
Envoyé par
lebewohl
Sinon pour Carmen : en effet, cela n'a rien de comique. Ce qu'on appelait à l'époque (mi XIXe) "opéra comique" était un opéra où il y avait des dialogues parlés entre les airs chantés (ou les passages purement orchestraux), par opposition aux opéras pas comiques où les airs étaient séparés par des récitatifs (le chanteur/la chanteuse chante sans vocalise et sur une ligne mélodique minimaliste pour faire avancer l'histoire - raconter ce qui s'est passé, pourquoi le beau-père de la cousine de l'amoureux de l'héroïne a légué toute sa fortune au troubadour inconnu que le père du héros vient de faire enfermer dans une tour inexpugnable, par exemple ; il faudrait trois heures pour expliquer ça en chantant un air normal à vocalises, reprises, tout ça). L'accompagnement peut être réduit à un clavecin ou un pianoforte (recitativo secco) ou être plus développés (recitativo accompagnato). A peu près vers cette époque (mi XIXe) le récitatif a graduellement disparu, au profit de chant permanent (ou de récitatifs permanents, comme certains en accusent Wagner). Les récitatifs peuvent être copieusement ennuyeux, surtout s'ils durent, mais ceux de Bach ou de Mozart (quel hasard...) sont souvent des chefs-d'oeuvre.
L'équivalent allemand est le Singspiel (pièce chantée, approximativement), comme "La Flûte Enchantée" de Mozart ou... "le Freischütz" de Weber, qui n'est pas du tout comique non plus.
Carmen, dans sa version d'origine, était un opéra comique, avec dialogues parlés. Comme la première a été un four retentissant, on (on = un nommé Guiraud, si ma mémoire est bonne) a remplacé les dialogues par des récitatifs, je ne vois pas trop, perso, en quoi cela rend un opéra meilleur ou pire. Et c'est sous cette forme modifiée qu'on a donné Carmen jusqu'à tout récemment. Et comme Carmen est, techniquement, un "opéra comique", il a été créé ... à "l'Opéra-Comique" (salle Favart), qui, à l'origine, était réservé, plus ou moins, à cette forme.