal
Je suis veuf, je suis seul, et sur moi le soir tombe
Et les citrons amers où s'imprimaient tes dents
Le vent se lève! il faut tenter de vivre!
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles
Franc des liens du corps pour n'être qu'un esprit
Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles
Et l'unique cordeau des trompettes marines
Un roi chantait en bas, en haut mourait un dieu
Aboli bibelot d'inanité sonore
Quelque chose de bleu qui paraissait une aile
Femmes, Moine, vieillards, tout était descendu
Tel qu'en Lui-même enfin l'éternité le change
Emperière des infernaux palus
La laine des moutons sinistres de la mer
Bien loin sur un étang trois cygnes lamenter
Le pâtre promontoire au chapeau de nuées
Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été
Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres
Sa barbe était d'argent comme un ruisseau d'avril